Prix du carburant et crise du logement... Les informés du matin du mardi 12 septembre 2023
Tous les matins, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély
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00:00 Ravie de vous retrouver pour Les Informer. On est ensemble en direct jusqu'à 9h30 sur France Info avec évidemment Renaud Delis.
00:13 Bonjour Renaud. Bonjour, salut. Et autour de la table ce matin, nos informés. Roselyne Fèvre, chef du service politique de France 24.
00:19 Bonjour Roselyne. Bienvenue. Et Guillaume Darrêt qui est juste à vos côtés. Bonjour. Journaliste au service politique de France Télévisions.
00:25 Bienvenue à tous les deux. Renaud, on parle aujourd'hui du casse-tête du gouvernement face à l'augmentation des prix à la pompe.
00:30 Qui monte ? Qui monte ? Qui monte ? Une réunion avec les distributeurs a lieu ce matin. Et oui, les prix des carburants qui sont donc toujours en hausse.
00:35 Ce matin d'ailleurs, le groupe Total Energy a annoncé qu'il prolongera l'année prochaine le plafonnement du litre du prix de l'essence à 1,99€
00:43 tant que les prix resteront élevés. Ça c'est l'annonce du groupe Total Energy. En l'occurrence, c'est une réponse positive à une demande
00:49 qui avait été formulée la semaine dernière ici même sur ce plateau par le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire.
00:54 Une réunion donc ce matin, vous le disiez, autour d'Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique,
01:01 qui s'attend, dit-elle d'ailleurs, à d'autres annonces du secteur de la distribution. Mais pour autant, il n'est toujours pas question
01:07 pour le gouvernement d'envisager une nouvelle ristourne sur le prix du litre d'essence. C'est ce que disait ici même la semaine dernière
01:15 le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire.
01:18 Vous ne pouvez pas matin, midi et soir, à juste titre, nous expliquer que la planète flambe, qu'on n'a jamais eu des températures aussi élevées
01:25 et dépenser 12 milliards d'euros, c'est le coût d'une remise à 20 centimes sur un an, pour les énergies fossiles et pour les carburants.
01:33 C'est une aberration écologique.
01:35 Une aberration écologique et une position un petit peu contradictoire d'ailleurs puisque Bruno Le Maire dit qu'il ne faut pas donc de ristourne
01:40 car ça nuirait à l'écologie mais il souhaite, et l'ensemble du gouvernement d'ailleurs, un plafonnement du prix
01:46 à l'initiative des pétroliers et des distributeurs, ce qui donc de fait, un plafonnement nuit aussi à l'écologie si on suit cette logique.
01:53 Est-ce que donc c'est d'abord pour des raisons budgétaires que l'État ne veut pas mettre la main à la poche
01:58 et qu'il est contraint de se tourner vers les groupes pétroliers ou vers les distributeurs pour les inciter à faire eux un effort ?
02:05 Rosine Fèvre, le gouvernement envoie la patate chaude aux distributeurs, c'est ça ?
02:08 Oui, c'est-à-dire qu'en gros le gouvernement n'a pas la main.
02:11 La seule chose qu'il pourrait faire c'est prendre sa plume, prendre son téléphone et appeler MBS en Arabie Saoudite
02:16 et lui demander pourquoi il pèse sur le prix du baril au-dessus de 100 dollars.
02:23 Voilà, la seule chose en fait, c'est le marché et c'est les pays qui ont du pétrole qui décident, qui décident de faire de l'argent
02:30 et puis débrouillez-vous avec ça.
02:32 Alors bien sûr, Bruno Le Maire peut dire qu'il faut demander à Total Energy, d'ailleurs c'est ce que Pouyanné avait fait lui-même
02:39 en disant jusqu'au mois de décembre de garder le litre en dessous des 2 euros, donc c'est prolongé.
02:48 Alors on entend des propositions démagogiques comme le Rassemblement National qui parle de la TIPP,
02:54 c'est-à-dire des taxes, enfin maintenant je crois que ça ne s'appelle plus la TIPP, ça s'appelle la taxe intérieure, la TICPE,
03:00 la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques.
03:04 Mais ça, évidemment, ça coûte 50 milliards et on remplace par quoi ?
03:10 Puisque c'est un manque à gagner pour l'État et dans ce genre de propositions démagogiques, on ne dit pas où on rend cet argent-là.
03:18 Guillaume Darré, en fait c'est une question budgétaire.
03:20 Alors c'est évidemment d'abord une question budgétaire parce que vous savez que depuis quasiment un an, six mois,
03:24 on est passé du quoi qu'il en coûte à quoi qu'il en coûte, il faut serrer la ceinture parce qu'on veut faire des économies
03:29 et justement les règles européennes, même si elles restent un peu plus souples qu'il y a quelques années,
03:33 l'idée c'est quand même de retrouver une forme de rigueur budgétaire.
03:36 La ristourne gouvernementale l'année dernière qui a eu lieu pendant quelques mois, en 2022,
03:41 je crois que ça a été mesuré à hauteur de 8 milliards d'euros par an.
03:44 Donc évidemment, ça coûte cher, ça coûte cher parce qu'y compris dans une logique évidemment de transition écologique,
03:49 je crois que c'est nos confrères du monde qui avaient mesuré que par exemple c'était 15% de ces 8 milliards,
03:53 c'était 15% du budget de la transition écologique et qu'avec par exemple ces 8 milliards,
03:57 on pouvait faire l'équivalent par exemple de 250 parcs photovoltaïques.
04:00 Donc c'est sûr que ça montre…
04:01 En termes d'image, ça frappe.
04:02 Ça frappe en termes d'image et ça montre l'ordre des priorités politiques.
04:05 C'est pas possible budgétairement, on le disait, c'est pas possible écologiquement
04:09 et puis c'est peut-être aussi pas efficace socialement parce que l'INSEE avait montré au mois de juillet dans un de ses rapports
04:15 que finalement ceux qui ont le plus profité de ces ristournes, ce sont les ménages les plus aisés
04:19 parce que ce sont les plus gros rouleurs, ceux qui consomment le plus
04:22 et que finalement les plus modestes qui sont le plus touchés par l'inflation sont ceux qui ont le moins profité de ces ristournes.
04:27 La ristourne, pas forcément la meilleure des solutions.
04:29 Renaud Delis, vous nous direz tout à l'heure ce que vous en pensez.
04:32 Mais d'abord un passage par le Fil info à 9h10.
04:35 Sophie Echelle.
04:36 C'est une alliance inédite.
04:37 35 députés de gauche et de la majorité publient ce matin une tribune dans le journal Libération
04:43 pour préserver le volet social du projet de loi immigration.
04:46 Ils se prononcent en faveur de la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension.
04:51 L'examen du code de la route évolue.
04:53 Ses plus de 1000 questions ont été revisitées.
04:55 Elles sont désormais plus claires, plus compréhensibles pour éviter la confusion des candidats
04:59 mais aussi plus adaptées aux nouveaux usagers de la route comme ceux de trottinette par exemple.
05:04 Au Royaume-Uni, la chaîne Wilco va fermer tous ses magasins.
05:07 L'enseigne de décoration intérieure et de produits ménagers a fait faillite, lourdement touchée par l'inflation.
05:12 12 500 emplois environ vont être supprimés.
05:15 Et puis l'affiche a de quoi faire rêver.
05:17 L'équipe de France de football se déplace à Dortmund ce soir.
05:19 Match amical face à l'Allemagne à partir de 21h.
05:22 Les bleus sont en pleine forme, les Allemands enchaînent les mauvais résultats à moins d'un an de l'euro chez eux.
05:28 De retour sur le plateau des informés avec Roselyne Fèvre, chef du service politique de France 24.
05:44 Guillaume Darré, journaliste politique au service politique de France Télévisions.
05:48 Renaud Delis, juste avant le Fil info, on disait que face à l'augmentation des prix à la pompe,
05:51 la ristourne n'était pas forcément la meilleure des solutions.
05:54 Et puis l'argument écologique aussi pèse beaucoup.
05:56 Comme me disait Guillaume Darré, effectivement, cette décision, je reprends les propos de Guillaume à l'instant,
06:00 elle serait inefficace budgétairement, écologiquement et socialement.
06:05 Reste une quatrième dimension, si j'ose dire, c'est quelle mesure serait efficace politiquement.
06:11 Et politiquement précisément, dans l'affichage, dans l'annonce,
06:15 et c'est d'ailleurs pour ça que le gouvernement l'avait fait au préalable il y a quelques mois,
06:19 la ristourne, l'effort de l'État, l'État qui annonce qu'on va baisser les prix de 15 à 20 centimes,
06:24 ça c'était ce que réclamait le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, il y a quelques jours.
06:28 Ça, politiquement, ce serait efficace.
06:30 C'est là qu'on voit la difficulté qu'a le gouvernement face à ce véritable casse-tête.
06:33 C'est qu'il n'a pas d'outil, en particulier budgétaire, pour répondre directement à cette crise.
06:38 Parce qu'il ne faut pas tourner autour du pot.
06:41 L'argument écologique dans la bouche du gouvernement, passez-moi l'expression, c'est du flanc.
06:45 On ne peut pas d'un côté dire on ne va pas accorder de ristourne publique parce que, écologiquement,
06:49 ce serait une aberration que de financer la consommation d'énergie fossile,
06:55 et de l'autre côté implorer auprès des distributeurs qu'ils plafonnent le prix
06:59 pour qu'il n'y ait surtout pas d'augmentation de prix.
07:01 Parce que c'est une autre façon simplement de financer la consommation d'énergie fossile,
07:04 mais c'est de la faire payer par les distributeurs et pas par l'État.
07:07 Mais l'argument écologique, c'est une forme d'enrobage, d'habillage politique.
07:12 D'ailleurs, je n'accable pas le gouvernement, puisque tout le monde, y compris dans l'opposition
07:16 et y compris les écologistes d'ailleurs, sont un petit peu hypocrite sur le sujet.
07:20 On n'entend pas non plus les écologistes, et on le comprend politiquement,
07:23 se réjouir de la hausse du prix des carburants qui aurait une vocation justement à nous enseigner,
07:28 à nous en passer, à nous en priver.
07:30 Si l'argument écologique était valable, quel que soit celui qui l'utilise,
07:35 tout le monde se réjouirait que l'essence soit à 2 euros, 2,10, 2,20, 2,30 euros.
07:40 Donc cet argument-là, laissons-le de côté, et on comprend bien pourquoi.
07:43 Il y a une urgence sociale, il y a une urgence du pouvoir d'achat.
07:45 Et c'est là que politiquement, le gouvernement aujourd'hui est démuni,
07:48 un petit peu comme d'ailleurs sur la question des prises alimentaires.
07:52 C'est vrai que le rôle principal qu'il joue, et on peut le comprendre,
07:55 c'est un rôle de, j'allais dire, quasiment de lobbyiste.
07:57 En tout cas, c'est de mettre autour de la table les acteurs et de les implorer,
08:01 de les inciter, pour l'instant sans les sanctionner,
08:04 en tout cas, et on voit mal comment il le ferait d'ailleurs à l'heure qu'il est,
08:06 à baisser les prix, donc à faire, eux, l'effort de, en tout cas,
08:10 de plafonner, de bloquer le prix des carburants.
08:12 – De leur mettre la pression aux distributeurs.
08:14 Une réunion a lieu ce matin autour d'Agnès Pannier-Renacher,
08:17 la ministre de la Transition énergétique, qui dit, avec les distributeurs,
08:20 qui annonce déjà qu'il va y avoir des annonces de la part des distributeurs
08:24 et pas du gouvernement. Guillaume Darré ?
08:27 – Il faut reconnaître que pour l'instant, ça va plutôt,
08:31 c'est bien pour le gouvernement dans le sens où les distributeurs répondent,
08:34 pour l'instant. – Ils jouent le jeu.
08:35 – Ils jouent le jeu, jusqu'à maintenant.
08:36 Après, on l'évoquait il y a quelques jours avec Roselyne,
08:39 en échangeant sur ce sujet, ça fait parfois sourire certains opposants
08:44 à la majorité, qui, vous savez, raille, par exemple, Bruno Le Maire,
08:49 en disant "Bruno demande", parce qu'en permanence,
08:52 ils ont l'impression que le gouvernement ne peut pas imposer,
08:54 mais que Bruno Le Maire demande aux distributeurs de baisser les prix,
08:57 demande aux distributeurs des produits alimentaires de lutter contre l'inflation.
09:01 – Il y a un hashtag d'ailleurs. – Il y a un hashtag qui est né,
09:03 effectivement, sur les réseaux sociaux.
09:05 Donc, je trouve que pour l'instant, la chance du gouvernement,
09:07 c'est que les fournisseurs en tout cas de carburant donnent le sentiment
09:10 de jouer le jeu, mais probablement que ça ne sera pas durable
09:14 pendant des mois et des mois.
09:15 – Oui, en vérité, il y a beaucoup de gesticulation pour peu de résultats.
09:19 La seule chose, et là, je voulais juste un petit bêbol sur ce qui a été dit
09:24 auparavant, c'est-à-dire que quand même, la baisse du prix de l'essence
09:28 compensait quand même les prix de la hausse des prix alimentaires.
09:32 Voilà, donc là, aujourd'hui, on arrive quand même dans une situation
09:36 où il y a la double peine, c'est cher d'aller travailler, c'est cher de se nourrir,
09:40 bientôt, ça va être cher de respirer.
09:41 – Mais si les annonces à la sortie de la réunion de ce matin,
09:43 elles ne sont pas satisfaisantes, est-ce que les élus locaux,
09:46 parce qu'on l'a vu avec Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France,
09:48 est-ce que ce sont les élus locaux qui peuvent prendre les relais,
09:51 qui peuvent être les relais de la pression populaire ?
09:53 – Ce qui est certain, c'est que les élus locaux, comme les élus nationaux d'ailleurs,
09:57 ont des contraintes politiques, et puis ils ont une mémoire,
10:01 ils ont une certaine mémoire, on a tous, même si la situation n'est pas la même
10:04 et que d'autres raisons étaient entrées en ligne de compte,
10:07 les élus ont au premier chef la mémoire du mouvement des Gilets jaunes, évidemment,
10:11 qui avait aussi un rapport direct avec la hausse des prix du carburant.
10:15 Donc on sait, on mesure l'ampleur de ce traumatisme
10:17 dans le débat public et dans le débat politique, donc on voit bien…
10:20 – Oui, mais c'était une taxe, alors que là, pardon,
10:22 là on est vraiment dans le prix, enfin dans la loi du marché.
10:25 – Vous parlez dans le sens de Renaud, je me rappelle effectivement d'élus locaux
10:27 qui plusieurs mois avant le début formel, si j'ose dire, du mouvement des Gilets jaunes,
10:32 nous disaient, quand on leur disait "qu'est-ce que vous sentez sur le terrain ?"
10:35 on sent que vraiment la problématique du prix de l'essence est en train de monter,
10:38 c'est quelque chose dont on nous parle sur le terrain.
10:40 – Oui, c'était une hausse demandée par le gouvernement.
10:41 – Donc il y a une sensibilité là-dessus, effectivement.
10:43 – Oui, mais vous avez raison, Roselyne Favre, c'était une nouvelle taxation
10:48 qui s'ajoutait, mais à de multiples taxation, puisque la part de taxes de l'État,
10:52 quelles que soient les taxes d'ailleurs, pas seulement de l'État,
10:55 mais qui pèsent sur le prix du litre d'essence, est considérable.
10:57 Donc les automobilistes peuvent aussi entendre,
11:00 et on sait que ce n'est pas en préposition adoptée par Marine Le Pen effectivement,
11:04 les propos de l'extrême droite quand elle dit "mais c'est à l'État de prendre sa part
11:09 et de baisser les taxes", ce qu'il prélève sur le lit d'essence.
11:13 Évidemment que ça a un coût, et ça aura un coût extrêmement élevé pour le budget de l'État.
11:16 Mais je pense que cette mémoire-là, elle existe dans le débat public,
11:20 et c'est d'ailleurs pour ça que Xavier Bertrand s'est emparé du sujet,
11:24 ce qui colle d'ailleurs à son identité politique.
11:27 Et c'est vrai qu'il y a, on va dire qu'ils sont un peu à fleur de peau sur le sujet, les élus,
11:33 et je pense que pour le gouvernement, c'est quand même potentiellement,
11:36 ça demeure une bombe à retardement qui peut peser sur l'automne.
11:41 – On va attendre la fin de la réunion pour connaître les annonces des distributeurs.
11:44 – Pour connaître le prix de l'essence.
11:45 – Pour connaître le prix de l'essence, effectivement.
11:47 L'autre sujet d'actualité que vous vouliez aborder, Renaud,
11:49 c'est la crise du logement qui a commencé il y a plusieurs mois déjà.
11:52 – Oui, avec un certain nombre d'éléments qui s'additionnent,
11:55 la hausse des taux d'intérêt, une restriction majeure du crédit
11:59 avec des prêts en recul de plus de 40% sur un an,
12:02 un ralentissement, voire un effondrement de la construction de logements neufs
12:07 et de multiples autres critères qui entrent en ligne de compte
12:11 comme pour dessiner une tempête parfaite sur le secteur de l'immobilier et du logement.
12:17 Face à cela, jusqu'à présent, et les professionnels du secteur d'ailleurs le lui ont reproché,
12:21 le gouvernement semble assez inerte, assez impuissant.
12:25 Alors est-ce que l'État, est-ce que le gouvernement peut laisser faire ?
12:29 Eh bien, la réponse il y a quelques minutes sur ce plateau de Patrice Vergritte,
12:32 le nouveau ministre du logement qui était votre invité.
12:35 – La solution qu'il ne faut surtout pas faire, c'est ne rien faire,
12:38 c'est-à-dire laisser le marché réguler les choses.
12:40 Ça, on sait qu'on va à la catastrophe sociale si on ne fait rien aujourd'hui.
12:43 Donc il y a la nécessité d'une intervention publique aujourd'hui,
12:46 ce sur quoi on travaille.
12:47 Mais si on ne faisait rien, oui effectivement, l'année 2024, l'année 2025, pourrait être terrible.
12:52 – Alors il récuse donc Patrice Vergritte l'idée de ne rien faire,
12:55 c'est pourtant un reproche que formulait par exemple la semaine dernière
12:58 la patronne du grand groupe immobilier Nexity, Véronique Bédet,
13:02 qui reprochait justement, comment dirais-je, non pas l'inefficacité,
13:06 mais même l'inaction de l'exécutif jusqu'à présent.
13:09 Mais Patrice Vergritte pour autant n'a pas annoncé de budget débloqué.
13:16 Est-ce-à-dire que l'État n'a plus les moyens, en quelque sorte,
13:19 d'intervenir directement avec des sommes considérables
13:23 et que ce secteur, pour reprendre une formule utilisée il y a déjà quelques années,
13:27 désormais par le chef de l'État, finalement coûte un pognon de dingue à l'État sans grand résultat ?
13:33 – Roselyne Préfevre ?
13:34 – Moi ce qui me frappe en fait, c'est que depuis ce matin,
13:37 enfin depuis qu'on a commencé, c'est que la seule question qu'on se pose,
13:40 c'est "que peut faire l'État ?"
13:42 et rappelez-vous de cette phrase de Lionel Jospin qui avait répondu
13:46 "l'État ne peut pas tout".
13:48 – Ce qui ne lui avait pas beaucoup réussi d'ailleurs, Lionel Jospin, mais bon.
13:51 – Mais au moins lui il avait de la croissance à l'époque, cela dit.
13:54 Mais voilà, donc à chaque fois on se tourne vers l'État,
13:57 comme si l'État, le fameux État nana, maman pardon, nounou,
14:03 l'État qui peut tout, ou même d'ailleurs le Président,
14:08 pareil on pense toujours que c'est Saint-Louis sous son chêne qui va guérir les écrouelles.
14:14 Donc je crois que, pardon pour ce petit dégagement,
14:16 mais je pense que non l'État une fois de plus ne peut pas entrer
14:21 vraiment dans un secteur où il n'a pas la main, où c'est le marché.
14:27 Et effectivement les taux d'intérêt sont très hauts
14:30 et les gens ne veulent pas vendre parce que le prix du mètre carré est en baisse.
14:35 – Il y a quand même des secteurs où il peut intervenir l'État.
14:38 Guillaume Darré, Renaud Delis, je vous le dis.
14:40 – Je ne sais pas, construire des logements, mais le 9,
14:43 il y a une crise dans le 9 aussi, une crise dans l'ancien, mais encore plus dans le 9.
14:46 – On va en parler précisément juste après le Fil info, à 9h20, Sophie Echienne.
14:52 À Marseille, la jeune femme de 24 ans, victime d'une balle perdue chez elle,
14:56 dimanche soir, est décédée ce matin à l'hôpital.
14:59 Elle était en état de mort cérébrale, hier soir un homme,
15:02 c'est un homme qui a été tué par balle dans le 16e arrondissement de la ville.
15:06 Les étudiants, victimes de l'inflation, près de la moitié d'entre eux
15:09 ont déjà été contraints de sauter un repas, selon une étude publiée ce matin
15:12 par l'association Copains qui lutte contre la précarité étudiante.
15:16 La moitié des personnes interrogées assurent également avoir déjà renoncé
15:19 à acheter certains aliments par manque de moyens.
15:22 Au Maroc, les heures passent et les espoirs de retrouver des survivants s'appauvrissent
15:26 trois jours après le séisme dévastateur dans la région de Marrakech.
15:29 Le dernier bilan encore provisoire fait état de près de 3000 morts.
15:33 Selon l'UNICEF, près de 300 000 personnes sont désormais sans maison, dont un tiers d'enfants.
15:38 Kim Jong-un est arrivé en Russie ce matin.
15:41 Le dirigeant nord-coréen est parti de Pyongyang, hier, à bord d'un train blindé.
15:44 Il va rencontrer Vladimir Poutine dans les prochains jours
15:47 en vue d'un possible accord sur une vente d'armes à Moscou.
15:50 (Générique)
16:00 Toujours avec Guillaume Darré, journaliste au service politique de France Télévisions.
16:04 Roselyne Fèvre, chef du service politique de France 24,
16:07 avec laquelle on a un débat autour de cette table.
16:09 L'État ne peut pas tout se faire, dit Roselyne.
16:11 - Je pense qu'il faut sortir de cette logique-là permanente.
16:16 Vous parliez de krach, mais je ne crois pas qu'il y ait un krach.
16:20 On n'en est pas là. Il y a une stagnation, une interrogation sur ce marché.
16:23 Que va-t-il se passer ?
16:25 Oui, en Chine, il y a un krach de l'immobilier, mais pas en France.
16:29 - Renaud Delisle n'est pas du tout d'accord.
16:31 - Ce que disent les professionnels de l'immobilier, c'est qu'il y a une forme de gel de la situation
16:37 qui fait que vous avez soit des biens qui se vendent très rapidement,
16:41 parce que acheteurs et vendeurs ont conscience de cette situation
16:44 et donc il y a un intérêt commun qui fait que les deux parties,
16:47 de façon raisonnée et raisonnable, trouvent assez vite un point d'entente,
16:51 parce que toutes les deux ont conscience de la situation.
16:55 Soit vous avez des vendeurs qui n'ont pas perçu aujourd'hui que la situation s'était en partie dégradée.
17:02 Alors, ils ne perdront pas par rapport à il y a 10 ou 15 ans,
17:05 mais vous avez 7 ou 10 % de baisse par rapport aux estimations de l'an dernier,
17:09 même s'ils continuent de gagner de l'argent.
17:11 Et dans ces cas-là, vous avez des offres qui restent 6 mois, 1 an, 1 an et demi.
17:14 Et quand vous êtes acheteur, vous n'allez même pas les voir,
17:16 parce que vous pensez qu'il y a un problème dans le bien immobilier,
17:18 alors que c'est peut-être "un problème de prix".
17:21 Ce qu'on voit aussi, c'est qu'il y a une différence entre l'immobilier neuf,
17:24 la construction sur laquelle l'État peut avoir la main,
17:27 et l'immobilier ancien, où on est davantage dans une logique d'offres et de demandes.
17:32 Et ce qu'on perçoit, c'est qu'une nouvelle fois,
17:34 les initiatives viennent souvent du niveau local, du niveau municipal.
17:37 C'est-à-dire que la construction de logements et d'immobiliers,
17:40 c'est souvent dans un certain nombre de villes,
17:42 lié aussi parfois à une logique de repeuplement, de retrouver des habitants.
17:46 Et je vois dans le Trésor de France 2,
17:49 j'ai un de mes collègues qui a fait hier midi un sujet, par exemple en Corrèze,
17:52 où vous avez un village où le maire a décidé de mettre des terrains à 1 euro.
17:57 C'est-à-dire qu'il vend des terrains à 1 euro.
17:59 Comme les maisons à 1 euro à Roubaix dans le Nord.
18:01 Exactement, pour faciliter la construction.
18:03 Donc ça facilite évidemment la construction, ça fait revenir des habitants.
18:05 Et derrière cela, bien sûr, ça fait travailler aussi des entreprises du bâtiment.
18:08 Parce qu'au-delà de ça, au-delà de la vente de l'immobilier,
18:10 il y a bien sûr des centaines de milliers d'emplois.
18:12 Renaud Delis ?
18:13 C'est vrai, même si je pense que culturellement,
18:15 on a aussi basculé dans une autre époque d'un point de vue politique.
18:18 C'est-à-dire que là, vous évoquez à raison une zone sous-peuplée ou dépeuplée,
18:22 où il s'agit de faire revenir des habitants.
18:23 Mais globalement, on a vécu pendant des décennies, d'un point de vue politique,
18:28 avec l'idée que le fait d'être un maire bâtisseur était un atout politique
18:32 pour ce qui est des grandes villes, des villes dynamiques, etc.
18:35 Et je pense que cette idée-là s'est un peu renversée dans l'opinion
18:40 et que les maires bâtisseurs ne sont plus forcément vus
18:42 comme des maires innovateurs qui emmenaient leur ville vers des avenirs vainqueux.
18:48 Mais il y a une curiosité ?
18:49 Mais notamment, je pense qu'il y a aussi des considérations écologiques
18:53 qui entrent en ligne de compte dans le débat public,
18:55 qui font qu'aujourd'hui, toutes les thématiques autour de la question
18:58 du zéro artificialisation des sols participent aussi.
19:03 Ça ne concerne pas directement le logement,
19:05 mais participe aussi du fait que les maires bâtisseurs sont peut-être moins bien vus.
19:08 Mais au-delà de ça, indépendamment de ce basculement,
19:10 de ce changement d'époque culturelle, je pense que l'État pourrait intervenir
19:14 s'il le souhaitait.
19:15 La grande nouveauté, c'est qu'il ne le veut pas
19:17 et qu'il a énormément de leviers pour le faire.
19:18 D'abord, évidemment, sur la construction de logements neufs.
19:21 Il y a un effondrement, et c'est déjà un effondrement,
19:24 de la construction de logements neufs.
19:26 Des réservations de logements neufs qui ont chuté de 45 %.
19:28 C'est encore plus fort, d'ailleurs, pour les maisons individuelles.
19:31 13 % de logements mis en chantier en moins.
19:34 Il y a un manque criant, parce qu'avant même de soucier des propriétaires,
19:37 on peut soucier des locataires.
19:38 Il y a un manque criant aujourd'hui de logements étudiants,
19:41 parce qu'il y a de moins en moins de studios et de pièces aussi
19:44 qui sont mis en chantier.
19:46 Il y a près de 3 millions de Français qui sont en attente d'un logement social.
19:50 Et face à ça, on a un parc de logements sociaux.
19:52 On a entendu une ministre tout à l'heure, elle dit qu'il va négocier,
19:54 qu'il va discuter avec les bailleurs sociaux.
19:56 C'est bien, mais en termes… c'est utile, c'est indispensable.
19:59 Je ne suis pas sûr, certain, qu'à ce stade, le gouvernement ait pris
20:02 et mesuré toute l'ampleur de la crise de ce secteur.
20:06 Sans parler, par exemple, aussi de la remise en cause du dispositif Pinel
20:12 avantage fiscal extrêmement coûteux pour les finances de l'État.
20:15 C'est vrai, et c'est bien pour ça qu'il a décidé de le supprimer.
20:17 Sauf que ce dispositif, il contribuait largement aussi à financer
20:20 la construction de logements neufs, et de logements neufs loués à des prix…
20:24 à des loyers plutôt bas.
20:27 La construction de logements neufs, elle fonctionne pour les locations.
20:31 Là où l'État a du mal à intervenir, c'est sur le marché,
20:35 c'est-à-dire de ceux qui vendent, parce qu'ils ne veulent pas vendre
20:39 parce que le prix du mètre carré est beaucoup trop bas.
20:42 Et il n'y a pas d'acheteurs non plus.
20:44 Non, je parlais plutôt de la construction de logements neufs d'une part,
20:47 et de l'autre part, il y a la question des loyers.
20:49 La construction du neuf, elle est intéressante,
20:53 si les questions pour l'instant de location…
20:56 Mais à l'achat, ça restera le même sujet, on est d'accord ?
21:01 Oui, mais ça intéresse beaucoup de gens.
21:03 Bien sûr !
21:04 Je pense que les gens sont intéressés par la location, ça intéresse beaucoup de gens.
21:07 Oui, difficulté à louer…
21:09 Et ce qui est très nouveau, juste dans le cas présent,
21:10 c'est ce que disait exactement Véronique Bédègue, patronne de Nexitia, la semaine dernière,
21:13 c'est que non seulement le gouvernement, à l'heure qu'il est, ne fait rien,
21:16 mais surtout qu'il l'affiche,
21:17 c'est-à-dire qu'il revendique le fait de ne rien faire en disant,
21:19 en gros, c'est ce qui transpire du discours de l'exécutif depuis maintenant plusieurs mois,
21:24 en gros c'est une bulle qui est en train d'éclater,
21:26 et c'est un marché qui va s'autoréguler lui-même.
21:28 Je ne suis pas persuadé d'une part que ce soit le cas d'un point de vue économique,
21:31 mais ça, les spécialistes du secteur le diront mieux que moi,
21:34 et d'autre part, je ne suis pas persuadé que ce soit extrêmement habile
21:38 d'un point de vue politique et social.
21:41 Et puis, il y a ce que disait le ministre, juste à l'instant, pendant le 8/30,
21:43 le ministre du Logement, Patrice Vergritte,
21:45 on va beaucoup décentraliser, on va donner la main aux communes, aux intercommunalités.
21:49 Merci à tous les trois.
21:50 Roselyne Fèvre, chef du service politique de France 24,
21:52 Guillaume Darré, journaliste au service politique de France Télévisions,
21:55 Renaud, je vous dis à demain.
21:57 - Absolument, à demain, ça y est.
21:58 - Les informes sont de retour ce soir à 20h,
22:00 avec Bérangère Monte et Jean-François Aquilli.
22:03 [Musique]