Le coup d'Etat qui a renversé le président Ali Bongo au Gabon affaiblit un peu plus la position de la France en Afrique. Berceau de la Françafrique, le Gabon était un « ami intime » de la France, selon le spécialiste Antoine Glaser
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00:00 La relation entre la France et le Gabon, c'était une relation, je dirais, quasiment intime.
00:04 Quand le premier président arrive au pouvoir en 1962, quand les pays sont arrivés à l'indépendance,
00:19 le président Léon Mbappé, il y a eu une tentative de coup d'État contre lui,
00:25 et finalement la France a immédiatement poussé son vice-président qui était Omar Bongo.
00:30 Et Omar Bongo est devenu finalement de facto le président de la République gabonaise.
00:36 Il est resté en poste jusqu'à sa mort en 2009.
00:39 Et surtout, c'était le cœur de la France-Afrique, de toutes les opérations secrètes de la France.
00:44 Et c'était vraiment aussi par rapport à l'Afrique du Sud,
00:47 toutes les opérations secrètes se faisaient à partir du Gabon.
00:50 La France avait trouvé là un fief inexpugnable,
00:52 et surtout des réserves pétrolières.
00:55 On a toujours appelé le Gabon le pays de Pume.
00:57 Pétrole, uranium et manganèse.
00:59 L'uranium, c'était une pile atomique, il n'y en a plus.
01:01 Le Gabon est le premier producteur de manganèse du monde.
01:04 C'est la compagnie française Eramet.
01:06 Total est encore présent dans le pays Total-Gabon.
01:09 A l'époque, c'était Elf-Aquitaine qui a été repris par Total.
01:12 Et à l'époque d'Elf, Elf servait de pompe à finances à l'ensemble du système de la France-Afrique.
01:18 Avec cet argent, Omar Bongo non seulement assurait son pouvoir,
01:22 mais aussi il tenait d'une certaine façon à un certain nombre de politiques français.
01:27 Tous les partis politiques étaient arrosés par ce qui viendra plus tard,
01:31 un des scandales de la France en Afrique qu'on a appelé le scandale Elf.
01:35 Donc le Gabon, dans la France-Afrique des années post-coloniales,
01:38 c'est vraiment un centre névralgique.
01:45 L'Afrique s'est mondialisée et la France a fait comme si elle était toujours chez elle en Afrique.
01:50 À partir de 2000, 10 ans après la chute du mur de Berlin,
01:53 10 ans après, on a vu la montée en puissance de la Chine.
01:57 La Chine qui est devenue actuellement le premier partenaire commercial du Gabon en particulier
02:01 parce qu'ils exploitent énormément de bois et aussi un peu de pétrole.
02:06 Et puis c'est vrai que dans cette relation, le Gabon, au bout d'un moment,
02:11 ils ont diversifié leur relation parce que Ali Bongo, contrairement à ce qu'on beaucoup raconte,
02:16 bien sûr c'était la dynastie Bongo, mais lui, du temps du père d'Omar Bongo,
02:21 Ali était toujours marginalisé.
02:23 Quand il a pris le pouvoir en 2009, son principal soutien, c'était M6, le roi du Maroc,
02:28 très proche des Saoudiens, plutôt proche des Américains.
02:31 Il est rentré au Commonwealth, quelque part par rapport aux anciens réseaux français en Afrique.
02:35 Avec Ali, c'était autre chose. Il y a eu une prise de distance très nette.
02:39 Alors bien sûr, il y a toujours Éramet, bien sûr il y a toujours 85 entreprises françaises.
02:44 Ça reste quand même un pays bien évidemment surtout francophone,
02:48 mais sur le plan politique géostratégique, beaucoup moins tourné vers la Tour Eiffel
02:52 que ne l'était le père Omar Bongo.
02:55 Je ne crois pas que ce pouce va détériorer les relations entre le Gabon et la France.
03:03 La France, pour le principe, est obligée d'utiliser les mêmes paroles que la présidence française
03:09 avait utilisées pour des pays de coup d'État au Niger,
03:12 en disant qu'il faut revenir à l'ordre constitutionnel.
03:16 C'est quand même très surprenant de voir finalement les responsables du Commonwealth
03:19 élever beaucoup plus la voix que d'habitude.
03:22 Et la Chine aussi, tout de suite, qui était les premiers à intervenir,
03:25 en demandant qu'il n'y ait pas de problème avec le président Ali Bongo, etc.
03:30 À mon avis, la France a fait le service minimum pour pouvoir dire
03:34 "voilà, on est contre le coup" et tout.
03:36 Mais il n'y a pas du tout évidemment, à l'heure où on parle des sentiments anti-français au Gabon
03:41 qu'on peut connaître au Niger, au Mali ou dans l'ensemble du Sahel.
03:44 Et puis le nouveau président qui se dit de transition, qui a pris le pouvoir,
03:48 le général Rissoli-Guillemin, n'a pas demandé le départ des 350 soldats français du VIe BIMA,
03:56 qu'on appelle maintenant "élément du français du Gabon".
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