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La chroniqueuse Pascale Robert Diard et le documentariste Rémi Lainé signent une passionnante série documentaire en 3 épisodes autour de la mystérieuse disparition d’une riche héritière à Nice en 1977, Agnès Leroux : « Tant qu’ils ne retrouvent pas le corps ». La série riche en archives recueille surtout les témoignages de deux fils ennemis du coupable, Maurice Agnelet. La série s’inspire du roman de la chroniqueuse judiciaire du Monde Pascale Robert Diard qui a suivi les 37 années de procédure judiciaire, « La Déposition ». La série est diffusée ce soir sur arte.

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Transcription
00:00 - Vos invités médias, Laurent Vallière signe un documentaire en trois parties diffusé ce soir sur Arte.
00:05 "Tant qu'il ne retrouve pas le corps", explore l'un des faits divers les plus marquants de l'histoire judiciaire,
00:10 la mystérieuse disparition d'Agnès Leroux en 1977.
00:13 - Bonjour Pascal-Robert Diar. - Bonjour.
00:15 - Vous êtes chroniqueuse judiciaire au quotidien Le Monde et bonjour Rémi Lenné. - Bonjour.
00:19 - Vous êtes documentariste, on vous doit Justice en France avec Daniel Carlin ou des documentaires sur l'Ekmer Rouge.
00:24 Mais quelle force ce documentaire qu'on va voir ce soir sur Arte.
00:28 Même si les deux protagonistes sont morts, vous les faites revivre.
00:32 Agnès Leroux mystérieusement disparue, jeune et riche héritière d'un casino de Nice qui trahit sa famille.
00:39 Et puis celui qui est poursuivi pendant 37 ans pour son meurtre.
00:43 37 années de procédure, Maurice Agnele jusqu'au coup de théâtre final devant la cour d'assises de Rennes.
00:49 Il a 76 ans et son fils crie sa vérité.
00:52 Alors au départ c'est un livre que vous écrivez, Pascal-Robert Diar.
00:56 Parce que quoi ? Vous écrivez à ce fils après sa déposition,
00:59 vous écrivez souvent aux gens que vous croisez dans les prêtoirs, Pascal-Robert Diar ?
01:04 - Non, je n'écris jamais et je ne l'ai fait qu'une fois.
01:08 C'était effectivement à Guillaume Agnele.
01:10 Après que ce garçon que j'avais vu défendre son père aux deux premiers procès de Maurice Agnele
01:17 soit venu assister et demander à être entendu une troisième fois devant la troisième cour.
01:24 Pour cette fois déposer un secret de famille.
01:26 Donc effectivement je voulais comprendre ce qui se passait dans la tête de ce fils
01:32 qui était un homme de 45 ans.
01:34 Et comprendre la deuxième tragédie qui était liée à cette affaire.
01:40 - Ce fils qui dit que c'est son père qui a tué Agnès Leroux ?
01:43 - Voilà, ce fils qui accuse son père, pardon, j'aurais dû le préciser évidemment.
01:47 Après l'avoir défendu aux deux premiers procès.
01:49 - Et il vous répond ? - Et il me répond.
01:51 - Ça c'est surprenant.
01:52 - Il me répond en fait, je pense qu'il l'avait déposé.
01:55 Il avait sans doute peut-être besoin de parler.
01:58 Enfin il n'avait plus jamais parlé.
02:00 Et la deuxième fois où il parle c'est dans le film qu'a réalisé Rémi.
02:03 - Rémi Lénet c'était facile de le faire parler devant caméra.
02:06 Parce que c'est une chose entre le moment où vous le croisez Guillaume Agnele
02:10 et qu'il vous invite chez lui quoi, Pascal Robert-Diard.
02:13 Ça c'est pour écrire votre livre "La déposition".
02:15 Et puis après il y a la caméra.
02:17 Il accepte facilement de parler Rémi Lénet ?
02:19 - C'est tout un chemin mais qui a été, je dirais, exploré par Pascal.
02:23 Parce qu'effectivement elle a établi un premier récit
02:27 qui nous a permis ensuite, nous, de...
02:29 C'était le fil directeur de notre travail documentaire en film.
02:32 Mais non ça n'a pas été facile.
02:34 Parce qu'il y a deux frères qui s'opposent dans cette histoire.
02:37 C'est-à-dire que Maurice Anglais avait trois fils.
02:39 L'un est mort et les deux survivants.
02:41 L'un finit par trahir son père.
02:43 Et l'autre reste fidèle.
02:44 Et donc il fallait très clairement les associer tous les deux au film.
02:48 Mais c'est compliqué parce qu'ils ne sont pas du tout d'accord.
02:50 Et même ils se haïent s'ils étaient à couteau tiré.
02:53 Et donc il a fallu, pas à pas, en disant systématiquement
02:58 ce que l'on faisait et ce que l'on allait faire.
03:00 C'est-à-dire qu'il était tout à fait possible de ne pas être d'accord, de s'opposer.
03:04 Et pour peu que la parole de chacun soit respectée,
03:07 on pouvait, je pense, raconter une histoire.
03:10 Et chacun pouvait garder sa vérité.
03:12 - Alors vous avez rencontré tout le monde.
03:15 Les frères et sœurs d'Agnès Leroux, de la disparue.
03:17 Les deux fils de Maurice Agnelet.
03:19 Les avocats d'Elle Leroux, Julien Minkowski et Hervé Themim.
03:22 - Et François Saint-Pierre pour Maurice Agnelet.
03:25 - Alors en fait, votre documentaire c'est aussi un portrait en creux de Maurice Agnelet.
03:31 C'était un gourou, il avait complètement sous emprise plein de gens, c'est ça ?
03:35 - Alors c'était un homme assez fascinant.
03:37 Les méchants c'est toujours plus séduisant en documentaire que les gentils.
03:43 Maurice Agnelet, clairement, je crois, était un immense manipulateur.
03:47 La ville ne l'avait pas aménagé, on va le découvrir dans la progression de notre récit du film.
03:52 Mais c'était un immense manipulateur, mais qui avait cette particularité de laisser des traces.
03:56 C'est-à-dire qu'il enregistrait toutes ses conversations,
03:59 que ce soit dans son cabinet, que ce soit les conversations téléphoniques.
04:02 Et même, il a laissé une trace quand même assez précieuse pour nous,
04:05 c'est qu'il s'est entraîné à se défendre face à son fils qui finira par le trahir.
04:10 Et son fils filmait.
04:12 Donc on a récupéré toutes ces bandes.
04:14 Et l'avantage, c'est que comme nous avions fait alliance avec Guillaume,
04:18 le fils qui a trahi et qui filmait son père lorsqu'il le défendait,
04:22 on a aussi une sorte de "making of" en direct.
04:25 C'est-à-dire que Guillaume commente, explique ce qui se passe dans sa tête au moment où il filme son père.
04:29 - Et par exemple, on a une discussion entre, qu'il a enregistrée lui-même,
04:32 entre Maurice Agnelet et la disparue Agnès Leroux.
04:36 - Bonjour. - Bonjour.
04:37 - Comment vas-tu ?
04:39 - Je vais. Et toi ?
04:41 - Moi je vais parce que je suis content de libérer,
04:43 mais je m'emmerde avec les tas de difficultés.
04:46 - T'es au bureau là ? - Oui.
04:48 - J'arrive. - D'accord, à tout de suite.
04:51 - Pascal Robert-Guerre, elle était complètement folle amoureuse de lui en fait.
04:55 - Elle était complètement folle amoureuse de lui et je voudrais dire quelque chose,
04:58 parce que c'est ce moment-là, cette voix-là,
05:03 elle a été diffusée au procès.
05:06 Elle a été diffusée à Nice, elle a été diffusée à Aix,
05:08 elle a été diffusée ensuite au 3e procès à Rennes.
05:11 Ce moment-là, dans la salle d'audience, je peux vous dire que sur les jurés,
05:15 ça a un impact incroyable parce qu'on l'entend.
05:17 On la voit, cette femme amoureuse, on la voit complètement dépendante,
05:21 complètement amoureuse, malheureuse.
05:24 Et on le voit, lui, très très très méprisant en fait.
05:30 Et ce moment-là, diffusé dans une salle d'audience,
05:32 je peux vous dire que ça fait de l'effet. Et donc c'est dans le film.
05:34 - Rémi Lenné, Pascal Robert-Guerre, il y a de plus en plus de séries documentaires,
05:37 sur Netflix, avec Grégory.
05:39 C'est votre première série documentaire.
05:42 Pourquoi en faire une série documentaire de cette affaire ?
05:44 Alors jusqu'à présent, c'était plutôt des documentaires de 52 minutes
05:48 sur un fait divers, par exemple.
05:50 - Oui, mais cette affaire-là, s'il prête un merveille,
05:53 si j'ose dire, d'abord par sa durée.
05:55 C'est une affaire qui dure 40 ans.
05:57 Et puis c'est une affaire qui confine un peu à la mythologie avec des actes.
06:00 C'est-à-dire qu'à un moment donné, au départ, il y a cette disparue,
06:03 c'est déjà, pardon, assez romanesque.
06:06 Et puis ensuite, c'est accusé qui va avoir main-revirement
06:09 dans sa vie, dans le déroulé de la procédure.
06:14 Donc ça s'y prête un merveille.
06:15 Mais personnellement, ce qui m'a intéressé dans le boulot de Pascal,
06:18 et pourquoi je me suis investi, bon ça a duré 3 ans quand même ce boulot,
06:21 c'est parce qu'il y a quelque chose qui dépasse l'histoire.
06:24 C'est-à-dire qu'une histoire m'intéresse à partir du moment
06:27 où elle me parle, mais au plus profond de moi-même,
06:30 où elle répond à des questions que je peux me poser.
06:32 Mon ami Pierre-Carl, le cinéaste, citait Bourdieu et disait
06:35 "Attention, le fait divers fait diversion et nous détourne des conflits sociaux,
06:39 des conflits mondiaux, etc."
06:41 Non, s'il y a une morale, une vraie morale, et là, en l'occurrence, il y en a une.
06:45 – Merci Rémi Lenné, merci Pascal Robert-Diar.
06:49 – Tant qu'il ne retrouve pas le corps, c'est ce soir sur Arte à 20h50.
06:53 Merci à tous les deux, merci Laurent.

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