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00:00C'est dire que la fourberie dont Israël a toujours fait preuve dans la gestion de ce dossier ne date pas d'aujourd'hui.
00:11Le Sénégal a continué et c'est ce qui a justifié en 1975,
00:20lors de la création de ce comité, que toutes les initiatives aient concouru à désigner le Sénégal comme président de ce comité,
00:34laquelle le président s'est assuré par nos pays jusqu'au mois où je parle sous la direction du Président Basirou Dioumaï Diakarfeï.
00:41Beaucoup d'initiatives ont été prises par le Sénégal et par tous les régimes successifs.
00:49Jusqu'à la dernière qui avait abouti au vote d'une résolution en 2016,
00:57un des intervenants l'a rappelé, qui avait condamné Israël par rapport à l'extension de ses colonies sur les terres palestiniennes.
01:09Donc si aujourd'hui, le régime nouveau sous la direction du Président Dioumaï Diakarfeï décide de continuer cette œuvre,
01:19il ne fait que respecter une tradition.
01:22Mais ce qui sera nouveau, c'est que nous avons décidé d'aller au-delà des déclarations, des initiatives au niveau des Nations Unies,
01:32mais d'être très présents à côté de nos frères palestiniens pour mener ensemble ce combat.
01:42Monsieur l'Ambassadeur, je vous disais dans mon bureau que je ne regarde plus les télévisions internationales
01:51parce que les images qui sont diffusées sur la Palestine me sont insupportables.
01:57Tout le peuple sénégalais, j'allais dire toute l'Afrique, parce qu'il faut reconnaître que l'Afrique a toujours été au premier plan de ce combat.
02:06Aujourd'hui, à ma connaissance, il n'y a que deux États africains, le Cameroun, je crois, et l'Érythrée, qui n'ont pas reconnu officiellement l'État de Palestine.
02:16Tous les autres États ont reconnu l'État de Palestine, ont été parmi les premiers à l'avoir reconnu.
02:26Nous sommes ici dans le cadre d'une manifestation de soutien au peuple palestinien.
02:32Et ce qui semble le plus visible, c'est que c'est l'aspect religieux, cette religion que nous partageons avec la majorité du peuple palestinien.
02:46Je dis simplement que pour combattre l'injustice, de tous ceux qui participent à un combat contre l'injustice, les motivations peuvent être plurielles.
02:58La motivation religieuse en est une, et ce qui semble être prégnant ici, dans cette Assemblée,
03:05mais on peut participer à un combat contre l'injustice pour d'autres raisons.
03:11Simplement, on ne supporte pas l'injustice, indépendamment de ses croyances et de ses convictions.
03:17On peut y participer pour des raisons ethniques, des raisons familiales.
03:24On peut y participer pour des raisons géographiques, mais on peut y participer simplement par humanisme.
03:33L'aspect religieux ne peut pas être dénié dans cette problématique qui se pose depuis très longtemps.
03:47Certains historiens voudraient l'enlever totalement.
03:51Mais le problème n'est pas seulement religieux, il est éminemment également politique.
03:56Il est humain, simplement.
03:59Et c'est pourquoi aujourd'hui, dans la stratégie, il nous faut passer à être le plus large possible.
04:07Le président Seymour, qui a pris toutes les initiatives que nous savions, il n'était pas musulman.
04:13Il n'était pas tenu de le faire, pourtant il l'a fait.
04:17Et depuis que cette nouvelle crise a démarré, les actions les plus visibles, je parle des plus visibles,
04:26je ne sais pas ce que font les pays arabes, mais les actions les plus visibles ont été initiées par l'Afrique du Sud, qui compte 2% de musulmans.
04:37Les actions les plus visibles ont été initiées par les pays d'Amérique latine,
04:43allant jusqu'à rompre radicalement les relations diplomatiques et à considérer qu'il s'agissait de génocide et de crimes contre l'humanité.
04:53Là où beaucoup de pays considérés comme musulmans sont restés à fond.
04:59Et c'est pourquoi la dimension politique dans le combat que nous menons est extrêmement importante.
05:07J'irai même beaucoup plus loin, puisque il y a matière à faire quelquefois à relativiser la dimension religieuse.
05:18Des milliers de personnes de confession juive ont violemment manifesté contre l'extermination qui se passe actuellement en Palestine.
05:29Nous l'avons vu aux Etats-Unis, nous l'avons vu en France et quelquefois même de temps en temps en Israël.
05:35Et donc il faut réunir tous ceux qui se disent non à cette injustice.
05:39La motivation des autorités israéliennes n'est pas forcément religieuse.
05:46Nous avons un premier ministre dont le pouvoir aujourd'hui dépend de cette guerre.
05:52La survie politique dépend de cette guerre.
05:55Et qui est prêt à marcher sur des milliers de cadavres pour rester premier ministre et pour ne pas faire face à la justice de son pays.
06:02C'est ça les motivations.
06:04Accompagnés maintenant par des ultra-orthodoxes qui malheureusement ont conduit le monde et particulièrement la Palestine dans ce chaos que nous vivons.
06:17Mais ça interpelle également notre conscience à tous.
06:22Nous sommes dans un monde particulièrement hypocrite.
06:26Un monde de poids, de mesures.
06:30Un monde où tous ceux qui nous chantent la démocratie et les droits de l'homme sont ceux aujourd'hui qui appuient Israël, qui l'arment, qui lui donnent les moyens d'envoyer des bombes sur des populations innocentes.
06:44Nous sommes dans un monde où les principes qu'on nous voit, qui sont décrétés à gauche et à droite, n'engagent que ceux qui y croient.
06:55Mais tout cela interpelle également la conscience des musulmans que nous sommes, des africains que nous sommes, des croyants que nous sommes.
07:05De comprendre que personne ne nous fera à notre place.
07:09Si on en est là, c'est lié à nos multiples divisions.
07:14Nous sommes incapables de parler d'une seule voix.
07:16Même si on nous laisse entre nous, nous sommes là à nous tirer dessus, à nous chamailler, partant de détails insignifiants.
07:24Je suis plus croyant que d'autres, j'ai la vérité infuse, les autres sont dans l'ignorance totale.
07:32Nous devons distinguer les aspects culturels des aspects politiques de la démarche qui doit être la nôtre pour créer des blocs qui nous permettent de nous défendre.
07:44Et je parle au double sens de croyant que nous sommes, quelle que soit notre croyance, et d'africains que nous sommes.
07:50Regardez ce qui se passe aujourd'hui en Afrique.
07:53Les africains sont sur les réseaux sociaux en train de se tirer dessus, sur des détails insignifiants, alors que nous sommes à tous les niveaux les derniers de ce monde.
08:03Et pour les croyants, c'est la même chose.
08:13Et pourtant, pour les musulmans que nous sommes, le Coran nous avait déjà averti des conséquences de la division.
08:21Chacun peut avoir sa façon de voir, qu'on soit sunnite, shia, orthodoxe, soufie, ou tout ce qu'on veut dire.
08:33Mais politiquement, nous devons transcender ces questions-là si nous voulons compter dans le monde.
08:41Si nous voulons faire face, si nous voulons exister, en tant que croyants, mais en tant qu'africains également.
08:48Je parle dans les deux directions.
08:51Et ce qui arrive aujourd'hui à la Palestine, qui arrive ailleurs, parce qu'ailleurs aussi, il y a des musulmans qui sont martyrisés.
09:00Comme il y a dans d'autres zones du monde des personnes qui sont martyrisées parce que simplement elles sont chrétiennes.
09:08Qui sont attaquées par des bandes armées qui se disent musulmans, qui ne le sont absolument pas parce que les musulmans ne se comportent pas comme ça.
09:16Mais si l'on veut faire face à toutes ces situations-là, il nous faut transcender nos petites différences.
09:25Le monde aujourd'hui fonctionne sur la base de la puissance et des blocs.
09:29Pourquoi le monde entier, le monde occidental entier, ne peut aujourd'hui, ne peut pas faire grand chose face à Vladimir Poutine ?
09:40Pourquoi ? Parce qu'il y a la puissance.
09:44Pourquoi on ne le ferait pas par rapport au vis-à-vis de la Chine ? Parce qu'il y a la puissance.
09:50Nous ne pouvons pas être ce que nous sommes.
09:52Et quand on a les moyens d'aller vers la puissance, quelqu'un a fait la dichotomie entre les palais des pays musulmans et la rue.
10:05C'est peut-être vrai, mais il faut relativiser beaucoup de choses.
10:10La question qu'on se pose, c'est que les pays musulmans qui ont des moyens, est-ce qu'on ne les a pas trop habitués au luxe maintenant ?
10:17De sorte que personne ne veut plus perdre ses avantages et personne ne veut plus prendre des risques.
10:23La vraie problématique se pose à ce niveau-là.
10:26Et c'est pourquoi je réitère toute notre douleur et notre peine face à cette situation que vivent nos frères palestiniens.
10:41Nous le dénonçons en tant que croyants, mais nous considérons qu'il faut avoir une approche très politique.
10:49Le pape François a dénoncé, a condamné et a réclamé deux états viables.
10:57D'autres convictions religieuses l'ont fait.
11:00Il faut aujourd'hui rassembler tout ce qui dénonce cette injustice,
11:05et travailler à une solution politique qui est une solution d'isolement de l'état d'Israël.
11:20Si l'ACPI a pu condamner pour crime contre l'humanité le premier ministre israélien actuel,
11:28c'est parce que l'Afrique du Sud a fait ce que nous aurions dû faire tous les pays musulmans pour obtenir ce résultat-là.
11:35Donc soyez inclusifs dans le combat, ratissons le plus large possible,
11:40et je pense que nous pourrions atteindre le résultat tant souhaité,
11:46qui est d'arrêter cette barbarie humaine validée, cautionnée par certains pays occidentaux, pas tous.
11:56Nous avons reçu, le président de l'Afrique et moi-même, le premier ministre espagnol avant-hier,
12:01le premier ministre espagnol et son gouvernement ont fermement condamné, et beaucoup d'autres gouvernements.