LAURENT GBAGBO TIRE SUR MACKY ET CIE

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00:00 Le problème qui se pose aujourd'hui au Niger est un bon cas d'école pour tous les Africains.
00:15 Pour tous les Africains, c'est un bon cas d'école.
00:27 Mais je crois que les Africains n'étudient pas assez l'histoire des autres peuples.
00:32 C'est pourquoi ils sont souvent paniqués devant ce qui arrive.
00:41 Les coups d'État, il y en a beaucoup.
00:47 Il y en a beaucoup.
00:51 Il y a eu combien de coups d'État au Nigeria ?
00:57 Depuis l'indépendance ?
00:59 Il y a eu combien de coups d'État au Bénin ?
01:05 Il y a eu combien de coups d'État au Togo ?
01:12 Il y a eu combien de coups d'État au Ghana ?
01:22 On sait qu'il y a eu un coup d'État au Côte d'Ivoire.
01:26 Il y a eu combien de coups d'État au Libéria ? Sanglant !
01:32 Où les dignitaires du régime ont été fusillés au bord de la mer.
01:40 En Sierra Leone.
01:45 En Guinée.
01:49 En Afrique.
01:51 Je peux continuer ?
01:57 Tout ça, dans tous les pays de la CEDEAO, il y a eu combien de coups d'État ?
02:05 Nous vivons avec les coups d'État.
02:14 Les coups d'État font partie de nos agendas politiques.
02:19 Il ne faut pas se mentir.
02:25 Il ne faut pas se mentir et croire que parce qu'on a élevé la voie,
02:34 et qu'on dit qu'on va aller envahir le Niger militairement, on va mettre fin aux coups d'État.
02:43 C'est faux !
02:45 Ça, c'est la première chose que je voudrais affirmer.
02:54 La deuxième chose que je veux affirmer,
02:58 c'est que ceux qui disent qu'ils vont aller envahir le Niger,
03:07 beaucoup d'entre eux sont des faiseurs de coups d'État.
03:12 Quand ta constitution dit que tu as droit à deux mandats,
03:20 pas plus,
03:25 et qu'au deuxième mandat, tu tripotouilles la constitution
03:31 pour te faire un troisième mandat, puis un quatrième, puis un cinquième,
03:40 c'est un coup d'État.
03:42 Qu'est-ce que tu fais là ?
03:47 Ce n'est pas un coup d'État ça ?
03:50 C'est un coup d'État ?
03:53 Donc moi je vois des gens,
03:57 il y en a même qui ont suspendu tous les partis d'opposition dans leur pays,
04:07 et puis viennent envahir, en guerre, pour mettre la démocratie au Niger, et chez toi.
04:15 Et chez toi.
04:19 Vous voyez ?
04:23 Donc c'est un jeu de mensonges.
04:28 Et c'est contre ça que je me révolte.
04:35 Moi je connais Bazoum.
04:38 Bazoum c'est mon copain.
04:42 Là-bas, à Niamey, je connais où se trouve la maison de Bazoum.
04:55 Je suis allé plusieurs fois là-bas.
04:59 Plusieurs fois là-bas.
05:01 Et il est venu ici, chez moi.
05:08 Et Ibeka du Mali est venue ici plusieurs fois,
05:16 est allé voir ma maman au village,
05:20 et mon papa qui vivait encore au village.
05:26 Mais je vous le dis,
05:30 je vous le dis,
05:33 il ne faut pas mentir.
05:36 Il ne faut pas mentir.
05:40 On ment,
05:43 quand on laisse croire aux gens
05:47 qu'on veut aller au Niger
05:54 pour réinstaller Bazoum dans les fauteuils démocratiques.
05:59 Mais c'est faux.
06:01 C'est pas pour ça qu'on va.
06:05 C'est pas pour ça qu'on va.
06:10 On est pistonnés par derrière.
06:14 Pistonnés par derrière pour aller faire un coup.
06:24 Pour l'uranium, le gaz, le pétrole, etc.
06:29 Il ne faut pas mentir.
06:34 Il ne faut pas mentir.
06:37 Bazoum a été renversé.
06:42 Il n'est pas le seul, il n'est pas le premier à être renversé ici.
06:47 Bazoum a été renversé.
06:51 Bon.
06:53 Ok, il est renversé.
06:58 Mais il faut se mettre en position pour discuter pour qu'il soit libéré.
07:07 Il faut qu'il soit libéré.
07:13 Mais lui faire croire
07:18 qu'on va le réinstaller au pouvoir, on lui ment.
07:22 On lui ment le coût d'été à consommer.
07:29 Moi, c'est ça qui est ma position.
07:36 Je ne connais pas Bazoum, je connais Youssouf, tout ça.
07:44 Je les connais.
07:47 C'est tous mes copains.
07:49 Au fait, Monsieur le Président, pourquoi le coup d'état du Niger fait tant mal que les autres ?
08:01 On a assisté tranquillement aux autres coups d'état et à la mise en place des transitions.
08:07 Et puis sur le Niger, on veut lever des armées pour aller combattre.
08:10 Qu'est-ce qui se passe ?
08:12 Pourquoi ça fait tant mal au Niger ?
08:17 C'est là qu'il faut creuser.
08:19 C'est là qu'il faut creuser le pouvoir.
08:23 Moi, je ne sais pas encore ce qu'il y a.
08:26 Moi, je ne sais pas encore ce qu'il y a.
08:32 Mais...
08:34 Ça ne doit pas être très propre, toute cette histoire-là.
08:39 Ça ne doit pas être très propre, ni très simple.
08:45 Ok, Albert-Yves, en attendant qu'on cherche tous,
08:48 on va donner la parole à nos autres confrères et consoeurs,
08:53 s'ils ont des questions sur le coup d'état en Afrique de l'Ouest.
08:59 Merci, Monsieur le Président. Jérôme Drip, le quotidien Le Nouveau Réveil.
09:03 Jérôme Drip, le quotidien Le Nouveau Réveil.
09:06 Monsieur le Président, en 2010, vous avez critiqué un peu la pratique de la CDAO.
09:11 En 2023, quand vous regardez la CDAO, est-ce qu'elle demeure se giant au pied d'un gilet ?
09:17 Est-ce que vous pensez que cette organisation sous-régionale est encore forte
09:22 pour pouvoir régler des crises dans la sous-région ?
09:27 Vous avez même dit que ce qui est bien dans la CDAO, c'est sa création.
09:34 Oui, je me souviens de ça.
09:37 Je me souviens de ça.
09:40 Mais ce que je veux vous dire, c'est que la CDAO, il faut la remplacer.
09:54 Il faut la remplacer. Il faut la changer.
10:01 Les gens qui la dirigent en ce moment perdent pied.
10:09 Et ce sont les gens d'une certaine tendance qui parlent le plus fort.
10:17 Première chose.
10:21 Deuxième chose, si vous voyez au niveau de la CDAO,
10:26 le problème, c'est dans les pays francophones.
10:31 C'est dans les anciennes colonies françaises.
10:37 Qui a le problème ?
10:40 Aujourd'hui.
10:42 C'est en Guinée, au Burkina, au Mali, au Niger.
10:54 Alors qu'avant, il y a eu des problèmes ailleurs.
10:58 Mais aujourd'hui, les pays non francophones sont un peu tranquilles.
11:06 Même dans le reste de l'Afrique, les pays non francophones sont un peu tranquilles.
11:14 Mais c'est dans les pays francophones.
11:17 Ah là là !
11:20 C'est le problème.
11:25 Bazoum était prétexte.
11:32 Bazoum, c'est un petit gars dans la lanine.
11:41 C'est un prétexte.
11:44 C'est un prétexte.
11:47 Il faut qu'on milite pour que Bazoum soit libéré.
12:01 Qu'un chef d'État de la région ou d'ailleurs, accepte de le recevoir, lui et sa famille.
12:15 Et comme ça, on aura vidé la partie émotionnelle du problème.
12:25 Parce que maintenant, est-ce qu'ils vont le tuer ? Est-ce qu'ils ne vont pas le tuer ?
12:28 Bon, encore que s'ils voulaient le tuer, ils l'auraient déjà tué.
12:33 Mais je pense qu'ils ne vont pas le tuer.
12:36 Mais quand même, cette partie émotionnelle sera vidée.
12:46 Mais moi, vous savez ce que je souhaite que la CDI fasse ?
12:54 Je souhaite que ça force en attente.
13:00 Moi, j'ai rigolé l'autre jour.
13:05 Quand j'écoutais mon président parler, quand il dit "oui, moi je vais envoyer un bataillon".
13:13 Un bataillon, ce n'est rien pour aller faire une guerre.
13:18 Un bataillon.
13:23 Vous verrez, comme il n'a pas fait l'armée, moi, je suis le sergent, j'ai fait l'armée.
13:28 Alors, c'est quoi un bataillon, Monsieur le Président ?
13:30 Un bataillon, c'est trois compagnies.
13:33 Un bataillon, c'est trois compagnies.
13:38 Mais bon, dans le pays où ils ne sont plus là, ils peuvent aller jusqu'à quatre compagnies, mais ce n'est rien.
13:46 Ce n'est rien.
13:49 Un bataillon.
13:51 Un bataillon.
13:52 Ne pouvez pas occuper Papa Gurasso.
13:56 Vous comprenez ?
14:00 Un bataillon, ce n'est rien.
14:09 Bon, comme la CDA compte 15 États et qu'il y a 14 qui ne sont pas en coup d'État, peut-être qu'il s'agit de faire en sorte qu'on ait 14 bataillons.
14:28 Bon, là, ça peut un peu compter, mais vous savez, je souhaite que cette force en attente dont ils ont parlé,
14:45 qu'elle soit mobilisée et que les chefs d'État-major se réunissent pour faire un plan de lutte contre les terroristes.
15:02 Le jour où on m'a dit que la CDA s'est réunie et a décidé de lancer une vaste offensive contre les terroristes en Afrique de l'Ouest,
15:13 et que les chefs d'État-major ont pris la décision de faire le plan de bataille contre ceux-là,
15:29 et que les terroristes sont venus à Bassam, au nord de la Côte d'Ivoire, on les voit frémir, on les voit s'exciter un peu de temps en temps,
15:40 au Burkina, au Mali, au Niger, etc.
15:48 On peut y envoyer nos forces en attente pour se battre contre les terroristes. C'est ça que j'attends de la CDAO.
16:01 Et non pas de chercher à aller délivrer Bassam pour le repasser au pouvoir.
16:12 Bassam, on peut le libérer par la parole, par la négociation.
16:19 Mais ce qu'il faut faire, c'est d'envoyer les forces combattantes pour chasser les terroristes sur toute la superficie de l'Afrique de l'Ouest.
16:40 C'est ça que j'attends.
16:42 Une autre question par ici. Alors on va prendre les questions en même temps. Oui, allez-y.
16:53 Merci, Monsieur le Président. Dans l'une de vos questions, vous avez constaté que le problème en Afrique de l'Ouest, c'est dans les zones francophones.
17:02 Doit-on conclure que le problème, c'est la France ? Et la CDAO, vous avez évoqué également un piston derrière. C'est qui le piston ?
17:11 C'est qui le piston derrière ? Qui pousse la CDAO ?
17:19 Alors, vous voyez, il faut ouvrir les yeux.
17:30 Et ne pas prendre toujours les évidences comme des révélations.
17:41 Ouvrez les yeux. Où il y a eu des coups d'État en ce moment-ci ?
17:47 C'est en Guinée, c'est au Mali, c'est au Burkina Faso, et c'est au Niger.
18:05 Ce sont quatre pays quoi ? Quatre pays francophones.
18:12 Bon, ça c'est une évidence, on le voit. Alors ne prenez pas ça pour une révélation que je vais vous faire.
18:22 Parce que vous-même, vous pouvez le constater et le voir.
18:28 C'est ça. Ce sont quatre pays francophones. Voilà.
18:37 Alors ensuite, quand j'ai dit qu'il y a le piston derrière, aujourd'hui, vous avez remarqué bien.
18:46 Quels sont ceux qui parlent ? Pour aller faire la guerre, ça va sans avoir de talent.
18:56 Bon, on les connaît ces deux-là. On les connaît, dans l'Afrique ici.
19:08 Vous comprenez ? Voilà.
19:11 Donc, moi, je parle des évidences. Mais des évidences qui sautent à vos yeux, si vous regardez bien vous-même.
19:30 Mais ne prenez pas ça pour des révélations. Voilà.
19:36 Oui, la deuxième question. La dernière, c'est cet aspect-là.
19:43 Merci, Monsieur le Président.
19:46 Je suis Gobson Zago, du journal La Nouvelle Alliance.
19:53 Alors, dans cette histoire de la CDAO, dans la déclaration de guerre contre le Niger,
20:04 il y a des pays qui ont fait des déclarations.
20:09 Il y a le Mali et il y a le Burkina Faso qui disent que toute intervention au Niger sera perçue comme une déclaration de guerre.
20:25 On apprend déjà qu'ils ont même envoyé des blindés au Niger.
20:32 Quels sont les commentaires que cette position vous inspire ?
20:38 Vous me demandez les commentaires que ça m'inspire. Non.
20:49 C'est-à-dire que quand il y a eu un état de guerre, un état de guerre ne se fait pas dans un clan.
21:05 Il y a un clan et il y a un autre clan. C'est eux qui s'affrontent. Vous comprenez ?
21:16 Il y en a qui ont dit que le renversement du Basoum était une chose mauvaise
21:28 et que donc ils vont aller au Niger avec les forces armées.
21:37 Il y a quelqu'un même qui a dit « Oh, ça va nous prendre 48 heures, c'est tout ».
21:43 Donc, ils vont aller au Niger pour réinstaller Basoum dans son fauteuil présidentiel.
21:58 De l'autre côté, il y en a qui disent « Nous supportons ceux qui ont renversé Basoum ».
22:10 Ça, c'est le Burkina Faso. C'est le Mali.
22:19 Depuis peu, c'est la Dine aussi, c'est l'Algérie, c'est la Mauritanie.
22:30 Ils n'ont pas dit qu'ils vont se mettre en guerre, mais ils disent qu'ils sont contre.
22:40 Donc, le commentaire c'est que le deuxième clan se forme.
22:49 L'autre clan se forme et ils vont s'observer.
22:55 Ils vont s'observer et nous allons les observer.
23:01 Nous allons voir si la guerre va avoir lieu ou pas.
23:09 Moi, je ne souhaite pas qu'elle ait lieu, cette guerre.
23:13 Je ne souhaite pas qu'elle ait lieu. Je pense que ce serait la guerre la plus idiote.
23:23 Je pense que ce serait la guerre la plus idiote.
23:26 Donc, je ne souhaite pas que cette guerre ait lieu.
23:34 Mais je souhaite aussi que Basoum soit libéré.
23:40 Très bien.
23:43 Monsieur le Président, on va glisser tout à l'heure sur le dyadisme,
23:48 mais finissons d'abord pour que la chose soit claire avec cet esprit de coup d'État qui rôde dans la sous-région.
24:00 Vous avez été condamné, mais vous n'êtes pas pour la guerre de réinstallation du président déçu.
24:08 Est-ce que de cette façon-là, certains n'iraient pas d'interpréter votre position comme une validation d'un coup d'État ?
24:18 Deuxième chose...
24:29 Comment mettre fin définitivement à l'existence de cet esprit coup d'État dans la sous-région ?
24:42 Bien écoutez, moi...
24:46 Et puis il y a la preuve de solution deux fois démesure.
24:50 On se souvient qu'en 2002, quand vous avez demandé à des pays amis de vous aider ici parce que vous faisiez face à une rébellion,
24:58 on a dit que c'était une affaire ivoiro-ivoirienne.
25:02 Aujourd'hui, pour l'affaire nigéro-nigérienne, enfin, ce qu'on croyait, tout le monde veut y participer.
25:11 Mais vous avez de la mémoire.
25:14 On est des contemporains, on est vivants.
25:16 Vous avez de la mémoire et c'est une bonne chose.
25:21 Mais comment vaincre tout ça ? Voilà, esprit coup d'État, réaction à double vitesse...
25:28 Écoutez, moi, j'ai peut-être la déformation de mon métier, de ma profession d'historien.
25:41 J'ai dit toujours aux gens que la révolution française, c'est-à-dire la révolte contre la monarchie
25:54 et la lutte qui s'est transformée progressivement en lutte pour un autre système politique que la monarchie,
26:05 elle a commencé à 1789.
26:12 Mais la République s'est réellement, définitivement installée en France en 1870, presque un siècle après.
26:34 Mais quand on est contemporain, on est impatients.
26:41 Et c'est l'impatience qui nous gagne.
26:50 Pour ceux qui ont étudié l'histoire de la France dans cette période d'ébullition,
27:04 et non comme la Martin a été président pendant un jour, un jour,
27:14 les choses passent, elles vont, elles viennent, tout est...
27:27 tout est sans dessous, mais c'est chaque peuple qui construit son histoire.
27:43 C'est chaque peuple qui construit son histoire.
27:49 Les Français ont construit leur histoire. Aujourd'hui, ils en récoltent les dividendes.
28:00 Ceux qui sont là, leurs parents ont construit pour eux leur histoire.
28:12 Les Américains ont connu plusieurs guerres, mais on ne retient que deux principales.
28:28 La guerre des libérations contre les Anglais, et puis la guerre des sécessions.
28:43 Mais ils ont dépassé cette guerre. Ils les ont faites, ils ont eu des morts.
28:53 Aujourd'hui, ils réussissent les acquis.
28:59 Ils ont les acquis. Les victoires de ces deux guerres.
29:07 Ils sont indépendants et ils sont une fédération, du nord au sud.
29:19 Mais nous en Afrique, on ne veut pas se mouiller le maillot.
29:27 On ne veut pas se mouiller le maillot. On commence à lutter un peu.
29:37 Et puis, allez, après le temps, il va venir nous aider.
29:46 Après le temps, il va venir nous aider. Ce n'est pas comme ça.
29:50 Quand on construit les sous-pas, vous voyez le maillot.
29:58 Et nous sommes en train de mouiller le maillot.
30:06 Vous ne pensez pas que moi, j'avais envie de vivre tranquillement aussi.
30:14 Mais le 11 avril 2011, on m'a arrêté comme un chénapin.
30:33 Un que je ne vais pas citer, moi-même, ici le dos.
30:40 Pour me jeter dans une voiture où quelqu'un d'autre m'attendait,
30:48 pour m'emmener au golf.
30:56 On mouille le maillot. On lutte pour l'indépendance de notre pays.
31:09 Il n'y a pas d'indépendance sans souffrance.
31:15 J'ai une petite nièce qui est à l'école, qui est venue un jour,
31:20 "Eh, tonton, il y a ta photo dans le journal, dans mon livre d'histoire.
31:26 On dit que tu as été président."
31:31 On a mouillé le maillot.
31:37 Et puis, elle a peut-être 10 ans maintenant,
31:43 elle vient de me trouver tonton.
31:46 Elle était fière. "Eh, c'est mon tonton."
31:49 Les gens se moquaient d'elle à l'école.
31:53 "Mais de où tu connais ce monsieur-là?"
31:59 Vous comprenez?
32:01 Donc, nous sommes à l'étape où on mouille le maillot. Nous.
32:09 Les autres pays, il y a d'autres pays qui ont terminé cette phase.
32:15 Ils ont terminé leur phase de mouiller le maillot.
32:20 Ils ont terminé. Ils récoltent aujourd'hui les dividendes.
32:27 Nous, on est en pleine construction de nos pays et de notre démocratie.
32:41 Le cas du Niger est mieux parce que nous vivons.
32:47 Mais pour ceux qui vont venir dans 50 ans, dans 100 ans,
32:54 on va dire "Oui, le chef d'État du Niger, Bazoum, a été renversé."
33:00 Et ils vont prendre ça. Ce sera une ligne dans leurs livres.
33:08 Le chef d'État démocratiquement élu, Bazoum, a été renversé.
33:17 Et la CEDEAO n'a pas trouvé autre chose que de répéter ce qu'on nous avait dit ici.
33:27 Moi, j'ai fait partie de tout ça.
33:30 Oui, interdiction de...
33:44 Oui, oui.
33:47 Embargo sur les armes.
33:48 Embargo sur ceci, embargo sur cela, ta-la-ta. Nous, on connaît ça.
33:56 On peut dire "Oui, on connaît la chanson."
34:01 On connaît la chanson.
34:07 Vous comprenez ? On connaît ça.
34:13 Alors, moi, une chanson que je connais et que je ne veux pas chanter avec les autres,
34:21 c'est parce que je la connais trop.
34:26 C'est parce que je la connais trop.
34:32 Ils n'ont même pas fait, ils n'ont même pas eu l'intelligence de changer même.
34:38 J'ai l'air ici, j'ai l'air.
34:45 Embargo sur ceci, embargo sur cela, embargo dessus.
34:52 Vous savez que c'est la même chose et que ça ne change jamais rien.
35:01 Parce qu'au bout de quelques années, vous allez retrouver les gars de ce pays-là,
35:06 vous allez les embrasser et puis la vie va continuer.
35:13 Merci, M. le Président. Ça fait un bon moment que vous parliez.
35:17 Nous sommes au dernier thème de cette rencontre. Aberique ?
35:23 Oui, effectivement, il y a longtemps que nous sommes assis ici.
35:28 Nous allons permettre au Président de nous dire un dernier mot.
35:31 M. le Président, vous êtes, on l'a constaté, une mine de connaissances
35:38 et de savoirs historiques et politiques.
35:42 Vous êtes un latiniste, donc vous êtes ancré dans beaucoup de cultures.
35:47 Nous ne pouvons pas vous laisser partir sans vous demander de nous éclairer sur le panafricanisme
35:52 que certains, à tort ou à raison, considèrent comme le régé de l'Occident par la jeunesse africaine.
36:01 Et pourtant, ce concept prend ses sources dans les luttes pour les indépendances en Afrique.
36:09 Merci. Je vous remercie tous d'être venus.
36:16 Nombreux ici, amicalement, et...
36:25 Les...
36:36 Au temps où nous autres nous naissions, je viens de finir en 1945, hein, pour...
36:46 Mais au temps où nous autres nous naissions,
36:51 tous les Noirs des Amériques, d'Haïti, se définissaient comme africains.
37:03 Se définissaient comme africains.
37:08 Et pourquoi ?
37:12 Hum hum.
37:16 Ah !
37:20 Est-ce que...
37:23 [Bruit de la salle]
37:41 C'est pourquoi...
37:44 [Bruit de la salle]
37:48 C'est eux qui ont lâché le mot panafricanisme, le terme.
37:58 Les Dubois et autres, ils ont accompagné un Kurma ici,
38:06 ils ont rencontré un Kurma aux Etats-Unis, ils l'ont accompagné ici,
38:13 et c'était une belle rencontre.
38:22 Ils ont lancé le terme de panafricanisme.
38:31 À notre époque, il a signifié tous les Noirs des Amériques et tous les Noirs d'Afrique,
38:44 un rassemblement.
38:47 C'est ce que ça signifiait.
38:50 [Bruit de la salle]
38:56 Le terme a été récupéré par un Kurma, qui était leur ami,
39:06 dans l'Afrique des Blocs-Unis,
39:12 pour parler
39:20 du moment où il était question de l'indépendance des colonies africaines.
39:30 Lui, il souhaitait un rassemblement de ces colonies à un seul État.
39:42 Vous savez, le Kurma a fait ce truc aux Etats-Unis.
39:47 Aux Etats-Unis, c'est, je crois, 54 États, non ?
39:54 54 États.
39:57 Voilà. Nous, ici, en Afrique, on est 54 États aussi.
40:03 Voilà. Donc, lui, le nombre ne le frayait pas.
40:10 Lui, il a vu ça.
40:20 Mais, les débats ont eu lieu.
40:25 Les débats ont eu lieu.
40:31 Dans l'Afrique francophone, un homme comme Senghor
40:38 a voulu que la WEF, l'Afrique occidentale française,
40:45 arrive à l'indépendance sous la forme d'un seul pays.
40:53 La WEF, ça a dû depuis le Sénégal
41:01 jusqu'à le Daome, devenu Béné.
41:12 Et ils luttaient pour ça.
41:16 Ils ont fait un congrès à côté de nous en 1956
41:22 où les partis socialistes africains avaient réclamé l'union
41:40 des pays africains dans la WEF et leur indépendance dans la WEF.
41:46 Mais, Oufo Baguire a répondu,
41:50 "Je ne veux pas d'un État dont la capitale serait Dakar
42:04 et la Côte d'Ivoire serait la Vachalet."
42:12 C'était poser clair les deux positions
42:20 qui ont fait que, finalement,
42:25 chaque État est allé en indépendance en ordre dispersé.
42:39 Senghor a essayé de sauver la face
42:44 en faisant une union avec le Soudan français
42:51 qui a donné le Mali
42:56 dans une fédération dite du Mali.
43:01 Et la fédération du Mali a duré, dont le président était Modibo Keïta,
43:11 a duré quelques mois.
43:14 Et Modibo a dû revenir à Bamako.
43:23 Donc, ce que moi je considère,
43:28 c'est que nos pays sont trop petits.
43:40 Ils sont trop petits sur la scène mondiale.
43:56 Je cite toujours devant mes amis cet exemple
44:00 quand j'étais en visite officielle à Pékin.
44:07 J'étais en visite officielle à Pékin.
44:14 J'étais sur la place Rouge avec le chef des Tachinois.
44:24 On a armé des filets de façon impeccable.
44:29 On a joué l'hymne national du Côte d'Ivoire.
44:34 J'étais fier comme un contre.
44:39 Et on a joué l'hymne national chinois.
44:44 Mais je me suis dit, ils m'ont eu.
44:49 Parce qu'ils doivent rigoler.
44:53 Nous on avait presque 20 millions d'habitants.
44:59 1,5 milliard d'habitants.
45:06 1,5 milliard d'habitants.
45:14 Qu'est-ce que je pense ?
45:17 Rien.
45:23 Rien.
45:25 Et si je quitte là, que le président Gambien s'en va là-bas ?
45:33 Ils vont faire le même défilé.
45:36 Ils vont jouer les hymnes nationaux.
45:42 Mais ce sera encore moins que rien.
45:49 Vous comprenez ? Donc souvent, les emblèmes, les postules,
46:00 font que les chefs d'État africains se croient quelque chose.
46:08 Or, ils sont liés.
46:13 Nous, chefs d'État africains, on se croit quelque chose alors qu'on est bien.
46:24 Mais par rapport au nombre d'habitants,
46:29 par rapport à la capacité d'achat, par rapport à la capacité de production,
46:39 on n'est rien.
46:45 J'en ai compris.
46:48 J'en ai compris qu'il faut qu'on s'érasse progressivement.
46:56 Il faut qu'on se rassemble.
46:59 Il faut que les pays africains se rassemblent pour avoir un petit contenu.
47:09 C'est ça, le panafricanisme que j'appelle, de tous mes voeux.
47:16 Il faut que nous nous rassemblions.
47:21 Il faut que nous nous rassemblions pour ne pas être des petites gouttes de larmes
47:31 perdues dans une tasse de café.
47:35 Chers amis, je vous remercie. Merci.
47:40 Merci beaucoup Monsieur le président.

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