Crise des effectifs à l''Etablissement français du sang

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00:00 8h15, vous donnez peut-être votre sang, et bien on vous emmène ce matin en coulisses.
00:05 Et malheureusement, ce n'est pas simple en ce moment.
00:08 Clémence Fuleda, on passe 5 minutes avec un membre de l'établissement français du
00:11 sang.
00:12 Oui, avec le délégué syndical Force ouvrière de l'EFS.
00:14 Bonjour Steve Pernoff.
00:15 Oui, bonjour à tous.
00:17 Merci d'être avec nous ce matin.
00:18 Vous avez appelé à une grève illimitée depuis le 28 juillet.
00:21 Pourquoi ?
00:22 Oui, en fait, on a appelé à la grève parce que nous avons de grosses difficultés pour
00:28 recruter du personnel, notamment en cause des salaires bien en dessous du marché du
00:33 travail.
00:34 Et en plus de cela, on a des conditions de travail très difficiles en ce moment, notamment
00:39 le fait des difficultés de recruter du personnel.
00:42 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que vous piquez à la chaîne, que vous n'avez plus
00:46 de temps pour travailler ?
00:47 Voilà.
00:48 En fait, ce qui est en train, c'est que du coup, le manque de personnel, c'est-à-dire
00:53 qu'effectivement, il faut prélever à la chaîne.
00:56 Donc, sur les cinq heures de prélèvement, on a très peu de temps pour pouvoir juste
01:02 même aller aux toilettes, ce qui devient très, très compliqué pour les préleveurs.
01:06 À ça s'ajoutent en plus toutes les difficultés pour installer la collecte et tout avec moins
01:12 de personnel en poste parce qu'il faut savoir qu'il faut décharger à chaque collecte
01:18 de centre à peu près trois tonnes de matériel, ce qui fatigue énormément les organismes
01:24 et du coup, entraîne des journées très longues.
01:28 Pas assez de personnes, mais aussi des postes qui vont être supprimés, je crois, Steve
01:33 Pernand.
01:34 Oui, tout à fait.
01:35 Alors, ce qui nous a été annoncé au Conseil d'administration du 21 juillet dernier par
01:38 le ministère de la Santé et de la Prévention, c'est que 150 personnes vont être, alors
01:44 pas vraiment licenciées, mais en tout cas, il y a 150 postes qui vont être supprimés
01:48 au sein du l'établissement Conseil du sang.
01:51 Cette grève, est-ce qu'elle est suivie notamment à Toulouse ?
01:53 Oui, elle est assez bien suivie.
01:57 Alors, la grosse difficulté que nous avons, c'est qu'on est un établissement public
02:03 avec des obligations de service public, notamment vis-à-vis des patients.
02:08 Et du coup, on a du mal à mettre beaucoup d'assignations.
02:12 Donc, du coup, on a du mal à être visible vis-à-vis du public et des donneurs, notamment
02:16 de notre grève.
02:17 Parce qu'après, il faut expliquer, peut-être les gens ne le savent pas, les auditeurs,
02:21 téléspectateurs, ce matin de France Bleu, France 3 Occitanie, vous avez des missions
02:26 de service public, mais ensuite, vous vendez du sang et du plasma aux hôpitaux et aux
02:29 laboratoires.
02:30 Voilà, en fait, ce qu'il faut comprendre, en fait, le donneur donne gratuitement les
02:36 poches de sang, mais il y a un coût de fabrication, il faut payer les salaires.
02:41 Il y a tout un coût de fonctionnement qui est donc reporté sur les prix des PSL qu'on
02:47 vend aux hôpitaux.
02:48 Produit sanguin à la bile.
02:50 Oui, excusez-moi, PSL, donc produit sanguin à la bile, qui nous permet du coup un fonctionnement
02:56 quotidien.
02:57 À l'heure actuelle, la baisse des livrances de produits sanguins à la bile a conduit
03:02 du coup à des problèmes financiers de notre établissement et qui nous met à mal pour
03:07 travailler efficacement.
03:09 Donc c'est quoi que vous demandez, vous, à FO2 ? De vendre plus cher ce sang, ça
03:12 serait une des solutions ?
03:13 Oui, pour nous, il y a deux leviers.
03:17 Donc effectivement, vendre plus cher les produits sanguins à la bile, donc à destination
03:22 des hôpitaux.
03:23 Et également les plasmas qu'on vend au laboratoire de fractionnement, donc le LFB,
03:30 qui lui fabrique des médicaments dérivés du sang.
03:33 Et à l'heure actuelle, il faut savoir que ces plasmas qu'on fournit à ce laboratoire
03:38 sont vendus à perte, c'est-à-dire que les coûts de fonctionnement ne permettent pas
03:42 de… enfin le prix de vente ne permet pas d'assurer les coûts de fonctionnement.
03:48 Steve Pernouet, est-ce que pour avoir plus de dons et donc plus d'argent, est-ce qu'il
03:53 ne faudrait pas aussi remettre en question le modèle français de dons du sang gratuit
03:57 ? En Allemagne, par exemple, on donne son sang, on reçoit une vingtaine d'euros et
03:59 il y a beaucoup plus de donneurs réguliers que chez nous.
04:02 En fait, nous, le problème, ce n'est pas le nombre de donneurs réguliers, puisqu'on
04:07 est toujours autosuffisant.
04:08 Aucunement, le FFS n'a eu un jour où on n'a pas pu fournir des produits sanguins
04:14 aux patients.
04:15 Mais vous n'avez pas assez d'argent ? Oui, c'est le problème financier, mais
04:20 ce n'est pas un problème de donneurs, en fait.
04:23 Et le fait de rémunérer les donneurs ne va pas apporter plus de finances, bien au contraire,
04:28 puisqu'il faudra bien les payer.
04:29 Et d'autant que ce qu'on voit, surtout les dérives qu'on constate aux États-Unis,
04:34 c'est que ces donneurs sont des gens qui sont très précaires et qui vivent de ce
04:41 petit argent qu'ils peuvent percevoir par les dons et qui ont tendance à vouloir mentir
04:50 pour pouvoir manger.
04:51 Et du coup, on perd en sécurisation des produits sanguins.
04:54 Merci beaucoup, Steph Pernod, délégué syndical Force ouvrière de l'établissement français
04:58 du sang.
04:59 Vous êtes en grève illimitée depuis le mois de juin.

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