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Alors que la 4e saison de la série policière est diffusée actuellement sur France 2, l’interprète d’Astrid, une enquêtrice autiste, se dit elle-même bluffée par son personnage.

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Transcription
00:00 Bonjour Sarah Mortensen ! Bonjour ! Astrid et Raphaël, c'est l'une des séries les plus puissantes de France Télévision.
00:06 5 millions de téléspectateurs en moyenne, sans compter le replay.
00:09 Vous êtes Astrid, une documentaliste de la police criminelle qui résout les affaires grâce à ses capacités hors normes.
00:16 Elle réfléchit différemment, elle a une mémoire incroyable, elle fait des liens que personne ne fait.
00:19 Est-ce que même vous, elle vous bluffe, Astrid ? Ou maintenant vous êtes habituée à sa manière de réfléchir ?
00:24 Alors non, elle me bluffe toujours et je pense que je serai bluffée à vie par Astrid.
00:30 Surtout que grâce à elle, j'apprends quand même des nouveaux mots.
00:33 Par exemple ?
00:34 Ah non, alors là, ne me dites pas ça comme ça, je ne sais pas.
00:37 Takotsubo !
00:38 Qu'est-ce que c'est ?
00:39 Le syndrome de Takotsubo, ce n'est pas cette saison-là, mais c'était en saison 1, qui est une crise cardiaque,
00:44 mais à l'envers, c'est-à-dire qu'on peut mourir de joie.
00:47 Voilà.
00:48 Et ça, Astrid, le syndrome de Takotsubo, elle expliquait tout le truc.
00:53 Alors le syndrome aussi, quand on meurt noyé, mais sans avoir été noyé.
00:58 Tout ça, ce sont des choses qu'Astrid m'apprend.
01:01 Et du coup, c'est intéressant.
01:04 Donc je pense qu'elle n'a pas fini de m'étonner.
01:06 Ce n'est pas un rôle facile.
01:07 Par exemple, vous ne regardez jamais vos partenaires dans les yeux ? Ou très très peu ?
01:11 Alors je regarde mes partenaires dans les yeux, uniquement ceux en qui j'ai confiance, c'est-à-dire Raphaël, je peux.
01:17 De temps en temps, le capitaine Perran.
01:20 Mais sinon, non jamais. Et d'ailleurs, dans le pilote et la saison 1, presque jamais personne.
01:25 Et du coup, j'ai vraiment découvert en regardant les images que les autres avaient fait.
01:29 C'est vrai que quand on joue, c'est qu'un échange.
01:31 Il faut écouter l'autre, mais on s'observe aussi beaucoup pour réagir, etc.
01:35 Là, moi, j'observe tout ce qui est autour.
01:37 Donc un stylo, une aiguille sur une montre, une tache sur une veste, un col mal mis.
01:43 Et en fait, mes appuis de jeu, c'est que ça.
01:46 Et est-ce que vous faites ça dans la vie aussi, désormais ?
01:48 De ne pas regarder dans les yeux ?
01:50 Mais par contre, je suis devenue comme Astrid.
01:53 Enfin, ou alors, je lui ai donné ça. Je suis aussi sans filtre quel.
01:57 Oui, moi, je suis la copine sympa qui peut dire "Sinon, t'as de la salade entre les dents".
02:01 Je ne laisse pas un repas complet avec la salade entre les dents chez quelqu'un en face de moi.
02:05 Ça, c'est plutôt sympa. Et on vous remercie, j'imagine.
02:07 Mais les gens osent peu le faire.
02:09 Le phrasé d'Astrid aussi est très particulier. On va d'abord l'écouter et vous réagissez après.
02:14 Il y a un problème.
02:15 Qu'est-ce qu'il y a Astrid ?
02:18 Et si je compare le nombre de montres exposées dans cette vitrine avec le nombre d'étiquettes explicatives ?
02:23 Il y a une montre en trop. 1, 3, 4, 5, 6. 1, 3, 4, 5.
02:26 Il y a une montre en trop.
02:30 Cette manière de parler, Sarah Mortensen, c'est votre proposition ?
02:34 Oui. Astrid, c'est presque complètement ma proposition.
02:41 Évidemment, on en a parlé avec l'auteur, avec la production.
02:48 Quand je suis arrivée aux essais, j'ai passé des essais pour Astrid.
02:52 Je suis arrivée avec Astrid.
02:54 Elle avait déjà ce phrasé-là.
02:56 Elle avait ce look aussi, avec la frange.
02:58 Je ne m'étais pas coupée les cheveux pour les essais.
03:01 Mais j'avais attaché mes cheveux.
03:04 J'avais mis une chemise que j'avais boutonnée tout en haut, qui était bleu ciel.
03:09 J'avais mis un pantalon bleu marine.
03:11 J'avais mis des chaussures à lacets.
03:13 J'avais déjà fait les lacets symétriques.
03:15 Parce que tous les matins, je refais les lacets d'Astrid symétriquement.
03:19 Cette façon de parler, c'est à force d'écouter, d'observer.
03:22 J'ai entendu que, je ne dis pas tout le monde, mais certaines personnes sur le spectre
03:29 ont un phrasé très particulier.
03:32 Comme Joseph Chovanec, qui dit par exemple,
03:35 qui est un philosophe autiste,
03:38 qui a écrit des bouquins extraordinaires et qui fait beaucoup de conférences.
03:41 Je le cite lui parmi d'autres.
03:43 Il dit "tant que je ne bouge pas, ça va.
03:47 Dès que je bouge un peu, on se dit "ah, il y a quelque chose".
03:49 Et alors quand je parle, c'est fini, on sait".
03:52 *Rires*
03:54 Vous dites que c'est votre proposition.
03:56 J'ai lu, mais peut-être c'est une erreur, que quand vous avez passé le casting,
03:59 vous n'avez pas été prise tout de suite parce que vous étiez peut-être allé trop loin dans le personnage.
04:03 C'est vrai ou pas ?
04:04 Ah oui !
04:05 En fait, dans la scène d'essai,
04:10 il y avait énormément de traits autistiques.
04:13 Ils étaient tous écrits, je les ai tous faits.
04:16 J'ai même réussi, c'était un long pavé,
04:19 en fait c'est la scène dans "Le pilote"
04:22 où Raphaël arrive pour la première fois aux archives
04:25 et je dis "ne touchez à rien parce que vous êtes très désorganisés
04:28 et qu'il y a des fautes d'orthographe partout dans tous vos procès-verbaux".
04:30 Et elle dit "ah bon, mais vous les connaissez".
04:32 Et elle donne la liste de tous ses procès-verbaux.
04:34 Donc c'était déjà énorme à apprendre.
04:36 Et en plus j'avais improvisé en disant, le directeur de casting ce jour-là avait une chemise
04:39 qui n'était pas boutonnée jusqu'au bout.
04:41 J'ai dit "il faut tous les boutonner, sinon ça ne fonctionne pas".
04:44 Et j'avais rajouté plein de trucs comme ça.
04:46 Et je suis sortie, j'ai appelé mon agent, j'ai dit "c'est une catastrophe".
04:49 J'ai dit parce qu'en fait, il fallait quand même que les neurotypiques,
04:53 donc vous, moi, puissent s'attacher aussi à cette jeune femme.
04:57 Et j'ai dit "c'est trop, il faut que je les repasse".
05:00 C'est trop, très autistique et il faut trouver une sorte d'équilibre là-dedans.
05:03 Qu'est-ce qui vous plaît dans le personnage d'Astrid ?
05:06 Tout. Déjà, je trouve ça extraordinaire d'être forcée pendant 4 mois de l'année,
05:12 presque 5, voire 6 parfois, de voir tout différemment.
05:17 Parce qu'elle a une pensée entièrement visuelle.
05:20 Donc je m'efforce quand je joue d'avoir une pensée visuelle.
05:24 Et pas une pensée conceptualise.
05:28 Et puis je trouve ça merveilleux d'avoir cette chance de voir différemment pendant tant de mois.
05:36 Et je trouve ça formidable que cette différence soit représentée sur Grande Écoute, à la télé,
05:44 et que ça marche aussi bien.
05:46 Votre duo fonctionne à merveille avec Lola Devers.
05:49 Vous avez été prise ensemble, comment ça s'est fait entre vous deux ?
05:53 Alors en fait, on ne se connaissait pas du tout.
05:55 On s'est rencontré, on a été choisis chacune de notre côté.
05:58 Et on s'est rencontré au moment de la lecture, de la première lecture.
06:02 Le pilote, ça a été évidemment très étrange parce qu'elle avait fait le choix de ne pas se renseigner.
06:08 Moi j'étais sur-informatisée, j'allais dire.
06:12 Et surtout j'étais si concentrée, je voulais tellement et je veux toujours tellement pas trahir les gens
06:16 concernés de près ou de loin par l'autisme, que du coup, je ne l'ai pas regardé, jamais.
06:23 Et j'étais hyper concentrée. Et du coup, on s'est un peu apprivoisées comme ça.
06:27 Et maintenant, on est, on dirait, deux, on s'épouille un peu avant de tourner.
06:33 Moi je leur mets toujours une mèche, elle me remet toujours ma queue de cheval.
06:36 On est très complices sur le plateau.
06:38 Alors pour parler justement des personnes qui souffrent réellement de troubles autistiques,
06:43 est-ce que déjà vous avez dû en rencontrer avant pour créer votre personnage d'Astrid ?
06:48 Et quel retour avez-vous d'eux ?
06:50 Alors moi je vais juste me permettre, et je ne suis personne pour le faire,
06:53 mais quand même, sur le terme souffrir. Parce que ce n'est pas une maladie.
06:57 Alors je m'en excuse d'ailleurs si j'ai pu blesser.
06:59 Non, non, mais ce n'est pas grave. Moi j'ai appris tous ces termes-là et toutes les nuances
07:04 parce que je me suis renseignée et que j'en ai fait une sorte d'intérêt spécifique, j'allais dire.
07:09 Oui.
07:10 Des personnes atteintes de troubles autistiques, ça c'est possible ?
07:13 Alors non plus, parce qu'atteintes c'est maladie. Non, on est autiste ou on ne l'est pas.
07:15 On est neurodifférent ou on n'est pas neurodifférent.
07:17 Donc autiste ou sur le spectre, ou voilà.
07:20 Mais après que ce soit une souffrance parce qu'ils sont obligés en permanence de s'adapter à notre monde
07:25 et à notre façon de fonctionner, et jamais l'inverse, ça peut être une souffrance.
07:30 Et donc du coup, la question c'était quoi ? Le retour que j'ai ?
07:33 Et si j'en ai rencontré ? Alors j'en ai rencontré énormément.
07:36 De tous âges, tous horizons, toutes tailles, toutes formes.
07:42 Et j'ai beaucoup d'amis autistes maintenant, et je considère que c'est une grande chance parce que je les trouve...
07:50 Enfin voilà, je trouve que c'est des gens éminemment passionnants et délicats.
07:54 Et qui nous forcent aussi parce que c'est très difficile de faire un small talk.
08:00 Salut, ça va ? Il fait beau, il ne fait pas beau ?
08:02 Si la météorologie n'est pas d'intérêt spécifique, c'est des conversations qui n'ont aucun sens pour eux.
08:07 Et donc du coup, quand on a un échange, c'est un vrai.
08:10 Et j'en ai beaucoup observé, et j'ai des retours absolument merveilleux, incroyables, touchants, et qui m'émeuvent à chaque fois.
08:19 Est-ce qu'on vous reconnaît dans la rue, Sarah Mortensen ?
08:21 Parce que dans la vie, vous êtes très différente physiquement du personnage d'Estride.
08:24 Ça, ça vous protège de la notoriété excessive et peut-être dérangeante ?
08:29 Alors, est-ce qu'une notoriété est excessive et dérangeante ? Je ne sais pas.
08:33 Je pense qu'on fait un choix.
08:36 Moi, ce qui peut me déranger dans la notoriété, c'est si je me balade avec mon fils et quelqu'un nous prend en photo.
08:41 Mon fils, j'estime qu'il n'a pas à être exposé de cette manière-là.
08:45 Donc là, maman peut montrer un peu l'écrou.
08:48 Mais sinon, je n'ai que des gens bienveillants qui viennent me voir.
08:53 J'avais déjà une notoriété avant, donc les gens connaissent quand même beaucoup mon visage.
08:57 Avec le Covid, on s'est dit que ça allait passer, sauf que du coup, les gens sont raccrochés aux yeux et à la voix.
09:04 En fait, on est reconnus même quand ce n'est pas physique.
09:07 Donc oui, je suis reconnue beaucoup.
09:09 En tant qu'Astrid ?
09:10 En tant qu'Astrid, on me demande à la caisse du Monoprix, est-ce que je suis en retard et il ne faut pas être en retard ?
09:14 Est-ce que c'est vous ? Je dis oui, c'est moi.
09:16 C'est une des phrases récurrentes d'Astrid.
09:19 Oui, c'est une phrase récurrente d'Astrid, parce qu'il ne faut pas être en retard.
09:20 Alors Astrid et Raphaël, et vous ne l'êtes pas ce matin.
09:23 C'est une série, je disais, qui cartonne à l'étranger.
09:27 En Amérique du Sud, au Japon, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Norvège, en Espagne, en Italie, en Portugal, j'en passe.
09:32 Je n'ai pas cité la Norvège par hasard, parce que vous êtes franco-norvégienne.
09:35 Vous êtes plus connue là-bas ou en France ?
09:38 Alors je suis beaucoup plus connue en France, parce qu'en fait là-bas, jusqu'à il y a quelques mois,
09:44 Astrid et Raphaël passaient sur TV2Play, qui est une sorte d'app genre France TV.fr,
09:52 et qu'il fallait en fait s'abonner pour avoir accès à ça.
09:56 Une plateforme payante.
09:57 Exactement, donc c'était un peu plus restreint comme contact.
10:02 Après, maintenant ça passe pour de vrai.
10:05 Donc, je ne suis pas retournée en Norvège depuis.
10:08 Mais on verra. Après en Norvège, on n'est que 4 millions, donc ça ira vite.
10:14 Ça ne reste pas de faire des meutes comme ça pourrait faire ailleurs.
10:17 Vous venez de finir le tournage d'un crossover avec Alexandra L.
10:20 C'est-à-dire qu'on a mélangé la série avec Julie Depardieu et Astrid et Raphaël pour en faire un épisode spécial.
10:25 On a du mal à imaginer comment Astrid, qui est très mal à l'aise dans les rapports sociaux, dans les rapports humains,
10:31 comment elle s'est adaptée à la loufoque médecin légiste.
10:34 Alors en fait, ça a été une rencontre assez jolie.
10:38 Parce que, comme vous venez de le dire, Alexandra L. ça part dans tous les sens.
10:44 Julie Depardieu aussi. Tout ça c'est une explosion, c'est un bonbon qui explose en bouche.
10:50 C'est vrai qu'Astrid au début elle trouve ça un peu étrange.
10:54 Et puis finalement, elle a quand même un intérêt spécifique qu'elle adore, qui est l'Institut médico-légal.
11:00 Elle est médecin légiste Alexandra L.
11:02 Et donc, elles vont se rencontrer sur ces termes scientifiques, sur la recherche, sur les précisions.
11:07 Puisque Alexandra L. a aussi, malgré tout, une façon différente d'aborder la médecine
11:14 et d'aborder un cadavre ou un morceau de cadavre.
11:17 En l'occurrence, souvent c'est des morceaux.
11:20 Elle trouve rarement le truc en entier.
11:22 Et donc du coup, elle raconte une histoire à partir d'une main, d'un oeil, d'un doigt et tout ça.
11:26 Et ça c'est quelque chose qu'Astrid, ça lui parle complètement.
11:30 Parce que justement, elle contourne toujours la façon dont nous m'en ferais.
11:37 Alors après, évidemment, quand Alexandra L. dit "je vais faire parler mon mort",
11:40 Astrid elle la regarde, elle lui dit "il est mort, il ne parlera pas".
11:44 C'est très premier degré avec Astrid.
11:47 Vous vous voyez encore longtemps dans la peau de ce personnage d'Astrid ?
11:51 Aussi longtemps qu'Astrid voudra de moi.
11:54 Et là, elle va encore de vous puisque vous allez démarrer le tournage de la prochaine saison.
11:58 Oui, ça y est, on a démarré.
12:01 Ça fait une semaine, ça se passe super bien.
12:03 C'est toujours un peu étrange de reprendre.
12:05 Enfin, moi j'ai toujours une pression incroyable parce que je me dis que je ne sais plus
12:09 et que je vais trahir et que voilà.
12:11 Mais ça c'est de moi à moi.
12:13 Et comme on cartonne de plus en plus, moi je me dis qu'il faut faire mieux qu'avant.
12:18 Et comme je suis extrêmement exigeante d'abord avec moi-même,
12:22 pour moi reprendre les chaussures d'Astrid c'est toujours un défi.
12:26 Oui, c'est un défi.
12:28 On souhaite vous voir encore longtemps dans la peau d'Astrid et avec Raphaël, alias Lola Dauvert.
12:34 J'espère vous recevoir toutes les deux ensemble la prochaine fois.
12:36 Avec un immense plaisir.
12:38 Merci beaucoup Sarah Martin-Samuel.

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