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Aujourd’hui c’est la comédienne Pascale Arbillot qui est venue nous rendre visite. Elle sera sur les planches du théâtre Antoine pour la pièce « Interruption » à partir du 18 septembre 2023.

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Transcription
00:00 Avant de faire ça, rentrez très théâtral dans la pièce Interruption.
00:03 La comédienne Pascale Arbiau est venue faire un petit détour sur le plateau de Télématin.
00:06 Bonjour Pascale Arbiau.
00:07 Bonjour, bienvenue.
00:07 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:09 Alors on va commencer par lire votre horoscope parce qu'il paraît que ça vous détend.
00:12 Ah oui.
00:12 Vous êtes bélier, c'est ça ?
00:13 Non mais justement, c'est un petit problème.
00:15 C'est que je crois que je suis née trois fois sur Wikipédia, trois dates différentes.
00:18 Ah, vous êtes née un jour...
00:19 Je suis née en juillet en fait, donc je suis cancer.
00:21 Ah, alors attendez, cancer.
00:23 Non, non, non, on lit l'horoscope simplement.
00:25 Une très belle journée au cours de laquelle votre femme va être payante dans le secteur sentimental.
00:30 Réussi, vous pourriez régler avec rapidité une affaire liée au revenu du conjoint.
00:34 Et forme, tout va bien.
00:36 Ok, très bien, merci.
00:37 C'est un bon horoscope, ça, pour commencer.
00:39 Autre date, vous serez...
00:40 Celles-là, c'est les vraies dates.
00:42 Du 18 septembre au 5 novembre dans la pièce Interruption, c'est au Théâtre Antoine à Paris.
00:46 Interruption comme interruption volontaire de grossesse sont des témoignages de femmes.
00:49 Et on a l'impression que l'avortement, s'il est parfaitement légal, reste tabou aujourd'hui
00:55 dans une partie de la société.
00:56 Mais comment vous l'expliquez, ça ?
00:57 Je ne sais pas.
00:58 Je pense qu'il y a une autocensure des femmes, mais même au sein des familles.
01:01 Moi, j'ai une amie très récemment qui n'a pas osé en parler à sa mère.
01:04 Et quand elle avait fini par craquer, sa mère a dit "mais t'aurais dû m'en parler, j'ai avorté moi aussi".
01:08 C'est que ça reste un droit acquis, mais stigmatisé.
01:12 Je ne sais pas pourquoi, et j'étais très stupéfaite de ce silence absolu.
01:18 Mais on ne parle pas que d'avortement, c'est-à-dire que ça parle aussi des relations, de la sexualité,
01:22 qui reste aussi quelque chose dont on ne parle pas tant que ça, finalement,
01:26 même si apparemment sur les réseaux, ce n'est pas du tout.
01:29 Du silence intrafamilial, dans un couple aussi, les hommes ne savent pas quoi faire.
01:34 C'est un spectacle qu'on a joué une fois déjà, et on était aussi assez fascinés par les réactions.
01:38 C'est une époque d'hypercommunication, c'est des sujets sur lesquels on communique de plus en plus difficilement.
01:42 On fait du bruit autour, on n'en parle pas.
01:43 Ou alors on en parle, mais toujours par un prisme politique, ou de loi, ou maintenant religieux.
01:50 - Vous disiez que les hommes présents à la première, avaient été très touchés par le sujet.
01:57 - Oui, très touchés, on beaucoup rit, et surtout on dit qu'il faut qu'on en parle, même à nos meufs,
02:01 il faut que j'emmène mon fils, mes filles.
02:05 Oui, parce que c'est simple.
02:08 À partir du moment où ce n'est pas imposé idéologiquement, ça reste des témoignages incarnés.
02:14 C'est du théâtre, c'est d'abord des personnages.
02:16 Et en fait, ce sont des histoires vraies, mais on les incarne.
02:19 Il y a des femmes qui arrivent sur le plateau.
02:20 Moi, je suis un fil conducteur, je raconte l'histoire d'Eva, qui est allée avorter deux fois,
02:24 devenue maman, et a voulu écrire un roman qui n'était pas réussi chez Stock, il y a quelques années,
02:28 "Interruption".
02:29 En voulant écrire ce roman, elle s'est rendue compte qu'en fait, toutes ses copines avaient besoin d'en parler.
02:34 Mais là, même en arrivant ici, je commence à parler du sujet, tout le monde a besoin d'en parler.
02:38 - Et quand vous étiez jeune, vous avez fait vos études dans une école de filles, à Neuilly-sur-Seine.
02:42 Est-ce que c'est un sujet que vous abordiez ?
02:43 - Une école de ?
02:45 - Non, une école de filles.
02:46 - Ah, j'ai cru de ski.
02:47 - À Neuilly-sur-Seine, elle est restée avant le réchauffement climatique.
02:50 - Excusez-moi, excusez-moi.
02:51 Oui, euh...
02:53 - C'est une école de filles, entre filles, quand même, on en parle, un peu de sexualité et d'avortement.
02:58 - L'avortement, non.
02:59 - Non ?
02:59 - Non, c'est drôle, non, non, j'ai une copine qui a dû avorter, mais elle me l'a dit bien après.
03:03 Non, c'est tabou.
03:04 Et moi, très récemment, j'ai quelqu'un de très proche qui l'a fait en cachette,
03:07 et qui du coup s'est retrouvée confrontée à un parcours médical assez compliqué,
03:12 et elle aurait dû en parler, en fait.
03:14 On ne sait plus comment fonctionne le planning familial, par exemple.
03:16 Il y a plein de jeunes qui ne savent même pas.
03:18 Même la contraception, aujourd'hui, il y a un recul.
03:21 Il y a un recul.
03:22 - Ce sont des sujets lourds, ce sont des sujets graves,
03:24 mais vous avez dit tout à l'heure, "j'ai pas vu la pièce", moi, encore.
03:26 Vous avez dit, "on rit".
03:27 - Oui, c'est léger.
03:28 - Oui, parce que c'est des témoignages très libres, très vivants, réels.
03:32 Donc, il y a des femmes qui vous racontent des choses très cocasses,
03:36 des choses assez poignantes, des choses très trash,
03:38 et puis par moments, des trucs très, très, très drôles.
03:41 Il y a beaucoup d'humour.
03:41 Et les femmes, quand elles parlent d'elles-mêmes,
03:43 elles ont beaucoup d'autodérision.
03:45 On a tous...
03:45 Quand on parle même des douleurs qu'on a vécues, on n'en parle jamais...
03:49 On ne revit pas l'instant.
03:51 On prend du recul.
03:52 Et quand on parle de nos accouchements, on en rit.
03:54 Et pourtant...
03:55 - Parfois, on pleure.
03:56 - Parfois, on pleure, mais...
03:58 Oui, c'est un recul et une intelligence nécessaires.
04:01 - Est-ce que vous diriez que c'est une pièce d'utilité publique ?
04:03 - Oui, et puis de joie publique aussi, parce que ce n'est pas...
04:06 - Il ne faut pas se tromper, ce n'est pas un truc plombant.
04:08 - C'est un spectacle.
04:09 - Donc, il y a des personnages, il y a des vidéos, il y a des archives,
04:11 mais il y a aussi des femmes qui arrivent de la salle et qui parlent.
04:14 - Qui prennent la parole du public.
04:16 - On est des personnages avant tout, donc c'est du théâtre, c'est incarné.
04:20 - Il y a beaucoup d'hommes dans la salle ou pas ?
04:21 - Ah ben, dans le public ?
04:23 - Oui.
04:24 - Alors moi, je vous le dis sincèrement, j'avais le crâne.
04:26 Quand j'ai vu, il y avait des hommes.
04:27 Ce qui est bête, pourquoi penser qu'il n'y avait que des femmes dans le public ?
04:29 - Oui, mais c'est vrai, c'est vrai.
04:30 Encore un cliché qu'on a en tête et moi aussi...
04:32 - Je l'ai eu, comme quoi je m'auto-censure moi-même.
04:34 Il y avait le père aussi de l'auteur.
04:37 Je me suis dit, quand il va...
04:38 Quand je vais dire des trucs, parce que ça le concerne indirectement.
04:40 - Et il l'a appris en regardant la pièce ?
04:42 - Il le savait.
04:43 - Il savait, mais ils avaient lu le bouquin surtout, mais ils n'avaient pas parlé.
04:46 Et là, après, moi, j'ai vu les parents de Sandra venir me voir.
04:49 On a parlé, le père m'a pris dans ses bras.
04:51 - Ça libère la parole.
04:53 - Mais oui, et c'est tellement facile de la libérer.
04:55 - Vous donnez envie de le faire.
04:57 - Oui, parce que j'ai le trac aussi, donc je me...
05:00 - Vous avez le trac, là ?
05:00 - Un petit peu, on commence lundi.
05:02 Oui, je suis très, très heureuse de jouer ce spectacle.
05:04 C'était une aventure humaine.
05:06 On a co-écrit à trois femmes.
05:09 On a resté enfermés deux mois.
05:11 On a ri, on a pleuré un peu, on s'est fait raconter nos vies.
05:14 Et c'est très, très joyeux, mais j'ai un peu le trac.
05:17 - Ça commence le 18 septembre et jusqu'au 7 novembre.
05:18 - À 19h.
05:19 - Au Théâtre Maud, c'est à 19h, c'est sympa.
05:21 Vous avez un parcours étonnant, parce que vous avez fait des études d'économie.
05:24 Il paraît que votre prof, c'était François Hollande.
05:26 - Oui, je l'ai eu en cours magistral.
05:27 - Mais il était comment comme prof ?
05:28 - Il était exceptionnel.
05:29 - Pourquoi ?
05:30 - Parce qu'en fait, moi, je l'ai eu à un cours dont je me souviens,
05:33 il devait y avoir un krach boursier, je ne sais plus, le 87,
05:37 et à chaud, le matin, il dit "bon, alors cette nuit, il y a eu un krach,
05:40 donc je vais vous en parler".
05:41 Et là, paf, une dextérité dans l'analyse à chaud
05:46 d'un événement que nous, on ne comprenait pas très bien.
05:48 Il était brillantissime.
05:50 - Et alors, il paraît que vous avez voulu, vous,
05:51 devenir présidente du Fonds Monétaire International, le FMI.
05:54 D'où est venue cette idée ?
05:56 - Je ne sais pas.
05:57 Je ne sais pas, je ne sais pas.
05:58 Je ne sais pas, je pense que j'avais, et pareil, je me suis auto-censurée.
06:02 Je pense que je fantasmais pouvoir avoir un poste...
06:05 - À haute responsabilité.
06:06 - Et puis après, je ne sais pas, la vie fait qu'on oublie, on n'ose pas...
06:09 - Nous, on est assez contents que vous soyez comédienne.
06:11 - Moi aussi, parfois, je me dis "oula, c'est compliqué".
06:13 - Mais donc c'est vrai, vous vouliez devenir présidente du FMI.
06:15 - Oui, oui, mais j'ai voulu faire plein, plein de trucs.
06:16 Après, je voulais être chanteuse d'opéra,
06:18 parce que j'avais pris des cours et j'adorais ça.
06:20 Après, je pense que tout ça demande beaucoup, beaucoup d'engagement.
06:23 Et moi, j'aime bien le dilettantisme que me permet mon métier.
06:26 Je change de patron, je change de sujet, je change d'aventure.
06:29 - C'est un dilettantisme qui demande beaucoup de travail quand même.
06:31 - Ah, c'est... Il faut être comme un grand sportif.
06:33 - C'est ça. - Sinon, on ne tient pas le choc.
06:35 - Elle est avec nous jusqu'à 9h30.
06:36 C'est Pascal Harbiot qu'on retrouve juste après la pub dans Télématin.

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