Dans son édito du 04/10/2023 dans l'Heure des Pros, Pascal Praud rend hommage à Jean-Pierre Elkabbach, mort à l’âge de 86 ans.
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00:00 Bonjour à tous et bienvenue à l'heure des pros ce matin,
00:02 à 7h du matin, quand on entrait dans son bureau,
00:05 qu'il préparait son interview d'8h15,
00:08 il y avait des stabilos roses, jaunes, bleus
00:11 et des fiches cartonnées format A5.
00:14 Il était concentré, penché sur ses notes,
00:16 ses questions, qu'il relisait, qu'il surlignait,
00:19 inlassablement.
00:20 Il n'était pas question de le déranger,
00:23 et c'est pourquoi précisément je le dérangeais.
00:25 Il maugrait, il bougonnait,
00:27 je voulais savoir ce qu'il allait traiter le matin,
00:29 c'est pas le moment, me disait-il,
00:31 et nous échangeons tout de même quelques secondes.
00:34 Comme tous les gens de ma génération,
00:36 j'avais une affection, une tendresse
00:38 et aussi une admiration immense pour lui.
00:40 Il a tout fait, il a tout inventé.
00:42 Il a interrogé le monde entier,
00:44 63 ans de carrière.
00:45 Je lui disais souvent que nous étions des microbes
00:48 au regard de ce qu'il avait couvert, réalisé,
00:51 imaginé à France Inter, à l'ORTF, à Europe 1,
00:55 à Antenne 2, à Public Sénat, enfin à CNews,
00:58 puisqu'il était au départ de notre aventure.
01:01 Quand je suis arrivé à Paris en 1986,
01:04 je le voyais au Café Flore,
01:06 entrant tel un prince de la ville,
01:08 avec une écharpe de couleur vive
01:10 qui n'en finissait plus pour un petit déjeuner
01:12 avec un ministre ou un chef de parti.
01:14 Il était une star de notre métier,
01:16 il le savait, il aimait ça.
01:18 Il incarne un journalisme d'antan,
01:20 quand son micro était le rendez-vous des puissants,
01:22 qu'il n'existait que 3 ou 4 radios le matin
01:24 et encore moins de télévision le soir.
01:26 Jean-Pierre Elgabache est une légende,
01:28 sa curiosité, son énergie, sa détermination,
01:32 son sens de l'info, son carnet d'adresse
01:35 et tant de choses qui l'habitaient
01:37 en font la référence numéro 1 en matière de journalisme
01:40 si quelqu'un en France incarne ce métier, c'est lui.
01:43 Et je n'oublierai pas cet enthousiasme intact,
01:46 cet enthousiasme qui me sidérait
01:48 à 80 ans passés quand il venait me voir
01:51 entre 8h30 et 9h, avant l'heure des pros
01:55 et juste après son interview.
01:57 "Alors ?" me disait-il, "tu as écouté ?
01:59 Tu reprends quoi ? C'est fort ce qu'il a dit !
02:02 Je serai toi, je commencerai par ça !"
02:04 A l'entendre, chaque matin, je devais tout rediffuser.
02:08 C'était chaque matin l'interview du siècle
02:11 et de continuer à m'interroger sur le programme du jour.
02:14 J'avais toujours connu Jean-Pierre Elgabache,
02:16 je l'avais découvert dans le salon de mes parents
02:18 quand j'avais 10 ans et j'étais fier,
02:20 fier de travailler avec lui.
02:22 Ces derniers temps, nous savions tous
02:24 combien il était malade,
02:25 sa voix au téléphone avait faibli,
02:27 mais son instinct professionnel n'avait pas changé.
02:30 Nous pensons ce matin à Nicole, nous pensons à Emmanuel,
02:33 et moi je pensais à lui pour une raison toute simple,
02:35 je l'aimais beaucoup.
02:38 Sous-titrage Société Radio-Canada
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