Future maison d’arrêt à Ifs, effectifs policiers en baisse à Caen, préparation du 80e anniversaire du D-DAY : Stéphane Bredin, nouveau Préfet du Calvados, était notre invité France Bleu Normandie ce lundi 11 septembre pour évoquer les sujets prioritaires au moment de sa prise de fonction
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00:00 - Il est 8h16, merci de nous rejoindre sur France Bleu et France 3 Normandie.
00:05 L'invité du 6/9 ce matin, Didier Cherpin et Stéphane Brodin, le nouveau préfet du Calvados.
00:09 - Stéphane Brodin, bonjour. - Bonjour.
00:11 - Ancien préfet de l'Indre, vous avez pris vos nouvelles fonctions dans le Calvados il y a trois semaines.
00:16 La semaine dernière, vous êtes allé rencontrer des policiers.
00:18 Qu'est-ce qu'ils vous ont dit à nous ? Les syndicats de policiers nous ont dit qu'on n'est pas assez nombreux,
00:22 notamment à quand on a perdu des postes.
00:24 - Alors d'abord, je n'ai pas d'exclusives, donc je suis allé à la rencontre des personnels de la police nationale,
00:29 j'ai aussi rencontré les gendarmes du département, j'ai aussi rencontré nos sapeurs-pompiers,
00:33 je rencontrerai bientôt nos surveillants pénitentiaires.
00:36 Moi ce que je leur ai dit pour commencer, c'est un message de confiance,
00:40 parce qu'ils ont fait le choix de métiers d'engagement,
00:44 c'est les seuls fonctionnaires qui, pour assurer notre sécurité,
00:47 mettent en danger leur propre intégrité physique et quelquefois leur vie.
00:52 Et puis un message d'humilité, je suis allé à la rencontre pour justement,
00:56 si c'est le sens de votre question, pour comprendre les contraintes de leur métier
00:59 dans un département comme le nôtre.
01:01 Alors ils nous ont évoqué notamment... - Ils ont perdu des postes.
01:04 - Voilà, enfin, il y a eu des départs, donc ça c'est normal, c'est la respiration naturelle,
01:09 il y a eu des arrivées aussi sur le département, sur l'ensemble du département,
01:13 au sens Côte-Fleury, Lisieux, et Caen.
01:17 On a créé sept emplois cette année, entre le 1er septembre 2022 et le 1er septembre 2023,
01:21 et l'effort qu'on doit faire dans les mois qui viennent maintenant,
01:23 c'est de rééquilibrer ces créations de postes,
01:25 et effectivement, sur Caen, on n'a pas créé assez de postes,
01:30 et donc il faut rééquilibrer l'effort au profit de l'agglomération canesse.
01:34 - Et donc, des personnels possiblement fatigués,
01:37 qui parfois souffrent aussi d'un manque de matériel,
01:39 au moment des Gilets jaunes, ils nous disaient,
01:41 on nous demande de faire du maintien de l'ordre, on n'est pas équipés.
01:43 - Oui, alors les Gilets jaunes, il ne vous a pas échappé que c'était il y a trois ans,
01:45 depuis il y a eu un effort considérable de modernisation du matériel,
01:50 des nouveaux véhicules, les matériels, l'équipement, à proprement parler, des policiers.
01:55 Il y a eu six mois très éprouvants en début d'année,
01:58 pour assurer la sécurité des manifestations.
02:02 Puis les émeutes qui ont montré que les équipements, entre temps, s'étaient améliorés,
02:06 il n'y a pas eu les mêmes plaintes qu'il y a trois ans,
02:11 et donc là aussi, j'ai réuni les syndicats il y a quelques jours,
02:15 dans une autre formation, et on a évoqué toutes ces questions.
02:18 À la fois les conditions matérielles de travail dans nos commissariats du Calvados,
02:23 les conditions d'équipement, et on a essayé de leur montrer
02:26 tous les efforts qu'on continuait à faire, y compris dans le courant de l'année 2024,
02:30 pour continuer à améliorer leur fonction de travail.
02:32 - En tout cas, vous reconnaissez qu'il va falloir essayer de renforcer les effectifs ce matin.
02:36 Stéphane Brodin, vous avez été directeur de l'administration pénitentiaire
02:40 pendant quatre ans, 2017-2021.
02:42 Le hasard de votre arrivée dans le Calvados fait qu'on s'apprête à inaugurer enfin la maison d'arrêt à Yves.
02:47 Tout d'abord, on sait quand est-ce qu'elle sera officiellement inaugurée ?
02:50 - Alors, le transfert des détenus de la vieille maison d'arrêt de Caen
02:56 se fera d'ici la fin de l'année, donc en novembre ou en décembre.
03:00 Qu'est-ce qui va décider de la date précise ?
03:03 On s'est fait remettre les clés du nouveau centre pénitentiaire le 8 août dernier,
03:09 et donc il y a toute une phase maintenant de préparation de l'arrivée des détenus,
03:13 et de la prise en main de l'établissement par les personnels.
03:15 Il y a 130 agents à la maison d'arrêt de Caen,
03:18 il y en a 330 dans le futur établissement pénitentiaire,
03:20 et aucun ne connaît la structure.
03:22 C'est un chantier très complexe, la construction d'une prison.
03:26 Vous avez vu qu'entre le moment où, comme directeur de la pénitentiaire,
03:29 j'ai décidé de la création d'une prison à Caen et son inauguration,
03:32 il s'est passé six ans et demi.
03:34 C'est ça le temps de la pénitentiaire.
03:36 Et comme c'est un chantier très complexe,
03:38 il y a ce qu'on appelle les levées de réserve,
03:40 et ça prend quatre, cinq, six mois dans un établissement pénitentiaire.
03:43 Le but, c'est que l'établissement ouvre dans les meilleures conditions,
03:46 et avec des agents formés qui savent se servir de l'établissement.
03:50 - Est-ce qu'on peut dire qu'il y a quand même une forme d'impatience, d'urgence,
03:53 parce que l'actuelle maison d'arrêt, construite en 1904,
03:56 surpopulation chronique, je ne sais pas combien on en est,
03:58 au-delà des 100% c'est sûr.
04:00 - On est à plus de 140% au niveau national,
04:02 ce qui veut dire que dans un établissement comme la maison d'arrêt de Caen,
04:05 pour une capacité théorique de 269 places,
04:07 vous avez plus de 400 détenus,
04:09 et au plus haut, à une certaine époque,
04:12 - Donc des détenus qui dorment par terre,
04:14 sur des matelas, et des agents pénitentiaires qui doivent composer avec tout ça.
04:17 - C'est ça qu'il faut bien avoir à l'esprit, vous avez raison,
04:19 c'est que la surpopulation, c'est des conditions de détention
04:22 qui ne sont pas dignes, et c'est aussi des conditions de travail
04:25 pour les personnels pénitentiaires au sens large,
04:27 les surveillants au premier chef, qui ne sont pas acceptables.
04:29 Donc, la création d'un nouveau centre pénitentiaire,
04:32 passé de quasiment 300 places aujourd'hui,
04:34 à demain, quasiment 700 places de prison,
04:37 - Dans la nouvelle maison d'arrêt.
04:38 - Voilà, c'est améliorer les conditions de travail,
04:40 c'est améliorer les conditions de détention,
04:42 et c'est permettre aussi la mise en oeuvre
04:44 d'une nouvelle politique des peines dans notre département.
04:47 - Il faut réfléchir à cette politique des peines,
04:49 on bat régulièrement des records de surpopulation carcérale,
04:54 73 000 détenus, c'était le dernier chiffre,
04:57 au printemps, on en prisonne 3 en France.
04:59 - Alors, vous dites "il faut réfléchir à cette nouvelle politique des peines",
05:02 c'est tout le sens de la loi de 2019.
05:05 - 2019, mais en 2023, on bat des records quand même.
05:07 - Oui, et parce que, j'ai dit tout à l'heure,
05:09 où à l'instant, le temps de la pénitentiaire est un temps long,
05:12 une des conditions de mise en oeuvre d'une nouvelle politique des peines,
05:15 c'est aussi d'avoir des outils pour le faire.
05:17 Dans un département comme le Calvados,
05:20 quand vous êtes à 140-150% de surpopulation,
05:22 c'est illusoire de refonder la politique des peines,
05:26 avec les capacités qu'on aura dans 2-3 mois sur le département,
05:30 avec les créations d'emplois de magistrats,
05:32 qu'a annoncé le garde des Sceaux il n'y a qu'un jour,
05:36 rien que sur Caen, c'est 2 magistrats au parquet de plus,
05:40 et 1 parquetier de plus à Caen.
05:42 - Mais en quoi on emprisonnerait moins, avec davantage de magistrats ?
05:44 - Non. On peut mettre en place,
05:46 on peut avoir plus d'ambition en termes de politique des peines,
05:49 parce que... - Des aménagements de peines ?
05:51 - On aura des places de semi-libertés sur Caen,
05:54 on aura une structure d'accompagnement vers la sortie,
05:56 c'est-à-dire mettre en place des parcours de peines plus individualisés,
06:00 on aura au sein de la future maison d'arrêt,
06:02 ce qu'on appelle un quartier de responsabilité,
06:04 donc un régime de détention qui est fondé sur la confiance qu'on fait aux détenus,
06:09 en contrepartie des devoirs qu'on leur impose,
06:12 et notamment de s'impliquer dans leur parcours de peines.
06:14 Tout ça dans la maison d'arrêt actuelle, ce n'est pas possible.
06:16 Et ça doit inciter aussi en amont la juridiction à prononcer d'autres peines,
06:20 par exemple, pour avoir des détenus en semi-liberté,
06:22 il faut condamner des détenus à des peines de semi-liberté.
06:25 - Et donc pas systématiquement y aller vers la détention.
06:28 Toute dernière question, Stéphane Brodin, nouveau professeur du Calvados,
06:31 bientôt le 80e anniversaire du débarquement,
06:33 beaucoup en Normandie voudraient savoir où aura lieu la cérémonie internationale.
06:37 Vous êtes dans ce cas-là, vous avez besoin de savoir, vous aussi, pour vous organiser ?
06:40 - Alors, nous le saurons bientôt, puisque la décision sera annoncée dans quelques semaines.
06:45 On se focalise naturellement sur la grande cérémonie internationale.
06:50 Il ne faut pas oublier qu'il y a 25 sites de commémoration,
06:56 et c'est ça qui en fait un vrai événement populaire.
07:01 800 000 visiteurs, 30 000 invités, 110 manifestations en marge de ces commémorations.
07:07 Il y a cette question que tout le monde se pose,
07:09 il y a aussi dans l'anticipation qui est la nôtre depuis plusieurs mois, qu'on prépare tout le reste.
07:13 - Bien sûr, et donc une fois qu'on saura ça, on saura quand même un petit peu mieux qu'on serait autour.
07:17 - On y verra un peu plus clair.
07:19 - Stéphane Brodin, nouveau professeur du Calvados,
07:21 depuis trois semaines invité France Bleu, France 3 ce matin.
07:23 Merci, bonne journée.
07:24 Merci à vous.
07:25 Merci.
07:26 Notre invité à retrouver bien sûr en podcast sur francebleu.fr