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00:008h moins le quart, la France reste dans l'incertitude depuis la censure du gouvernement Barnier.
00:11Emmanuel Macron reprend aujourd'hui ses consultations pour nommer un nouveau Premier Ministre.
00:16Une situation politique instable qui inquiète les chefs d'entreprise bretons.
00:20Et on en parle avec le président du Medef en Ile-et-Vilaine et vice-président du Medef Bretagne.
00:25Bonjour Eric Chaland-Belleval.
00:27Bonjour.
00:28Expliquez-nous dans quel état d'esprit sont les chefs d'entreprise que vous représentez
00:31par rapport à cette instabilité politique.
00:34Ils sont inquiets, effectivement, les chefs d'entreprise n'aiment pas l'instabilité,
00:39mais il n'y a pas que les chefs d'entreprise.
00:40Je crois que c'est aussi le cas des ménages qui ne vont pas forcément se mettre à investir
00:44aujourd'hui dans un projet immobilier par exemple.
00:46Pour les chefs d'entreprise, on ne va pas non plus investir dans un projet aujourd'hui
00:51de bâtiment ou un projet industriel parce que le brouillard est tel qu'on ne sait pas
00:56dans quel contexte on va pouvoir se relever demain.
01:00Donc oui, beaucoup d'inquiétude, beaucoup d'inquiétude sur l'emploi, beaucoup d'inquiétude
01:03sur l'investissement.
01:04Et alors que déjà le contexte était compliqué avant même qu'on rechange encore de gouvernement.
01:09Oui, alors il faut dire que depuis quelques années, on a quand même subi plusieurs grosses
01:14vagues et plusieurs grosses tempêtes.
01:16Je pense qu'on n'avait pas forcément besoin de cette tempête politique et on aimerait
01:20effectivement que les parlementaires soient un peu plus conscients de ce qui se passe
01:23sur le terrain parce qu'aujourd'hui, cette crise politique, elle a une influence énorme
01:29sur nos territoires et sur les entreprises.
01:31Par exemple, concrètement, comment ça se traduit pour nos entreprises bretonnes ?
01:36Alors typiquement, je discutais la semaine dernière avec un entrepreneur d'Ille-et-Vilaine
01:41qui fait des escaliers.
01:42Il me disait qu'il a perdu depuis octobre à peu près 40% sur un certain secteur.
01:48Il a deux projets d'investissement, chacun autour de 400 à 500 000 euros.
01:52Il les a gelés.
01:53Donc ça, c'est très concret.
01:54Parce que là, aujourd'hui, on n'a plus de premier ministre ou parce que déjà avant, c'était...
01:59Vous savez, il y a un maître mot dans l'économie, mais c'est la confiance.
02:02Et effectivement, aujourd'hui, que ce soit les banquiers qui prêtent de l'argent, que
02:06ce soit lorsqu'on est en concurrence internationale, nos voisins européens avec qui on est en
02:10concurrence, la confiance est perdue.
02:13On espère fort qu'elle va revenir.
02:15Mais aujourd'hui, cette peur que la France ne soit pas solvable, pour le dire un peu
02:19rapidement, et on n'est pas très loin d'être en récession.
02:22En réalité, aujourd'hui, il faut dire les mots.
02:25Cette peur-là fait que le chef d'entreprise aujourd'hui, qui est quelqu'un qui sait prendre
02:29des risques, mais des risques mesurés, se dit je ne vais pas emmener tout le bateau de
02:33l'entreprise, c'est-à-dire non seulement l'outil, mais aussi les salariés.
02:37C'est un collectif, d'abord, une entreprise.
02:39On ne va pas envoyer sur les rochers le bateau entreprise avec ses salariés aujourd'hui
02:44parce que l'incertitude est telle qu'on risque de ne pas avoir suffisamment de
02:49certitude d'aborder l'avenir.
02:52Mais donc, vous évoquez ce déficit que connaît la France, effectivement, qui est
02:56aussi dû à ce quoi qu'il en coûte, qui a aidé les entreprises pendant la crise Covid.
03:01Donc, voilà, comment aujourd'hui rebondir, finalement, par rapport à ces aides qui ont
03:06permis à des entreprises de ne pas fermer, de ne pas mettre la clé sous la porte pendant la crise Covid ?
03:10Oui, clairement, le quoi qu'il en coûte, il était nécessaire.
03:13Personne, aujourd'hui, on serait quand même très malvenu de dire on a fait les choses
03:18incorrectement. Non, l'État a été là au rendez-vous.
03:21Les entreprises ont été soutenues, formidables.
03:23Mais quand vous regardez la réalité, elles ont joué le jeu.
03:25Les entreprises, j'en parlais avec le président du tribunal de commerce et l'URSSAF
03:29il n'y a pas très longtemps, les entreprises prêtiliennes, en l'occurrence, ont quasi toutes
03:33remboursé leur dette de PGE.
03:35Donc, ça n'est plus un sujet.
03:36Aujourd'hui, la dette est remboursée.
03:38Alors, effectivement, il y a des entreprises qui ont subi des difficultés, mais c'est
03:43probablement celles qui auraient mis la clé sous la porte.
03:46C'est un étiage habituel dans le monde économique.
03:49Il y a des entreprises qui se créent, qui ne vivent pas au-delà de 2-3 ans.
03:52Ces entreprises-là ont été sans doute un peu suspendues dans le temps grâce à ces
03:56soutiens. Mais en réalité, ça n'a pas, je crois, créé une sorte d'artificialité
04:02de l'économie. En tout cas, pas à date, pas aujourd'hui.
04:04Et il y a aussi, effectivement, ce contexte mondial qui pèse sur l'automobile.
04:10On a vu, il y a le site Michelin de Vannes qui doit fermer l'an prochain.
04:14Des inquiétudes pour la Fonderie de Bretagne à Codan, à Stellantis, à La Janée, à
04:18Rennes. On ne va pas garder les intérimaires.
04:22Plusieurs grosses entreprises bretonnes qui sont en difficulté.
04:25Ça pèse et ça se voit même sur les plus petites entreprises, du coup ?
04:30Oui, parce que l'automobile, c'est un secteur qui a beaucoup de ramifications.
04:35Il y a énormément de sous-traitants qui vivent de ce que les gros de l'automobile
04:39peuvent produire. Donc, effectivement, quand PSA, quand Stellantis,
04:43tous, tout le monde s'enrume autour, pour le dire un peu trivialement.
04:47Oui, on est on est inquiet.
04:48Alors, il est vrai que l'automobile a toujours connu des hauts et des bas et que
04:52l'intérim a toujours été une sorte de variable d'ajustement quand on a des piques
04:56de production, notamment. Donc, ce n'est pas illégitime qu'à un moment donné, on
04:59ralentisse un petit peu l'emploi de l'intérim quand le brouillard est là.
05:03Mais ce qu'on espère, évidemment, c'est qu'on va retrouver une dynamique forte
05:06parce que l'ensemble des sous-traitants qui sont en nombre important ici sur le
05:11territoire peuvent souffrir énormément demain.
05:15Rapidement, quand même, des secteurs où ça va bien, en Ille-et-Vilaine notamment,
05:18pour les entreprises.
05:20Oui, il y a des secteurs où ça va bien.
05:22Si vous faites une photo là, instantanément, on n'est pas rendu dans le
05:26fossé. Mais c'est véritablement la projection qui nous inquiète.
05:30Donc, oui, des secteurs, l'agroalimentaire va un peu mieux qu'il n'a été, par
05:34exemple. D'autres secteurs, le secteur du déchet, que je connais bien, va plutôt
05:38bien également. Ceux qui sont les plus atteints, c'est effectivement l'immobilier,
05:42l'automobile, la chimie également.
05:45Voilà.
05:46Et donc, on est dans l'attente de ce nouvel gouvernement cette semaine,
05:48normalement. Merci beaucoup, Éric Chaland-Belval, d'avoir été l'invité de France
05:52Blanc-Amérique ce matin. Vous êtes président du MEDEF en Ille-et-Vilaine,
05:55vice-président du MEDEF Bretagne.