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"On ne pourra plus porter d'abaya à l'école", a annoncé dimanche sur TF1 le ministre de l'Education Gabriel Attal affirmant vouloir donner des "règles claires au niveau national" aux chefs d'établissement scolaire. Le ministre, interrogé sur ce sujet polémique depuis plusieurs mois après des incidents liés aux ports de ces tenues, une longue robe traditionnelle couvrant tout le corps, a annoncé souhaiter s'entretenir "dès la semaine prochaine" avec les responsables d'établissements scolaires pour les aider à appliquer cette interdiction. 

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Transcription
00:00 Est-ce une bonne décision du ministre selon vous ?
00:06 Monsieur Toussaint, moi je refuse de pénétrer dans un débat qui correspond à ce que j'appelle un piège politique, à savoir être pour ou contre le port de la baïa.
00:18 Je crois qu'en fait le problème va beaucoup plus loin qu'un simple problème politique.
00:23 Le port de la baïa n'est pas un vêtement religieux, c'est un vêtement de l'islam politique.
00:27 C'est un vêtement politique, c'est un vêtement qui est originaire de l'Arabie Saoudite.
00:32 Depuis maintenant plusieurs années, la France fait face à des crises.
00:36 Elle est défiée sur le plan politique, notamment par l'idéologie exportatrice de l'Arabie Saoudite, notamment le wahhabisme.
00:43 Et je crois, et je vous le dis ce matin, que toutes celles et ceux qui justifient l'interdiction ou défendent son autorisation sur le prisme de la laïcité
00:54 font une faute morale et politique sans précédent.
00:57 C'est d'abord et avant tout, je vous le dis, je le pense, une crise d'identité.
01:02 Le port de la baïa, aujourd'hui, c'était le port du bandana hier et ce sera peut-être le port du camis demain.
01:09 Je crois que la République n'a pas à aligner son agenda politique face aux défis auxquels elle est confrontée.
01:16 Moi je défends toute la laïcité, rien que la laïcité et seulement la laïcité.
01:21 Et gare à toutes celles et ceux, vous me connaissez dans mon combat face à l'islamisme,
01:26 gare à toutes celles et ceux qui veulent utiliser la laïcité pour s'en prendre à nos compatriotes musulmans.
01:33 Je vais vous laisser débattre évidemment, mais une précision importante, il ne s'agit pas d'interdire la baïa.
01:39 Il s'agit d'interdire la baïa à l'école.
01:42 Ce n'est pas la même chose.
01:43 Ce n'est pas la même chose.
01:44 La porte du pied pourra continuer à porter ce vêtement dans l'espace public.
01:49 Il y a un problème politique dans nos institutions.
01:51 Hier le ministre Gabriel Attal a annoncé l'interdiction du port de la baïa à l'école.
01:57 Moi je considère que dans une République laïque et dans une démocratie,
02:01 ce n'est ni aux instances religieuses, notamment l'intervention du représentant du Conseil français du culte musulman,
02:07 qui dit ce n'est pas un signe religieux,
02:08 ni aux ministres de la République de définir ce qui est religieux ou pas,
02:13 c'est le rôle des représentants du peuple, c'est-à-dire nos députés et nos sénateurs qui siègent au Parlement.
02:19 Bien. Et Léonore Schmitt, qu'est-ce que vous pensez d'abord de cette décision du ministre Gabriel Attal ?
02:26 Déjà cette polémique de la baïa, elle est sortie un peu de nulle part en plein milieu de l'été.
02:30 Ça a commencé à fleurir un peu au mois de juin, alors qu'il y avait des sujets beaucoup plus graves,
02:35 notamment on était encore en plein mouvement contre la réforme des retraites.
02:37 Et là, à quelques jours de la rentrée, on vient remettre ce sujet-là sur la table
02:41 et on voit que justement Gabriel Attal fait totalement diversion.
02:44 Il y a des problèmes qui sont beaucoup plus graves.
02:45 Aujourd'hui, il y a 3 millions d'enfants qui vivent sous le seuil de pauvreté.
02:48 Il y a des enfants qui ne vont pas avoir de fourniture scolaire à la rentrée.
02:51 Il y a des enfants qui ne vont pas avoir de prof en phase 2 à la rentrée.
02:54 Et là, on veut nous faire croire que le problème, ce serait que des jeunes femmes portent la baïa à l'école,
02:58 alors qu'encore une fois, c'est effectivement un vêtement qui est uniquement culturel
03:02 et que par ailleurs, en République laïque, il n'y a pas de vêtements ni chrétien, ni juif, ni musulman.
03:07 Il n'y a juste, il n'y a que des vêtements.
03:09 Et ça, c'est un problème de fond que justement Gabriel Attal vienne directement
03:14 avec cette première mesure de son mandat, venir attaquer nos compatriotes musulmans et musulmanes
03:20 en mettant encore une fois la pression aussi sur les jeunes femmes
03:23 dans la lignée du précédent ministre Jean-Michel Blanquer
03:28 qui disait déjà qu'il y avait des vêtements qui n'étaient pas républicains avec la question du crop top
03:32 comme quoi aujourd'hui, quand on est une jeune femme,
03:34 on ne peut ni s'habiller avec des jupes longues, ni s'habiller avec des jupes courtes ou des crop tops.
03:38 Qu'est-ce que vous répondez à cela ?
03:40 Vous savez, moi je crois que la France aujourd'hui, elle fait face à un certain nombre de crises
03:44 et que personne ne pose en fait la question.
03:47 Je pense qu'en fait, on prend un peu le problème à l'envers.
03:50 L'exportation de la baïa qui est propre à l'Arabie Saoudite
03:53 n'est pas un problème intrinsèquement propre à l'islam.
03:56 Moi, je crois que c'est un problème propre à l'immigration incontrôlée.
03:59 Je crois par ailleurs que c'est un problème d'identité.
04:02 En réalité, l'image que nous avons dans notre pays de l'islam est une image dévoyée
04:06 puisqu'elle nous oppose le reflet des propres démissions,
04:10 des propres carences et des propres lâchetés de la société française
04:13 qui a abandonné le sacré et qui a accepté la déchristianisation de l'espace public.
04:18 Moi, je crois en réalité que si demain, vous voulez lutter contre toutes les idéologies dominantes
04:23 que sont l'euroquisme, l'islamisme, le communautarisme,
04:28 alors il faudra accepter de renforcer demain la constitution.
04:33 Moi, je crois d'ailleurs qu'il faut...
04:35 Moi, vous savez, ce qui m'inquiète le plus dans mon pays,
04:38 c'est pas 4000 ou 5000 atteintes à la laïcité sur 12 millions d'élèves.
04:44 Non, moi, je crois que c'est l'abandon du réel, l'abandon du sacré,
04:48 la disparition de la chrétienté dans l'espace public.
04:54 Vous savez, un pays comme la France qui renonce son histoire,
04:58 qui refuse de regarder en face ce qu'elle est,
05:01 qui abandonne sa civilisation, son patrimoine chrétien.
05:04 Moi, dans ma commune à Roubaix, vous avez 6 églises qui sont quasiment abandonnées
05:08 et vous avez des maires de communes qui refusent de procéder à leur entretien
05:12 parce que leur entretien incombe à la collectivité et coûte beaucoup trop cher.
05:16 Ben, cet abandon-là, l'abandon de notre héritage culturel,
05:19 de notre civilisation, est beaucoup plus sidérant que foudroyant
05:24 qu'une simple tenue légère qui est la baïa.
05:27 La baïa, on le sait, c'est une nouvelle provocation.
05:30 Mais le problème, c'est que gouverner, comme le disait si bien le général de Gaulle,
05:34 c'est prévoir. La République doit d'abord définir ce qu'elle autorise
05:38 dans le service public et justifier une défense de la laïcité
05:44 sous le prisme de l'interdiction, sans définir, par l'intermédiaire du législateur,
05:52 les garanties, les libertés.
05:54 - On verra, il y aura peut-être une loi, on ne sait pas.
05:56 Pour l'instant, on parle d'une circulaire.
05:58 - Mais non, mais le problème de la circulaire, monsieur Toussaint,
06:01 le problème de la circulaire, c'est que, encore une fois,
06:04 nous assistons à un renoncement lâche et crasse des responsables politiques
06:08 parce que la circulaire, c'est laisser le soin aux représentants
06:12 du gouvernement, de l'administration, le soin de déterminer de manière
06:16 totalement arbitraire ce qui entre dans le religieux ou pas.
06:19 Et je vais vous dire ce qui va se passer demain.
06:21 Il ne va rien se passer, c'est le pas de vague qui va reprendre le dessus.
06:25 Aujourd'hui, si vous voulez reprendre le dessus, il ne faut pas se contenter
06:29 d'une simple déclaration ministérielle, il faut une loi pour définir
06:34 ce qui relève du religieux et ce qui ne relève pas du religieux.
06:38 - On verra en effet comment tout ça évolue.
06:40 Eléonore Schmitt, est-ce que, pardon de vous dire ça comme ça,
06:43 mais est-ce que vous ne faites pas un déni de réalité en disant qu'au fond
06:46 ce vêtement n'est pas un signe religieux ?
06:50 - Non, ce n'est pas du tout un déni de réalité, c'est justement
06:53 le Conseil français du culte musulman qui le dit, ce n'est pas un signe religieux.
06:56 Et en fait, c'est une polémique qui n'existait pas du tout avant,
06:59 il y a encore quelques mois, où personne ne parlait de la Baïa,
07:02 personne ne disait que c'était un problème.
07:04 Et aujourd'hui, on voudrait nous faire croire qu'à la rentrée,
07:06 du coup, on va devoir dire...
07:08 - Parce que les chiffres vont exploser aussi, c'est ça aussi qui a changé.
07:12 - Non, ce n'est pas du tout ça, c'est juste qu'on rentre justement
07:14 dans un mécanisme où il y a une fascisation du pouvoir,
07:16 où il y a de plus en plus des politiques d'extrême droite
07:19 qui sont menées tout simplement par le gouvernement.
07:21 - Entre avril et juin 2023, les chiffres...
07:25 Pardon, les signalements ont augmenté très fortement.
07:29 - Et sur quelle base est-ce qu'on décide qu'une robe longue
07:33 est un Abaya ou n'est pas un Abaya ?
07:35 La question, c'est du coup, on va commencer à regarder le nom
07:38 et le prénom de la personne, on va regarder quelle est sa confession,
07:41 on va regarder quelle est sa couleur de peau.
07:44 Donc c'est une politique qui est juste basée sur des critères
07:47 profondément racistes et islamophobes, c'est uniquement ça.
07:51 Un Abaya, c'est une robe longue, c'est un vêtement,
07:53 ce n'est pas un vêtement religieux.
07:55 - D'abord, Mme Schmitt, vos sources de référence sont quand même
07:57 assez surprenantes. Le Conseil français du culte musulman,
08:00 on a de français que le nom. Le Conseil français du culte musulman,
08:05 ce sont des représentants de l'islam consulaire, de l'Algérie,
08:09 de la Turquie, du Maroc, qui veulent importer leurs idées,
08:13 qui veulent influer sur le marché du halal, sur le commerce,
08:15 sur l'habillement, etc. Moi je crois que d'abord,
08:18 c'est aux musulmans de France de décider de la façon dont
08:21 ils entendent pratiquer leur culte, mais en République,
08:24 c'est la République qui dicte et qui décide des règles
08:27 du fonctionnement du service public.
08:29 Deuxième point, vous nous dites que ça va être très compliqué
08:34 finalement demain de déterminer ce qui relève du religieux ou pas,
08:37 mais c'est aux législateurs de le faire, Mme Schmitt.
08:40 Et vous aujourd'hui, et c'est ce que je vous reproche au fond,
08:43 à vous comme à l'ensemble des syndicats étudiants,
08:46 c'est que vous vous engagez pour contester l'interdiction,
08:50 moi je suis engagé pour dénoncer leurs obligations,
08:54 leurs impositions, je pense notamment aux femmes iraniennes,
08:58 aux femmes saoudiennes, qui elles n'ont pas le choix
09:02 puisque par définition, le port de la baïa leur est imposé.
09:05 Je vous invite quand même à faire preuve de prudence
09:07 et faire preuve de modération quand même dans vos propos.
09:10 Et puis, peut-être un dernier point, parce qu'en réalité,
09:14 nous ne pouvons pas éternellement être pris en otage
09:17 sur le port de la baïa.
09:18 Moi je crois que plus que le port de la baïa,
09:20 l'école fait face à une offensive culturelle,
09:23 à des défis insurmontables, les révolutions technologiques.
09:27 Je crois qu'il y a une crise de défiance et d'autorité.
09:30 - Là vous me revoilez du coup alors.
09:32 - Moi je crois qu'il faut demain imposer,
09:37 pour lutter contre toutes les inégalités de classe,
09:40 les inégalités de genre, les inégalités culturelles,
09:43 imposer notamment la question de l'uniforme à l'école,
09:47 le respect de l'enseignant, le respect du maître.
09:50 Et ça, voyez-vous, des syndicats comme le vôtre,
09:53 je suis désolé de vous le dire, mais ont affaibli d'une certaine façon
09:57 le respect du maître, le respect de l'enseignant,
10:00 le respect du sacré, la tolérance, les valeurs
10:03 au sein de l'éducation nationale.
10:05 - Parce que l'interdiction de la baïa, c'est un pas vers l'uniforme.
10:09 - Bien sûr que c'est un pas vers l'uniforme, c'est justement pour ça
10:11 qu'on voit que ça fait partie des mêmes politiques proposées
10:14 par l'extrême droite, proposées par le Rassemblement national,
10:16 mais ce n'est pas du tout en imposant un uniforme qu'on va gommer
10:19 par exemple les inégalités sociales qui existent.
10:21 Les inégalités sociales, elles sont là.
10:23 Aujourd'hui on a une politique de mixité sociale
10:25 qui est égale à zéro, et on a besoin justement d'investir
10:28 dans l'éducation, on a besoin d'investir dans l'école publique,
10:30 et ce n'est pas du tout en menant des politiques comme ça,
10:32 en attaquant notre service public encore une fois,
10:35 et en faisant des fausses polémiques sur des sujets
10:37 qui ne sont en rien polémiques, qu'on va avancer.
10:40 Nous on pense que c'est justement en investissant
10:42 dans l'éducation nationale, en faisant en sorte que
10:44 en cette rentrée, tous les élèves puissent avoir des fournitures scolaires,
10:47 qu'en cette rentrée, aucun élève ne meurt de faim,
10:50 parce que c'est littéralement ça qui se passe,
10:51 c'est des élèves qui ne peuvent pas vivre dans des bonnes conditions,
10:53 qui ont faim, qui du coup ratent aussi l'école,
10:56 parce que forcément ils ne sont pas concentrés
10:58 quand on a faim, quand on a froid, etc.
11:00 Et c'est ça aujourd'hui le vrai sujet,
11:02 ce n'est pas la question de comment des jeunes femmes s'habillent.
11:04 C'est quand même absolument indécent d'en arriver à chaque fois à cette conclusion-là,
11:08 que ce soit sur le crop top ou sur une jupe trop longue,
11:10 on revient toujours à la même question,
11:12 qui est la tenue des femmes, et en l'occurrence
11:14 la tenue des jeunes femmes musulmanes.
11:16 Et ça c'est une poétie qui est juste profondément raciste.
11:19 Mais moi madame, je crois qu'en réalité,
11:22 les inégalités et les discriminations découlent de votre propos.
11:25 D'abord c'est faux de dire que la baillard n'est portée
11:27 que par des femmes musulmanes.
11:28 Vous savez, dans mes racines familiales,
11:32 il y a une partie cabile, une frange cabile,
11:35 qui elle n'est pas musulmane et porte la baillard.
11:38 Donc je tiens quand même à déconstruire un petit peu
11:40 la façon dont vous apportez le débat aussi facilement,
11:42 avec autant de facilité,
11:44 parfois autant d'inductions qui ne sont pas factuelles
11:46 et absolument pas réelles.
11:48 Le problème de la baillard, c'est d'abord un problème politique.
11:51 Et je m'étonne qu'après 10 minutes d'intervention,
11:54 vous refusez d'admettre que la baillard est aujourd'hui
11:58 un vêtement porté sous influence.
12:00 C'est l'influence de doctrines islamistes,
12:04 mais qui sont des doctrines politiques.
12:06 - Olivier Véran, ce matin, porte-parole du gouvernement,
12:08 utilisait le terme d'attaque politique.
12:11 - Mais oui, ce n'est pas une attaque religieuse.
12:13 - Donc des jeunes femmes sont une attaque politique
12:16 parce qu'elles décident de mettre une jupe trop longue ?
12:18 C'est ça du coup le sujet ?
12:20 - Alors, soit vous êtes dans le déni.
12:22 - Ce n'est pas du tout une question de déni.
12:23 - Ou alors vous êtes naïve.
12:25 - C'est qu'encore une fois, le cabinet d'Attal
12:27 dit que la République est testée.
12:29 Olivier Véran parle d'attaque politique.
12:31 On parle de jeunes femmes, on parle de mineurs en l'occurrence.
12:33 Et de manière générale, il n'y a pas à dire aujourd'hui
12:35 que la République serait du coup de s'habiller de telle ou telle façon.
12:37 - Vous avez des pays comme l'Algérie,
12:39 comme le Maroc, comme la Turquie,
12:41 comme l'Arabie Saoudite, qui aujourd'hui
12:43 veulent prendre en otage
12:45 nos 4 millions de compatriotes musulmans.
12:48 Ils veulent s'accaparer de l'appareil
12:50 des instances représentatives des musulmans de France.
12:53 Ils veulent influer sur le marché du halal.
12:56 Aujourd'hui, nos millions de compatriotes musulmans,
12:58 ils ne veulent pas être instrumentalisés par vos débats.
13:01 Ils veulent aujourd'hui un Islam de France.
13:03 Et ils ne veulent pas que vous leur dictez
13:06 la façon dont ils veulent pratiquer leur culte.
13:09 Et donc, vos propos, Madame, sont totalement condamnables
13:12 parce que vous faites des amalgames
13:14 qui doivent être dénoncés.
13:16 Les musulmans sont d'abord français.
13:18 Ils aiment la France.
13:20 Et la République sera d'abord et avant tout
13:22 au-dessus des religions.
13:24 - Merci d'avoir participé à ce débat.

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