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00:00 du 6/9 ce matin à la parole rare depuis l'annonce il y a trois mois du plan de
00:03 licenciement aux papeteries de Conda. C'est le président de LECTA en France,
00:07 le groupe propriétaire des papeteries, qui répond à vos questions.
00:10 - Bonjour Alain Gaudré. - Oui bonjour, merci de me recevoir.
00:15 - C'est la première fois que vous prenez la parole ce matin sur la décision de votre
00:18 groupe d'arrêter la ligne 4 des papeteries de Conda. 180 suppressions de
00:23 postes sont à la clé. Pourquoi est-ce que vous avez décidé de fermer cette ligne 4 ?
00:26 - Alors les raisons sont simples et nos convictions sont simples.
00:32 La machine 4, c'est une machine qui produit du papier pour impression, c'est-à-dire
00:36 du papier pour des livres, pour des magazines et pour des encartes
00:39 publicitaires principalement. Regardez autour de vous, regardez vos enfants,
00:44 je regarde les miens, ils passent leur temps sur les tablettes et des téléphones.
00:47 Lorsqu'ils vont à l'école, on leur donne une tablette, on leur donne des livres.
00:51 Donc le monde digital est autodidacte, on consomme de moins en moins de
00:56 papier. J'ai vu, je crois il y a deux jours, que Leclerc annonçait qu'il
01:01 remplacerait les modes de communication papier par des modes de communication
01:05 digitaux. Le papier, c'est un marché qui est en décroissance depuis plus de 10 ans,
01:10 5% par an et qui vient de chuter en six mois de 40%. C'est des chiffres
01:16 qui sont alarmants, monstrueux et il faut absolument qu'à Conda,
01:23 il s'agit d'être fier de ce qu'on faisait dans le passé. Ce papier prend
01:27 pression, de ne pas réfuter notre passé, mais de se tourner vers l'avenir.
01:30 L'avenir c'est quoi ? C'est une machine 8, une nouvelle machine qu'on a mis 3 ans
01:35 à construire, sur laquelle le groupe a investi une centaine de millions
01:39 d'euros. L'avenir c'est une chaudière pour ne plus consommer de gaz et
01:44 consommer des déchets à base de bois, de façon à sortir de la
01:50 dépendance énergétique du gaz. C'est ça l'avenir de Conda.
01:55 C'est 140 millions d'euros qui ont été dépensés sur les trois dernières années.
01:58 C'est la quasi totalité des moyens du groupe LECTA, enfin de la totalité du
02:03 groupe qui a été investi dans LECTA. - Alain Gaudré, vous dites que
02:08 l'avenir c'est la ligne 8, cette ligne 8 qui a notamment été arrêtée trois
02:13 semaines au mois d'août. Fin août elle n'avait que cinq jours de commandes.
02:17 C'est là dessus que vous comptez pour pérenniser l'usine ?
02:21 - Alors le marché du papier est en décroissance sur toutes les qualités de
02:25 papier. Mais il faut dissocier des marchés qui sont matures, qui
02:30 sont en train de mourir, donc c'est le papier pour impression, et des marchés
02:34 qui sont en croissance. Ce qui se passe cette année est un phénomène qui est
02:38 lié à l'arrêt d'un de nos plus grands concurrents au début de l'année 2022, à
02:45 des effets de restockage qui sont liés à une sortie de crise Covid, qui font
02:50 qu'effectivement il y a un ajustement massif du marché, mais c'est temporaire.
02:54 Ces marchés sur lesquels nous investissons, les papiers pour étiquettes,
02:59 c'est des marchés qui croient 3% par an et qui vont continuer à croître.
03:03 - Donc vous nous dites ce matin, non l'usine ne fermera pas, les papeteries de
03:08 condamnes ne fermeront pas même si on ne garde que la ligne 8 ?
03:10 - C'est bien, c'est tout le contraire de la stratégie du groupe LECTA. C'est d'avoir
03:16 investi sur des machines qui produisent du papier sur des marchés en
03:22 croissance, de façon à l'éviter de se retrouver devant un mur dans quelques
03:27 années, et là effectivement où la production de papier pour impression
03:32 conduira à une fermeture totale. C'était déjà les discussions il y a trois ans, en
03:37 2019, lorsque le groupe a été restructuré, donc on n'a pas le choix.
03:40 - 7h48 sur France Bleu Périgord, l'invité du 6/9 c'est le président de
03:44 LECTA en France Alain Gaudré qui répond à vos questions, Louis de Bergevin.
03:48 - Il y a trois ans vous parliez d'investissement justement, il y a trois ans
03:51 vous avez touché des millions d'aides publiques pour moderniser l'usine, 33
03:54 millions d'argent public, et aujourd'hui vous supprimez des postes, vous comprenez
03:58 que ça choque ? - On comprend parfaitement que ça choque.
04:02 Les 33 millions pour être bien clair, les 14 millions de subventions pour
04:06 construire cette chaudière CSR, c'est quelque chose
04:11 qui coûte très cher, et qui coûte quasiment deux fois plus cher qu'une
04:15 chaudière biomasse traditionnelle. Donc l'aide de l'État est utile, c'est une aide.
04:21 Par contre les 19 millions de la région d'Aquitaine c'est un prêt, il est prévu de
04:25 le rembourser, il a toujours été prévu de le rembourser, donc il n'y a absolument
04:29 aucun débat sur l'argent. - Il y avait une contrepartie quand même, c'était de garder
04:33 les emplois, aujourd'hui vous allez en supprimer. - Bien sûr, en 2019 personne
04:39 avait prévu que le marché allait se dégrader avec des taux de 40% sur six
04:44 mois, personne. Donc effectivement on est pris par le temps, on est pris par le temps.
04:48 Cette baisse des papiers pour inflation, elle était attendue, elle était redoutée,
04:52 mais pas au rythme auquel on le vit aujourd'hui. - Alain Gaudré, j'aimerais
04:56 vous faire écouter ce matin l'avis du président du syndicat CFE CGT François
05:00 Omriel, il était sur France Bleu Périgord ce matin et il résume le conflit, il résume
05:04 à sa manière le conflit aux papeteries de Conda, écoutez. - Conda, c'est pas un
05:07 problème de marché, c'est pas un problème de compétence, c'est pas un
05:10 problème de matériel, il n'y a pas de client, etc. Le seul problème c'est
05:14 l'actionnaire, c'est l'actionnaire qui veut maximiser son profit. - Qu'est-ce que
05:18 vous lui répondez ? - Vous savez, le Complectant a investi 140 millions d'euros,
05:25 c'est pas pour fermer une usine, c'est la totalité de ses moyens sur trois ans.
05:28 S'il y a des actionnaires qui veulent être gardés avec bienveillance, c'est
05:32 ceux qui agissent depuis trois ans et qui mettent tout leur argent à Conda. - Vous enlevez quand même
05:39 près de la moitié des postes de l'usine ? - Oui, effectivement, le but
05:44 de toutes les négociations qui sont en cours dans le cadre du PSE, c'est un plan de
05:49 sauvegarde de l'emploi, c'est effectivement 187 positions qui sont
05:53 supprimées. Mais sur ces 187, l'objectif de toutes ces négociations, c'est d'essayer
05:57 d'offrir à chacun et à chacune une possibilité de rebondir, que ce soit avec des
06:02 aménagements de fin de carrière, que ce soit pour soutenir des projets
06:06 personnels. Le bassin d'emploi de la Dordogne est un bassin actif,
06:14 il y a des postes qui sont disponibles. - Merci Alain Gaudré, président de
06:19 de Conda. Merci d'être intervenu ce matin sur France Bleu Périgord.