Le proviseur du lycée Ambroise-Brugère, à Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme, affirme avoir été menacé de mort par le père d'une élève refusée à l'entrée de l'établissement pour cause de port de l'abaya.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 - Exactement, ça fait 25 ans que je suis prof et l'uniforme c'est la petite harlaïsienne qui revient régulièrement, c'est l'arbre qui cache la forêt.
00:07 - Ah oui, ça ne peut pas permettre de gommer des inégalités sociales.
00:10 - Mais ça va de gomme.
00:11 - Justement, ça les gomme, ça ne les supprime pas.
00:12 - Mais sincèrement, c'est quoi ? C'est complètement artificiel.
00:15 Est-ce que ça empêchera un enfant d'avoir du mal à avoir un repas chaud par jour parce que ses parents n'y arrivent pas ?
00:22 Est-ce que ça empêchera des élèves en situation de handicap de ne pas être scolarisés ?
00:26 - Est-ce que ça peut empêcher le harcèlement scolaire, notamment ?
00:29 - Sincèrement, non.
00:33 Parce qu'on sait très bien que les problématiques, malheureusement, de harcèlement scolaire ne sont pas que sur des questions vestimentaires.
00:39 C'est surtout qu'à cet âge-là, parfois, vous rentrez ou pas dans les cases parce que vous avez des goûts musicaux ou autre chose qui fait que ça plaît ou ça ne plaît pas.
00:49 Donc, moi, ces espèces de démagogies qui reviennent de manière régulière, ça me casse la tête.
00:55 Par contre, moi, je crois qu'il faut accompagner les personnels d'éducation sur toutes les questions du lien avec le dialogue avec les parents, le dialogue avec nos élèves.
01:09 - C'est-à-dire ? Il faudrait quoi concrètement ?
01:11 - Par exemple, lorsque vous avez une remise en cause des élèves de votre autorité parce que vous l'avez reprise sur quelque chose et que vous convoquez les parents avec les parents,
01:21 la première question qu'ils vous posent, c'est de vous dire "mais qu'est-ce que vous lui avez fait pour qu'il se comporte comme ça ?"
01:25 Il y a aussi une inversion des valeurs qu'on déploie.
01:31 - Ça, ça revient souvent, quand même, le problème des parents. On avait la semaine dernière, dans BFM Story d'ailleurs, un ancien proviseur qui lui a écrit un bouquin qui s'appelait "L'omerta dans l'éducation nationale".
01:41 Et il avait recueilli anonymement les témoignages de différents professeurs qui disaient que dès qu'on contrarie les parents, il téléphone à l'inspection académique et dans l'heure qui suit, on doit se justifier dans un cas.
01:50 - Les parents sont devenus très procéduriers et ils estiment que l'école, ce n'est pas un service public, c'est quelque chose qu'on leur doit.
02:00 C'est-à-dire qu'ils oublient qu'on est là pour faire de l'instruction et pas pour faire l'éducation de leurs enfants.
02:05 Et souvent, le problème aussi que l'on a, c'est qu'on demande à l'école de résoudre tous les problèmes sociétaux alors qu'on n'est pas là pour ça.
02:12 - Sans lui donner les moyens.
02:14 - Sans lui donner les moyens. Et je passe sous les classes surchargées, les élèves en situation de handicap qui n'ont pas d'AESH, des élèves qui ne sont toujours pas affectés, merci Parcoursup, j'en passe et des meilleurs.
02:26 Donc je crois que c'est une remise à plat générale de notre système éducatif qu'il faut en prenant les problèmes les uns après les autres.
02:35 Et je vous assure que l'un des problèmes majeurs, ce n'est pas la tenue vestimentaire de quelques jeunes filles, c'est surtout de rétablir, un, de la confiance et de l'autorité lorsque vous êtes un enseignant.
02:46 Et du respect mutuel, parce que c'est du respect mutuel aussi avec nos élèves. Et puis expliquer aux parents qu'effectivement, on ne peut pas tout.