• l’année dernière
Son rapport à la littérature, les livres qui l'ont marqué (même bouleversé), ceux qui l'ont suivi et influencé : Panayotis Pascot est dans le Book Club pour parler de tous ses livres coup de cœur.

Son autobiographie "La prochaine fois que tu mordras la poussière" est disponible en librairie.
Transcription
00:00 La Passion simple.
00:01 Magnifique.
00:02 Ce qui est admirable avec Annie Ernaux, c'est que je trouve qu'elle est super pour découvrir
00:06 la littérature, si vous ne lisez pas forcément énormément, comme moi.
00:09 Constance de Bré.
00:10 Je crois que c'est le livre que j'ai le plus offert.
00:11 C'est spectaculaire.
00:12 Édouard Levé.
00:13 J'ai lu Suicide et Autoportrait et ça m'a suffi.
00:16 Parce que c'est dur.
00:17 Bienvenue dans cette librairie.
00:28 Moi j'avais une première question avant qu'on parle des livres que tu as sélectionnés,
00:30 dont tu voulais nous parler.
00:31 C'est quoi ton rapport à toi, la littérature ? À quel moment tu t'es plongé un peu dedans
00:33 et à quel point ça t'a bercé au fil des années ?
00:36 J'ai mis du temps à m'y mettre.
00:37 J'ai mis du temps à lire.
00:38 En fait, j'ai un problème de concentration.
00:40 Donc, il faut être concentré pour attaquer un livre.
00:42 Et puis surtout, je ne suis pas très roman.
00:44 Et puis j'ai découvert Bukowski qui m'a vraiment fait comprendre qu'on pouvait aimer
00:49 détester quelqu'un, qu'il pouvait y avoir du cru, quelque chose de l'ordre de la confession
00:54 dans la littérature.
00:55 Ça m'a vraiment fait du bien.
00:56 J'ai eu l'impression de rencontrer quelqu'un sans avoir à faire l'effort d'aller dans
00:58 un bar et de boire un verre d'alcool et de parler à quelqu'un que je ne connais pas.
01:02 Et c'est là où je me suis dit, tiens, j'ai envie de découvrir de nouvelles personnes.
01:04 Et moi, j'ai vu ça comme une manière de sociabiliser la littérature, comme une manière
01:07 de découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles personnes.
01:10 Souvenir n'a pas grand-chose, c'est celui-ci que j'ai lu quand j'étais plus jeune.
01:16 C'est un bouquin qui est assez triste.
01:17 Certains livres que j'ai sélectionnés, je les ai lus il y a longtemps.
01:20 J'ai un peu peur de dire de la merde ou de confondre avec un autre livre de Bukowski.
01:22 Mais en gros, il raconte sa jeunesse qui est très triste, avec un univers familial qui
01:28 est très dur et surtout un gamin qui est très seul, qui tombe dans l'alcool très
01:32 vite, qui tombe dans les petites bricoles un peu abusives très vite.
01:36 Et je ne sais pas, c'était la première fois que je lisais comme si c'était la chute
01:41 de quelqu'un, de lire quelqu'un qui raconte sa propre déchéance.
01:44 C'était hyper impressionnant parce que c'est quelque chose dont on évite de parler,
01:48 que quelqu'un l'écrive et l'imprime quelque part.
01:50 Ça m'a fait tellement froid dans le dos.
01:51 Je me suis dit mais normalement, c'est le genre de choses qu'on ne veut pas dire,
01:54 qu'on cache, qui sont des secrets de famille, qui sont dans nos angles morts.
01:57 Et là, d'un seul coup, il y a quelqu'un qui a ensui une fierté et qui disait voilà,
02:00 je suis un peu une merde, mais regardez qui je suis, j'ai fait ce que j'ai pu.
02:03 Et je ne sais pas, ça m'a vraiment touché.
02:05 Je crois que je le lis à 17 ans quand j'arrive à la télévision.
02:08 Je découvre ce bouquin bien sombre et je l'ai lu d'une traite quasiment.
02:12 Et ça m'a vraiment chamboulé.
02:16 Je suis allé dans des librairies en disant j'ai aimé ce livre, est-ce que vous avez
02:18 d'autres livres qui y ressemblent ?
02:19 Bah oui, il m'a conseillé "L'attrape-coeur".
02:25 C'est un ami aussi à moi parce qu'on me l'a conseillé, je ne l'ai pas lu tout de
02:28 suite.
02:29 C'est magnifique aussi.
02:30 C'est un gamin complètement paumé qui est un peu le loser de son internat, qui décide
02:33 de se barrer quelques jours à New York.
02:35 C'est ça, c'est New York.
02:36 Et c'est magnifique.
02:37 C'est une espèce de trois jours d'errance d'un gamin qui est complètement paumé.
02:39 Et il y a un truc qui m'a vraiment marqué dedans.
02:41 C'est marrant parce que mon pote m'a dit tu vas être marqué par ce truc et je n'y
02:44 croyais pas forcément.
02:45 Et en fait, à chaque fois, il demande aux gens mais où vont les canards de Central
02:48 Park en hiver ?
02:49 Et il demande ça à tout le monde comme si c'était sa question existentielle de toute
02:52 sa vie.
02:53 Et je trouve ça trop touchant qu'un gamin qui a tous les problèmes du monde se préoccupe
02:57 des canards de Central Park.
02:58 Et c'est magnifique.
02:59 C'est un mec qui cherche à rencontrer des femmes, à boire de l'alcool un peu pour la
03:04 première fois, qui déteste tout le monde, qui parle crûment.
03:07 C'est marrant parce qu'il a une manière de parler moi qui m'a vraiment marqué où
03:11 il dit "j'ai rencontré des nonnes, vous savez les nonnes elles aiment trop tout le
03:14 temps faire des leçons de morale".
03:15 Il parle vraiment comme quelqu'un à un dîner avec un verre dans le pif pour te donner
03:20 un avis sur la société.
03:22 Et tu vois, elle m'appelait Couille Molle.
03:26 Finalement, je me suis assis dans mon lit et j'ai fumé une eau de seiche.
03:29 Le goût m'a paru horrible.
03:30 Je ne sais pas, j'aime bien la manière d'écrire.
03:32 Je ne l'ai pas lu en anglais et je crois que c'est bien mieux de le lire en anglais
03:36 mais je ne sais pas lire en anglais.
03:37 Déjà que j'ai un problème de concentration en français mais alors si je lis en anglais.
03:39 Mais c'est un très beau livre, très touchant.
03:43 "Passion simple".
03:45 Magnifique.
03:46 Je l'ai lu cet été.
03:49 Je ne l'avais jamais lu.
03:51 Ce qui est admirable avec Annie Ernaux, c'est que je trouve qu'elle est super pour découvrir
03:55 la littérature si vous ne lisez pas forcément énormément comme moi parce que c'est des
03:58 petits livres.
03:59 Et donc il y a toujours ce truc moi quand je me lance dans un livre de me dire "mais
04:02 si j'aime pas qu'est-ce que je fais".
04:04 Et en fait là c'est des livres tellement, c'est vraiment des coups de poing en fait.
04:08 Ça te donne un coup et puis tu mets une journée à t'en remettre et puis tu passes à autre
04:12 chose.
04:13 Avec Annie Ernaux, parfois c'est dur de passer à autre chose parce qu'il y a des livres
04:15 qui sont vraiment violents.
04:16 Mais ça "Passion simple", c'est magnifique.
04:18 Un livre qui parle d'une passion simple.
04:20 On passe au suivant.
04:23 C'est un livre qui est spectaculaire sur une femme qui a rencontré un homme et qui
04:28 est obnubilé par cette idée de le revoir tout le temps et qui ne peut plus rien faire
04:32 de sa vie à part attendre cet homme.
04:34 Et ce que je trouve spectaculaire dedans, c'est qu'elle décrit pas tant cet homme
04:40 que ça.
04:41 Quand j'ai compris le concept du livre, je me suis dit "j'ai hâte d'avoir le gros
04:43 chapitre sur sa description etc." et en fait il n'arrive pas.
04:46 Ce qui est décrit c'est la passion, c'est le manque.
04:48 Moi il y a quelque chose qui m'a vraiment marqué dedans.
04:51 À un moment elle dit, elle n'a plus de nouvelles de cet homme, elle se réveille en pleine nuit
04:55 en sursaut et elle dit "je vais faire un test pour le sida, peut-être que ce sera une des
05:00 seules choses qu'il m'a laissé".
05:01 Et ça m'a tellement marqué parce que je me suis dit "mais à quel point tu peux être
05:05 accro à quelqu'un pour avoir ce genre de pensée et te dire "si j'ai le sida à cause
05:09 de cette personne, au moins c'est quelque chose qu'elle m'aurait laissé".
05:11 C'est une pensée absolument horrible mais à la fois hyper touchante parce que c'est
05:16 une pensée maladroite que quelqu'un peut avoir.
05:19 Et c'est la force d'Agnès Arnault, c'est qu'elle le dit elle-même dans plein de ses
05:23 bouquins, elle écrit pour se préserver de la folie.
05:25 Et du coup, je ne sais pas, de lire ça, j'ai trouvé ça fou parce que je pense que la passion
05:29 c'est quelque chose qui peut te rapprocher de la folie.
05:30 Quand tu plonges trop fort dans quelqu'un, moi je me préserve de ça.
05:34 J'ai ma sécurité mentale qui fait que je fais attention mais je suis quand même amoureux.
05:43 Donc Agnès Arnault, passion simple.
05:45 Mais du coup, tu as lu quoi d'autre ? Qu'est-ce qui t'a aussi parlé ?
05:48 D'Agnès Arnault ? La place, par exemple.
05:51 Ça va, il ne faut pas faire tomber Agnès Arnault.
05:59 Prix Nobel d'ailleurs de littérature en 2022.
06:02 La place, c'est magnifique.
06:03 Pareil, très petit livre, coup de poing sur la mort de son père.
06:07 Dans tous les livres que j'ai lu d'elle, le début est toujours hyper fort, hyper dur.
06:11 Par exemple, passion simple, les premières pages, c'est la description d'un porno sur
06:14 Canal+.
06:15 Les premières pages, c'est le sperme qui dégouline, le sexe en érection, la vulve de
06:19 la femme complètement mouillée.
06:20 Donc c'est hyper dur.
06:21 J'imagine plein de gens lire ce livre en se disant "ah, je vais lire un livre sur la
06:24 passion" et commencer par un truc hyper violent.
06:26 En ce moment, je lis "Les années", je ne sais pas s'il est ici, je pense que oui.
06:29 Je lis ça, "Les années", qui est un peu plus gros et qui est magnifique, qui est une
06:34 espèce d'autobiographie collective depuis sa jeunesse, donc la fin de la seconde guerre
06:39 mondiale jusqu'à notre époque.
06:41 Et c'est, je n'ai pas encore terminé, mais c'est spectaculaire parce que moi, je n'ai
06:45 pas vécu du tout dans les années 70, mais quand elle parle de l'arrivée du Minitel,
06:49 je ne sais pas, quand elle parle de Rocard, j'ai l'impression d'y être et de vivre
06:53 tout ça.
06:54 Et ça, ça commence par une énumération de plein de pensées.
06:58 Ça commence par "toutes les images disparaîtront", "la femme accroupie qui urinait en plein
07:01 jour derrière un barraquement servant un café en bordure des ruines à Ifto après
07:05 la guerre se recule aux têtes debout, jupe le relevé et s'en retourne au café".
07:09 Et ça ne commence que par des petits souvenirs comme ça, d'images hyper crues.
07:13 Et ma théorie sur Annie Arnaud, c'est qu'en fait, elle teste son lecteur.
07:18 Elle pose au début des éléments hyper forts, hyper poignants, et comme ça, on doit gravir
07:22 à main nue une espèce de montagne.
07:24 Et après, on arrive dans la plaine.
07:26 C'est ma théorie.
07:27 Chacun sa théorie sur Annie Arnaud.
07:28 Attends, je vais continuer de te parler de La Place.
07:30 Hop, je repose "Passion simple".
07:33 La Place, magnifique livre.
07:35 Je crois que c'est un des rares livres où j'ai été mouillé des yeux.
07:39 C'est un livre sur la disparition du père.
07:41 Très touchant en fait, parce que très froid.
07:43 Et moi, c'est ce que j'aime le plus.
07:45 J'ai du mal avec...
07:46 Il y a un proverbe que j'aime beaucoup qui est "porte les choses lourdes de manière
07:49 légère et les choses légères de manière lourde".
07:51 Et j'aime cette idée-là de parler de quelque chose de très émotionnel avec une froideur
07:57 impossible quasi journalistique.
07:58 Et là, par exemple, c'est marrant par rapport à ma théorie.
08:01 Là, ça commence par le moment où elle devient prof.
08:04 Donc on s'attend à lire sur le père et en fait, elle raconte les moments où elle
08:11 est devenue prof en fait.
08:12 C'est un livre effroyable, je pense, sur quelque chose que personne ne veut vivre,
08:18 la disparition d'un parent.
08:19 J'écris lentement en m'efforçant de relever la trame significative d'une vie dans
08:24 un ensemble de faits et de choix.
08:25 J'ai l'impression de perdre au fur et à mesure la figure particulière de mon père.
08:28 Elle essaie de raconter son père et la vie de son père au moment où il meurt.
08:31 Et encore une fois, pour se préserver de la folie.
08:33 Donc il y a vraiment quelque chose d'utile dans l'écriture pour elle et qui, je pense,
08:37 se ressent dans la lecture, qui est utile aussi pour le lecteur ou la lectrice.
08:39 Je ne sais pas, moi, j'ai eu l'impression de reconnaître mon père.
08:42 Donc ça m'a vraiment fait froid dans le dos.
08:45 C'est spectaculaire d'avoir une vie qui est décrite aussi méticuleusement en fait.
08:49 Je me souviens encore, enfin j'ai l'impression de l'avoir connu son père.
08:52 Je me souviens de comment il était habillé, du petit café dans lequel il travaillait,
08:57 l'épicerie dans laquelle il avait bossé avant, le fait qu'il était ouvrier, que
09:00 ça lui cassait le dos et qu'il voulait changer de classe sociale.
09:02 J'ai l'impression d'avoir rencontré ce monsieur et il est mort.
09:05 Et elle en a fait un livre fantastique.
09:07 Prix Nobel de littérature, hein, tant que tu veux que je te dise.
09:10 Bah tiens.
09:14 Constance de Bré.
09:16 Il y a tellement de livres.
09:17 C'est affolant.
09:18 À quel point je suis en retard.
09:19 Constance de Bré, Love Me Tender, moi je crois que c'est le livre que j'ai le plus
09:22 offert aux gens.
09:24 Dans le champ de l'autofiction, qui est moi le genre qui me plaît le plus en littérature,
09:28 c'est spectaculaire.
09:29 Je te relis juste la quatrième de couverture pour pas le confondre avec un autre livre.
09:33 "Je ne vois pas pourquoi l'amour entre une mère et un fils ne serait pas exactement
09:36 comme les autres amours.
09:37 Pourquoi on ne pourrait pas cesser de s'aimer ? Pourquoi on ne pourrait pas rompre ? Je
09:40 ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas s'en foutre une fois pour toutes de l'amour."
09:43 Elle avait entamé cette… Ouais, c'est dur.
09:45 Constance de Bré, c'est dur.
09:47 T'as déjà lu ? Non.
09:48 Vraiment, je te le conseille.
09:49 Elle avait fait un livre avant qui s'appelait Playboy.
09:50 En fait, c'est vraiment la suite de Playboy.
09:52 Et elle a fait un bouquin aussi qui est hyper intéressant qui s'appelle Non parce qu'évidemment,
09:56 c'est une de Bré.
09:57 Donc, elle est dans une lignée de tocs.
10:00 Elle-même, elle le dit, c'est marrant.
10:02 De gens très haut placés mais très tocs.
10:04 Donc, elle raconte un peu son enfance et comment elle a hérité de ce nom-là.
10:08 Love Me Tender, c'est mon préféré d'elle parce qu'en fait, elle l'éclot encore
10:13 plus que dans Playboy.
10:14 J'ai l'impression que Playboy, elle raconte si mes souvenirs sont justes, sa découverte
10:18 de la sexualité.
10:19 Elle découvre qu'elle aime les femmes.
10:20 C'est une grande avocate qui d'un seul coup se rend compte qu'elle n'aime pas
10:23 sa vie.
10:24 Elle vomit sa vie.
10:25 Elle ne veut pas faire autre chose.
10:26 Elle a besoin de respirer en fait.
10:27 Elle plaque tout.
10:28 Et Love Me Tender, c'est un peu la suite.
10:29 C'est le moment où elle perd la garde de son fils, si mes souvenirs sont justes.
10:30 Et c'est tellement touchant parce qu'elle a fait un truc que j'adore.
10:33 Elle a fait un double chapitrage.
10:35 En fait, il y a un chapitre sur l'histoire avec son fils, sur le fait qu'elle essaie
10:41 de s'auto-convaincre qu'elle n'aime plus forcément son fils pour que ce soit plus
10:45 simple d'accepter la décision qu'il ne sera peut-être plus dans sa vie.
10:48 Et c'est affolant d'imaginer une mère en arriver à ce trajet mental de se dire
10:55 « mon fils n'est plus mon fils, je n'ai plus besoin de mon fils ».
10:57 Et il y a un deuxième pan de chapitre qui est sur la découverte des femmes toujours
11:03 et l'exploration des femmes et les histoires amoureuses.
11:05 Donc elle a alterné deux.
11:06 Elle a alterné deux et surtout, elle a perdu la garde parce qu'elle était vue comme
11:10 une espèce de personne un peu dans la déchéance, qui a plein de conquêtes, etc.
11:16 Donc c'est troublant parce qu'elle te raconte à la fois la perte de la garde de
11:19 son fils et pourquoi, selon elle, c'est une histoire qui doit se terminer.
11:22 Et en même temps, elle te raconte ce qui fait qu'elle potentiellement perd son fils.
11:26 C'est hyper troublant.
11:27 Et moi, c'est un livre que je l'ai offert et prêté à plein de gens.
11:31 Et il y a ceux qui ne peuvent pas.
11:34 Et il y a ceux qui adorent et qui d'un seul coup me sont dit « j'ai acheté tous
11:36 ces bouquins ». Mais c'est magnifique.
11:39 J'ai envie de le relire.
11:40 Edouard Levé.
11:41 Je n'ai pas assez lu de ce monsieur.
11:47 J'ai lu « Suicide et autoportrait » et ça m'a suffi parce que c'est dur.
11:51 « Suicide », c'est son dernier livre.
11:54 C'est un livre qui commence par « Est-ce que vous voyez ce moment où vous allez au
11:58 tennis avec votre femme et qu'en montant dans la voiture, vous vous dites que vous
12:01 avez oublié la raquette à la maison, mais en y retournant, au lieu d'aller dans le
12:05 salon la chercher, vous descendez à la cave, vous prenez le fusil, vous vous tirez une
12:08 balle ». C'est ce que j'ai fait.
12:09 Je n'ai même pas envie d'en parler.
12:11 Il raconte toutes les pensées autour du suicide.
12:13 Et il s'est suicidé trois jours après avoir déposé le manuscrit à son éditeur.
12:16 Donc juste pour vous raconter qui est Edouard Levé.
12:18 Moi, ce qui m'a le plus troublé, c'est « Autoportrait ». C'est une compilation
12:21 de pensées qu'on ne poserait jamais sur le papier, qui sont la définition d'une
12:25 personne en fait, qui sont toutes les petites pensées, les petites actions, les petits
12:28 goûts qui définissent une personne.
12:29 Je peux te lire n'importe où au hasard, ce sera magnifique.
12:31 « Depuis l'âge de 15 ans, je mesure la même taille, mais je ne pèse pas le même
12:35 poids.
12:36 J'ai des cheveux de blond vénitien, mes poils de barbe, de torse et de pubis sont
12:38 roux.
12:39 En été, mes tâches de rousseurs prolifèrent, se superposent et donnent l'illusion que
12:41 je suis bronzé.
12:42 Tu prends n'importe quel endroit, c'est fou.
12:43 Pendant un film comique, les rires par anticipation des autres spectateurs m'empêchent de rire.
12:46 Quand j'attends à ne rien faire, les idées viennent.
12:48 Quand j'entends « God », je pense à la fois à Dieu et à un God-Michel.
12:51 » Et en fait, c'est fou.
12:52 Et d'ailleurs, c'est marrant pour les gens qui écrivent de la fiction par exemple.
12:55 Je trouve ça hyper intéressant parce que ça te décomplexe sur l'idée de présenter
12:59 un personnage.
13:06 Tu définis tellement une personne, t'as l'impression de le connaître à la fin.
13:08 Il y a des trucs où tu dis « Ah c'est marrant, j'ai mon pote Louis qui est comme
13:10 ça, j'ai ma copine qui est comme ça.
13:13 » Et du coup, je ne sais pas, je le conseille souvent aux gens qui écrivent de la fiction
13:16 parce que je dis, si vous voulez définir un personnage de manière folle, en fait,
13:19 lisez ça.
13:20 Et moi, ça m'a donné tellement d'idées, tellement de direction pour habiller des personnages.
13:24 Ce livre est fou.
13:25 Après, il est dur à lire parce qu'évidemment, c'est que des pensées.
13:27 Mais moi, ce que j'ai fait, c'est que j'ai picoré tout le long.
13:28 Tu lis cinq pages et après tu t'arrêtes et tu continues une semaine après cinq pages.
13:33 J'ai trouvé ça hyper intéressant.
13:35 Et c'est une forme d'autofiction, mais folle.
13:37 Je le repose.
13:41 Le mec a écrit un livre, quoi.
13:46 C'est hyper bizarre.
13:47 Je pensais que ce serait un deuxième spectacle, moi, à la base.
13:51 Mais juste en relisant, il n'y avait pas de blague.
13:53 Et puis je crois que ce n'était pas destiné à ça, en fait.
13:55 Moi, j'ai écrit ce livre parce que j'avais besoin de dormir.
13:56 C'est aussi con que ça, mais je fais des grosses insomnies depuis petit parce que j'ai
14:01 des grosses boules d'émotions qui se bloquent à l'intérieur de moi, qui se logent tout
14:05 au fond.
14:06 Et j'ai besoin de les déloger, en fait.
14:07 Il n'y a que l'écriture qui m'aide.
14:08 Et au fur et à mesure des insomnies, j'ai commencé à avoir des pages un peu partout
14:11 éparpillées chez moi.
14:12 Et j'ai commencé à les compiler.
14:13 Je me suis rendu compte que ça ressemblait à un livre.
14:15 Je ne suis pas sûr de cette photo de couverture.
14:17 Caché du soleil.
14:20 Non, mais c'est parce que dedans, je décris mon père comme le...
14:23 Je parle de mon père comme le soleil, parce que c'est un astre autour duquel on est obligé
14:28 de graviter.
14:29 Et c'est le cas avec mon père.
14:30 Il nous réchauffe autant qu'il nous aveugle.
14:31 Donc, il y avait quelque chose que je trouvais intéressant, mais je ne sais pas ce que je
14:36 peux te dire sur ce livre.
14:37 Moi, je suis encore trop dedans.
14:38 J'ai terminé de l'écrire il n'y a pas si longtemps que ça.
14:40 Et là, aujourd'hui, il est disponible partout en France.
14:42 Ça n'a aucun sens.
14:43 J'adore.
14:44 J'ai une passion pour les mots délibrés.
14:53 Il y a un mot, il faut que je vous le lise.
14:56 Elle a écrit...
14:57 Je vous montre un petit mot comme ça sur mon livre.
15:03 Et il y a écrit "Putain, c'est bizarre, c'est bien et je m'en contrebalance de sa vie à
15:07 Panayotis Pasqua.
15:08 Mais c'est bien, j'ai bien aimé.
15:10 Je m'en veux de m'être foutu de sa gueule avant de la voir ouvert et d'être déjà
15:13 devenu une idiote de libraire élitiste.
15:15 Non, j'ai bien aimé.
15:16 J'assume, je ne m'y attendais pas.
15:17 C'est sincère donc."
15:18 Le meilleur mot de libraire.
15:23 Poésie.
15:24 J'ai une passion aussi pour les titres des livres de poésie.
15:29 C'est toujours magnifique.
15:30 "L'odeur des pierres mouillées".
15:32 Maggie Nelson, "Bleuets".
15:35 Tu l'as lu ? Incroyable.
15:38 "Et si je commençais en disant que je suis tombé amoureuse d'une couleur ? Et si je
15:42 le racontais comme une confession ? Et si je déchiquetais ma serviette en papier pendant
15:46 que nous discutions ? C'est venu petit à petit, par estime, affinité, jusqu'au jour
15:50 où c'est devenu plus sérieux.
15:51 Jusqu'au jour où les yeux rivés sur une tasse vide le font tâcher par un excrément
15:55 brun et délicat enroulé sur lui-même, pareil à un hippocampe.
15:58 Je ne sais comment ça a pris un tour personnel."
16:00 Ça c'est de la pure poésie mon gars.
16:03 Mais c'est quelqu'un qui recherche la couleur bleue, plus violette d'ailleurs, qui est absorbée
16:10 par cette couleur et qui ne veut plus rien faire de sa vie à part comprendre cette couleur.
16:16 Et c'est quelqu'un qui plonge un peu dans la folie, mais à travers la découverte d'une
16:20 couleur.
16:21 C'est hyper beau.
16:22 Il y a des phrases dedans que j'ai...
16:24 Tu sais, tu lis une phrase et tu fais "Ah c'est pour ce soir".
16:27 C'est fou.
16:28 C'est fou.
16:29 Oh, Paul Auster.
16:36 J'ai une anecdote.
16:46 J'ai emménagé il n'y a pas longtemps dans le 6e arrondissement.
16:50 Tout le monde m'a dit "Ah ça y est, t'es écrivain, t'habites dans le 6e, pour qui tu
16:54 te prends et tout."
16:55 Et j'ai dit "Mais arrêtez de croire que tous les écrivains sont dans le 6e, je t'ai raconté."
16:58 Je marche dans la rue, je tombe sur Paul Auster.
17:01 "L'invention de la solitude", je l'ai relu cet été.
17:03 C'est fantastique et c'est sur la disparition du père.
17:08 C'est sur un père qui meurt, un enfant qui doit se reconnecter à son père, mais qui
17:13 était un homme invisible.
17:14 C'était un homme qui n'existait pas vraiment, il avait l'impression que c'était un homme
17:16 qui n'avait pas de personnalité, qui était une feuille de papier blanche où chacun écrivait
17:21 ce qu'il voulait dessus.
17:22 Il se met à découvrir qu'il avait plein de personnalités différentes avec les gens,
17:25 que c'était un peu un menteur, que c'était quelqu'un qui aimait vivre chez lui reclus.
17:29 C'était quelqu'un qui collectait les loyers parce qu'il avait un parc immobilier.
17:31 Et en fait, il était apprécié de tous ses locataires, mais un peu détesté par ses
17:35 proches et en même temps dur et en même temps gentil.
17:38 Et c'était un homme hyper confusant.
17:39 Et c'est hyper fort, je trouve, contrairement à Annie Arnault qui décrit son père de
17:43 manière très factuelle.
17:44 Là, c'est très, très, très, très émotionnel.
17:46 C'est quelqu'un qui est dans une quête de rencontre avec son père.
17:49 Ce n'est pas un recueil comme elle, ce n'est pas quelque chose de l'ordre du journalisme.
17:55 Là, c'est vraiment quelque chose de l'ordre de la rencontre, de la sociabilisation, de
17:59 la découverte de son père.
18:00 Et c'est la première fois qu'il découvre son père en vidant sa maison après son décès.
18:04 Et c'est spectaculaire.
18:05 Je crois que c'est mon préféré, Emmanuel Carrère.
18:10 Je ne sais pas ce que ça dit sur moi.
18:12 Je crois que c'est kiff-kiff entre Annie Arnault et Emmanuel Carrère, qui sont, je
18:15 pense, les deux points de l'autofiction.
18:16 C'est fantastique.
18:17 C'est de l'autofiction.
18:18 C'est l'histoire d'Emmanuel Carrère qui part à Kotelnich, qui est une toute petite
18:22 ville en Russie, pour faire un documentaire sur une ville où il ne se passe rien.
18:26 Et en fait, il se passe énormément de choses dans cette ville.
18:29 Déjà, il est en galère avec sa compagne de l'époque en France.
18:33 Donc, il essaie de gérer ça à distance.
18:34 Et en même temps, il tombe sur une personne qui est une espèce d'interprète et qui va
18:37 les guider dans la ville qui s'appelle Sacha, si mes souvenirs sont justes.
18:40 Et en fait, il se rend compte qu'il est peut-être plus sombre qu'il le pensait.
18:43 Et il commence à rentrer dans une espèce de paranoïa sur cette ville qui s'avère
18:45 juste, mais je ne vais pas vous en raconter plus.
18:47 Et c'est hyper fort.
18:48 Il y a aussi un vrai documentaire qui a été fait.
18:50 Donc, si on a aimé ce livre, on va forcément aimer le documentaire qui suit.
18:53 Et en fait, je crois qu'il l'a écrit après L'adversaire, qui est un de ses plus
18:55 gros succès.
18:56 Il a eu besoin de s'échapper.
18:57 Donc, il est parti en Russie pour faire ce documentaire sur une ville où il ne se passe
19:00 rien.
19:01 Et en fait, il s'est passé beaucoup, beaucoup de choses.
19:02 Il a rencontré, entre autres, une jeune chanteuse et il lui arrive une tragédie.
19:06 C'est un livre magnifique, mais c'est un livre dans lequel il ne se passe pas grand
19:10 chose.
19:11 En même temps, il se passe tout.
19:12 Mais moi, j'ai adoré.
19:13 Du coup, il a écrit Yoga aussi, qui est un livre magnifique sur la dépression qui
19:18 commence juste après les attentats de 2015, qui est assez fou parce que c'était lui,
19:23 il était en pleine résidence de méditation et de pas de yoga, mais de méditation, etc.
19:28 Donc, tu fais des grandes semaines où tu n'as pas le droit de parler.
19:34 Tu fais huit heures de méditation par jour, etc.
19:37 Et en fait, à un moment, le chef du truc de méditation vient le voir et lui dit il
19:42 faut que vous veniez, il y a un problème.
19:44 Et en fait, on lui explique qu'il y a un attentat et qu'il y a un de ses proches
19:47 qui était dans un attentat, etc.
19:48 Et donc, il rentre à Paris et là, il se reprend le monde en pleine gueule alors qu'il
19:52 était dans un endroit qui est fait pour oublier le monde.
19:54 Ça le plonge dans une torpeur qui est folle.
19:57 Et après, il nous raconte cette espèce de récit de dépression mélancolique dont
20:00 je suis atteint aussi.
20:02 Et je ne sais pas pourquoi ça me fait rigoler, parce que ce n'est vraiment pas marrant.
20:04 Et du coup, quand j'ai écrit mon livre, avant de… Moi, ça fonctionne un peu comme
20:09 ça.
20:10 Quand je fais des trucs, j'ai besoin de parler avec des gens qui l'ont déjà fait
20:13 pour essayer d'éviter de faire certaines erreurs.
20:15 Et je lui ai écrit, en fait, j'ai trouvé son mail et je lui ai écrit « Est-ce qu'on
20:19 peut se rencontrer entre mélancoliques ? » Et il a été hyper cool, on s'est rencontrés
20:22 et on a discuté longuement.
20:23 Et je lui ai parlé un peu du livre que je voulais écrire et comment l'aborder, parce
20:27 que quand tu écris de l'autofiction, c'est un peu particulier, parce que tu écris sur
20:30 ta vie, c'est évidemment romancé.
20:32 Il y a évidemment tout un aspect littéraire qui est impliqué.
20:36 Mais tu écris quand même sur ta vie, sur tes proches, sur ce que tu ressens, sur ce
20:40 que tu penses.
20:41 Et du coup, je lui ai demandé à quel point ça allait être effrayant, à quel point
20:43 il y avait des choses à éviter, à faire.
20:44 Par exemple, c'est en discutant avec lui que j'ai décidé de faire lire à tous
20:47 mes proches en amont avant d'envoyer la première épreuve, en leur disant « s'il
20:50 y a quoi que ce soit qui vous dérange, on peut en discuter, etc. ». Et ça a été
20:52 hyper cool, parce que ça a ouvert un dialogue hyper positif avec tous mes proches, parce
20:55 qu'en fait, personne ne m'a dit de rien modifier.
20:57 Moi qui ne suis pas fort pour parler avec les tripes, d'un seul coup, ça m'a permis
21:00 de le faire.
21:01 Je suis encore plus touché par cet homme, parce qu'il a pris du temps pour expliquer
21:04 à un jeune gamin qui veut écrire un livre un peu comment ça fonctionnait.
21:07 Donc j'ai adoré ce moment.
21:08 Juste à côté, tu as Fabrice Caro, que moi j'adore.
21:11 J'ai relu « Figurek » cet été, qui est un de ses premiers livres, je crois, c'est
21:14 son premier roman.
21:15 C'est le gars le plus marrant, je crois, de la littérature en France.
21:18 « Figurek », c'est pas celui-ci, c'est un autre, je ne sais pas s'ils l'ont.
21:21 Ouais, il est là.
21:22 « Figurek », c'est assez marrant, c'est un bouquin sur un mec qui ne va pas très
21:25 bien, qui est un peu en dépression.
21:26 C'est un thème récurrent en littérature, la dépression.
21:30 Et qui va en fait à plein d'enterrements de gens qu'il ne connaît pas, et qui note
21:33 un peu les enterrements.
21:34 Et puis qui tombe, d'un seul coup, sur un mec qu'il croise à tous les enterrements
21:37 aussi.
21:38 Et le mec vient et lui dit « on travaille pour le même business, etc. ». En fait,
21:42 il ne sait pas du tout et il se rend compte qu'il existe une société qui fait des figurants
21:45 dans la vraie vie.
21:46 Vous n'avez pas lu ce livre ? C'est une société qui propose des figurants dans la
21:49 vraie vie.
21:50 C'est-à-dire que si tu as l'anniversaire de ton fils demain, mais qu'en fait, il
21:52 n'a pas assez d'amis, tu peux payer des figurants pour qu'ils viennent.
21:54 Et c'est une société mondiale qui propose des figurants pour la vie.
21:57 Il est obligé de s'infiltrer dans ce milieu-là.
21:59 Et c'est hyper marrant cette idée-là d'être le figurant de la vie de quelqu'un
22:02 d'autre.
22:03 C'est très marrant, je l'ai lu cet été, c'est très touchant.
22:05 Faire un film de Sidney Lumet.
22:11 C'est la bible pour les gens qui aiment le cinéma, qui ont envie d'en faire.
22:15 C'est tout con, mais il a écrit un livre sur comment faire un film.
22:19 C'est littéralement le titre.
22:20 Moi, je l'ai lu en écoutant du jazz à chaque fois.
22:24 C'est la première fois que je faisais ça, que j'accompagnais une lecture d'une
22:26 musique.
22:27 Et c'est fou parce que ça te replonge dans l'époque d'Hollywood qui découvre un peu
22:31 les techniques pour produire un film de manière plus directe.
22:34 Par exemple, il raconte qu'il a inventé pour 12 hommes en colère le tournage réduit
22:39 en fait, d'éviter de tourner chaque scène, chaque axe de la même scène dans la foulée
22:45 pour ne pas avoir à tout rééclairer.
22:47 Et donc d'un seul coup, c'était tourner toutes les scènes dans cet axe-là et après
22:51 tous les contrechamps dans l'autre axe.
22:52 Et comme ça, on gagnait du temps de fou parce qu'on n'avait pas besoin de dégager.
22:55 Donc il y a plein de techniques comme ça qui sont aujourd'hui communes et connues
22:58 dans le milieu du cinéma, qui ont été inventées par ce gars.
23:01 Et c'est un des plus grands réalisateurs de tous les temps.
23:03 Et c'est un mec qui te partage tout sur le cinéma, tout ce qu'il sait sur le cinéma.
23:07 Et donc c'est hyper touchant, même si t'as pas envie de faire des films, je pense que
23:09 si t'aimes le cinéma, ça va te parler.
23:11 Et je sais pas, ça passe de la caméra au costume.
23:13 Et il t'explique toutes les erreurs que j'ai faites dans mes premiers films sur les costumes,
23:19 toutes les erreurs que j'ai faites sur les placements de caméras.
23:20 Et il donne beaucoup d'exemples avec ses films.
23:22 Il dit "si t'aimes ce plan dans ce film, sache que j'ai galéré à le faire parce que..."
23:25 Je pense que c'est vraiment la bible pour les gens qui veulent faire du cinéma.
23:28 Moi, j'ai envie de faire du cinéma, donc ça a été ma bible pendant un moment.
23:31 Et je pense que je le relirai le jour où on touche du bois.
23:34 Là, il y en a. Le jour où je ferai un film.
23:37 - Bah merci beaucoup.
23:41 - Merci à vous.
23:42 Merci beaucoup.
23:43 J'ai envie d'aller...
23:44 Vous m'avez...
23:45 Je vais me ruiner.
23:46 Ouais, je vais me ruiner en achetant plein de livres aussi.
23:47 J'en ai vu passer là.
23:48 Putain, c'est bizarre, c'est bien.
23:51 Et je me contrebalance de sa vie à Panayotis Pasco.
23:54 Mais c'est bien, j'ai bien aimé.

Recommandations