30 mai 1994. Le XV de France affronte la Côte d'Ivoire pour la première fois de son histoire en Coupe du monde, comme le feront les coéquipiers d'Antoine Dupont ce jeudi face à l'Uruguay. Un type de match particulier face auquel les joueurs doivent être vigilants. Laurent Bénézech, qui a participé à cette rencontre à Rustenberg, en Afrique du Sud, fait part de son expérience. Pour lui, les Bleus ne doivent pas être trop sûrs de leur « hourra rugby » face aux Teros.
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00:00 L'équipe de France rencontre ce jeudi Luruguay pour son deuxième match de pool de cette
00:14 Coupe du Monde.
00:15 C'est la première fois qu'elle rencontre cette nation.
00:18 Je vais vous raconter mon premier match contre la Coupe d'Ivoire.
00:22 C'était le premier match de l'équipe de France contre cette nation dans une Coupe
00:26 du Monde.
00:27 Et c'était le 30 mai 1995.
00:30 Ce match était très particulier pour moi puisque je n'avais plus joué au rugby depuis
00:44 février 1995.
00:46 C'était un match du tournoi contre l'Angleterre où j'étais sorti sur KO.
00:52 Et surtout, on avait découvert après en passant des examens que j'avais un décollement
00:57 de rétine à l'oeil.
00:58 J'avais été opéré deux fois de ce décollement de rétine avec un chirurgien qui m'annonçait
01:04 que je n'allais pas pouvoir reprendre le rugby.
01:05 La première rencontre officielle de la Coupe du Monde, c'est contre les Tonga.
01:09 Pierre Berbillet décide de mettre l'équipe qui a fini le tournoi.
01:14 Je me retrouve à nouveau à attendre.
01:16 Ça devient un peu lourd et compliqué.
01:18 Et donc arrive ce match contre la Côte d'Ivoire.
01:22 Moi, ma volonté, c'est de réussir ce premier match pour pouvoir retrouver ma place et
01:28 jouer le match contre l'Ecosse derrière.
01:30 Je sais que ça peut être un match simple.
01:33 On est dans un contexte où on est au fin fond de l'Afrique du Sud.
01:37 On n'est pas sur les grands terrains de Pretoria ou de Johannesburg.
01:41 Je me rappelle d'un terrain écrasé par la chaleur.
01:45 Je ne me rappelle pas vraiment de tribunes massives qui pèseraient sur le terrain.
01:51 C'est plutôt un stade champêtre.
01:55 Il fait très chaud.
01:56 L'approche est toujours difficile parce qu'on sait que ce n'est pas un match où
02:00 il est facile de se mettre en valeur collectivement et individuellement.
02:04 On jouait en un peu plus d'une semaine trois matchs.
02:08 Il était évident que ce match contre la Côte d'Ivoire passait au second plan.
02:11 Il y avait un match beaucoup plus important qui arrivait derrière qui était l'Ecosse.
02:15 Donc la préparation sur la Côte d'Ivoire n'était pas du tout affinée.
02:21 Il y avait cette volonté d'affirmer notre jeu, de monter en puissance au niveau de ce
02:28 qu'on voulait faire sur un terrain en termes de conquête, en termes de conserver le ballon
02:34 et de mettre en difficulté la défense adverse.
02:37 Donc il n'y avait pas de préparation dédiée à l'équipe de Côte d'Ivoire parce que
02:43 de fait ce match était une étape pour rencontrer l'Ecosse.
02:48 Il y avait le Tonga quelques jours avant, la Côte d'Ivoire et ces deux matchs devaient
02:53 permettre à Pierre Berbizier de composer la meilleure équipe contre l'Ecosse et d'avoir
02:59 le système de jeu pour battre l'Ecosse.
03:07 Le début du match, comme je l'attends, ça part un peu dans tous les sens.
03:11 C'est brouillon, donc de fait on se trouve à courir beaucoup, à être de suite essoufflé,
03:16 à essayer de trouver son rythme.
03:17 Et bien évidemment, il y a des fautes, il fait chaud et on se retrouve à faire des
03:22 mêlées.
03:23 Donc c'est souvent qu'on arrive avec un temps de retard sur un en avant pour faire
03:27 une mêlée.
03:28 Super !
03:29 Sur ce type de match-là, c'est plus des remises en jeu que des vrais moments stratégiques.
03:35 Et derrière, essayer de trouver des repères pour voir où les trois quarts vont envoyer
03:40 le ballon, en espérant qu'il y ait des phases de temps de jeu avec des points de fixation
03:46 et qu'il y ait un peu de structuration dans les phases de jeu.
03:49 Ce qui bien sûr ne va pas toujours arriver.
03:51 Souvent l'en avant va précéder le point de regroupement.
03:55 On reste assez français.
03:57 On marque, mais il y a des temps forts et des temps faibles.
04:02 Il y a beaucoup de déchets dans notre jeu.
04:04 On n'est pas assez maître du jeu pour vraiment imposer comme une équipe All Blacks aurait
04:11 le faire.
04:12 Le score à la fin, il est 5-4-4, 18.
04:15 Il parle en lui-même.
04:16 C'est tout qu'à l'époque, il était à 4 points.
04:18 Déjà, il y a 18 points.
04:19 Ça veut dire que face à un adversaire qu'on maîtrise totalement, on leur a quand même
04:22 laissé pas mal l'occasion de marquer.
04:25 Ce match reste malgré tout assez brouillon.
04:29 Il ne permet pas de dégager des lignes forces telles qu'on aurait aimé l'avoir.
04:35 Ce, d'autant plus que trois jours après, on va jouer le match pour la première place
04:40 contre l'Ecosse.
04:41 Un match qui est d'autant plus important, qui doit permettre d'éviter la Nouvelle-Zélande
04:46 en quart de finale.
04:47 Je suis sûr que Fabien Galtier est suffisamment malin pour se rappeler qu'en 2019, l'équipe
04:59 du Rugby avait surpris une équipe des Fidji un peu trop sûre de son ouroir rugby.
05:04 L'équipe de France doit surtout pas tomber dans cette erreur.
05:07 Faire du jeu pour faire du jeu.
05:10 Manquer de respect à l'adversaire qui, encore une fois, sur des bases physiques, saura défendre
05:15 et saura contrer l'équipe de France.
05:17 Et si l'équipe de France est vraiment mauvaise ce jeudi, la mettre en difficulté aussi au
05:23 score.
05:24 Je ne suis pas bien évidemment dans la tête du staff, mais on peut imaginer que c'est
05:28 plus le préparateur physique qui va gérer les compositions d'équipe maintenant que
05:34 l'essentiel est assuré en ayant battu la Nouvelle-Zélande.
05:37 Donc il va y avoir sûrement une mixité d'équipes sur les deux prochaines rencontres avant de
05:42 remonter en puissance pour toute la dernière partie de la Coupe du Monde.
05:47 Donc là, on va faire jouer des joueurs qui ont besoin de temps de jeu, leur permettre
05:52 de rentrer dans la Coupe du Monde, d'être prêt si besoin, plus tard, on a besoin d'eux.
05:58 Et surtout, trouver de la cohésion avec une équipe qui aura eu peu de temps de jeu ensemble.
06:04 Le jeu des avants, la conquête va être importante.
06:07 Il ne faut surtout pas se laisser entraîner dans un faux rythme par un adversaire qui
06:12 va sûrement essayer de casser le jeu et essayer de maintenir la France dans son camp, notamment
06:17 par des joueurs au pied.
06:18 Marquer des points assez vite pour assurer la victoire et envoyer le message aux Uruguayens
06:25 qu'on leur laissera peut-être marquer un peu à la fin, mais qui se contentent de
06:31 prendre des vagues françaises pour le moment.
06:33 Et l'important, c'est de passer cette étape pour se rapprocher de ce qui va être le vrai
06:40 démarrage de la deuxième partie, qui sera le quart de finale, qui est maintenant l'objectif
06:46 de l'équipe de France.
06:46 [MUSIQUE]