Des pavés parisiens de la Marche des Beurs jusqu’au Palais du Luxembourg, David Assouline n’aura, au fil de sa carrière politique, suivi que deux boussoles : l’antiracisme et la liberté de la presse. Des combats qu’il poursuivra de mener même après avoir rendu son dernier mandat de sénateur à la fin du mois.
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NewsTranscription
00:00 *Musique*
00:10 Qu'est-ce que vous allez lui dire au ministre ?
00:12 On veut le retrait du projet de Vaquet.
00:14 Pour retrouver les premiers pas de David Assouline en politique,
00:17 il faut remonter jusqu'à sa tendre jeunesse.
00:20 Au lycée, puis à l'université, c'est par le syndicalisme
00:23 que le jeune étudiant se lance dans la bataille.
00:26 Les centaines de milliers d'étudiants qui sont montés de toute la France
00:31 n'ont rien obtenu de plus.
00:33 Donc, les centaines de milliers d'étudiants
00:37 qui ont payé parfois cher leur voyage, comme ceux de Marseille,
00:42 n'ont pas été écoutés.
00:46 Quand on est sortis et qu'on traversait les cordons de policiers
00:50 sur la place des Invalides pour rejoindre
00:52 les centaines de milliers de manifestants
00:55 qui attendaient notre compte-rendu,
00:57 et bien, tout de suite, même sur le camion sono
01:02 sur lequel j'étais pour parler,
01:05 c'était des tirs de grenade et à tirs tendus sur la foule.
01:10 Et sur le camion.
01:11 Antiracisme et lutte contre l'extrême droite
01:14 font l'essence de son engagement
01:16 quand dans le milieu des années 80,
01:18 il participe à la marche des beurres
01:20 ou aux manifestations contre le projet de loi de Vaquet
01:23 qui mèneront à la mort de Malik Oussekine.
01:25 C'est quelque chose qui m'a marqué
01:30 parce que la responsabilité d'un mouvement aussi massif
01:34 qui a fait chanceler le gouvernement
01:38 et probablement qui a fait trébucher Jacques Chirac
01:41 qui était premier à être président de la République en 88
01:44 et qui l'a pas été probablement
01:47 parce qu'il s'est mis la jeunesse à dos à ce moment-là.
01:52 Les violences,
01:53 mais c'était des violences policières
01:55 très fortes qui ont abouti à cette mort.
01:58 C'est quelque chose qui m'a tout de suite
02:01 fait conjuguer
02:03 engagement,
02:05 détermination,
02:08 mais aussi responsabilité.
02:11 Longtemps adhérent à la ligue révolutionnaire communiste,
02:14 David Assouline fait le pari de suivre Pierre Jucquin
02:17 pour sa première campagne présidentielle.
02:19 Puis du rouge, le Parisien Vierrot Rose
02:22 à l'approche des élections municipales de 1995
02:25 et contribue à la bonne percée des socialistes dans la capitale.
02:29 Si la ville reste à droite,
02:31 la gauche obtient six mairies d'arrondissement,
02:33 les prémices d'un long règne à venir.
02:35 On est venu me chercher en 1995, dans le XXème.
02:38 C'était à l'époque le 20/20 de la droite.
02:43 20 arrondissements sur 20
02:45 étaient avec Jacques Chirac et avec la droite.
02:49 Dans le XXème arrondissement,
02:51 comme dans plusieurs quartiers populaires,
02:54 on sentait que c'était plus tellement accepté
02:58 et qu'il y avait un mouvement associatif très fort
03:03 et une gauche qui était prête à
03:07 comprendre les attentes des Parisiens
03:13 dans ces quartiers populaires.
03:15 En 2001, c'est l'alternance à l'hôtel de ville.
03:18 Dans le sillage de Bertrand de la Noé,
03:20 David Assouline devient adjoint au maire,
03:22 chargé de la vie étudiante
03:24 et s'investit notamment sur les hébergements.
03:26 On me disait qu'on ne pouvait pas construire à Paris,
03:29 qu'il n'y avait pas d'endroit.
03:31 C'est dense, il y a le privé.
03:35 Donc je prenais ma bagnole
03:37 et à chaque fois que je voyais une dent creuse,
03:40 j'appelais les servis.
03:43 J'ai vu que c'était comme ça que je bossais.
03:47 On en a construit beaucoup, 4000 en 3 ans.
03:50 Des attributions qu'il gardera jusqu'en 2004
03:53 et son entrée au Sénat.
03:55 Tout le monde me dit "tu vas t'encrouter, attention",
03:59 cette tension sera encore plus forte
04:02 et c'est un challenge que je me donne à moi-même.
04:05 J'avais une image d'une chambre
04:08 vieille et vieillie
04:12 et je m'interrogeais sur son utilité réelle.
04:15 Je suis obligé de vous dire,
04:17 après tout ce cheminement,
04:19 ce que j'en pense aujourd'hui.
04:21 J'ai compris que cette chambre était utile et nécessaire
04:25 parce que si elle le voulait,
04:28 elle pouvait être la vraie garante
04:31 de la séparation des pouvoirs
04:33 et d'une délibération parlementaire
04:36 libre et non dictée par l'exécutif.
04:39 Alors que le socialiste découvre le travail de parlementaire,
04:43 au sein de son parti, il choisit son camp
04:46 et fonde aux côtés de Vincent Péillon,
04:48 de Benoît Hamon et d'Arnaud Montebourg,
04:50 le nouveau parti socialiste.
04:52 Plus tard, c'est derrière Ségolène Royal
04:55 que le militant parisien se range
04:57 en vue de l'élection présidentielle.
04:59 À l'époque, elle a mis un coup de pied dans la fourmilière
05:03 avec Désir d'Avenir.
05:05 Il y avait des dizaines de milliers de gens
05:09 qui n'étaient pas dans les partis qui venaient avec enthousiasme.
05:12 Quand on arrive avec Ségolène Royal dans un quartier populaire,
05:15 c'était presque l'émeute d'enthousiasme.
05:18 Dans le même temps, au palais du Luxembourg,
05:20 l'élu parisien se prend de passion
05:22 pour des sujets tels que l'audiovisuel.
05:24 Aujourd'hui, ministre, vous engagez-vous à agir
05:28 pour que le service public, au moins,
05:30 reste un lieu où la diversité et l'indépendance
05:33 soient garanties et pas celui où on aime d'abord et toujours
05:36 le président Sarkozy.
05:38 L'indépendance de la presse, il en fera son cheval de bataille
05:41 dès 2009 avec une proposition de loi conjointe
05:44 avec le député socialiste Patrick Bloch
05:46 contre la concentration des médias.
05:48 Certains disent "oui, mais vous avez des milliardaires,
05:51 eux, ils ne s'ingèrent pas, parce qu'ils sont gentils.
05:56 Mais s'ils étaient méchants ?".
05:58 Un domaine qu'il défendra bec et ongle
06:00 à l'occasion d'une commission d'enquête
06:02 face au tout-puissant Vincent Bolloré.
06:04 Je n'ai pas le pouvoir de nommer qui que ce soit
06:08 à l'intérieur des chaînes.
06:09 Et voilà que Bolloré arrive, démocrate chrétien,
06:12 il y a moins d'une dizaine d'années,
06:14 passé à l'extrême droite,
06:17 qui pense avoir une mission civilisatrice,
06:20 qui pense que ce grand remplacement
06:23 menace la vieille France chrétienne
06:28 qui est devenue sa cause.
06:31 Et voilà qu'il met tout ça au service de cette idéologie.
06:35 Et on se rend compte qu'on peut se réveiller
06:37 avec la gueule de bois.
06:39 Parce que je le répète, ça c'est la bataille culturelle.
06:42 C'est comme ça que l'extrême droite peut arriver au pouvoir.
06:45 Une fonction de contrôle que l'intéressé prend au mot.
06:48 Son dernier combat sur les bancs de l'hémicycle,
06:51 David Assouline le mène début 2023
06:53 contre la réforme des retraites.
06:56 Allez-vous encore empêcher ce débat en le brutalisant ?
06:59 Un combat coordonné pendant une dizaine de jours
07:02 entre les différentes composantes de la gauche.
07:04 Nous, notre stratégie va être très combative,
07:08 en écho avec le mouvement syndical,
07:11 avec cette mobilisation qui convainc une majorité de Français jusqu'à présent,
07:16 mais en même temps en jouant notre rôle de parlementaire.
07:19 Avec au bout, un constat d'échec.
07:22 Être opposant, je l'ai été quasiment tout le temps dans cet hémicycle.
07:26 D'abord parce que la majorité, à part trois ans que j'ai vécu, est de droite.
07:31 Mais aussi vis-à-vis du pouvoir, à part sous le quinquennat de François Hollande.
07:37 Mais justement, je me suis dit, j'ai attendu ce moment où la gauche allait gagner
07:42 et finalement, le fonctionnement des pouvoirs sous la Ve République
07:50 a toujours été, même pour la gauche, de tenir très peu compte du Parlement.
07:56 Et donc, beaucoup d'insatisfaction, même quand le pouvoir est de tomboir politique.
08:02 Après 19 ans au palais du Luxembourg et près de 50 ans d'engagement,
08:06 le socialiste parisien s'apprête à rendre l'écharpe,
08:09 mais garde un œil avisé sur cette vie politique qui l'anime encore.
08:13 C'est clair qu'après l'expérience Macron,
08:17 s'il n'y a pas la gauche en capacité de gagner,
08:23 c'est l'extrême droite qui sera au pouvoir.
08:26 Je répète, sur le plan politique, il faut une autre offre attractive pour l'empêcher.
08:32 Sinon, inéditement, ce sera elle.
08:34 S'il rend les clés de son casier et de son bureau, Rudovo Girard,
08:37 l'ancien élu du XXe ne sera jamais bien loin.
08:40 Il continuera d'arpenter les rues de la capitale
08:43 qui un jour lui ont donné la fièvre de la politique.
08:46 Les jeunes sont prêts,
08:48 mais il faut que l'offre politique vienne répondre
08:52 et à leur audace et à leurs aspirations.
08:55 Donc l'optimisme, c'est que je pense qu'il y a beaucoup de talent
09:03 et de force dans la nouvelle génération.
09:07 Et de liberté, de liberté dans leur tête, plus que les générations d'avant.
09:13 (Générique)
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