Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 Pourquoi ces gens-là, à ce moment-là, sont-ils présents dans ce quartier ?
00:04 Et à ce moment-là, tirent-ils et qui visent-ils ?
00:07 - En fait, c'est comme l'a dit le ministre, comme la police l'a dit clairement,
00:11 en fait, il y a une restructuration des réseaux.
00:14 La police de terrain fait son travail.
00:16 - Oui, mais qu'est-ce qui... Pour que je comprenne, il y a...
00:18 Parait-il, dans ce territoire, il y a...
00:20 Dans cette cité, il n'y avait jamais de tir, il n'y a jamais de règlement de compte.
00:23 - Non, non, non, c'est très...
00:24 - Donc, qu'est-ce qu'il fait ? Qui vise-t-il ? C'est ça que je n'ai pas saisi.
00:28 - En fait, c'est une guerre de réseaux. Il faut savoir que, d'après ce que je sais,
00:32 parce que moi, le secteur sud, je ne le connais pas trop, mais je le connais,
00:34 c'est que Sinti, c'est un quartier où il y a eu parfois des tentatives d'installation de réseaux,
00:41 et il y a eu une guerre, une guerre entre chefs.
00:45 Certains veulent récupérer le réseau, et en fait, c'est soit de l'intimidation,
00:48 soit on vise un guetteur, un charbonneur.
00:51 - Donc là, c'était le cas qui était visé.
00:52 Alors, William Mollinier, je disais, qui est spécialiste sécurité pour Europe,
00:55 et dans ce studio, peut-il préciser les choses par rapport à cette question simple ?
01:00 - Oui, en fait, on parle de règlement de compte, mais ce qu'il faut comprendre,
01:02 c'est qu'aujourd'hui, contrairement à avant, où il y avait vraiment des gens qui étaient ciblés,
01:08 c'est-à-dire la tête du réseau, ciblée par le réseau adverse,
01:11 aujourd'hui, en fait, il y a une forme d'indifférenciation du règlement de compte,
01:18 c'est-à-dire que l'équipe concurrente va tirer sur le point de deal de façon complètement aléatoire,
01:23 simplement pour faire venir les forces de l'ordre sur place et faire fermer le point de deal.
01:30 Donc, en fait, cette concurrence entre les différentes têtes de réseau et différents points de deal
01:35 passe par la fermeture du point de deal concurrent
01:39 pour pouvoir récupérer, en fait, tous les consommateurs qui ne peuvent plus y aller.
01:43 - Là, c'était un point de deal qui était visé, et cette jeune femme, hélas,
01:46 Regina, a pris une balle perdue.
01:48 Eddie, est-ce que vous voyez un changement sur le terrain ?
01:50 Je rappelle que vous êtes policier, je rappelle que vous intervenez sur Europe 1,
01:53 qu'il est 11h10 si vous nous rejoignez,
01:56 que vous découvrez peut-être notre émission qui est en place depuis une vingtaine de jours,
01:59 maintenant, quinzaine de jours.
02:01 Est-ce que vous voyez sur le terrain un changement de mentalité ou d'acteur
02:08 ou quelque chose qui est encore plus violent ?
02:12 - Je rejoins William Moulinier qui dit qu'effectivement, ce qui se passe à Marseille,
02:17 et je pense sur les prémices, ce qui va se passer dans le reste de la France,
02:21 sur les points de vente stup, il n'y a quasiment plus de locaux.
02:26 C'est des gamins d'ailleurs qui viennent s'installer à Marseille,
02:29 qui sont exploités. - D'ailleurs, c'est-à-dire que les choses soient claires ?
02:32 D'ailleurs, ils ne sont pas français ou d'autres villes ?
02:35 - D'autres villes de France et certains clandestins aussi, je vous le dis,
02:39 certains sans-papiers, viennent travailler sur les points de vente.
02:42 Je vous donne un exemple, moi, qui ne m'a pas bouleversé,
02:46 mais j'ai été choqué, ils prennent des gamins qui viennent d'ailleurs,
02:50 de Lyon, Strasbourg, Montpellier, Paris, ils leur enlèvent leur portable,
02:54 ils dorment dans la rue et ils sont payés, alors écoutez bien,
02:57 entre midi et minuit, ils font le guetter pour 60 euros.
03:03 Et je vous le dis, je dis aux gamins, remonte chez toi, remonte chez tes parents,
03:09 ils me disent c'est impossible, ils m'ont pris mon portable,
03:12 ils m'imposent à dormir sur un canapé, sur le point, pour sauver le point, jour et nuit.
03:17 - Ça, ça n'existait pas par exemple il y a 5 ans ?
03:20 - Ah non, ça n'existait pas, le guetter n'était pas payé 60 ou 50 euros,
03:25 moi je vous le dis, ils exploitent, c'est de l'exploitation humaine.
03:28 Les locaux, les marseillais, quasiment ne travaillent plus sur les points de vente,
03:31 à part les gérants, ce qu'il y a en dessous, charbonneurs, donc vendeurs de drogue...
03:35 - Alors charbonneurs, pour que les gens comprennent, il y a guetter,
03:38 dans la pyramide, c'est j'ose dire, donc il y a guetter, c'est le premier, c'est le stade...
03:43 Après charbonneurs, c'est quoi charbonneurs ?
03:45 - C'est le vendeur, c'est celui qui tient la sacoche et qui vend la drogue.
03:48 - Et puis au-dessus ?
03:50 - Alors il y a le gérant, et il y a tout ce qui est outil, ce qui récupère.
03:54 - Le gérant, alors c'est qui ? C'est celui qui donne à tous les charbonneurs ?
03:57 - Voilà, celui qui gère le point.
03:59 Et en haut, il y a le grand boss, le big boss, qui est entouré de sa garde prétorienne...
04:03 - Mais par exemple, le big boss, comme vous dites, vous savez qui c'est ? Il est à Marseille ?
04:07 - Non, ils ne sont pas à Marseille, les grands big boss ne sont pas à Marseille.
04:09 - Mais lorsque Socaïna est meurte, est-ce que vous, vous savez déjà
04:14 quelle équipe, d'une certaine manière, a fait ça ?
04:17 Est-ce que les enquêteurs le savent ou est-ce qu'ils ont...
04:20 - Ah oui, ils ont déjà.
04:22 - Donc ces gens-là, on va les retrouver à votre avis très vite ?
04:25 - C'est difficile de retrouver des tireurs, et j'espère que le langage va se délier.
04:29 On a à peu près qui, on va dire quel quartier est concerné,
04:34 et quelle équipe a tiré contre quelle équipe.
04:36 L'objectif est là de retrouver les tireurs.
04:39 - Et on est d'accord qu'il n'y a que deux équipes, deux bandes rivales à Marseille ?
04:42 Deux mafias d'une certaine ou il y en a plus ?
04:44 - Il y en a plusieurs.
04:46 - Mais combien de mafias se battent entre elles pour récupérer des territoires ?
04:52 - Alors, il y a les deux plus grandes mafias que vous avez attendues,
04:54 les deux plus grandes équipes que vous avez attendues,
04:56 déjà le mafia, il y en a eu Yoda...
04:58 - Vous pouvez répéter les noms parce qu'à chaque fois, on a du mal à les comprendre, ces noms.
05:02 D'ailleurs, je ne sais pas qui les a baptisés comme ça ?
05:05 - Eux, tout à fait, la deuxième mafia, ce sont des Marseillais d'origine algérienne,
05:10 des Franco-Algériens qui se sont désèdés.
05:14 - Et c'est combien de personnes ?
05:16 - Pour la tête de raison, il n'y a qu'un big boss.
05:19 - Oui, mais combien de personnes au quotidien ?
05:22 - Au quotidien, non, mais ça se...
05:25 En fait, entre les guetteurs, ça dépend du point de deal.
05:28 - Mais à peu près ?
05:30 - Allez, en tout, si on compte les guetteurs, les rabatteurs,
05:34 ceux qui amènent la bouffe, ceux qui récupèrent l'argent,
05:37 sur un point de deal, ça peut aller jusqu'à une dizaine.
05:39 - Et il y a combien de points de deal à Marseille ?
05:42 - Une centaine.
05:43 - Donc il y a 1000 personnes chaque jour qui travaillent de la drogue à Marseille.
05:46 Et ces 1000 personnes, on ne peut pas faire ces 1000 personnes
05:50 faire un coup de filet et les 1000 les prendre.
05:53 - Mais Pascal, Pascal, Pascal, je vais être clair.
05:59 Quand on attrape un vendeur de drogue, un charbonneur,
06:03 donc on l'attrape, s'il n'est pas connu la première fois,
06:06 comme ils ne sont pas de Marseille, on lui demande de repartir dans sa ville d'origine,
06:10 et il doit être en gros...
06:12 Et quand il est interpellé pour la deuxième ou troisième fois,
06:15 il part pour six mois de prison.