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00:00C'est un vendredi matin en voiture ou à la maison, caravane avec Raphaël, chanson sélectionnée
00:06pour son blind test, chanson traduite en catalan, par Julio Leone à réécouter dans la journée
00:11sur l'application ICI.
00:13Simon, avec votre invité, dans un instant on revient sur cette décision de justice
00:17ira Toulouse.
00:18Oui, pour la justice c'est toujours le français avant le catalan lors des conseils municipaux
00:23dans les Pyrénées-Orientales.
00:24On en parle avec notre invité dans une minute.
00:26ICI MATIN revient dans un instant.
00:32Aujourd'hui on célèbre les 100 premières naissances de chiots de la Golden Court, c'est
00:42la maternité de l'école Vétho.
00:44C'est un projet qui a pour but de suivre la santé des chiots dès la naissance jusqu'à
00:5118 mois d'âge pour dans le futur pouvoir mettre en place des mesures préventives pour
00:57éviter les pathologies, avoir des chiots en bonne santé.
01:00Venez partager le quotidien des étudiants du campus de Toulouse.
01:03Je fais ma thèse sur les Golden, donc là en ce moment je récupère toutes les données
01:08des fois où ils sont venus à l'école et tout.
01:10A l'école Vétho, c'est dimanche à 12h55, un programme ICI Occitanie à voir sur France
01:183 et sur la plateforme France.tv
01:21N°1 Première radio à Perpignan et dans les Pyrénées-Orientales, grâce à vous, France
01:48Bleu Roussillon vous dit merci.
01:517h48 dans ICI Matin, catalan première langue en conseil municipal, ce n'est toujours pas
01:56possible.
01:575 communes du département demandent des conseils municipaux à pouvoir parler d'abord en catalan
02:02puis en français.
02:03Mais hier, Simon Colbeck, la justice, l'aura encore dit non.
02:05Et ces 5 communes, on va les citer, ce sont Amélie-les-Bains, Port-Vendre, Elne, Tarrerac
02:09et Saint-André.
02:10L'an dernier, le tribunal de Montpellier avait déjà expliqué que le catalan était
02:13bien autorisé lors des conseils municipaux, mais seulement après le français, le catalan
02:17en numéro 2.
02:18Rebelote hier devant la cour d'appel de Toulouse, les 5 communes ont tout de même annoncé
02:23qu'elles allaient saisir le conseil d'Etat.
02:25L'affaire n'est donc pas terminée.
02:27Bonjour à vous Philippe Blanchet, vous êtes professeur en sociolinguistique à l'université
02:35de Rennes 2 et vous suivez de près ce bras de fer entre l'Etat et ses 5 communes.
02:39Vous avez notamment écrit sur votre blog un long papier où vous analysez et vous soutenez
02:43d'ailleurs la démarche des 5 communes des Pyrénées-Orientales.
02:46D'abord, Philippe Blanchet, est-ce que vous avez été surpris par la décision des juges
02:49hier à Toulouse ?
02:50Hélas non, je n'ai pas été surpris parce qu'il y a un dogme qui est systématiquement
02:55appliqué à la suite du conseil constitutionnel par l'ensemble des cours administratifs.
03:01Alors, pourquoi n'avez-vous pas été surpris ? Quel est ce dogme dont vous parlez ?
03:04Et bien, c'est ce qui ressort du jugement de la cour d'appel hier à Marseille, c'est
03:10que le seul obstacle qui demeure contre l'usage d'autres langues à côté du français et
03:15non pas à la place du français, il faut bien le souligner, c'est l'interprétation particulièrement
03:20rigoriste et pour tout dire, tout à fait idéologique que le conseil constitutionnel
03:24fait systématiquement de l'article 2 de la Constitution, tel qu'il a été modifié
03:29depuis 1992, dans lequel il est écrit que la langue de la République est le français.
03:34Ça ne veut pas forcément dire que les autres langues sont interdites ou secondaires, mais
03:39systématiquement, c'est interprété comme imposant une sorte de suprématie et d'exclusivité
03:45du français.
03:46La justice a refusé aussi le droit des élus corses de débattre d'abord en Corse avant
03:51traduction en français.
03:52Est-ce qu'il y a une chance, une petite chance selon vous, que le Conseil d'État donne raison
03:58à ces cinq communes des Pyrénées-Orientales ?
04:00Alors oui, il y a une petite chance, il y a un espoir, et au-delà du Conseil d'État,
04:06il y a la Cour Européenne, auprès de laquelle on peut ensuite faire appel, mais il y a un
04:11petit espoir parce que pour la première fois dans le jugement de la Cour Administrative
04:15d'Appel hier, il y a un certain nombre d'arguments faux qui sont d'habitude utilisés par les
04:21préfets, c'était le cas là, ou par les tribunaux administratifs, c'était aussi
04:25le cas du Tribunal Administratif de Montpellier en première instance, et ces arguments faux
04:29ont été balayés par la Cour Administrative d'Appel, ce qui fait que petit à petit on
04:35voit que les obstacles tombent parce qu'il y a une analyse de plus en plus serrée, de
04:41plus en plus fine, de mieux en mieux informée des questions d'usage d'autres langues
04:46par les Cours.
04:47Ce dont vous parlez notamment, c'est ce traité du Moyen-Âge, l'ordonnance de
04:50Villers-Cotterêts, alors il date de 1539, à une période où le Roussillon ne faisait
04:54pas partie d'ailleurs du Royaume de France, effectivement cette ordonnance de Villers-Cotterêts,
05:00ce traité du XVIème siècle du Moyen-Âge, il avait été repris par les juges de Montpellier,
05:04ce n'a pas été le cas par les juges de Toulouse hier, vous diriez que du coup les
05:08cinq communes des Pyrénées-Orientales qui demandent à pouvoir débattre d'abord en
05:12catalan lors des conseils municipaux, malgré la défaite hier, elles ont quand même marqué
05:16des points, leurs dossiers avancent ?
05:18Oui absolument, elles ont marqué des points puisque à force d'argumenter avec manifestement
05:22de bons avocats, bien informés de ces questions-là, on arrive petit à petit à faire décider
05:28et comme vous le savez ça fait jurisprudence par le Tribunal Administratif, en l'occurrence
05:33là d'Appel, qu'un certain nombre d'arguments habituels ne sont pas valables, alors la fameuse
05:37ordonnance de 1539 qui porte sur la réforme de la justice ne s'applique pas au Roussillon
05:45puisqu'il est devenu français après, et par ailleurs de toute façon c'est une loi
05:50qui est tombée, qui a été remplacée au moment de la Révolution Française, normalement
05:53elle ne devrait plus avoir cours, le fait que le préfet l'utilise comme argument et
05:59avec un peu de prudence quand même, le Tribunal Administratif de Montpellier montre qu'on
06:03n'est pas dans une véritable analyse juridique objective factuelle mais qu'on est dans la
06:08mobilisation de tous les arguments qu'on peut trouver, même s'ils sont fallacieux, pour
06:12essayer de faire valoir quelque chose qui relève plus d'une croyance ou d'une idéologie
06:16qui est la suprématie exclusive de la langue française.
06:198h30 sur France Bleu Roussie, on aura ici matin Simon Kolbock, notre invité et professeur
06:24en sociolinguistique, c'est Philippe Blanchet.
06:26Vous n'y allez pas de main morte, un argument fallacieux, justice dogmatique, est-ce que
06:31vous diriez globalement que notre pays, notre justice a un problème finalement avec les
06:35autres langues que le français ?
06:37Oui bien sûr, parce que la justice fait partie de l'ensemble des institutions d'État et
06:42en fait ce n'est pas la justice à proprement parler, c'est l'État lui-même qui s'est
06:46construit depuis la Révolution Française, au moment où au fond la nation française
06:49et la France moderne sont établies, sur la survalorisation d'une langue unique et sur
06:55le rejet a priori, sans d'ailleurs avoir essayé d'alternative, des autres langues
06:59de France, et donc on maintient, ça relève effectivement d'un dogme, parce qu'on est
07:04dans la croyance.
07:05Et pourquoi selon vous, les langues dites régionales seraient une menace, selon l'État ?
07:10Oui, c'est l'argument qui est avancé, c'est perçu comme ça, sans que ce soit évidemment
07:15jamais prouvé, d'autant que la plupart des autres pays comparables à la France autour
07:19de nous, ont plusieurs langues officielles et fonctionnent avec des langues régionales
07:23locales.
07:23C'est le cas de l'Espagne et de l'Andorre notamment ?
07:25L'Espagne, l'Andorre n'a qu'une seule langue officielle, mais c'est le catalan, c'est le
07:29cas de l'Italie, c'est le cas de la Suisse, c'est le cas du Royaume-Uni, c'est le cas
07:32de l'Irlande, enfin le cas de la Belgique, c'est banal, sauf en France, mais c'est surtout
07:38lié au fait, plus que cette peur presque panique qui n'est pas fondée, lié au fait
07:44qu'au fond, la France a été construite comme le domaine réservé de Paris.
07:49Et du coup, il y a une vision pyramidale où c'est Paris qui doit s'imposer au reste de
07:54la France, y compris sa langue.
07:55Et la langue régionale serait un moteur de division, moteur des mouvements indépendantistes,
08:00c'est ça aussi dont certains ont peur selon vous ?
08:02Oui bien sûr, c'est l'argument, c'est évidemment complètement faux, toutes les études montrent
08:07que quand il y a des mouvements autonomistes ou indépendantistes, ils se fondent sur des
08:12critères d'identité socio-historique qui sont différents de la langue et qui ne sont
08:17pas seulement linguistiques, et puis surtout, regardez tous les pays autour de nous, il
08:21y en a très peu où la question d'une forme d'indépendance se pose.
08:25Ils vivent parfaitement, harmonieusement avec de très nombreuses langues, donc c'est effectivement
08:29une crainte qui relève, je le dis souvent, mais on a l'impression qu'il y a une espèce
08:34de terreur à l'idée même qu'on puisse utiliser plusieurs langues de façon statutaire
08:39en France, mais rien ne prouve ça, d'autant qu'on n'a jamais essayé en plus.
08:43Et c'est vrai à l'écrit, c'est vrai à l'oral, mais les communes qui demandent à
08:48pouvoir débattre à l'oral en catalan en premier et la justice dit non, c'est vrai
08:53aussi à l'écrit, avec cette histoire assez dingue du prénom Funch, c'était en Bretagne
08:57il y a quelques années, ses parents qui avaient voulu appeler leur bébé Funch avec le tilde
09:01sur le N, ça n'avait pas été possible, les cinq communes des Pyrénées-Orientales
09:06ont décidé de saisir le Conseil d'État, l'affaire se poursuit, donc merci beaucoup
09:11à vous Philippe Blanchet, je rappelle que vous êtes professeur en socio-linguistique
09:15à l'université de Rennes 2, excellente journée à vous !
09:23Ici dans un instant, le marché en direct du Haut-Vallès-Pierre après des envoyées
09:26à la presse, mais une chanson d'actualité tout de suite, c'est Louane qui chante « La
09:30pluie » et c'est dans « Ici Matin »