Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 Vous-même vous souhaitiez, vous êtes assistante maternelle, et vous souhaitiez témoigner ?
00:06 Oui, parce que nous, ma fille, elle a subi aussi un harcèlement au collège pendant deux ans.
00:13 Et ça a été la descente aux enfers.
00:17 Son corps est complètement scarifié de partout.
00:23 On a des nombres de plus de 200 scarifications sur tout son corps.
00:27 Au mois d'avril, ça a été trois tentatives de suicide.
00:30 On a fini aux urgences.
00:32 Donc je me dis, il va être temps de faire quelque chose de concret, vraiment.
00:38 De concret que ça soit plus...
00:40 Comment dire que...
00:42 On en parle et puis il ne se passe rien derrière.
00:44 Parce que nous, notre affaire, elle a été classée sans suite.
00:47 Elle a été classée parce que les élèves ont été punis.
00:49 Ils n'ont pas été exclus du collège, on sait qu'ils n'ont pas été punis ni rien du tout.
00:52 Alors les choses ont changé forcément. Ça s'est passé quand, Stéphanie ?
00:56 Ça a commencé en 2021.
00:58 Donc les choses, évidemment, il y a avant et après la période qu'on est en train de vivre.
01:02 Je rappelle que le gouvernement annonce aujourd'hui son plan interministériel pour lutter contre le harcèlement scolaire.
01:07 Votre fille avait quel âge ?
01:09 Ça a commencé, elle avait 12 ans.
01:12 12 ans. Aujourd'hui, elle a quel âge ?
01:14 Elle a 15 ans et demi.
01:16 Aujourd'hui, le harcèlement a cessé.
01:18 Il a cessé parce qu'on l'a changé d'établissement.
01:21 On a été obligé de l'enlever de son établissement pour que ça s'arrête.
01:24 Mais on a eu tout, en fait,
01:27 tout s'est déclenché, là surtout en 3ème.
01:29 4ème ça a été, à peu près.
01:32 Et là, pendant son année de 3ème, ça a été la descente aux enfers.
01:36 Mais maintenant, parce que vous nous inquiétez évidemment, lorsque vous dites que votre fille a fait des tentatives de suicide ?
01:42 Oui, on l'a retrouvée, nous, dans sa chambre, les bras en sang,
01:45 les bras tenaillés partout, les veines aussi.
01:48 Donc il a fallu partir aux urgences pédiatriques tout de suite.
01:51 C'est en sortant de chez la psychologue, elle dit "vous partez tout de suite aux urgences parce qu'elle ne se passera pas la nuit".
01:56 C'est la hantise de se dire quand on va se coucher, est-ce qu'elle est encore en vie ou pas ?
01:59 Mais aujourd'hui, comment va-t-elle ?
02:01 Ça va.
02:03 Ça va, on en a parlé hier, justement, des nouvelles conditions et elle s'est effondrée.
02:09 Elle s'est complètement effondrée à la table.
02:11 Elle dit "c'est bien, mais c'est trop tard".
02:14 Elle dit "pour moi c'est trop tard".
02:16 Et d'abord, il n'est jamais trop tard.
02:18 Elle a 15 ans, la vie n'est pas finie.
02:20 Il faut sans doute transmettre à Stéphanie, et j'imagine que c'est ce que vous faites en permanence, des messages positifs.
02:28 Et sans doute est-elle aidée par des professionnels qui l'accompagnent.
02:32 Oui, aussi.
02:34 Mais elle dit "en fait, je n'ai pas voulu relancer l'affaire".
02:36 Ce qu'on a dit quand on a su que c'était classé.
02:38 Elle m'a dit "non" et aujourd'hui elle dit "j'ai regrette, j'aurais voulu qu'on relance et qu'il soit puni".
02:42 Parce qu'elle dit "moi je suis punie, j'ai tout perdu".
02:44 Et eux finalement, ils ont continué leur vie tranquille.
02:46 Non, elle n'a pas tout perdu Stéphanie.
02:48 Elle n'a pas tout perdu.
02:50 Elle a perdu ses amis qui se sont détournés d'elle.
02:52 Elle a perdu un établissement où elle était bien.
02:54 Et il a fallu qu'elle se reconstruise.
02:56 Et elle se reconstruit encore aujourd'hui.
02:58 Donc là, il y a encore une semaine et c'est ce qui arrive à nouveau.
03:00 Donc en fait, ça se relance à tout le coup.
03:02 J'entends bien, mais d'abord c'est très dur.
03:05 Ce qu'elle a subi, bien évidemment.
03:07 Mais quand elle dit "j'ai tout perdu",
03:10 évidemment, même si elle le pense,
03:13 j'ai envie de tout faire pour qu'elle ne le pense plus
03:16 et qu'elle retrouve une énergie positive.
03:18 J'imagine que c'est ce que vous faites en permanence.
03:21 Est-ce que vous avez une idée pour quelle raison elle était harcelée ?
03:25 - Alors, elle ne nous l'a jamais dit,
03:27 on ne l'a jamais su parce qu'on n'a jamais rencontré.
03:29 Moi et mon mari, nous sommes persuadés que c'est parce que, voilà, elle est lesbienne.
03:34 Et est-ce que les élèves le savaient, l'avaient détectée, je ne sais pas.
03:38 Mais on n'a jamais eu de réponse en fait.
03:40 On n'a jamais rien su parce qu'on n'a jamais été convoquée.
03:43 - Oui, parce que l'époque était différente.
03:45 L'époque était différente, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
03:47 bien sûr, son cas serait pris d'une manière différente.