Mathias Wargon, chef de service urgences et SMUR du centre hospitalier Delafontaine (Saint-Denis), est l'invité de BFMTV ce jeudi.
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00:00 -Est-ce que vous avez déjà été confronté à des situations de ce type ?
00:03 -De toute façon... -Pardonnez-moi, dans votre service.
00:06 -Dans mon service, oui, on est confronté à ce genre de situation.
00:09 La médecine, c'est pas quelque chose de simple.
00:12 Un infarctus, ça se reconnaît avec un électrocardiogramme.
00:15 Parfois, c'est beaucoup plus compliqué que ça.
00:17 La médecine, c'est pas blanc-noir, c'est pas de la mécanique auto.
00:21 Mais au-delà de ça, un SMUR, c'est un moyen.
00:24 En France, on a ce qu'on appelle des SMUR.
00:26 C'est un des rares pays au monde
00:28 où on envoie des médecins dans des embouts.
00:30 -C'est une spécialité française.
00:32 -Il a été décidé de mettre des SMUR paramédicalisés
00:35 pendant très longtemps. Les patrons de Samu étaient contre.
00:38 On va pouvoir le mettre, ça va permettre d'augmenter les SMUR.
00:42 Mais il y a un moment, vous avez un nombre de SMUR fini.
00:45 Je parle même pas avant fermeture.
00:47 En ce moment, c'est la catastrophe.
00:49 Mais quand vous avez un nombre de SMUR fini,
00:51 une fois que vous n'en avez plus, vous n'en avez plus.
00:54 C'est comme quand vous êtes un service d'urgence qui est rempli.
00:58 Quand vous n'avez plus de brancard, vous ne pouvez plus mettre.
01:01 Il y a une obligation de moyens, ce que va rappeler l'avocat,
01:04 mais quand vous n'avez plus de moyens,
01:07 vous ne pouvez pas les mettre en face.
01:09 C'est extrêmement compliqué.
01:11 -Ca explique les mouvements de grève ?
01:13 -Les mouvements de grève, il y en a tout le temps.
01:15 Là, ce qui se passe, c'est les assistants de régulation médicale.
01:19 Il faut revenir un peu en arrière.
01:21 Il y a un an, environ, on s'est aperçu
01:23 qu'on avait beaucoup de services d'urgence
01:26 qui ne pouvaient plus tenir.
01:27 Il y avait trop de monde.
01:29 -Les urgences en surchauffent.
01:31 -On a commencé à fermer des services la nuit.
01:34 Pas les fermer complètement, mais réguler.
01:37 Réguler, c'est quelque chose de bien.
01:39 -C'est votre métier ? -Non, réguler.
01:41 Sauf que ça existe dans plein de pays.
01:43 Là, c'était pas réguler.
01:45 On a décidé de dire à des gens,
01:47 notamment à Bordeaux, il y avait une sonnette,
01:49 "Vous appelez le SAMU avant d'aller aux urgences."
01:52 C'était la demande des patrons de SAMU.
01:55 Sauf que forcément, par la force des choses,
01:58 il y a des tas de gens qui ont appelé.
02:00 -Ca a pris une dimension infernale.
02:02 -Ca a débordé les SAMU.
02:04 On se retrouve à trier des gens au téléphone,
02:06 des gens qu'auparavant, on arrivait à trier aux urgences.
02:10 On avait des gens qui triaient,
02:12 qui étaient infirmières, qui avaient 3 ans d'études,
02:15 qui triaient des patients,
02:17 pour se retrouver à trier des patients.
02:19 C'est très compliqué.
02:20 -C'est une très grosse responsabilité.
02:23 -On a demandé à la Fondation de régulation médicale
02:26 de trier ce qui est très urgent,
02:28 ce qui relève de la médecine de ville.
02:30 On a embauché des gens, énormément de gens,
02:33 qui, pour certains, sont des anciens ambulanciers,
02:36 des anciennes infirmières, pour d'autres,
02:39 n'ont pas d'expérience, et à qui on propose
02:42 une formation d'un an, dont certains,
02:44 on les embauche avant la formation,
02:46 et qu'on va mettre sur le terrain.
02:48 C'est très compliqué.
02:50 On a dégradé ce tri.
02:51 Le but, c'était de faire rentrer les patients.
02:54 Et puis, on triait, et ils étaient plus ou moins graves.
02:58 Là, on permet aux gens de pas... Enfin, on permet.
03:01 On permet aux urgences de ne pas recevoir les patients.
03:04 On pourrait faire de la régulation aux urgences.
03:07 C'est ça, la situation.
03:09 La situation s'est pas améliorée,
03:11 car cet été, on avait plus d'urgences régulées
03:14 qu'en été.