Vendanges 2023 : quel premier bilan ?
Avec Gérard Bertrand, producteur de vin
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##LA_VIE_EN_VRAI-2023-09-26##
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Transcript
00:00 Le Grand Matin Sud Radio, la vie en vrai.
00:03 La vie en vrai, comme chaque matin nous sommes sur le terrain.
00:06 Nous sommes du côté du Languedoc-Roussillon.
00:10 Tiens, je vais utiliser en fait ce terme parce que
00:12 même si aujourd'hui il n'y a plus la région en tant que telle, c'est la région Occitanie,
00:16 tout de même nous y sommes sur les terres de Gérard Bertrand.
00:20 Bonjour Gérard Bertrand.
00:21 - Bonjour.
00:22 Sacré meilleur vigneron au monde l'an passé par un magazine.
00:26 Nous sommes en pleine période des vendanges Gérard.
00:30 Parce que la météo a été quand même un petit peu compliquée cette année
00:33 avec d'un côté de la pluie et puis ensuite des grosses chaleurs.
00:38 Nous sommes en pleine période, alors comment se passent les vendanges ?
00:42 - Bon écoutez, la réussite des vendanges c'est de se presser lentement.
00:47 C'est-à-dire que moi ça fait 38 ans que je fais les vendanges officiellement
00:52 et j'en ai vécu deux de faciles.
00:54 Chaque année les vendanges c'est un combat parce qu'en fait on a une variété de cépage
00:59 et puis parce que la météo peut changer.
01:01 On a vu quand même, comme vous le savez, un mois d'août un peu avec des records historiques de chaleur.
01:06 Et parallèlement on a gardé beaucoup de fraîcheur et d'acidité dans les vins.
01:10 Il n'y a jamais eu autant d'acidité que cette année, en particulier il y a des pH assez bas.
01:14 Donc les équilibres sont là, c'est prometteur.
01:18 Nous on a fait à peu près 30% des vendanges, on en a jusqu'au 15 octobre.
01:22 Parce qu'on est sur différents domaines en Occitanie.
01:25 Par exemple quand c'est au Château de l'Hospitalet on vendage plus tôt
01:29 qu'au Château de la Souffle à la Carcassonne ou au Château de Villemage.
01:32 Donc tout ça ça veut dire qu'on fait ça avec patience et puis on ramasse tout à la main.
01:40 Donc on a 250 vende-nageurs et donc on déambule d'un domaine à l'autre.
01:45 Et c'est une période excitante parce qu'en fait c'est là où tout se décide.
01:49 - Oui c'est ça, pour la qualité du vin pour la suite.
01:52 Et alors compte tenu de cette chaleur, ça s'annonce comment justement ?
01:56 - Ça s'annonce très bien, les blancs sont remarquables.
01:59 Alors en termes de quantité, cette période d'estival un peu chaude
02:06 nous a réduit les volumes à peu près de 15 à 20% dans la région.
02:10 Donc ça c'est pas une bonne nouvelle.
02:12 Mais par contre en termes de qualité, la qualité vraiment va être au rendez-vous.
02:16 Parce qu'on a des très beaux équilibres et ça sera en millésime de garde.
02:21 Parce que quand il y a une bonne acidité, ça permet d'avoir des vins qui peuvent vieillir,
02:26 en particulier pour les rouges.
02:28 Donc c'est plutôt bien, mais le combat n'est pas fini.
02:32 - Oui, bien sûr, jusqu'au 15 octobre tout de même.
02:35 Bon ça va, vous avez les vende-nageurs, vous avez trouvé de la main d'oeuvre ?
02:38 Parce que parfois c'est un petit peu compliqué quand même actuellement de trouver de la main d'oeuvre.
02:43 - Oui, alors vous savez 80% des gens maintenant ramassent à la machine.
02:48 Donc en fait nous on a nos équipes qui viennent chaque année de différentes régions.
02:53 Donc ce sont des gens fidèles et puis qui aiment ça faire les vende-nage.
02:57 Donc on n'a pas rencontré de problème.
03:00 Par contre c'est important pour eux d'avoir un rythme et puis de pouvoir enchaîner.
03:05 Parce qu'en fait ils sont là pour bosser quoi.
03:06 Donc non ça se passe bien.
03:09 - Oui, Gérard Bertrand, on parle beaucoup de transition climatique, écologique actuellement, énergétique.
03:15 Vous, vous avez opéré votre transition dans le domaine du vin depuis une vingtaine d'années.
03:22 Parce que vous avez été l'un des leaders, l'un des pionniers à faire du vin bio.
03:26 La biodynamique, c'est ça.
03:29 Expliquez-nous comment ça fonctionne pour évidemment le grand public qui ne connaît pas.
03:33 - Oui, écoutez, la biodynamie, le bio d'abord c'est arrêter d'utiliser des entrailles chimiques.
03:39 Donc c'était une première étape importante.
03:41 Et la biodynamie, elle va plus loin parce qu'elle tient compte aussi des influences de la Lune et des planètes
03:48 pour utiliser des ingrédients naturels.
03:51 La biodynamie, c'est l'homéopathie par les plantes pour les plantes.
03:55 Alors certains croient, d'autres pas.
03:57 Mais moi je peux vous dire que nous avons quasiment 1000 hectares de vignes.
03:59 Si ça ne marchait pas, il y a longtemps qu'on aurait arrêté.
04:02 Et les bienfaits de la biodynamie, c'est que ça améliore la qualité des vins.
04:06 Ça permet d'avoir une meilleure fraîcheur, une meilleure acidité.
04:10 Il y a un potentiel de garde beaucoup plus important.
04:12 Et puis au niveau subtil, c'est-à-dire au niveau tactile en bouche,
04:16 ça permet d'avoir des vins qui sont beaucoup plus vivants.
04:20 Donc c'est très intéressant.
04:23 Il y a de très grands domaines dans le monde aujourd'hui qui sont en biodynamie.
04:26 Donc on a fait partie des précurseurs puisqu'il y a plus de 20 ans.
04:29 Et c'est très bon pour la planète.
04:31 Parce qu'en fait, la clé pour stocker du carbone, c'est d'avoir des sols vivants.
04:35 Et pour avoir des sols vivants avec une vie intérieure du sol développé,
04:39 il faut bien nourrir le sol.
04:41 Et ça, les sols vivants, c'est la clé parce qu'on stocke beaucoup plus de carbone dans les sols
04:45 qu'au travers des arbres.
04:47 Les gens ne savent pas.
04:48 - Tout en étant viticulteur, et puis en même temps aussi,
04:52 je le précise au passage, pour ceux qui l'auraient oublié,
04:55 mais vous avez été quand même un grand joueur de rugby,
04:57 capitaine du Grand Narbonne à l'époque.
04:59 Vous êtes un amoureux de la terre.
05:01 C'est pour ça que vous êtes retourné prendre le domaine qui était à votre père
05:06 il y a une trentaine d'années.
05:08 - Oui, oui, tout à fait.
05:09 Moi, j'ai toujours été un passionné de la vigne.
05:13 Et puis petit à petit, ma conscience pour la biodiversité s'est éveillée
05:18 parce que je me suis rendu compte que j'étais dans une impasse
05:21 en travaillant en conventionnel,
05:23 parce que déjà, ça ne correspondait pas à ma philosophie.
05:26 Et ensuite, parce que je voyais bien que l'évolution n'était pas favorable.
05:29 Donc, j'ai pris cette décision courageuse parce qu'il a fallu...
05:32 Bien sûr, j'ai réduit un petit peu la production.
05:35 Il a fallu trouver de nouveaux clients.
05:36 Ça a été un parcours du combattant.
05:38 Ça m'a pris 20 ans pour remettre en place ce nouveau modèle d'agriculture
05:42 et surtout de le réaliser et surtout d'avoir le succès qu'on connaît aujourd'hui.
05:47 C'est une transformation que j'ai faite,
05:49 mais que j'encourage les vignerons, comme je dis toujours, de tester.
05:52 Ceux qui veulent changer, ils commencent avec une partie de leur propriété.
05:55 Et si ça leur plaît, ils continuent.
05:57 Parce qu'il faut le vivre.
05:58 Ce n'est pas simplement de dire "OK, on arrête, on se fait ça, on fait autre chose".
06:01 Il faut le vivre.
06:02 Il faut voir cette interaction avec les vignes, voir si on se sent bien,
06:06 voir comment le raisin s'y goûte mieux, etc.
06:09 Pour moi, ça a été une révélation.
06:11 - Oui.
06:12 Merci beaucoup Gérard Bertrand.
06:14 On va vous laisser parce que ce n'est pas le tout, mais...
06:15 - Il était important pour moi d'aller voir les équipes.
06:17 - Oui, ça va.
06:18 Bon, ça va, les températures sont bonnes.
06:21 - Écoutez, on a une fenêtre météo fabuleuse pour tous les jours.
06:24 On en profite.
06:25 - Oui.
06:26 Bon, écoutez, vous leur passez le bonjour.
06:28 Et puis, je le sais aussi, vous ne quittez pas quand même des yeux,
06:31 malgré tout, la Coupe du monde de rugby.
06:34 Et comme nous, vous croisez les doigts pour qu'Antoine Dupont revienne.
06:37 - Exactement.
06:38 Comme le champion du monde, ça va être le voyage du héros.
06:41 - Oui, absolument.
06:43 Merci Gérard Bertrand d'avoir été en ligne ce matin,
06:46 avec nous dans la vie en vrai, sur Sud Radio.