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00:00 Et ce soir, on va parler avec vous, Audrey Racine du Loup, qui donc a peur du loup en
00:09 Europe, et bien visiblement la présidente de la Commission européenne.
00:11 Oui, Ursula von der Leyen a évoqué un débat sur le statut de protection du loup en Europe
00:16 qui est pour l'instant au plus haut, garantie par une directive européenne datant de 1992.
00:22 Mais pour modifier ce statut de protection, il faut l'unanimité des pays membres, autant
00:28 qu'on n'y est pas encore, le point de départ en tout cas c'est de montrer que l'espèce
00:31 n'est plus menacée en Europe, qu'elle n'a plus besoin de protection, et c'est
00:34 pour ça que la Commission a demandé aux Etats membres de lui communiquer avant ce
00:38 vendredi, demain, donc, des données actualisées sur les populations de loups sur leurs territoires
00:43 respectives.
00:44 On va voir le reportage de notre correspondante à Bruxelles, Alix Le Bourdon, et on parle
00:48 ensuite de la situation en France.
00:51 Tous les soirs, c'est devenu un rituel pour cet éleveur belge.
00:55 La nuit, je les rentre et je ferme la porte, sinon je ne dors pas.
01:03 Depuis le retour du loup dans sa région il y a 5 ans, Bart craint pour ses bêtes, il
01:09 a acheté un gros chien de garde et a installé ses barrières.
01:12 Elles font environ 1m50 ou 1m60, j'espère que c'est suffisant, elles sont très électrifiées
01:17 aussi.
01:18 Chacun de ces animaux n'a été attaqué, mais ce n'est pas le cas de certains voisins.
01:22 Ce poney, par exemple, a été retrouvé mort il y a deux semaines.
01:26 Avec d'autres éleveurs, Bart a lancé un mouvement anti-loup.
01:30 Il réclame une révision du statut protégé de l'animal pour pouvoir l'abattre en cas
01:35 de danger.
01:36 Heureusement, il n'y a pas d'attaque d'enfant, mais qui peut dire que ça n'arrivera jamais,
01:41 moi je n'en suis pas sûr.
01:42 On vit ici en plein milieu de l'habitat du loup.
01:46 Pour preuve, ce louveteau filmé il y a deux semaines par ce biologiste qui documente la
01:52 présence de l'animal en Belgique.
01:54 Selon lui, le loup participe à la bonne santé de l'écosystème.
01:58 Ils essayent toujours de s'attaquer à l'animal qui est le plus facile à attraper et le moins
02:02 dangereux.
02:03 Principalement les animaux malades qui sont les plus faciles à attraper.
02:06 Si un animal malade est attrapé, la maladie ne peut plus se propager.
02:10 Éleveur contre écologiste, des positions que le WWF tente de réconcilier.
02:16 L'ONG propose aux agriculteurs de les aider à installer des barrières anti-loups, avec
02:22 un critère essentiel, la densité de courant.
02:25 Là je suis à presque 8000 volts, entre 5000 et 10 000, donc il n'y a vraiment pas de
02:29 souci.
02:30 L'éleveur doit payer à ce qui est toujours de l'électricité.
02:32 Parfois si une branche tombe sur sa barrière ou autre, il y a une perte d'électricité
02:36 et c'est arrivé une ou deux fois que le loup puisse passer, hélas.
02:39 Des dispositifs insuffisants pour cet eurodéputé lui-même agriculteur, il estime que ces mesures
02:46 de protection ne peuvent pas être installées partout.
02:49 Le seul moyen c'est de réguler, c'est qu'il faut faire en sorte que quand il y a des loups
02:54 qui attaquent des troupeaux, il ne faut pas que ça prenne des jours, des semaines pour
03:01 qu'on puisse décider d'abattre le loup.
03:03 Pour le moment, seules des dérogations aux droits européens peuvent être utilisées
03:07 pour abattre des loups et seulement en dernier recours.
03:11 Alors on vient de voir cet eurodéputé français qui réclame une facilitation des tirs.
03:17 C'est exactement ce qui est proposé dans le plan loup présenté par le gouvernement
03:21 et c'est en partie pour cela que lundi dernier des associations de protection de l'environnement
03:26 ont quitté ces discussions.
03:27 Oui, vous avez vu, il s'agit d'un député Renaissance du parti présidentiel.
03:31 Le ministre français de l'Agriculture a affirmé que l'espèce loup était sauvée
03:36 en termes de biodiversité, ce qui veut dire, si je traduis, qu'il n'y a aucun risque
03:39 à en tuer davantage.
03:40 On a une limite maximale en France de 19% de la population des loups à tuer par an
03:46 et seulement dans le cadre d'une réponse à une attaque d'un troupeau.
03:50 Une limite fixée pour ne pas menacer le renouvellement des populations.
03:53 J'ai interrogé Jean-David Abel, spécialiste du loup chez France Nature Environnement,
03:57 qui me disait que selon lui, contrairement au ministre, le loup n'a pas assez de diversité
04:04 génétique en France pour résister aux maladies et aux épisoutilles.
04:08 Selon lui, si les associations de protection de l'environnement ont claqué la porte des
04:11 discussions, c'est parce qu'elles étaient partie d'un postulat faussé, que plus de
04:16 loups, c'était plus d'attaques sur les troupeaux.
04:19 Le nombre de loups a presque triplé en France depuis 2017 et pourtant, dans le même temps,
04:23 on ne voit qu'une augmentation de 2% des attaques sur les troupeaux.
04:26 Ce raisonnement, si on tue, il y aura moins d'attaques, est faux.
04:30 Je ne sais pas si vous savez comment fonctionne une meute de loups, mais il y a dans la meute
04:35 un couple reproducteur.
04:36 Si l'un des deux reproducteurs ou les deux sont tués, la meute risque d'éclater, de
04:42 se désorganiser et ces loups individuels vont chercher des proies plus faciles à attraper.
04:49 Forcément, un mouton, c'est plus facile à tuer qu'un chevreuil.
04:52 Tuer un loup, c'est parfois prendre le risque de davantage d'attaques.
04:57 On entendait dans le reportage cet éleveur qui disait s'inquiéter d'une attaque de
05:01 loups sur des enfants.
05:02 À l'époque contemporaine, en Europe, il n'y a pas d'attaque de loups enregistrée
05:07 sur l'humain.
05:08 Ces peurs sont toutes basées sur des récits du Moyen-Âge.
05:10 Enfin, l'argument économique.
05:13 Aujourd'hui, en France, les éleveurs sont bien indemnisés en cas d'attaque.
05:16 Les associations ne disent pas qu'il ne faut plus du tout tuer de loups pour protéger
05:21 les troupeaux, mais qu'il faut encadrer ces tirs pour ne pas nuire à l'espèce et aider
05:26 les éleveurs à renforcer la protection des troupeaux.
05:29 On a les outils pour.
05:30 Merci Audrey Racine.
05:32 C'était Elémentaire, la quotidienne.