• l’année dernière
Stéphane Ravier, sénateur “Reconquête!” des Bouches-du-Rhône, était l’invité de BFMTV pour évoquer la situation sécuritaire à Marseille, ville où une jeune femme touchée par une rafale de kalachnikov est décédée ce mardi.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Bonsoir Stéphane Ravier et merci d'être en direct avec nous, sénateur Reconquête des Bouches du Rhône, merci d'être avec nous depuis Marseille, frappée une nouvelle fois par un drame.
00:08 Sokhaina, 24 ans, victime d'une balle perdue chez elle après une fusillade sur un point de deal.
00:13 Vous nous direz dans une seconde s'il va falloir être plus sévère avec les clients, ce sont eux qui font naître les règlements de compte.
00:20 Ce sont les mots de Gérald Darmanin aujourd'hui. On va en parler aussi avec vous, Alexandra González.
00:24 Bonsoir Alexandra, chef-adjointe du service Police-Justice de BFM TV et avec Laurent Valdiguier. Bonsoir Laurent, journaliste d'investigation au magazine Marianne et auteur de Gérald Darmanin, le baron noir du président aux éditions Robert Laffont.
00:35 Avant de vous entendre toutes et tous, d'abord l'histoire de Sokhaina, on vous laissera avec les éclaireurs.
00:41 Et avec vous Lisa Dèf, bonsoir Lisa. Qui était Sokhaina ?
00:48 Sokhaina avait donc 24 ans, Maxime vous l'avez dit, étudiante en deuxième année de droit. Elle vivait avec sa maman Leila et sa soeur de 15 ans dans un appartement situé au troisième étage d'un immeuble.
00:59 Un immeuble dans un quartier calme avec des commerces. Il n'y a jamais eu ni d'homicide, ni de traces flagrantes de trafic de drogue comme la présence de guetteurs par exemple.
01:07 C'est dans le sud de Marseille que se situe cet immeuble, c'est là donc où vivait Sokhaina.
01:11 Leila, sa mère, admet ne pas se sentir en sécurité pour autant. Selon un habitant, il y a un point de deal depuis moins d'un an.
01:18 Et c'est souvent près de la pharmacie que les trafiquants s'installent et c'est là qu'ont eu lieu les tirs qui ont tué Sokhaina.
01:25 Et au moment des tirs justement, cette jeune femme de 24 ans était dans sa chambre.
01:29 Il est 23h10 quand une balle transperce le mur sous sa fenêtre et la blesse au visage.
01:34 Sa soeur la trouve par terre en sang et sa mère, elle, décrit sa fille avec la tête explosée.
01:39 "Je n'ai pas compris, c'est la guerre, c'est quoi ? Il y avait du sang partout, je n'arrive pas à comprendre, à avaler, ce n'est pas en Colombie, c'est en France."
01:47 Sokhaina sera ensuite transportée à l'hôpital où elle meurt le lendemain matin.
01:51 Sa mère, qui se retrouve seule avec sa plus petite fille, dénonce le système.
01:55 "J'ai galéré, travaillé pour payer des études à ma fille et vous me l'enlevez comme ça par des voyous qui les embauchent."
02:00 Sokhaina avait des projets, notamment celui de s'installer à Lyon pour poursuivre ses études de droit.
02:05 Merci à vous Lisa. Avant de voir comment lutter contre les trafics, la priorité Alexandra, d'abord, c'est de retrouver ceux qui ont tiré, celui qui a tué Sokhaina.
02:16 Quels moyens sont mis en place pour le retrouver ?
02:18 Alors sur ce genre d'enquête, sur ce genre de médecine, ce sont des moyens très larges qui sont mis en place.
02:23 Il y a évidemment les constatations avec la police technique et scientifique, les auditions de témoins de voisinage, la vidéo-surveillance quand elle existe.
02:31 Là, en l'occurrence, il n'y a pas de caméra, malgré les demandes récurrentes, me disaient les habitants, depuis plusieurs mois d'en installer, aucune caméra n'est sur place.
02:41 Donc les enquêteurs vont devoir travailler autrement, à partir aussi des armements utilisés, des véhicules qui sont décrits, là en l'occurrence un scooter.
02:52 Aussi à partir des personnes qui étaient visées à la base, là on est sur un point de deal, certes itinérant, mais avec des dealers qui sont relativement connus, on l'imagine, du renseignement.
03:03 Et bien pour se retrouver derrière ces tirs, il faut remonter aux adversaires de cette bande.
03:10 Donc on s'intéresse aux dealers pour retrouver ceux qui leur ont tiré dessus.
03:13 Exactement, et donc voilà, ce sont plusieurs moyens qui permettent de remonter un jour peut-être aux tireurs derrière, mais ce sont des homicides très compliqués à résoudre.
03:24 Il faut imaginer quand même qu'il y a une soixantaine d'enquêteurs à la crime de Marseille et que là en trois jours, ils ont trois homicides successifs.
03:32 Ils sont relativement débordés, le mot est faible.
03:36 Laurent Valliguet, comment on fait précisément quand on est comme ça policier à Marseille ?
03:41 Trois crimes, trois homicides en trois jours, plus d'une quarantaine depuis le début de l'année.
03:47 Oui, ils en avaient 102 l'année dernière et cette année au-delà des règlements de compte.
03:51 Les quarantaines c'est les règlements de compte dans le milieu du stup.
03:54 Mais en réalité, ils savent beaucoup de choses les policiers de Marseille, ils savent à peu près tout de ce qui se passe dans leur ville.
04:02 Qui, qui, qui, qui ?
04:04 C'est vrai qu'il y a un chaudron à Marseille, il y a deux gangs, Yoda et DZ Mafia, qui se font une guerre sans pitié depuis plus d'un an.
04:13 Et c'est vrai que cette guerre elle dégénère puisqu'ils tirent dans la rue.
04:19 Parce que c'est vieux comme la pègre les règlements de compte, le vieux port est plein de cadavres.
04:25 Mais la nouveauté là, c'est qu'ils tirent de plus en plus vite en ville, dans la rue, en pleine journée, avec des armes de guerre dangereuses, en rafale et ça fait des victimes collatérales.
04:37 On va revenir sur ces deux gangs qui se disputent à Marseille et hors de Marseille, loin de Marseille, très loin parfois.
04:45 On va y revenir dans un instant sur ces deux gangs là.
04:47 Mais d'abord Stéphane Ravier, je voudrais vous faire écouter ce que disait aujourd'hui Gérald Darmanin, qui s'attaque, je veux dire une fois de plus, mais peut-être avec des mots encore plus forts,
04:57 aux consommateurs, aux consommateurs de drogue en disant qu'eux aussi ont une responsabilité dans ce qui est en train d'arriver à Marseille.
05:04 Moi je profite d'avoir ces micros et je pense de toucher l'émotion des français devant la mort de cette jeune fille,
05:11 pour dire que s'il n'y avait pas de consommation, il y a moins de 10% de français qui fument du cannabis.
05:17 Il y a moins de 5% de gens qui consomment de la cocaïne ou des drogues de synthèse.
05:24 Et bien si ces gens arrêtaient de consommer de la drogue, arrêtaient de fumer des joints, arrêtaient de prendre des rails de coke, ça peut paraître festif comme ça,
05:30 mais vous faites naître ce genre de règlement de compte, vous faites naître d'exploitation des personnes, d'exploitation des mineurs, des assassinats,
05:37 le financement du terrorisme, le financement de la prostitution, et il y a un lien évident pour chaque citoyen entre consommation d'une matière illicite, la drogue,
05:45 et trafic et malheureusement règlement de compte. Donc le travail de la police de la Gendarmerie est difficile, il y a des victoires, il y a des défaites,
05:52 nous sommes très mobilisés pour gagner cette bataille contre la drogue, mais je veux dire que chaque français, chaque citoyen français a une part de responsabilité en arrêtant de consommer de la drogue.
06:02 Stéphane Ravier, sénateur Reconquête des Bouches du Rhône, est-ce qu'on est trop clément envers les consommateurs ?
06:10 Gérald Darmanin découvre l'humidité de l'eau. Ah, s'il n'y avait pas de vendeurs, il n'y aurait pas d'acheteurs, c'est une vérité bien sûr.
06:18 Le fait est que la préfète de police des Bouches du Rhône vous dirait que notre département, les Bouches du Rhône, est le premier département en termes de verbalisation des consommateurs,
06:31 mais 30% seulement paient l'amende qui leur est dressée. Donc là encore, il y a un manque de volonté de l'État qui se contente d'envoyer la police pour dresser des procès verbaux
06:45 qui, je le répète, deux fois sur trois ne sont pas payés et il n'y a rien derrière. Et lorsqu'il y a récidive, c'est encore plus compliqué de leur dresser une amende,
06:55 alors que moi je serais favorable de la faire passer de 150 à 500 euros et à la deuxième récidive à plus de 1000 euros.
07:02 Il faudrait croiser les fichiers et permettre par exemple le prélèvement à la source sur les salaires, le prélèvement sur les allocations, si la famille en perçoit.
07:13 – Mais tout ça ce n'est pas du tout… – Pardon Stéphane Raviey, mais le signe même que l'on envoie à Stéphane Raviey en disant "si vous consommez, il y a une amende derrière",
07:23 c'est-à-dire une simple amende, aussi chère soit-elle, est-ce que ce signe-là, il ne pose pas problème ?
07:29 – Ça ne suffit pas, je viens de vous le dire, deux fois sur trois l'amende n'est pas payée, et puis elle est de 130 ou 150 euros, c'est trop peu.
07:38 Et en cas de récidive, c'est compliqué pour la police de dresser une nouvelle amende.
07:44 Donc il faut que là aussi, plutôt que de se bercer de mots et de constats désolés comme l'a fait le ministre aujourd'hui, il faudrait qu'il m'écoute un peu.
07:53 Parce que moi ça fait longtemps que je propose que l'on double l'amende, voire qu'on la triple,
07:58 et que des mesures judiciaires soient prises aussi à l'encontre de ces acheteurs qui effectivement participent activement à ce trafic.
08:08 Il faut que les vendeurs soient sanctionnés, mais qu'effectivement les acheteurs aussi.
08:13 Mais des déclarations comme ça, dans un moment de grande émotion et que je partage,
08:19 eh bien ça ne suffit pas à masquer l'inaction dans ce domaine du ministre de l'Intérieur,
08:24 et de son homologue, le ministre des Finances et autres, qui devraient travailler ensemble.
08:29 Parce que le trafic de drogue ne se réglera pas avec le seul ministre de l'Intérieur, la preuve.
08:34 Vous restez avec nous Stéphane Ravier, Christophe Barbier.
08:37 Est-ce qu'on a été trop laxiste ? Trop clément ? Trop gentil avec les consommateurs ?
08:41 Sans nul doute. On a considéré que parce que c'était festif, c'était pas là le problème,
08:45 qu'il fallait un peu fermer les yeux sur toutes les drogues.
08:48 Et aussi parce qu'une partie de ces drogues concerne un milieu qui est celui de la Jet Set.
08:52 Maintenant, est-ce que la répression des consommateurs suffira ? Non.
08:55 Le ministre de l'Intérieur ne peut pas dire samedi dans le Parisien "c'est la bataille de Stalingrad"
08:59 et simplement se contenter d'un sursaut éthique, d'un appel à un sursaut de vertu, là, de la part des consommateurs.
09:05 – C'est pas que ça, il y a des moyens qui sont mis en place, etc.
09:07 – Bien sûr, bien sûr, mais là aujourd'hui, il insiste sur ce point.
09:10 – Il y a plus de saisie, plus d'interpellation que jamais.
09:11 – Qu'en attend-il concrètement ? Les consommateurs le savent.
09:14 Ils savent bien que par leurs achats, ils entretiennent un trafic,
09:17 et que Sokaïna a été victime, par leur faute.
09:20 Elle est un dommage collatéral, comme on dit, mais c'est par leur faute.
09:23 – Vous dites qu'ils le savent, peut-être qu'ils ne veulent pas le voir non plus,
09:26 pendant tant de parlé, tout ça.
09:27 – Bien sûr, ils ne veulent pas le voir, bien sûr, il y a une cécité volontaire.
09:30 Alors, est-ce qu'en doublant l'amende, en ayant un suivi judiciaire,
09:33 on va leur ouvrir les yeux ? Je ne suis pas certain.
09:36 D'autant que si on les frappe plus fort au portefeuille,
09:39 on pourrait par exemple saisir immédiatement et définitivement leur véhicule,
09:42 parce que la plupart ne vont pas à pied dans les cités s'approvisionner.
09:45 Il faut faire autre chose à côté.
09:46 Il faut leur dire "attendez, on ne va pas vous laisser tomber,
09:48 vous êtes aussi un malade, vous êtes en addiction,
09:50 on va vous faire un parcours de soins".
09:51 Il faut les deux, il faut d'un côté on vous aide à vous en sortir,
09:54 de l'autre côté on vous tape dessus, parce que ce que vous faites, ça fait des morts.
09:56 – Et tout le monde veut réagir Nora.
09:57 – Oui, alors, trois choses.
09:59 En termes de politique, justement, de pénalisation en France,
10:04 on est sur le podium en termes de politique sécuritaire sur cette question,
10:07 on est les plus gros consommateurs.
10:09 Donc typiquement, ça ne marche pas.
10:11 Vous aurez beau mettre des amendes de 500 euros, de 1000 euros,
10:13 ça n'a pas fonctionné, ça n'a jamais fonctionné.
10:16 D'où aujourd'hui ces débats autour de "est-ce qu'il faut légaliser, dépénaliser, etc."
10:21 – Les fans de Ravi est effondré derrière son écran d'ordinateur,
10:23 on revient à vous dans une seconde.
10:25 – On n'a pas hésité, on a mal fait cette confession.
10:27 – Écoutez, en attendant, nos voisins allemands sont en train effectivement
10:31 de débattre sur la nécessité de légaliser…
10:35 – La cocaïne ?
10:36 – Mais j'y viens, j'y viens, parce que vous parlez de dimension festive.
10:41 De quoi on parle en fait aujourd'hui ?
10:43 Effectivement, le cannabis, c'est la partie émergée de l'iceberg.
10:47 Aujourd'hui, sur la consommation, la cocaïne a explosé
10:50 et on est face en fait à des mafias internationales.
10:52 Et le problème dans ce qui est en train de se passer aujourd'hui
10:55 autour de ce caïna et ce qui se passe à Marshall,
10:57 c'est que, ok Gérald Darmanin, c'est logique qu'il vienne
11:00 et que pour le coup lui aussi, il mette des mots devant l'émotion.
11:02 Mais là, on est devant une impasse politique.
11:05 Pourquoi ? Est-ce que ce n'est pas un peu limite
11:07 que de faire porter la responsabilité de ce qui est en train de se passer
11:10 et de la colombisation en fait de cette place qui est Marseille
11:13 et de ce qu'on peut voir aussi chez nos voisins aux Pays-Bas ou en Belgique ?
11:17 Une responsabilité individuelle, arrêtez d'aller consommer quand même,
11:20 ce n'est pas bien parce que vous vous rendez compte,
11:22 alors qu'en fait c'est un échec politique global.
11:24 Et c'est de ça dont il va falloir qu'on parle.
11:26 – Géraldine ?
11:27 – Oui, il y a effectivement une part d'échec.
11:30 Maintenant, on a longtemps accepté le trafic de stupéfiants
11:34 qui contribuaient à maintenir le calme dans les cités.
11:37 On a été laxiste, oui, sur cela il faut quand même le dire.
11:39 On a laissé des trafics se mettre en place.
11:41 – On a acheté la paix sociale.
11:42 – On a acheté la paix sociale, exactement.
11:43 – Parce qu'à un moment, vous légalisez, il va falloir qu'on fasse quelque chose.
11:46 – On a acheté la paix sociale et maintenant c'est comme une hydre.
11:48 Effectivement, vous avez raison, la politique du tout répressif
11:51 qu'on a eue en France, c'est bien la preuve que ça ne fonctionne pas.
11:54 Marseille, s'il y a une ville où la répression a été massivement augmentée,
12:00 c'est bien Marseille, on a eu 300 policiers de plus,
12:03 des enquêteurs spécialisés, davantage de juges, un parquet.
12:07 Et le phénomène ne cesse de s'amplifier.
12:11 Donc la répression seule, on le voit, ne peut pas fonctionner.
12:14 Il y a quand même un petit peu comme une addiction à l'échec
12:16 dans ce gouvernement qui a toujours cette même réponse.
12:19 Donc là on voit que Gérald Darmanin essaye de passer un palier supplémentaire
12:23 en se disant "Tiens, on peut peut-être se détourner sur les consommateurs".
12:26 Peut-être, mais M. Ravier n'a pas tort, quand on dit "des amendes de 150 euros",
12:30 c'est une tape sur les doigts avec une règle.
12:33 Ça n'est pas dissuasif une seconde.
12:35 - Mais Stéphane Ravier, quand on écoute ce qui vient d'être dit sur le plateau,
12:37 notamment par Nora, plus de répression, ça ne marche pas, ça ne change rien.
12:41 - Non mais la répression dont vous parlez n'existe pas, permettez-moi de vous le dire.
12:46 Je me permettrai aussi de vous rappeler que le cannabis, ce n'est pas festif.
12:54 Il faudrait un jour, moi je suis content que vous m'ayez invité,
12:57 inviter également des médecins.
12:59 Les conséquences de consommation de cannabis sur la santé, c'est un désastre.
13:03 Avant d'être une affaire de gros sous, la drogue, cela devrait être une affaire de santé publique.
13:10 On n'en parle jamais. Non, ce n'est pas festif, le cannabis, ça a des conséquences graves sur le cerveau.
13:16 Donc il doit y avoir d'abord une mobilisation du ministère de la santé, de l'éducation, du sport,
13:23 pour que l'on fasse savoir à la jeunesse sur le long terme que la drogue, les drogues, y compris le cannabis,
13:28 c'est de la merde et que ça nuit gravement à la santé.
13:33 Il doit y avoir un ministre de l'Intérieur qui augmente les effectifs.
13:38 Alors il envoie des hommes sur le terrain à Marseille, c'est bien, ça permet aux habitants d'être rassurés,
13:42 mais le fond, c'est la police judiciaire qui doit avoir ses effectifs augmentés.
13:48 C'est le ministre de l'économie qui doit augmenter le nombre de ces hommes dans les douanes.
13:54 70% des drogues saisies sont le fait des douanes.
14:00 Or, leurs effectifs ne cessent de baisser depuis 20 ans.
14:04 C'est le ministre de la Justice qui doit avoir les moyens pour construire des prisons.
14:08 C'est le ministre à nouveau de l'Intérieur qui doit expulser les délinquants.
14:11 Tout le monde doit bosser, tout le monde doit se mettre autour de la table. On vous a entendu Stéphane Ravier.
14:16 Permettez-moi un dernier point. C'est le président de la République qui doit rencontrer ses homologues
14:24 pour que nous nous donnions les moyens de saisir les biens matériels et financiers des narcotraficants internationaux
14:32 qui sont à l'abri pendant que ça tire à Marseille.
14:35 On a saisi le bien des hommes… des Russes… des oligarques russes, pardon le mot m'échappait.
14:50 Faut faire la même chose avec les dealers et avec les grands trafiquants.
14:53 C'est entendu là-dessus, mais juste vous parliez du grand banditisme et de ces grands trafiquants.
14:59 Alors il faut faire la guerre en mobilisant l'État dans son intégralité et pas seulement le ministre de l'Intérieur.
15:07 On vous a entendu Stéphane Ravier, mais je rebondis là-dessus, Alexandra González.
15:10 Il y a une chose qui, moi, me sidère.
15:13 Quand on parle de ces règlements de compte, de ces fusillades à Marseille, les autorités, la préfète,
15:17 dit qu'en réalité 80% de ces règlements de compte sont liés à la rivalité entre deux bandes.
15:23 80% des règlements de compte dont on parle.
15:26 Deux bandes qui viennent… c'est une guerre qui vient d'une cité qui est la paternelle
15:32 et qui ensuite s'est exportée dans d'autres quartiers de Marseille,
15:35 donc les DZ de mafia contre Yoda.
15:40 La difficulté aussi dans l'évolution avec ces bandes, c'est que ce ne sont plus, comme avant me disait un enquêteur,
15:49 des fratries ou des amis d'enfance qui s'entraident dans ce banditisme-là.
15:56 Aujourd'hui, ce sont des amitiés par intérêt, me disait-il,
16:00 selon des alliances qui se font entre des cités qui sont très mouvantes, très protéiformes.
16:05 Beaucoup plus difficiles à appréhender pour les enquêteurs,
16:09 même si, oui, ils ont une vue d'ensemble sur les différents protagonistes.
16:13 Mais il y a beaucoup moins de liens forts dans les bandes et c'est ce qui crée aussi cette violence.
16:23 Oui, cette volatilité et la violence.
16:25 Exactement, cette violence qui fait qu'aujourd'hui, pour déstabiliser un trafic
16:29 et récupérer un point de deal parmi d'autres, ils sont capables de tirer à la Kalachnikov.
16:34 Et donc, comme là, on l'a vu lundi soir, avec des balles qui arrivent au troisième étage de l'immeuble
16:39 et qui touchent plusieurs d'habitations. Il n'y a eu qu'une seule victime,
16:43 mais plusieurs d'habitations ont reçu des balles.
16:45 Oui, enfin, beaucoup de choses ont été dites et je suis assez d'accord avec tout ce qui a été dit.
16:50 Mais ce qui est quand même très inquiétant, là on parle de Marseille, deux groupes,
16:53 on a effectivement, je pense que c'était l'Axis au début,
16:56 après les différents gouvernements ont essayé de réagir, mais très tard.
16:59 On le voit maintenant dans des villes secondaires, le trafic a augmenté,
17:02 ce qui veut dire que des règlements de comptes vont aussi arriver dans des villes secondaires.
17:06 Contrairement, effectivement, monsieur disait tout à l'heure, et c'est vrai,
17:08 ça a toujours existé les règlements de comptes, mais c'est quand même beaucoup plus ciblé,
17:11 c'est-à-dire que là-dedans on se rend compte que maintenant, ça tire à tous les étages,
17:14 comme vous disiez tout à l'heure, avec des dégâts collatéraux.
17:16 C'est horrible de dire ce mot-là, d'employer ce mot-là pour quelqu'un qui est mort,
17:19 mais il risque d'y en avoir d'autres.
17:20 Francis Lebel n'avait pas de Kalachnikov, donc ça fait la différence aussi.
17:24 Effectivement, ce ne sont plus les mêmes armes, et puis on a un sentiment aussi
17:27 que la notion de vie humaine, quelque chose a complètement changé.
17:31 Il faut s'arrêter là-dessus, Laurent Valdiguet.
17:33 Ceux qui tirent, ceux qui tirent, les enquêteurs à Marseille le disent très bien,
17:39 la préfète, la procureure, on a affaire à des gamins qui parfois étaient totalement inconnus
17:44 des services de police, totalement, et qui pour quelques milliers d'euros acceptent de basculer.
17:49 Le juge Michel, il est assassiné à Marseille parce qu'il est sur la trace
17:52 de laboratoires clandestins de drogue en 1981.
17:56 Et il est assassiné par deux tueurs en moto que la police va mettre des années à retrouver,
18:01 à démanteler la bande.
18:02 Mais aujourd'hui, les règlements de comptes existent toujours,
18:05 mais le marché n'a plus rien à voir.
18:08 Le marché de la drogue ou des règlements de comptes ?
18:10 Le marché de la drogue.
18:11 C'est-à-dire que c'est des enjeux financiers depuis des années qui sont considérables.
18:17 C'est un business...
18:19 Vous voulez dire que par rapport à la French Connection, ça n'a plus rien à voir en termes de niveau ?
18:23 De consommation en France.
18:26 C'est comptabilisé dans le PIB de la France par l'INSEE.
18:30 3 milliards d'euros par an, le cannabis.
18:34 Il n'y a pas vraiment de consensus.
18:36 En Europe, il y a des pays européens qui ont légalisé.
18:38 Chypre, l'Allemagne est en train de faire des expérimentations de légalisation.
18:42 Le Portugal, il n'y a pas vraiment de consensus.
18:45 On demande à 191 policiers.
18:48 Ils sont 191 à l'OFAST.
18:50 C'est le super service qui a été créé il y a 3-4 ans pour essayer de centraliser un peu.
18:55 Gérald Darmanin annonce aujourd'hui une nouvelle brigade qui pourra se déployer en province.
18:59 Gérald Darmanin dit qu'il faut envoyer la CRS 8 pour calmer la tension dans ces cités.
19:05 Il y a deux choses différentes.
19:07 En particulier, les victimes de tout ça, ce sont les habitants de ces cités.
19:13 Quand vous êtes une personne âgée et que vous habitez au-dessus d'un point de deal,
19:17 vous êtes en état de couvre-feu.
19:20 Vous ne pouvez pas sortir de chez vous le soir parce que vous gênez le trafic.
19:24 Pour les gens des cités, il faut aller suivre une patrouille de police de quartier.
19:31 C'est un enfer de vivre dans une cité.
19:34 Donc, il envoie ça pour desserrer la pression.
19:37 Là, il veut créer une petite brigade de PJ supplémentaires pour essayer de mettre en musique.
19:42 Quand il démonte à un point de deal, si judiciairement parlant, ça ne suit pas,
19:46 parce que c'est compliqué, il ne suffit pas d'arrêter les gens et de les mettre en garde à vue.
19:49 Il faut faire des procédures. Il faut établir des preuves. Il faut monter un dossier.
19:52 C'est ça le travail de la police. Ce n'est pas juste d'arrêter les gens.
19:55 Donc là, il dit qu'il faut faire des renforts de police judiciaire
20:00 pour quand on démantèle des équipes, essayer de faire en sorte que cette équipe ne revienne pas le lendemain matin.
20:05 L'impression que ça donne, Christophe Barbier, c'est qu'on est dépassé par les événements,
20:09 dépassé par le trafic et que là où on se disait il y a quelques mois
20:13 les Pays-Bas, la Belgique deviennent des narco-états
20:17 parce que précisément les trafiquants ont pris une ampleur et un pouvoir.
20:21 Ils peuvent aller jusqu'à terroriser le Premier ministre néerlandais, le menacer, etc.
20:27 On a peur de ça aussi en France.
20:30 On est un État un peu plus puissant et un territoire un peu plus large
20:33 que ces pays-là qui sur une petite zone peuvent concentrer ce genre de crimes.
20:38 Mais ça renvoie à ce que Stéphane Ravier évoquait, si on fait la guerre, il faut la faire vraiment.
20:42 Et donc ça se joue à un autre niveau, c'est pas à Marseille, c'est quelque part sur les grandes zones de trafic
20:47 et ça se fait avec des moyens militaires.
20:49 C'est-à-dire qu'à un moment donné, il faut couler des bateaux qui transportent des cargaisons,
20:53 il faut abattre des avions qui se posent dans le désert,
20:55 ce qu'on en a vu plusieurs fois, il faut traquer les sous-marins et les couler,
20:59 mais ça veut dire qu'on est hors du droit. Là il n'est plus question de procédure, il est question de guerre.
21:02 À qui on déclare la guerre ? Un État déclare la guerre à un autre État.
21:05 Mais là on va déclarer la guerre à qui ? À Monsieur Machin caché à Dubaï ou caché à Bogota ?
21:09 Ça va être compliqué juridiquement de ne pas renier les fondements du droit et de la démocratie
21:14 et d'avoir une guerre efficace contre le sommet.
21:16 Sinon on va continuer à avoir cette guerre sisyphéenne, du fort contre le petit,
21:21 avec cet effet de boule de mercure, c'est-à-dire on tape dans une boule de mercure à Marseille,
21:25 il y a 150 petites boules de mercure partout dans tous les quartiers et on n'est pas plus avancé.
21:29 D'un mot Géraldine, d'un mot.
21:31 Non mais nos démocraties sont mises à l'épreuve, on ne peut pas combattre une situation absolument exceptionnelle
21:36 avec des règles de droit classiques pour des situations de paix.
21:40 Un seul chiffre, un seul chiffre.
21:42 On va faire remettre en cause le cadre légal.
21:48 Par exemple, les règles qu'on se fixe pour infiltrer ou pas les groupes de trafiquants,
21:57 on ne peut plus le faire aujourd'hui quasiment plus à l'étranger.
21:59 Il y a quand même quelques règles qu'on peut adapter, ce n'est pas du tout...
22:03 C'est-à-dire maintenant on évoque les règles du terrorisme pour les écoutes téléphoniques, les gardes à vue, les search and rescue.
22:07 On est parfois dans la dérogation du droit parce que c'est des terroristes.
22:10 Est-ce qu'il ne faut pas aller vers ça pour le droit de la drogue ?
22:12 Un chiffre pour voir bien la fulgurance du phénomène, on a saisi en 2021,
22:17 tous services confondus, 26 tonnes et demie de cocaïne en France.
22:23 En 2010, c'était 4 tonnes.
22:26 Oui, mais alors, et ça, on a une explication, enfin pour le coup, les spécialistes vous disent,
22:31 depuis que les États-Unis font face à une crise sur les opioïdes avec le fentanyl,
22:35 et on le voit avec la drogue qui crée des zombies carrément en pleine ville,
22:39 en fait, la cocaïne qui est produite, elle n'arrive plus, elle n'a plus de marché aux États-Unis,
22:45 donc en fait elle est arrivée en Europe, et ça, à un moment, il faut aussi le combattre comme un marché global,
22:51 et on a aujourd'hui assez débattu de la dimension répressive et de la guerre contre la drogue,
22:56 qui est en fait, là pour le coup, le mythe de Sisyphe, enfin on voit bien que ça...
23:00 Mais c'est aussi la prévention, et c'est ça aussi qu'il va falloir qu'on pose,
23:04 c'est-à-dire que ces gens-là aussi pour beaucoup sont malades et ont besoin d'être accompagnés,
23:08 et ça, c'est un non-sujet absolu.
23:10 Merci Laurent Valniguier, merci Alexandre Laganzalès, et merci également Stéphane Raviey qui était en direct avec nous depuis Marseille.
23:16 Merci monsieur le sénateur.

Recommandations