• l’année dernière
Geneviève Brunot, directrice-adjointe de la faculté d'Éducation de l'Université de Montpellier et responsable de l'antenne nîmoise.
Transcription
00:00 Ici c'est le 6/9 de France Bleu, Gare Lozère.
00:04 La rentrée, la rentrée, eux aussi ils retournent à l'école.
00:07 Près de 11 000 enseignants font leur rentrée en Lozère et dans le Gard aujourd'hui, public
00:10 et privé tout confondu.
00:11 Certains d'entre eux d'ailleurs vont même faire cours officiellement pour la toute première
00:16 fois, ce sont les professeurs des écoles stagiaires qui sortent de la faculté, de
00:20 la fac d'éducation, c'est comme ça que ça s'appelle.
00:22 Elle dépend de l'université de Montpellier, sa directrice adjointe est notre invitée
00:25 ce matin.
00:26 C'est également la responsable de l'antenne nîmoise de cette école, et bien avec vous
00:30 quand même Pénas de Tudela.
00:31 Bonjour Geneviève Bruno.
00:32 Bonjour.
00:33 Bon on pense évidemment aux enfants mais quand on est prof et qu'on s'apprête à
00:36 faire sa toute première rentrée, franchement il ressemble à quoi le réveil ?
00:40 Alors le réveil c'est un peu forcément d'appréhension, c'est beaucoup d'excitation,
00:46 c'est beaucoup de préparation de cette rentrée et à se demander effectivement
00:52 quel type d'élève on va avoir, quel rapport on va pouvoir créer avec eux.
00:58 En général on connaît déjà l'équipe avec laquelle on va travailler.
01:02 Donc c'est plutôt, on est focalisé sur la rencontre, cette première rencontre avec
01:06 ses élèves.
01:07 Bon là a priori ces élèves sont des élèves du primaire, puisque ce sont des instits
01:11 en fait ces professeurs de l'école, c'est juste que ça a changé de nom.
01:14 Alors il y a des parents qui nous écoutent et qui doivent avoir cette question que je
01:17 vous pose, mais comment est-ce que le maître ou la maîtresse de ma fille ou de mon fils
01:21 a été préparé à gérer une classe, des classes qui peuvent parfois avoir de gros
01:26 effectifs, plus de 30 élèves ?
01:27 Alors tout à fait, donc en termes de formation, le cursus classique c'est une formation
01:34 que nous assurons à la Faculté d'éducation, une formation universitaire où on suit le
01:39 Master MEF, métier de l'enseignement, de l'éducation et de la formation, en deux
01:43 ans, qui permet dans un parcours didactique, disciplinaire, pédagogique, c'est-à-dire
01:50 où on va travailler sur les gestes professionnels, de la question de l'enrôlement, de la question
01:55 de l'autorité, la question de la différenciation, etc.
01:58 Et tout ça appuyé à la recherche, en articulation étroite avec le terrain, de se construire
02:04 une culture professionnelle et des connaissances professionnelles qui vont pouvoir vous accompagner
02:08 et vous aider à être sur le terrain.
02:10 Vous avez parlé de l'autorité, ça c'est disons le savoir-faire, mais avant le savoir-faire
02:14 il y a le savoir, est-ce que tous ces enseignants-là, pardon d'être ossifrants, mais ont le niveau
02:18 pour enseigner, parce qu'on se plaint beaucoup du niveau, notamment des nouveaux enseignants
02:23 en français, en mathématiques, ils n'ont pas forcément tous les fondamentaux, est-ce
02:26 que là, ceux qui arrivent ce matin à l'école, on est sûr que tout ça c'est acquis pour
02:30 eux ?
02:31 Alors on peut en être tout à fait sûr dans la mesure où ces enseignants, pardon, ce
02:34 qui sont mes ex-étudiants, ont eu une formation solide, notamment sur les fondamentaux en
02:41 mathématiques et en français, et pour ceux qui avaient une certaine fragilité en entrant
02:45 en master ont eu des enseignants de renforcement, et par ailleurs les enseignants ont des enseignements
02:50 disciplinaires qui sont caractéristiques du métier de professeur des écoles.
02:54 Par ailleurs, à la Faculté d'éducation, on a complété cette formation par un cursus
03:01 en amont d'une licence pluridisciplinaire qu'on propose maintenant depuis 6 ans, donc
03:05 certains de nos étudiants, à peu près la moitié des étudiants qui sortent de la Faculté
03:08 d'éducation, ont eu 5 ans de formation.
03:11 Donc ils ont une formation vraiment extrêmement robuste, ils ont réussi le master et ils
03:17 ont réussi le concours dans l'Académie de Montpellier qui est une des académies les
03:20 plus difficiles de France en termes d'obtention du concours.
03:25 Parce qu'on sait que les élèves, notamment en primaire, vont être évalués, alors il
03:31 y a deux niveaux qui seront évalués contre seulement deux l'année dernière, donc ça
03:35 fera 4 en tout, mais est-ce qu'il y a des contrôles aussi pour vérifier le niveau
03:38 des enseignants ?
03:39 Alors il y a un suivi des enseignants, donc ces enseignants ont passé l'étape du master
03:44 MEF, c'est-à-dire la c'est une diplomation universitaire encore une fois, ils ont obtenu
03:49 le concours de recrutement du professeur des écoles, le CRPE, et ils sont maintenant,
03:53 leur statut est d'être PES, professeur des écoles stagiaires.
03:57 Et pendant un an, ils vont être suivis par des tuteurs de terrain qui vont venir les
04:03 voir dans leur classe, qui vont les aider à préparer leur classe, qui vont les aider
04:08 à analyser ce qu'ils ont fait en classe, pour les aider à trouver des pistes d'amélioration
04:15 de leur pratique, et ils seront à la fin de l'année, effectivement, au regard de
04:20 ce suivi, ils auront une validation de leur année, c'est-à-dire une titularisation
04:26 ou pas, en fonction de ce qui se passe dans l'année.
04:29 Alors ça, on parle des élèves qui sont passés par la fac, mais il y a aussi des
04:33 nouveaux profs qui viennent d'une reconversion professionnelle, et ça ils sont combien à
04:38 peu près ? Sur le site de Nîmes, cette année, ils sont
04:41 43, donc c'est un public effectivement très différent, qui a eu une autre vie professionnelle
04:48 avant de venir chez nous.
04:51 C'est quoi par exemple le portrait robot d'un enseignant qui est en reconversion ?
04:55 Alors, il n'y a pas de portrait robot, ce qui est intéressant, c'est que ce sont
04:59 des personnes très différentes, des adultes très différents.
05:02 En termes d'âge, regardez, cette année, ils ont entre 30 et 50 ans, vous voyez qu'il
05:06 y a une fourchette d'âge très variée.
05:08 Ils ont pu être commerciaux, ils ont pu être enseignants-chercheurs, ils ont pu être…
05:15 Si on a dit enseignants-chercheurs, c'est parce qu'il y a quelques années, on a
05:18 eu une enseignante qui enseignait en médecine, absolument, et qui a souhaité changer complètement.
05:24 Certains ont été chercheurs, on avait une océanographe, certains ont été… on a
05:30 vraiment… responsable de la communication, on a des profils extrêmement différents.
05:35 Et alors eux, fatalement, leur formation est un peu plus courte que ceux qui sortent
05:37 de la fac ? Tout à fait, puisqu'ils n'ont pas eu
05:40 de formation avant de passer le concours.
05:42 Par contre, ils vont avoir une formation aujourd'hui, toute l'année, que nous assurons à la Faculté
05:47 d'éducation qu'on assure, qui s'appelle un diplôme universitaire, où ils sont à
05:50 mi-temps, eux sont à mi-temps dans les classes, et ils sont à mi-temps en formation chez
05:55 nous.
05:56 Donc, pendant toute l'année, ils vont être formés, ils ont des cours à la fac, ils
05:59 sont suivis par deux tuteurs, un tuteur terrain et un tuteur universitaire, donc aussi avec
06:04 une… là on est aussi sur une formation disciplinaire, didactique, pédagogique, et
06:10 également un élément de recherche, parce que la question de la réflexion aussi, la
06:15 dimension réflexive du métier, au fond, comment j'y arrive, qu'est-ce que j'ai
06:19 fait pour y arriver, qu'est-ce qui fait que ça fonctionne ou que ça ne fonctionne
06:22 pas, est tout à fait fondamentale.
06:24 Donc, une formation et un suivi pour acquérir les savoirs.
06:27 Je voudrais revenir aussi sur cette question de l'autorité, qui est le savoir-faire.
06:30 On dit que les élèves sont de plus en plus compliqués à gérer, et ça, l'autorité,
06:35 comment elle s'acquiert justement ?
06:36 Alors, l'autorité, elle s'acquiert, l'autorité s'apprend avec des gestes professionnels
06:44 simples mais qui ne sont pas toujours faciles à mettre en œuvre.
06:47 Quand on doit poser notamment un cadre, et bien respecter, faire respecter ce cadre en
06:52 permanence, c'est complexe dans le cadre de… voilà, vous avez effectivement 25,
06:55 27 élèves, et si par exemple, on a expliqué à un élève qu'il ne peut pas parler sans
07:01 avoir levé le doigt, et qu'on donne la parole à un élève qui a parlé sans lever le doigt,
07:06 on lâche le cadre.
07:07 Alors, c'est complètement anecdotique, mais c'est tout à fait le principe de la
07:11 question du cadre posé.
07:12 Donc, un cadre qui doit être vraiment extrêmement solide, robuste, parce qu'il rassure aussi
07:17 les élèves, et un cadre qui doit faire preuve de souplesse et de compréhension par rapport
07:21 à la multiplicité des élèves que les enseignants ont aujourd'hui.
07:25 Et c'est vrai que les classes aujourd'hui sont toutes hétérogènes, le sont probablement
07:30 beaucoup plus qu'autrefois pour des tas de raisons historiques, démographiques, et
07:36 des choix politiques qui ont été faits, et les enseignants doivent composer avec ça.
07:40 C'est plus complexe, mais les gestes s'acquièrent aussi.
07:43 - Et est-ce que ça en vaut la peine de s'en kikiner parfois avec des classes compliquées
07:48 pour 2000 euros nets par mois ?
07:49 - Oui, oui, ça en vaut la peine.
07:51 - Parce que là, vous savez, les enseignants ont été revalorisés avant cette rentrée.
07:55 Par exemple, un professeur qui vient d'être titularisé, normalement il doit gagner 178
08:00 euros de plus que ce qu'un enseignant qui est arrivé l'année dernière pouvait gagner.
08:05 Est-ce que ça vous paraît suffisant ?
08:06 - Alors, la question de la rémunération des enseignants, je ne me prononcerai pas là-dessus,
08:12 parce que ce n'est pas moi qui décide ça, mais évidemment, il y a un vrai problème
08:17 de rémunération, donc je me prononce là-dessus, mais avec un effort qui a été fait.
08:22 Par contre, bien sûr que ça en vaut la peine.
08:25 C'est-à-dire que c'est un métier, ça reste un métier vraiment extraordinaire, et quand
08:29 je dis ça, je ne nie pas les difficultés inhérentes à ce métier, mais qui donne aussi,
08:36 dans lequel on vit des moments extrêmement forts, quand on a justement donné l'envie
08:42 d'apprendre aux élèves, quand on a réussi à leur transmettre quelque chose parce qu'on
08:45 leur a donné envie d'apprendre.
08:47 C'est absolument fondamental.
08:49 - Oui, on parle des rapports avec les enfants, mais il y a aussi les rapports avec les parents
08:52 qui peuvent être compliqués.
08:53 - Oui.
08:54 - Et là, comment on fait pour gérer ?
08:56 - Alors, comment on fait ? Chacun a sa place.
08:59 La première chose, c'est d'apprendre à écouter les parents, dont on a très souvent peur,
09:06 et de bien garder à l'idée qu'on est enseignant, et il y a les enseignants, il y a les parents,
09:13 et qu'ils font partie de la même communauté éducative au service des élèves.
09:16 Et avec ces principes-là, en général, la plupart du temps, ça fonctionne très bien.
09:20 - Geneviève Bruno, je vous remercie beaucoup.
09:22 En tout cas, on souhaite évidemment bonne rentrée aux 11 000 enseignants, près des
09:25 11 000 enseignants qui vont faire leur rentrée dans le garais en Lauser.
09:28 Je vous remercie beaucoup d'avoir été avec nous.
09:30 Je vous rappelle que vous êtes donc directrice adjointe de la fac d'éducation qui est rattachée
09:36 à Montpellier, mais vous êtes la responsable, vous deux, de l'antenne nimoise.
09:39 Merci beaucoup Geneviève Bruno.

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