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Chaque jour dans Culture Médias, deux invités débattent autour d'un sujet médiatique.
Retrouvez "La Question du jour" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-question-du-jour

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00:00 Culture Média sur Europe 1 avec Thomas Hill, avec Elisabeth Quint et la question média du jour, Thomas.
00:05 Le déluge continue de s'abattre sur la Grèce, la Bulgarie et la Turquie.
00:10 En Espagne, le bilan des inondations s'est alourdi. Trois morts et trois disparus après des pluies torrentielles
00:16 qui se sont abattues sur un pays où la terre est pourtant de plus en plus sèche.
00:21 Une vague de chaleur exceptionnelle s'installe sur la France avec de nouveaux records attendus de températures près de 40 degrés aujourd'hui dans l'ouest.
00:28 La Grèce submergée par des inondations d'une ampleur historique, par endroit il a plu davantage qu'en un an et demi.
00:35 Tout l'été et encore ces derniers jours avec les très fortes chaleurs, le dérèglement
00:39 climatique a occupé un peu plus de place que d'habitude dans les médias. Mais faut-il forcément des situations extrêmes pour qu'on parle de ces sujets ?
00:46 Comment avoir le ton juste ? Comment parler du dérèglement climatique sans faire fuir les téléspectateurs ? C'est la
00:51 question média du jour et pour y répondre nous sommes avec Paloma Moritz. Bonjour, bienvenue Paloma. Vous êtes journaliste chez Blast,
00:58 spécialisée sur la question du dérèglement climatique.
01:00 Chloé Nabédian est également en ligne avec nous. Bonjour Chloé. Bonjour. Journaliste spécialisée en météorologie et climat et coincée
01:08 dans les embouteillages ce matin. Preuve que là aussi il va falloir qu'on change nos modes de transport peut-être.
01:14 Oui, alors là je venais exprès de Normandie pour vous quand même Thomas.
01:17 Je sais, je sais, c'est dommage mais c'est pas grave.
01:19 La liaison est très très bonne et puis Elisabeth Quint est gentiment restée avec nous pour parler de ces sujets.
01:24 Je vais commencer d'ailleurs avec vous Chloé. Vous avez présenté la météo sur France Télé pendant dix ans et lors de votre dernière météo vous avez dit
01:32 partir pour développer d'autres projets autour du climat. Est-ce que c'est parce que ça n'était plus possible ou pas possible sur le service public ?
01:39 Si bien sûr c'est possible sur le service public et d'ailleurs on va lancer une nouvelle émission sur France 5 l'année prochaine qui s'appelle
01:46 "Les sentinelles du climat".
01:47 Dans cette idée de ce que j'ai dit c'était plutôt le fait de vouloir aborder ce sujet sur tous les supports possibles
01:53 et quand on est en CDI sur le service public c'est plus compliqué de développer des choses en presse écrite par exemple sur des podcasts
02:00 pour les plateformes et de produire des choses pour d'autres médias et donc c'est cette liberté là que j'ai voulu reprendre.
02:05 Oui et plus de liberté.
02:07 Paloma Moritz vous êtes très régulièrement invitée sur des plateaux pour traiter des sujets liés aux dérèglement climatique.
02:14 Est-ce que vous avez vu une évolution ces dernières années dans la manière dont les sujets sont traités ?
02:19 Alors les choses ont évolué heureusement mais c'est ce que vous disiez c'est à dire qu'elles ont évolué aussi du fait que la situation
02:24 est de plus en plus catastrophique et la réalité de l'extinction de la biodiversité
02:27 du dérèglement climatique sont de plus en plus tangibles.
02:31 Maintenant on en parle de plus en plus, on en parle de moins en moins mal en quelque sorte.
02:36 Je pense pas qu'on est encore vraiment au mieux.
02:38 C'est à dire que moi ça m'arrive encore quand je suis sur des plateaux télé qu'on me demande si c'est vraiment sûr
02:42 que le dérèglement climatique est d'origine humaine.
02:45 Je rappelle ici que les experts scientifiques du groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat disent qu'on est sûr à 100%.
02:54 Alors qu'aujourd'hui en plus on a une montée du climato-scepticisme en France donc c'est très important de le rappeler.
02:58 Où on va mettre par exemple sur le même niveau la responsabilité des individus et la responsabilité des entreprises et de l'état.
03:05 Ce qui n'est absolument pas en fait du même ordre de grandeur.
03:09 Et il faut arrêter de trop culpabiliser les citoyens en disant qu'ils peuvent tout faire.
03:12 Parce qu'en fait ils ont des marges de manœuvre qui sont limitées, ils vivent dans une société donnée.
03:16 Et c'est à l'état et aux entreprises de changer l'aiguillage de notre société.
03:19 Ce qu'il faut aujourd'hui c'est une révolution.
03:21 Et je trouve qu'en fait on ne parle pas assez de cette révolution à la fois dans les esprits, à la fois dans l'économie, à la fois dans la politique, dans les médias.
03:28 En fait on est encore un peu trop au stade du constat.
03:31 Et nous il y a un an avec un collectif de journalistes on a sorti une charte pour un journalisme à la hauteur de l'urgence écologique.
03:37 Qui a été signée par 1500 journalistes, par des dizaines de rédactions.
03:42 Et qui est une sorte de boussole en fait pour guider justement les journalistes qui ont envie de traiter mieux ces questions là.
03:46 Mais on voit bien qu'il y a encore plein de réticences.
03:49 Et notamment, enfin moi je ne suis pas forcément très à l'aise d'en parler aujourd'hui sur Europe 1.
03:53 Parce que pour moi Europe 1 n'est pas du tout un média qui est à la hauteur sur ces questions.
03:57 J'ai regardé votre site internet, vous n'avez même pas de rubrique planète ou écologie ou environnement.
04:03 Il n'y a plus de chronique environnement depuis 2021.
04:05 Et il n'y a pas d'émission spécifique comme il peut y en avoir sur d'autres radios.
04:08 Et ça en fait c'est grave en 2023.
04:10 Parce que je pense qu'il y a énormément de gens qui ont peur de ce qui est en train de se passer.
04:12 Et qui ont besoin de comprendre véritablement.
04:14 - C'est aussi pour ça qu'on vous donne la parole ce matin.
04:17 Elisabeth Kers sur Arte, vous traitez très régulièrement le sujet de la crise climatique.
04:21 Est-ce que ce sont des sujets porteurs ? Est-ce que ça marche ?
04:25 - Vous voulez dire en termes d'audience ?
04:26 - Est-ce que les gens suivent ça ?
04:28 - Vous savez quoi ?
04:28 - Parce qu'on a tendance à se dire les gens vont fuir parce qu'on parle de ça.
04:31 D'abord je pense que les gens regardent.
04:34 Et de toute façon ça n'est pas l'audience qui nous guide.
04:36 Si l'audience nous guidait, il y a beaucoup de choses qu'on ne ferait pas.
04:39 Il y a beaucoup d'invités qu'on ne ferait pas venir.
04:41 Donc ça n'est pas le problème.
04:43 Le problème est que depuis 12 ans...
04:45 Moi je me souviens il y a 11 ans on a reçu un glaciologue qui s'appelle Claude Laurius.
04:50 Qui est un éminent glaciologue et qui venait nous parler de ces carottes glaciaires.
04:54 A l'époque personne n'en parlait.
04:55 Enfin peu de gens en parlaient à part les gens du GIEC et les spécialistes.
04:58 Les carottes glaciaires grâce auxquelles on pouvait constater qu'effectivement
05:01 les fragments de pollution étaient détectables à des profondeurs absolument inédites.
05:08 Donc c'est quelque chose qui est inscrit dans l'histoire de l'émission.
05:12 Nous organisons des débats avec non seulement des experts mais aussi,
05:15 et ça rejoint ce que vous dites, des gens qui vivent l'ébullition climatique
05:19 comme dirait Antenio Gutiérrez, le secrétaire général de l'ONU.
05:23 Qui vivent cette ébullition climatique dans laquelle on se trouve, cette catastrophe climatique.
05:27 Et qui essayent eux d'apporter à leur échelle, locale ou un peu plus que locale, des solutions.
05:31 Donc c'est à la fois des discussions intellectuelles, scientifiques et concrètes.
05:35 Et la convergence des trois nous semble extrêmement importante depuis le début de l'émission.
05:40 Mais alors les téléspectateurs qu'est-ce qu'ils en pensent ?
05:43 Est-ce qu'on en parle trop ou pas assez ?
05:44 Alexandre Romard est allé leur poser la question dans la rue. A tout de suite.
05:47 Europe 1.
05:48 Culture Média sur Europe 1.
05:50 Thomas Hill, votre invité Elisabeth Quint et la question Média du jour.
05:53 Oui, avec les journalistes Chloé Nabédian et Paloma Moritz qui sont avec nous ce matin.
05:57 Et je le disais avant la pause, nous sommes allés interroger les téléspectateurs dans la rue.
06:01 Est-ce qu'ils trouvent qu'on parle assez d'écologie à la télé ?
06:04 Voici un condensé de leurs réponses.
06:05 À part dire qu'il fait chaud, on ne parle pas assez de tout ce qui va se passer.
06:09 Et puis des mesures qu'il faudrait prendre rapidement.
06:12 Oui, il y a des choses qui sont absolument... dont il faut parler.
06:16 Mais je trouve qu'ils en font un peu trop.
06:18 Qu'on en parle avec des actions concrètes.
06:21 C'est-à-dire qu'on voit vraiment des statistiques et des actions qui ont été faites.
06:26 Et on voit une amélioration aussi de l'écologie.
06:29 On en parle, on en parle pas mal.
06:31 C'est pas anxiogène du tout à mon sens.
06:33 En fait, il faudrait presque en parler plus.
06:35 Je pense qu'il faut en parler beaucoup pour que les gens commencent un peu à y penser.
06:39 On en parle énormément tous les jours.
06:41 Mais finalement, les actions sont minimes par rapport à la communication qu'on peut en faire aujourd'hui.
06:45 Il y a beaucoup de choses qui sont faites.
06:47 On n'en parle pas suffisamment, c'est évident.
06:49 En fait, je crois que dans les médias, ce qui est important, c'est les images.
06:52 Très concrètement, on peut voir des avant-après qui sont assez significatifs.
06:56 Et je crois que c'est ce qui marquerait le plus.
06:58 Parce que parler, c'est bien.
07:00 Mais de se rendre compte concrètement, quand on voit qu'il y a des glaciers qui ont pratiquement disparu.
07:04 Là, c'est concret et ça parle.
07:06 C'est très contradictoire, toutes les réactions qu'on vient d'entendre.
07:10 C'est compliqué de trouver le ton juste, Paloma Moritz.
07:13 Pour certains, c'est déjà trop.
07:15 Alors que pour vous, c'est loin d'être assez.
07:17 En fait, c'est tout le problème.
07:18 C'est aussi que si on fait juste une espèce de panoplie de tous les événements climatiques extrêmes
07:23 qu'il y a eu pendant l'été, sans expliquer à quoi ils sont dus,
07:25 sans expliquer à quel point le dérèglement climatique a joué un rôle là-dedans.
07:30 Et par exemple, on sait maintenant que les canicules sont rendues 5 fois plus probables
07:33 par le réchauffement climatique aujourd'hui.
07:35 Donc de donner des ordres de grandeur et après de dire aussi
07:37 "mais comment on va adapter notre société à toutes ces catastrophes qui s'accumulent ?"
07:40 Et en France, on a encore quand même des marges de manœuvre pour s'adapter,
07:43 même si on fait partie des pays qui sont en fait les plus exposés aux risques climatiques.
07:46 Mais par exemple, en Iran, le pays a été en arrêt pendant deux jours cet été
07:50 à cause des chaleurs parce qu'il faisait plus de 50 degrés.
07:52 Donc en fait, tout ce qui était un peu de l'ordre de la science-fiction
07:54 est en train d'arriver aujourd'hui.
07:56 Même les scientifiques eux-mêmes en sont étonnés.
07:58 Et donc il y a une nécessité, enfin, en tant que journaliste,
08:00 moi c'est ce que j'essaie de faire,
08:01 à la fois de donner les ordres de grandeur, de faire comprendre ce qu'il se passe,
08:04 mais aussi d'aller dans la complexité et donc de parier sur l'intelligence des citoyennes et des citoyens,
08:09 de les respecter, justement en faisant confiance en leur capacité à comprendre ce qui est en train de se passer
08:14 et aussi peut-être à agir.
08:15 Et c'est l'une des raisons pour lesquelles moi je fais aussi bien des vidéos de décryptage
08:18 que des grands entretiens avec des experts, des expertes qui sont vraiment basés sur les solutions.
08:22 Comment on s'adapte au manque d'eau, comment on s'adapte à ce qui est en train de se passer, etc.
08:25 - Elizabeth ? - Je souscris à tout ce que vous dites, Paloma,
08:28 énormément de pédagogie et en même temps,
08:31 je repense à un philosophe que vous connaissez, Baptiste Morisot,
08:34 qui est un philosophe du vivant, et en même temps,
08:36 régulièrement faire venir des gens qui réémerveillent par rapport au vivant.
08:42 On parle énormément du dérèglement climatique et des phénomènes climatiques,
08:46 il faut aussi parler de l'extinction de la biodiversité.
08:49 Il faut qu'on prenne... - Parce que les deux sont liés.
08:51 - Parce que les deux sont liés et sont corrélés. - Ils se nourrissent.
08:53 - Et il faut absolument, nous faisons ça, nous avons à cœur de faire ça,
08:56 faire venir des gens qui redonnent ce sentiment d'émerveillement
09:00 face à un oiseau, à un brin d'herbe, au vivant.
09:02 Pour qu'il y ait cet instinct absolument viscéral de protéger,
09:06 quel que soit l'âge des gens.
09:08 Les deux doivent marcher main dans la main.
09:10 - C'est ce que vous essayez de faire aussi, Chloé Nabédian,
09:12 dans votre magazine, notamment, intitulé "A la vie, à la terre",
09:15 sur TV5MONDE, où vous partez à la rencontre d'habitants
09:17 d'un pays qui sont touchés par des règlements climatiques.
09:20 Et c'est vrai que ça rejoint ce que dit Elisabeth Kain aussi,
09:23 c'est essayer de rendre aussi les choses un peu belles, positives,
09:27 et réenchanter aussi le regard qu'on peut porter sur la nature.
09:31 - Oui, c'est tout à fait ça.
09:32 Le but de l'émission, c'est d'aller dans les pays
09:34 et les endroits les plus beaux de la Terre, justement,
09:36 pour cette partie émerveillement,
09:38 et puis aller rencontrer les gens qui subissent le changement climatique,
09:40 mais surtout qui trouvent des solutions pour s'adapter.
09:42 Et c'est là où je rejoins totalement Paloma sur ce qu'elle disait,
09:46 c'est qu'aujourd'hui, on ne parle beaucoup que du constat,
09:48 pas assez de l'adaptation et des solutions qui existent.
09:51 On est toujours sur les petits gestes au quotidien,
09:53 comme si le citoyen était responsable de ce qui se passe,
09:56 et que c'est lui qui pourrait tout changer,
09:58 alors qu'en fait, la réalité, c'est que le ratio est de 70/30,
10:00 et c'est vraiment les politiques, les industries,
10:02 qui doivent profondément changer pour pouvoir apporter cette révolution.
10:07 Mais ça, il faut donner les clés de compréhension,
10:09 il faut montrer aussi ce qu'ils pourraient mettre en place,
10:11 et ce que ça pourrait provoquer comme conséquence positive,
10:13 parce qu'on parle aussi toujours de ce que ça va nous enlever,
10:16 d'être dans la transition écologique,
10:18 mais pas assez de ce que ça va nous apporter.
10:20 Et ça va nous apporter beaucoup,
10:21 parce qu'aujourd'hui, le changement climatique nous enlève déjà énormément de choses.
10:24 On peut difficilement supporter aujourd'hui des canicules,
10:28 parce que les logements ne sont pas assez...
10:30 ne nous protègent pas assez par rapport à ces chaleurs,
10:32 on ne mange pas forcément une nourriture qui est saine pour notre corps.
10:35 Il y a même des gens aujourd'hui, avec la nourriture et le prix notamment,
10:38 par exemple, de plein de produits qui ont explosé,
10:40 qui ne peuvent pas manger correctement.
10:42 Donc cette transition écologique va de nouveau apporter
10:44 beaucoup plus de justice sociale aussi dans l'ensemble.
10:48 Merci beaucoup d'être venue nous en parler ce matin,
10:50 Chloé Nabédian, Paloma Moritz également,
10:52 on peut retrouver sur le Média Blast,
10:54 et puis Elisabeth Quint, merci mille fois d'avoir été avec nous ce matin,
10:58 pour ce soir, 20h05,
11:00 pour 28 minutes qui durent 45, on le rappelle.
11:02 C'est du lundi au samedi sur Arte.
11:05 Merci Elisabeth.
11:06 Culture Média continue après les infos de 10h, Thomas.
11:09 Et on sera avec la star de toutes les rentrées littéraires,
11:11 Amélie Nothomb, et on a quelques petites surprises pour elle, vous verrez.
11:15 Tous les après-midi, vous pouvez jouer et tenter de décrocher le jackpot
11:18 avec Sophie Davant, depuis le 28 août déjà 4 jackpots sont tombés.
11:21 Alors pour tenter votre chance et jouer avec Sophie et les copains,
11:24 vous pouvez vous inscrire dès maintenant en envoyant
11:26 SOPHIE au 7 39 21 par SMS, 3 fois 75 centimes plus coût d'un SMS.
11:30 Bonne chance !

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