Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles de France, était l’invitée du Face à Face sur BFMTV - RMC.
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00:00 Alors, si vous me permettez, je voulais prendre le temps de reposer quelques éléments.
00:03 D'abord, je pense que pendant des années, ce qui se passait dans les crèches,
00:06 ça n'intéressait pas grand monde,
00:07 parce que ce qui se passait pour nos enfants de 0 à 3 ans,
00:10 ça n'intéressait pas grand monde.
00:11 Il a fallu, Boris Cyrulnik,
00:13 il a fallu qu'on s'intéresse aux mille premiers jours de la vie de l'enfant
00:15 pour se dire que leur vie, elle commençait peut-être
00:18 avant qu'ils aient un cartable sur le dos et avant qu'ils entrent à l'école.
00:21 Ça, c'était quand même un peu le point de départ collectif qui a été le nôtre.
00:25 Et donc, il y a eu concrètement
00:27 ce qui se passe à partir du moment où nos enfants ne sont pas chez nous,
00:30 à partir du moment où nos enfants, on doit les faire garder
00:33 parce que les familles font des choix et qu'elles font aussi souvent ce qu'elles peuvent.
00:36 Et parfois, c'est des enfants gardés à domicile,
00:39 souvent des enfants gardés par des assistantes maternelles.
00:41 C'est le premier mode de garde après les grands-parents.
00:43 Et puis après, des enfants qui sont gardés dans des crèches.
00:46 Et là, en général, les parents, ils ne font pas vraiment un choix.
00:49 J'ai envie de dire qu'il y a quand même une chose qui a changé au Rorbergé.
00:51 Et ça, il faut le dire.
00:52 C'est que moi, je veux bien qu'on se soit tout d'un coup intéressé,
00:54 comme si avant, on ne s'intéressait pas à ce que faisaient nos enfants quand ils n'étaient pas avec nous.
00:57 Moi, j'ai un peu du mal à le croire.
00:57 Les politiques publiques s'y intéressaient très peu.
00:59 Mais il y a une chose qui a changé, c'est qu'avant, les crèches, c'était public.
01:01 À 80%.
01:02 Et puis qu'un jour, l'État, il a dit finalement, on n'a pas le temps,
01:05 on n'a pas les moyens, donc on va déléguer ça au privé.
01:07 C'est un peu plus complexe que ça.
01:08 Et vous le savez bien.
01:08 Déjà, aujourd'hui, il y a 20% de crèches qui sont des crèches privées.
01:11 Donc, on ne peut pas dire que tout d'un coup, il y a eu un basculement.
01:13 C'est 20% du nombre de places de Berceau, mais c'est 90% des nouvelles crèches.
01:20 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les crèches sont privées.
01:23 Toutes les nouvelles crèches sont privées.
01:25 L'État n'en fait plus.
01:25 Alors attendez, déjà, ce n'est pas l'État en général qui a fait des crèches.
01:28 Ce sont les municipalités qui faisaient des crèches.
01:31 Les collectivités publiques.
01:31 Ce sont les collectivités locales qui faisaient les crèches.
01:33 Les collectivités locales qui, aujourd'hui, continuent d'en faire
01:36 ou qui font un autre choix qui est de dire on va déléguer.
01:38 On fait des délégations de services publics et donc, on choisit des opérateurs.
01:42 Et là, elles ont le choix.
01:43 Elles peuvent faire appel au secteur associatif.
01:45 Par exemple, la Croix-Rouge opère des crèches dans notre pays.
01:47 Elles peuvent faire appel aux UNAF, par exemple, pour le faire.
01:50 Elles peuvent le garder en gestion directe ou elles peuvent faire appel
01:53 à des crèches privées.
01:54 La question qu'on se pose à partir du moment où on voit qu'il y a un modèle
01:57 qui est beaucoup plus éclaté qu'avant, où on a en effet du privé, du privé lucratif,
02:01 notamment qui s'est intéressé à ce business aussi, que sont celui des crèches.
02:06 La question qui doit se poser, elle est double.
02:08 Elle est la question du contrôle.
02:10 Concrètement, qui contrôle ? Comment on contrôle ?
02:13 Est-ce qu'on contrôle assez, à la fois sur place dans les établissements,
02:16 à la fois dans les grands groupes privés ?
02:18 Et c'est là-dessus qu'il faut changer la donne.
02:20 Et la question des professionnels de ces crèches,
02:23 qui aujourd'hui ne sont pas assez nombreuses.
02:25 Si elles ne sont pas assez nombreuses, c'est parce qu'elles ne sont pas assez
02:28 rémunérées, pas assez valorisées, pas assez reconnues, pas assez formées.