BETOGETHER avec Philippe Bianchi

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Transcript
00:00 [Musique]
00:08 Je suis donc Philippe Bianchi, le papa de Jules.
00:11 Je suis président d'honneur de l'association Jules Bianchi.
00:13 Ça, c'est les premières compétitions de Jules en karting.
00:16 Donc là, il avait 13 ans.
00:18 Il allait déjà très vite en kart.
00:19 C'est tout ce qu'on a essayé de construire avec lui.
00:22 Ce n'était pas facile, on n'était pas des gens milliardaires.
00:24 Et c'est que du positif de voir le casque.
00:27 On est incapable de vendre quoi que ce soit de Jules.
00:29 C'est tout ce qui nous reste de toute façon.
00:30 Donc on a la chance d'en avoir une F1 à lui.
00:33 On a une World Series 3.5.
00:35 On la mettra, on mettra tous ses objets dans ce nouveau bâtiment
00:37 qu'on va faire avec l'association.
00:39 Il y aura des simulateurs de pilotage, il y aura une F1 de Jules.
00:41 Il y a beaucoup, beaucoup de fans de Jules.
00:42 C'est incroyable parce que même encore aujourd'hui,
00:44 on va faire un espace qui va être sympa.
00:46 Quel est votre souvenir sur son premier Grand Prix ?
00:48 C'était particulier parce qu'en fait, il a su qu'il allait être pilote de Formule 1.
00:53 Je crois que c'était une semaine avant le premier Grand Prix en Australie.
00:56 Et je me rappelle qu'il était en bagarre avec Sutil pour le poste chez Force India.
01:02 Et que chez Force India, ils avaient fait monter un peu les enchères
01:04 entre Ferrari et Mercedes pour imposer leur pilote.
01:07 Et en fait, il n'avait pas eu le volant.
01:09 Il était au fond du trou.
01:11 Dix jours avant le premier Grand Prix, il me dit,
01:13 "Papa, je n'irai pas en Formule 1, machin. C'est très compliqué d'y rentrer."
01:17 Il y avait les essais à Barcelone.
01:19 Et là, il m'a appelé, il m'a dit, "Oh là là, je vais chez Marussia
01:21 parce qu'en fait, je vais être pilote."
01:23 Donc en fait, tout est allé très vite.
01:24 Tout de suite, il a pris l'avion, il est parti en Australie.
01:26 Et c'est vrai que nous, on était devant la télé.
01:29 En fait, on n'y croyait plus.
01:30 Donc c'était une surprise incroyable.
01:32 Et en plus, il avait fait un très beau Grand Prix.
01:34 Et c'était super.
01:35 Quel a été le moment le plus fort de sa carrière ?
01:37 Incontestablement, Monaco en 2014.
01:40 Ce n'était pas facile du tout avec cette voiture.
01:43 Il avait eu des pénalités, donc il partait dernier.
01:45 Ils lui ont mis une autre pénalité parce que ce Maldonado était tombant panne.
01:48 Donc il avait pris la place de Maldonado, il ne fallait pas.
01:51 C'était compliqué.
01:52 Monaco, normalement, on ne double pas trop.
01:54 Et en fait, cette course, c'était incroyable.
01:56 J'étais justement à la rascasse où il a doublé.
01:59 Et à un moment donné, on ne comprenait plus rien.
02:01 On disait "Mais il est combien ?"
02:02 Et puis finalement, on s'est aperçu qu'il était dans les points.
02:05 Je me rappelle, je suis descendu vite.
02:07 Je n'avais pas le badge pour aller sur la pitlane.
02:09 J'ai dit à la sécurité, je dis "Laissez-moi passer,
02:11 parce que là, je vais déjonter, il faut que j'aille voir mon petit."
02:13 Ils m'ont laissé passer.
02:14 Et là, bon, il était tout seul, il sortait de sa voiture.
02:17 Du coup, je l'ai pris dans mes bras.
02:18 On a fait une photo, on est tous les deux dans les bras.
02:20 Je lui ai dit que j'étais fier de lui.
02:22 Il était très fier de lui aussi.
02:25 J'étais chez moi à Monaco, à côté de Monaco.
02:30 Il y avait des conditions qui étaient dantesques.
02:32 Le Grand Prix, il était joué de toute façon.
02:33 Il n'y avait aucune raison de le faire partir d'une grue
02:36 sans faire une procédure un peu de safety car.
02:39 Et je ne sais pas du tout ce qui s'est passé ce jour-là, à ce moment-là.
02:43 Mais il y a eu, je ne sais pas, il y a eu un trou noir.
02:45 Je ne sais pas, effectivement, je criais tout seul devant ma télé.
02:48 Je disais, c'est inadmissible.
02:49 Qu'est-ce qu'ils font avec cette grue-là ?
02:51 Et bon, malheureusement, j'ai quand même compris que sur le live,
02:56 je comprenais qu'il était arrêté à un endroit, je ne comprenais pas où.
02:58 C'était un moment, je pense qu'on a dû...
03:02 Je m'excuse.
03:06 Non, mais on a un ressentiment, je ne sais pas,
03:08 j'ai senti quelque chose qui faisait que j'ai hurlé.
03:11 Mais je ne savais pas ce qui s'était passé.
03:13 Ma compagne du moment, elle m'a dit, mais tu as crié, c'était bizarre.
03:17 Et après, j'arrivais plus à joindre les gens.
03:20 J'ai attendu au moins une demi-heure pour qu'on me dise que c'était grave
03:23 et qu'il fallait que je vienne au Japon.
03:25 Depuis Artun Senna, 20 ans avant, il n'y avait pas eu de drame de tuer en Formule 1.
03:31 Ils ont encore amélioré suite à l'accident de Jules, puisqu'ils ont introduit le halo.
03:35 Pour nous, c'est presque une victoire parce qu'on se dit, c'est super.
03:39 Au moins, ça aura servi à quelque chose.
03:41 Je pense que ça a sauvé quelques vies.
03:43 Il y a eu plusieurs façons de réagir à ce type de drame.
03:47 J'ai eu l'occasion de parler récemment avec quelqu'un, le papa d'Elio, d'Angelis.
03:54 Lui, il s'est mûré dans un silence.
03:56 Il n'a plus voulu parler de rien.
03:58 Et moi, en fait, je pense qu'il est toujours là.
04:00 C'est Jules qui m'a, avec sa maman, il nous a poussé à faire ça.
04:05 C'est très positif parce qu'en réalité, aujourd'hui,
04:10 quand on a offert un simulateur de pilotage à l'hôpital Larcher,
04:15 c'est pour réhabiliter des gens, pas pour faire de la vitesse.
04:19 Et quand on l'a offert, tout le monde nous a remercié.
04:21 Et nous, on disait, non, ce n'est pas nous.
04:23 Nous, on n'a rien fait du tout. C'est Jules qui fait.
04:25 C'est comme ça que pour nous, il est toujours vivant.
04:27 Ce que j'avais envie, c'était qu'on se souvienne du pilote qu'il était,
04:30 du beau garçon qu'il était, de l'homme qu'il était en règle générale.
04:34 Parce que c'était quelqu'un d'extrêmement gentil.
04:37 Et on n'a rien eu besoin de faire, parce qu'en fait, les gens se souvenirent de Jules.
04:42 Et les gens, quand ils nous parlent de Jules, nous disent, oh là là, mais votre fils,
04:45 on a eu la chance de le rencontrer. Il était tellement gentil.
04:47 Il était humble. Il allait super vite. C'était un super gamin.
04:51 On ne voulait surtout pas qu'on l'oublie.
04:53 Parce que je pense que quand des parents perdent un enfant, c'est souvent comme ça.
04:58 Et on voulait profiter finalement de sa notoriété et du fait qu'il était très aimé
05:05 pour pouvoir continuer à le faire vivre à travers des actions avec cette association.
05:08 Dans notre malheur, on a la chance de pouvoir faire certaines choses.
05:12 On a la chance d'être proche de quelqu'un comme Charles, qui nous aide beaucoup.
05:16 Par rapport à ça, on arrive à lever des fonds. On arrive à avoir des moyens.
05:21 Et en fait, le premier truc qu'on a voulu faire, c'est que quand Jules est resté
05:26 pendant huit mois dans le coma, dans le service des cérébro-lésés à Nice,
05:32 on s'est aperçu tous les jours, on y allait, qu'ils avaient des problèmes de manque de moyens,
05:35 alors que c'est un CHU, ce qui paraît incroyable.
05:38 Notamment au départ, ils n'avaient pas de lit médicalisé, électrique.
05:42 Donc c'était très compliqué. On leur a promis, malheureusement, quand c'est arrivé,
05:47 on leur a dit on ne vous oubliera pas et on reviendra.
05:50 On va vous aider à faire des choses et améliorer les choses.
05:54 Et en fait, depuis, on va dire 98% des actions de l'association sont destinées à aider l'hôpital.
06:03 On fait des stands en général sur les Grands Prix des fins.
06:06 On est toujours invité parce que les gens sont toujours très gentils avec nous.
06:10 Maintenant, malheureusement, il n'y a plus le Grand Prix ici, à Monaco également.
06:14 On fait des repas, on en fait un par an avec Charles.
06:17 On fait une vente aux enchères où gentiment, Charles nous donne pas mal de l'eau,
06:22 les gens jouent vraiment le jeu et du coup, on arrive à lever des fonds comme ça.
06:26 On organise là à Nice le 21-22 octobre une course de kart électrique sur le port de Nice.
06:33 Donc on construit un circuit sur le port.
06:35 Et là, il y a un volant Jules Bianchi qui a été mis en place par l'association.
06:38 On va faire gagner, donc là, il y a eu une sélection de 44 petits jeunes
06:44 qui n'ont pas accès normalement au karting, parce que c'est des sports qui coûtaient un peu cher.
06:47 On voulait mettre en avant justement ces gamins-là.
06:50 On va faire une pré-sélection, on va en garder 12 et le vainqueur aura 10 journées de tests,
06:54 5 courses l'année prochaine qui seront financées par l'association.
06:59 On est soutenu par Richard Milles, c'était celui qui a permis, je pense,
07:03 avec Nicolas Todd à Jules d'arriver jusqu'en Formule 1.
07:07 Et là, ils nous soutiennent pour ce volant aussi.
07:09 Donc ça va être un beau truc parce que le gamin, il roulera aux couleurs de Jules.
07:13 On va essayer de bien gérer ça parce que du coup, ils sont tous très motivés.
07:17 Il faut que nous, qu'on fasse quelque chose qui soit équitable.
07:20 Mais on est fiers, on est contents. On a déjà le team qui les fera rouler.
07:23 C'est bien, c'est bien mis en place.
07:25 Merci beaucoup, Philippe.
07:26 Merci à vous.
07:27 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]

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