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Court métrageTranscription
00:00 Et puis c'est Pedro Almodovar, réalisateur espagnol de légendes,
00:03 Derrière Volver, Tout sur ma mère ou encore La Mauvaise Éducation.
00:06 Tellement légendaire que son nouveau court-maître à jouer western,
00:08 Strange Joy of Life, sort carrément en salle.
00:10 Du coup, il nous a reçus dans son bureau, à Madrid, au milieu de toutes ses récompenses.
00:15 Et spoiler, il a failli faire carrière à Hollywood.
00:18 La vérité, c'est que, dans Calzada de Calatrava,
00:21 nous vivons mes premiers 8 ans.
00:24 Et je ne me souviens pas avoir allé au cinéma là-bas.
00:26 Nous avons emigré à l'extrême-droite,
00:28 et mes premiers souvenirs du cinéma sont
00:31 à l'air libre, à l'extrême-droite.
00:34 Ce sont les moments finaux des années 50,
00:37 les premiers débuts des années 60.
00:40 Et en fait, ils mettaient beaucoup de spaghetti western,
00:44 qui n'étaient pas les meilleurs.
00:45 Ils mettaient aussi beaucoup de films mexicains,
00:48 de genre, de lutteurs, de lutte libre.
00:51 Et je me souviens que, à une jeune âge de 10 ou 11 ans,
00:54 j'ai pu voir, par exemple, le "Balential de la Doncella" de Ibn Abdelman,
00:58 que je suis resté très surpris,
01:00 ou par exemple, "L'ange exterminateur" de Luis Buñuel.
01:04 Ce n'était pas du cinéma pour un enfant,
01:07 mais je célébrais beaucoup ce genre de films.
01:11 De toute façon, je les comprenais, malgré être un enfant.
01:14 J'avais plusieurs albums.
01:16 Je me souviens qu'un d'entre eux était "Chromos de los 10 mandamientos"
01:20 de Cecil B. DeMille.
01:21 Il y en avait aussi un qui était des étoiles,
01:23 basiquement de Hollywood.
01:25 Il y avait aussi une étoile française,
01:27 ou une étoile italienne, Simone Signoret,
01:29 Sophia Loren, Brigitte Bardot,
01:31 mais ce sont basiquement les grands noms de Hollywood.
01:35 Plus qu'à m'inspirer, ce qui m'a démontré,
01:38 et me l'a démontré, avec les années,
01:40 c'était mon vocation de m'adopter à ce monde
01:44 qui était représenté par les "Chromos",
01:47 de m'adopter au monde du cinéma.
01:50 Je ne dis pas que je devais devenir une étoile,
01:52 mais que je devais me dédier professionnellement à faire des films.
01:56 Quand j'étais petit,
01:57 par exemple, le jeu typique de pistoliers et d'Indiens,
02:01 je n'y participais pas.
02:03 Pour ma infance et ma première jeunesse,
02:06 je ne voyais pas "Western".
02:08 C'est quand je suis arrivé à Madrid, à 18 ans,
02:11 et que j'ai commencé à aller à la filmothèque,
02:14 que j'ai commencé ma formation cinématographique,
02:17 où j'ai pu voir tous les genres,
02:20 d'une manière historique et ordonnée.
02:22 C'est là que j'ai découvert les grands "Western",
02:25 dirigés par John Ford ou Howard Hawks,
02:28 il y a beaucoup d'Anthony Mann.
02:30 C'est à ce moment-là, adulte,
02:33 que j'ai découvert un genre plus grand,
02:35 qui ne m'est pas arrivé à l'extrême-droite ni au peuple.
02:39 Je me suis transformé en...
02:42 comment dirais-je ? En fanatique de ce genre,
02:44 mais qui n'était pas lié à la histoire que j'écrivais à ce moment-là.
02:49 Après "La Loi du Désir", j'ai fait 16 autres films.
02:52 Je crois donc qu'il y a plus de films qui peuvent se joindre à la liste
02:58 et qui ont été un point d'inflexion dans ma carrière.
03:01 Mais disons que dans les années 80,
03:04 "La Loi du Désir" a été la clé pour moi.
03:06 Mais ma carrière, malheureusement, a été plus longue.
03:11 Il y a aussi des films comme "Parle avec elle",
03:13 par exemple, au début de siècle,
03:15 ou "La Maléducation" ou "Revenir",
03:18 qui sont aussi très significatifs au long de ma carrière.
03:23 En premier lieu, j'ai été proposé de faire le remake de "Les Femmes",
03:27 au bord d'un attaque de nerveux, avec Jane Fonda.
03:30 Je voulais donc continuer à faire de nouvelles films,
03:33 pour moi, faire une film que j'avais déjà fait,
03:35 que j'avais déjà superé, alors je m'ai refusé pour ces raisons,
03:39 en plus de ne pas me sentir très sûr dans Hollywood.
03:41 Et ensuite, par exemple, j'ai été proposé de faire des films comme
03:44 "Sister Act" avec Boopy Goulbert.
03:47 Je l'ai reçu en 1990.
03:49 J'ai souri quand je l'ai reçu,
03:50 parce que je pensais que c'était un script
03:53 où il y avait clairement une influence
03:56 de la film que j'ai fait avec "Monjas",
03:58 qui aussi chantait dans "Entre Tinièbles".
04:01 Ensuite, j'ai été proposé de faire beaucoup de films,
04:04 comme "Le Club de la Première Femme",
04:07 mais je n'ai jamais vraiment décidé.
04:09 Premièrement, parce que je ne trouvais pas
04:11 que je connaissais suffisamment les clés de la société américaine
04:16 pour en parler, parce que je ne vis pas là.
04:19 Ensuite, mon connaissance de l'anglais était limitée.
04:22 Et aussi parce que mon mode de travail
04:25 a été fait à la base de mes propres idées,
04:28 de travailler en solitaire,
04:30 de mon propre entreprise de production
04:33 qui me permet de travailler avec absolue liberté
04:36 et avec absolue indépendance.
04:37 Quelque chose que, même si Hollywood
04:39 m'avait promis de respecter,
04:42 je m'intuit que ce n'allait pas être ainsi.
04:45 Parce qu'il y a des exemples de nombreux auteurs
04:47 qui sont allés à Hollywood
04:48 et qui n'ont pas fait leurs meilleures films.
04:51 La seule film dont j'ai vraiment douté
04:54 parce que j'aimais beaucoup l'histoire,
04:56 le résumé dans lequel j'étais basé,
04:58 c'était Brokeback Mountain.
05:00 J'ai douté parce que le script était très intéressant.
05:08 L'histoire est merveilleuse, l'histoire d'Annie Prul.
05:11 Mais après avoir regardé le film,
05:13 j'ai pensé qu'un thème qui demandait
05:17 des scènes physiques très explicites
05:20 allait avoir des problèmes avec les études.
05:23 Donc, j'ai finalement dit non.
05:25 Et de toute façon,
05:26 Andy a réalisé une filme merveilleuse
05:29 avec ce même script.
05:30 Ce n'est pas une partie de l'idée de Brokeback Mountain.
05:33 Ce qui la relève,
05:36 c'est qu'au final de la film,
05:38 la phrase, quand Pedro Pascal
05:41 lui dit à Ethan Hawke
05:43 ce que deux hommes peuvent faire dans un ranch.
05:51 Je ne le dis pas maintenant
05:53 pour que le spectateur ne se surprenne pas.
05:56 Cette réponse de Pedro Pascal
05:58 répond à une question posée il y a 20 ans
06:03 par Jake Killian Hall à Heath Ledger
06:06 qui lui propose de vivre en un ranch.
06:08 Et Heath Ledger lui dit
06:18 que deux hommes peuvent faire en vivant dans un ranch.
06:21 Pedro Pascal, dans ce métaverso
06:23 dans lequel nous sommes dans le monde du cinéma,
06:25 20 ans plus tard,
06:27 lui répond à Heath Ledger.
06:29 C'est le seul lien qu'il a avec Brokeback Mountain.
06:31 Mais Brokeback Mountain, pour moi,
06:33 n'était pas un vrai western.
06:35 Les deux personnages principaux
06:36 étaient des pastors qui s'occupaient des oeufs.
06:39 Dans ce cas, ce sont des cow-boys
06:41 qui ont eu un passé comme,
06:44 comme celui de Wild Bunch,
06:46 le groupe sauvage de St. Pekin Park,
06:48 qui s'est connu dans ces circonstances.
06:50 Et qui sont ensuite convertis
06:52 en ranchers et en série.
06:54 Mais je crois que,
06:55 à part la phrase de Pedro Pascal,
06:58 il n'y a pas de relation entre les deux films.
07:00 Le fait de faire le western
07:02 et d'avoir en Espagne,
07:04 encore des décorations
07:06 de certaines des films
07:07 que faisait Sergio Leone,
07:08 c'était une avantage pour aller filmer
07:10 dans les mêmes endroits,
07:11 par Almería.
07:12 Je crois que je suis ouvert
07:13 à filmer dans n'importe quel endroit.
07:15 En fait, ces deux courts,
07:16 The Human Voice
07:17 and The Strange Way of Life,
07:19 pour moi, ont été comme un entraînement
07:22 pour pouvoir filmer en anglais, par exemple,
07:24 ou dans un autre langage.
07:25 J'ai donc perdu la peur que j'avais avant
07:28 de filmer dans un autre langage.
07:29 Madrid a changé beaucoup
07:30 dans les derniers 40 ans.
07:31 Mais l'Espagne a changé aussi.
07:33 Et je crois que le monde a changé.
07:36 Et a changé de pire.
07:37 Mais ce n'est pas que je m'enfuie de Madrid.
07:39 Je vis à Madrid,
07:40 alors mes histoires se produisent
07:42 normalement ici,
07:43 avec l'exception de
07:44 Tout sur ma mère,
07:46 qui se produisait à Barcelone.
07:47 Je veux dire que je n'ai pas la même âge
07:50 que je l'avais en 70 ou 80.
07:53 La vie que je faisais en 80
07:55 n'est pas pareille à la vie que je fais maintenant.
07:57 Donc, ce n'est pas la faute de Madrid,
07:59 mais plutôt une question
08:01 de temps.
08:02 Mais je suis ouvert
08:04 à me déplacer dans n'importe quel endroit
08:06 et n'importe quelle autre culture.
08:08 Mais pour cela, je dois avoir une histoire
08:10 qui demande ce changement géographique.
08:13 *Bruit de pet*
08:15 En mini !