Dans la nuit de jeudi à vendredi, une nouvelle fusillade a fait deux morts à Marseille. C'est la 46e victime par balle lors d'un règlement de compte dans la cité phocéenne.
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00:00 [Musique]
00:04 Avec nous pour en parler Bruno Bartocetti, secrétaire national délégué de la zone sud du syndicat Unité SGP Police FO.
00:10 Merci d'être avec nous. Bonjour Bruno Bartocetti.
00:13 Dominique Rizet nous accompagne également et on va rejoindre dans un instant Alexis Pluyet à Marseille
00:17 au lendemain de cette fusillade et de ces images incroyables puisque la scène a été filmée
00:24 et les images ont été diffusées. C'est la vidéosurveillance de ce quartier de Marseille.
00:28 On est dans le quatrième arrondissement. Alexis Pluyet, vous êtes à l'endroit où s'est produite cette fusillade
00:33 qui a donc fait deux morts et un blessé. Ce matin, on en voit les traces sur place.
00:38 Oui absolument, je peux vous assurer que c'est le choc ici dans ce quartier plutôt tranquille,
00:45 dans le quatrième arrondissement de Marseille. Mais ce qui choque les gens, c'est que ça s'est passé à 19h40.
00:51 Vous imaginez, on est dans un quartier très commerçant. Vous voyez cette pharmacie, il y a cette boulangerie
00:55 qui était ouverte hier à 19h40. Il y a un primeur pour les fruits et légumes.
01:00 Les gens faisaient leurs courses, rentraient du travail et donc ils disent qu'ils ne se sentent plus en sécurité nulle part
01:05 à aucun moment de la journée. On a discuté avec des habitants du quartier qui se sentaient épargnés jusqu'à présent
01:12 et qui maintenant ont peur tout simplement. Je propose d'écouter ce témoignage qu'on a recueilli tout à l'heure avec l'holabail.
01:19 Moi c'est ma fille qui m'a averti à 11h du soir. Et heureusement, à cette heure-ci, d'habitude je passe là.
01:26 Elle a eu peur. Et ce soir-là, ce soir, je suis passé de l'autre côté.
01:32 Parce qu'il y a du monde à cette heure-là dans la rue.
01:35 Oui, oui, oui, oui, oui, il y a beaucoup de monde. Il y a beaucoup de monde. Une balle perdue c'est vite pris.
01:41 Du coup ça vous choque évidemment ?
01:43 Dans le quartier oui. Parce que c'est un quartier qui est très bien. Vraiment c'est choquant.
01:50 Alors les faits se sont produits juste derrière moi. Vous voyez dans ce bar tabac, la voiture s'est arrêtée, a fait feu sur les 3 hommes.
01:58 On voit encore les impacts de balles sur la vitre. Ça fait 46 homicides par balle depuis le début de l'année
02:03 dans ce que la procureure de la République de Marseille a nommé des narcomicides.
02:07 Voilà donc ces impacts de balles sur la façade de cette maison. On va revoir cette vidéo.
02:11 Ça dure 10 secondes. Il est un peu avant 20h. Une voiture arrive. Elle a repéré 3 hommes sur la droite de votre écran.
02:18 Un homme sort du véhicule. Il traverse et n'hésite pas, ouvre le feu instantanément, vide son chargeur sur ses 3 M.
02:25 A priori il en repère un en particulier et il repart. La voiture va être retrouvée quelques minutes plus tard.
02:32 Et Dominique Rizet qui est avec nous sur le plateau de première édition va nous donner évidemment des informations concernant notamment ce véhicule.
02:37 Bruno Bartossetti. On est surpris, enfin estomaqué même, par la froideur avec laquelle cet homme a tiré et a abattu de sang-froid 2 de ses 3 personnes qui se trouvaient sur un trottoir.
02:51 Oui, bonjour. Alors oui, bien sûr, on est toujours choqué lorsqu'on voit les images, mais 46 personnes ont été abattues depuis le début de l'année.
02:59 Et on ne parle pas des années précédentes dans les mêmes conditions finalement. C'est lorsqu'on voit les images qu'on est choqué.
03:05 Surtout dans un quartier qui a priori n'était pas habitué à ce genre de fait.
03:09 Oui, nous sommes dans un quartier plutôt calme. En plus on est presque en pleine journée, donc à la vue de tout le monde.
03:16 Ça démontre surtout qu'il n'y a plus de règles parmi ces narcotrafiquants. Pas de morale, pas de peur.
03:23 Le seul but c'est de vendre du produit et de tuer lorsque quelqu'un peut gêner justement ces trafics.
03:32 Donc c'est vrai qu'on peut considérer que c'est sans limite. Et puis on pense à ces Marseillais qui ont peur.
03:38 Et ça a été dit dans le reportage. Peur parce qu'une balle perdue peut très vite arriver, surtout à la Kalachnikov.
03:43 Ça part dans tous les sens. Et d'ailleurs l'enquête déterminera si les 3 personnes étaient liées directement au trafic de stupéfiants
03:52 ou si c'est seulement la personne qui a été visée essentiellement dans ce réglement.
03:57 - Dominique Rizet, quelles sont vos informations ? Bruno Bartocetti dit que l'enquête dira si c'est lié ou non au trafic de stupéfiants.
04:03 Est-ce qu'il y a un doute ?
04:05 - Alors Bruno Bartocetti ne peut pas tout nous dire parce qu'il est syndicaliste et qu'il est obligé d'avoir un droit de réserve.
04:09 La personne qui a été visée est un homme qui est né le 15 août 1982. Il a 43 ans.
04:14 Il était connu hotage, le traitement des antécédents judiciaires pour assassinat.
04:18 Donc ça n'est pas n'importe qui, c'est quelqu'un qui a un casier en plus de ses affaires d'assassinat.
04:23 Le deuxième mort est né, on ne va pas donner leur nom, le 2 mars 1999.
04:28 Il avait 24 ans donc. Lui, il est connu pour escroquerie et il semble que ce soit une victime collatérale.
04:34 Celui qui est visé est bien l'homme de 43 ans connu pour assassinat.
04:38 - Opération préparée puisque le véhicule était un véhicule volé, fausse plaque.
04:44 - Fausse plaque, une doublette.
04:46 Le véhicule portait la plaque d'une autre voiture du même type qui avait été repérée sans doute dans les rues de Marseille.
04:54 Il était le véhicule d'un monsieur qui s'appelle Sébastien Gibrayel qui est l'adjoint au sport de la ville de Marseille.
05:00 On lui avait simplement piqué son numéro de plaque pour le mettre sur une voiture qui correspondait à la sienne.
05:05 Ça s'appelle une doublette.
05:07 - La voiture a été retrouvée ?
05:08 - Elle a été retrouvée, cité Corot, un peu plus loin, brûlée, avec à l'intérieur l'arme qu'on voit ici sur les images.
05:15 C'est un fusil d'assaut AK-47 ou 74, en tout cas du 1662.
05:19 C'est de la Kalash.
05:20 Et il y avait à l'intérieur une arme longue qui est très vraisemblablement cette arme.
05:24 Ce qui est étrange, c'est que d'habitude les tueurs utilisent plutôt des deux roues, le fameux scooter T-Max très à la mode.
05:32 Et là, ils utilisent une voiture.
05:34 Ça veut dire qu'ils n'ont même plus peur de se faire coincer dans la circulation ensuite.
05:38 Ça veut dire que leur audace est en train de grandir.
05:41 Juste pour info, mardi, à Porte de Bouc, c'est juste à côté de Marseille,
05:46 deux types qui se trouvaient dans une voiture stationnée ont été repérés par la police.
05:50 Voiture volée.
05:51 Quand la police est intervenue, ils se sont enfuis.
05:53 Ils portaient des cagoules.
05:54 Ça faisait quatre jours que cette voiture était là.
05:56 Elle était en planque, encore, pour une opération d'assassinat.
05:59 À l'intérieur, quand les hommes se sont enfuis, la police a retrouvé un fusil à pompe calibre 12 approvisionné,
06:04 un pistolet de .CZ en calibre 380 approvisionné, un pistolet automatique Glock avec un silencieux, un 22 long rifle.
06:12 C'était une exécution qui était en train de se préparer, que la police a réussi à interrompre.
06:17 Je voudrais qu'on regarde l'image qui est en bas à droite de votre écran et qu'on la regarde plein écran.
06:22 Bruno Bartossetti, voilà.
06:23 Ce que l'on voit sur cette image, c'est qu'il y a des gens devant la pizzeria.
06:28 Au fond de l'écran, il y a une famille, il y a un groupe de personnes.
06:31 Il y a un véhicule blanc avec deux personnes à bord de ce véhicule blanc qui était là et qui aurait pu écoper d'une balle perdue.
06:37 Ça veut dire que les tueurs, compte tenu des enjeux probablement liés au trafic de drogue,
06:41 n'ont absolument aucun état d'âme et aucune peur qu'il y ait des victimes collatérales.
06:46 Et d'ailleurs, on l'a vu récemment à Marseille, il y en a de plus en plus.
06:50 Oui, exactement.
06:53 D'ailleurs, récemment, juste pour intimider ou pour montrer qu'on peut occuper un territoire, c'est très récent,
07:00 on a eu des tirs en rafale sur une façade d'un bâtiment avec à l'intérieur une femme de 24 ans qui a perdu la vie.
07:08 Donc, bien sûr qu'il n'y a plus de morale, plus de loi.
07:12 Ça a été dit effectivement par Dominique Heurisé.
07:15 En pleine journée, on part en voiture, donc on peut se retrouver coincé dans la circulation,
07:20 on peut être interpellé assez rapidement par la police.
07:22 Mais néanmoins, on va quand même au but. On est juste concentré sur une cible, sur un homme à descendre.
07:31 Et peu importe les victimes collatérales qu'on peut avoir autour,
07:36 peu importe si on peut tuer un enfant, on l'a vu également en Animes, on tire, on tire.
07:41 Et puis on va où ? Il n'y a plus de limite, il n'y a pas de règle.
07:45 C'est indéniable aujourd'hui. C'est très difficile de parler de morale dans ce milieu.
07:50 – Mais d'ailleurs Bruno Bartosetti, quand on regarde les images,
07:52 les impacts de balles sur la façade de la maison et même dans la fenêtre,
07:56 est-ce qu'il y avait des personnes qui habitaient dans cette maison ?
08:01 – Alors, moi je n'ai pas ma connaissance s'il y avait des personnes qui habitaient dans cette maison.
08:07 Mais en tout cas, ce qui est sûr, pour les voyous qui ont tué, ils ne se sont pas posé la question.
08:14 Il n'y a aucun geste de bien.
08:16 Si il y avait eu une dizaine de victimes collatérales, ce n'était pas leur problème.
08:20 Donc on est bien vraiment dans un monde très particulier qu'on ne peut pas comprendre,
08:26 nous de l'extérieur, parce qu'on a encore des règles, on est bordé par la morale.
08:29 On ne peut pas comprendre comment ces narcotrafiquants fonctionnent intellectuellement.
08:35 C'est la vente de produits, le règlement de comptes, point final.
08:38 – Dominique Damot, parce qu'il faut… Damot ?
08:41 – Non, je veux dire, deux morts, un blessé grave, c'est sans limite.
08:45 On est loin du Marseille des années 70, de Gaëtan Jampa, Francis Lebel, Jackie Lematt,
08:49 avec des règles, c'est un milieu qui n'a plus aucune règle, aucun code d'honneur.