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00:00 Rencontre au FEB avec Pascal Lemelinier de Switch Energy.
00:11 Bonjour Pascal Lemelinier.
00:13 Bonjour.
00:14 Il semblerait que Lemelinier veuille dire Meunier.
00:17 Le Meunier en breton, Miller en anglais.
00:19 Mais vous ne faites pas de pharnie du tout.
00:20 Switch Energy on a bien compris.
00:22 On va découvrir avec vous le cœur de votre entreprise,
00:24 ce que vous êtes venu chercher au FEB, si vous l'avez trouvé.
00:27 Et à la fin de cet entretien, des questions sur le breton amoureux de sa Bretagne que vous êtes.
00:31 D'accord.
00:32 On verra.
00:33 Alors la première des choses, Switch on sait bien que c'est échanger en anglais.
00:37 Energy c'est facile à traduire.
00:39 Quelle est l'autre énergie que vous proposez ?
00:42 Alors nous on développe une technologie pour exploiter ce qu'on appelle l'énergie osmotique.
00:47 Osmotique.
00:48 Alors ce n'est pas très connu.
00:49 Non, en tout cas pas moi.
00:51 L'énergie osmotique c'est l'énergie qui se libère naturellement
00:54 quand une eau salée rencontre une eau douce.
00:59 D'accord.
01:01 En fait, si vous voulez, il faut beaucoup d'énergie pour séparer le sel de l'eau.
01:05 C'est le principe du dessalement.
01:07 Oui.
01:08 Mais inversement, quand vous remélangez de l'eau salée dans de l'eau douce,
01:13 vous libérez de l'énergie qui est un phénomène osmotique.
01:18 C'est-à-dire un peu comme la pression osmotique si vous voulez.
01:21 Oui, oui, je vois très bien.
01:22 C'est un phénomène osmotique et l'idée c'est de capter cette énergie
01:25 et de la valoriser sous forme électrique.
01:28 Alors c'est une énergie qui est très répandue sur la planète.
01:32 C'est des océanographes qui étudient ces phénomènes,
01:37 qui font des calculs astronomiques parce qu'ils arrivent à, si vous voulez,
01:42 à une libération d'énergie qui correspond à la consommation mondiale d'électricité.
01:47 Donc c'est absolument gigantesque.
01:49 Bien évidemment, tout ça n'est pas exploitable.
01:52 Vraiment, une seule portion est techniquement réalisable,
01:56 mais elle peut peser, elle peut contribuer de manière significative à la transition écologique.
02:02 Alors comment vous avez réussi à ce résultat-là ?
02:05 Vous êtes chercheur de base ?
02:07 Non, non, non, je suis entrepreneur.
02:09 Mais si vous voulez, dans les énergies renouvelables,
02:11 en fait, vous pouvez tourner un peu ça dans tous les sens,
02:14 mais je revenais toujours aux fondamentaux qui sont l'eau, le vent et le soleil.
02:19 Donc le vent, le soleil, on sait l'exploiter.
02:23 L'eau, on sait l'exploiter, c'est l'hydroélectricité, le cycle de l'eau.
02:26 C'est d'ailleurs la plus grande production électrique renouvelable.
02:31 L'hydroélectricité, à l'échelle mondiale, c'est 12% de la production électrique mondiale.
02:37 Donc en gros, dans la marge, on peut exercer, on peut mieux faire.
02:39 L'éolien et le photovoltaïque, c'est plutôt de l'ordre de 3%.
02:43 De manière générale, l'eau est une manière de produire de l'électricité massive et complètement décarbonée.
02:50 En fait, dans le cycle de l'eau, ce qui se passe, c'est que tout d'abord,
02:53 tout ça, c'est des énergies qui viennent du soleil, en fait.
02:57 Il faut savoir que le soleil, c'est le grand provoyeur d'énergie sur la planète.
03:00 Ça va, on n'en manque pas.
03:01 Donc globalement, on devrait bien s'en sortir.
03:03 Aujourd'hui, à Saint-Malo, on n'en manque pas.
03:04 Au moment où on fait ce rendez-vous, là, on a tous 30 degrés sous le pavillon.
03:08 C'est du vent large, là.
03:11 Le principe, donc, le soleil bombarde de ses rayons les océans.
03:16 L'eau s'évapore, monte en altitude, reprécipite dans la montagne.
03:21 Oui, c'est ce qu'on a tous appris à l'école.
03:22 Ce que vous avez tous appris à l'école, c'est le cycle de l'eau.
03:25 Ce qu'il faut savoir, c'est que l'eau qui s'élève,
03:28 elle est passée du niveau de la mer à quelques centaines,
03:31 voire quelques milliers d'altitude en montagne.
03:34 Vous avez tous transporté de l'eau dans un escalier.
03:37 Vous savez que ce n'est pas gratuit.
03:39 Ça coûte de l'énergie.
03:41 Cette énergie qui permet d'élever l'eau, c'est le soleil qui l'apporte.
03:46 Ce qui est sympa avec le soleil, c'est qu'il n'a pas de service de facturation.
03:50 Il vous le fait gratuitement.
03:52 C'est quand même très intéressant.
03:54 L'hydroélectricité utilise cette eau en altitude pour, lors de la descente,
04:00 engager des turbines dans un barrage et faire de l'électricité.
04:03 Mais à l'origine, c'est quand même une énergie solaire.
04:06 Quand il ne fait plus le soleil, il n'y a plus d'eau en altitude.
04:09 Le cycle de l'eau s'arrête.
04:11 Je vois. En effet, ça paraît logique.
04:13 À quel moment vous intervenez ?
04:15 Ce qu'on a oublié, c'est qu'il y a un deuxième effet qui se coule dans le processus.
04:19 C'est que l'eau, quand elle est dans les océans, elle est salée.
04:22 Quand elle arrive en montagne, elle est douce.
04:24 Parce que l'évaporation est un phénomène de dessalement.
04:27 Et évidemment, comme je l'ai dit tout à l'heure,
04:29 il faut beaucoup d'énergie pour séparer le sel de l'eau.
04:32 Cette énergie, une fois de plus, est apportée par le soleil.
04:35 Et une fois de plus, gratuitement. Merci, Dieu soleil.
04:38 Et donc, on a une eau douce.
04:43 En fait, quand l'eau douce redescend la rivière et arrive dans l'estuaire
04:46 et se recombine dans l'eau salée,
04:48 elle libère une partie de cette énergie qui a été apportée par le soleil.
04:52 Ah bon ? Donc elle a conservé en elle l'énergie ?
04:54 Voilà. Elle se libère d'une manière quasi invisible.
04:58 C'est très anthropique.
05:00 Il y a un poil de réchauffement des eaux dans les estuaires.
05:03 Assez indicible, vu les masses d'eau engagées et la température de l'eau.
05:07 Donc vous ne le discernez pas vraiment, mais il y a une libération d'énergie.
05:12 Donc l'idée, c'est que cette énergie est là depuis que l'eau existe sur la planète.
05:16 Elle n'est pas exploitée.
05:18 Il y a eu des tentatives dans les 20 et 30 dernières années pour l'exploiter.
05:23 Avec des technologies qui étaient intéressantes,
05:26 mais qui, globalement, ne passaient pas la barrière économique.
05:29 Un peu trop chères à exploiter.
05:31 Donc pour exploiter cette énergie, il fallait une rupture technologique.
05:36 Et nous, cette rupture technologique, on l'a trouvée auprès d'un professeur français.
05:41 Breton ?
05:42 Alors non, ch'ti !
05:44 Bon, c'est pas grave, c'est des cousins.
05:46 Il s'appelle Lideric Boquet, qui est un professeur à l'École Normale Supérieure de Paris,
05:50 qui a une chaire au Collège de France, qui est vraiment un professeur top niveau en France.
05:55 Lideric travaille dans ce qu'on appelle la nano-fluidique.
05:58 C'est-à-dire qu'il regarde les écoulements à l'échelle nanométrique.
06:01 Nanométrique, c'est-à-dire vraiment très très profond.
06:03 Voilà, donc c'est, si vous voulez, au confluent de la mécanique des fluides et de la nanotechnologie.
06:08 Alors évidemment, ça va être peut-être un peu plus compliqué d'aller plus loin dans cette entrevue,
06:12 mais j'avais envie quand même qu'on comprenne ce que vous aviez mis au point.
06:16 Avec Switch Energy, on commence à mieux comprendre.
06:18 Voilà, et donc Lideric a apporté cette brique technologique, que je ne vais pas expliquer ici.
06:23 On n'a pas le niveau scolaire, tous, pour suivre.
06:25 Enfin, peut-être ceux qui nous regardent, mais...
06:27 Ce qui est intéressant, c'est que c'est un bel exemple de la performance
06:32 et de la qualité de la recherche fondamentale publique française.
06:36 Et donc, nous, notre travail a été de récupérer les travaux de Lideric
06:41 et de concevoir avec Lideric une version, je dirais, industrielle de sa découverte.
06:48 Oui, forcément.
06:49 Quand je dis ça, c'est rapide, mais ça nous a pris quatre ans.
06:52 Avouez quand même que c'est assez drôle.
06:54 Vous vous appelez Pascal Lemelinère, on sait que les meuniers ont toujours utilisé l'eau ou l'air
07:00 pour pouvoir entraîner la roue.
07:03 Non, mais vous voyez, il n'y a pas de hasard.
07:06 Vous aviez un nom prédestiné pour utiliser une énergie qui fasse bouger les choses.
07:09 Oui, alors, et en plus, pour l'anecdote, ce que je vais vous dire est une pure vérité.
07:14 Un des sujets avec Lideric était de changer le matériau qu'il utilisait,
07:19 parce qu'il utilisait un matériau exotique qui coûte des milliards au mètre carré.
07:23 Donc, il nous fallait trouver un matériau de substitution.
07:26 On aurait pu passer 30 ans à faire un 360 sur tous les matériaux de la planète.
07:33 Et on a eu une chance incroyable, c'est que quand on lui a demandé de nous expliquer les vertus de son matériau,
07:41 et bien, figurez-vous que ça nous a fait penser aux antifouling de bateau,
07:45 parce que nous, bons marins qui avons gratté les antifouling sur les coques.
07:49 Et en fait, cette piste nous a dirigé vers des matériaux industriels qui ont marché du premier coup.
07:57 Et ça a été une chance incroyable. On a gagné un temps fou avec juste cette intuition des antifouling de bateau,
08:05 comme quoi la vie parfois se joue à peu près.
08:07 Vous avez bien fait de suer sang et eau avec l'antifouling.
08:10 Et en tout cas, vous êtes venu au FEB pour présenter tout ça, forcément, parce qu'il y a...
08:13 Oui et non. On est venu au FEB aussi parce que c'est un lieu d'échange et de connaître un peu mieux le tissu local,
08:24 les entrepreneurs, les différentes sociétés qui existent et avec lesquelles on peut collaborer.
08:31 Voilà, c'est un lieu d'échange. D'abord, ça s'appelle un forum, ça porte bien son nom.
08:37 Avec beaucoup de rencontres.
08:38 Voilà, beaucoup de rencontres et des débats intéressants.
08:41 Vous avez promis qu'on verrait, Pascal Mélinère, le breton que vous êtes.
08:45 Donc vous êtes installé aujourd'hui à Rennes.
08:49 À Rennes, oui.
08:50 Rennes est toujours ?
08:52 Alors moi, je suis morbillonnais à l'origine. J'ai fait toute ma carrière à l'international.
08:59 Et donc, ça fait très plaisir à l'aune de ma carrière de faire un petit projet en Bretagne.
09:04 Et nous donc ?
09:05 Et donc, on s'est installé à Rennes et c'est très sympa.
09:07 Alors, on va voir si vous êtes un breton qui mérite ses papiers.
09:11 Vous pouvez prendre les trois l'un après l'autre.
09:14 Vous pouvez ne choisir qu'un seul ou deux.
09:17 C'est très simple parce que je suis d'Altonien.
09:19 Blanc, comment vous vous roulez ?
09:20 Je suis 100% d'Altonien.
09:21 Ah, vous ne voyez pas les couleurs.
09:22 Je vais prendre celle du milieu.
09:23 Celle du milieu est orange. Voilà.
09:26 Dicton breton que vous avez pu vérifier.
09:30 En Bretagne, il ne pleut que sur les contes, etc. Il y a plein, plein, plein de dictons.
09:33 En Bretagne, il y a… Ah non, celle-là, justement, elle n'est pas vérifiée.
09:38 C'est en Bretagne, il y a deux saisons, l'hiver et le 15 août.
09:43 Mais en fait, aujourd'hui, on est en septembre, il fait toujours très chaud.
09:47 Il fait toujours très chaud.
09:48 Vous en prenez une autre ou pas ?
09:50 Oui.
09:51 Allez.
09:52 Hop.
09:53 Breton ou bretonne remarquable pour vous ?
09:59 Ah, bonne question.
10:01 Eric Tabarly.
10:02 Ah.
10:03 Vous avez parlé des bateaux.
10:05 Oui, j'ai eu la chance de naviguer avec lui un petit peu.
10:08 C'est vrai ? Quelle chance merveilleuse.
10:10 Sa fille, Marita Barly, prend l'arge dans pas longtemps.
10:13 Oui, mais je ne la connais pas.
10:14 Ça n'empêche que c'est ça, quelque chose de…
10:18 Non, mais un vrai personnage et une belle rencontre.
10:22 Vous êtes encore ému d'y penser.
10:24 Non, pas du tout.
10:25 Allez, encore un petit dernier pour la route.
10:29 Glaz.
10:30 Alors là, ça tombe sur vous.
10:31 Glaz, c'est quelle couleur ? Vous venez de me dire que vous êtes d'Altonien.
10:34 C'est bleu.
10:35 Oui, c'est bleu.
10:36 Mais pour vous, ça évoque pas grand-chose, le bleu, le vert, le gris ?
10:38 Le bleu du micro.
10:39 Oui.
10:40 Le bleu de la mer, évidemment.
10:42 Et la mer que vous aimez.
10:43 Voilà, exactement.
10:44 Merci infiniment d'être passé nous voir.
10:47 Et longue vie, beau parcours à Switch Energy.
10:50 Merci beaucoup.
10:51 Merci.
10:52 Merci.
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