William Thay : «C'est pas la loi française qui s'applique, c'est la loi des gangs»

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Le politologue, William Thay, s'est exprimé sur les menaces de mort reçues par des agents municipaux à Ajaccio : «Ce n'est pas la loi française qui s'applique, c'est la loi des gangs».
Transcript
00:00 C'est un bon constat.
00:01 Malheureusement, c'est en train de toucher la Corse,
00:03 comme ça a touché un ensemble de territoires,
00:06 pas loin des métropoles,
00:07 et même des villes moyennes et des petites villes,
00:09 et des villes rurales, malheureusement.
00:10 C'est-à-dire qu'en France, l'État français,
00:13 la loi de la République française,
00:14 est concurrencée par ce qu'on appelle
00:16 les territoires perdus de la République,
00:17 la loi des gangs, la loi des caïds,
00:19 et la loi des grands frères.
00:20 C'est-à-dire que ce n'est pas un endroit
00:21 de non-France ou de désordre,
00:23 c'est-à-dire que c'est un autre ordre qui s'applique.
00:24 Ce n'est pas la loi française,
00:25 ce n'est pas la loi de la République française qui s'applique,
00:30 c'est la loi des gangs.
00:31 C'est eux qui décident qui a le droit d'entrer,
00:32 qui a le droit de vivre ou de mort,
00:33 qui a le droit de dealer,
00:34 qui a le droit de faire son marché économique
00:35 dans ces endroits-là.
00:37 Le point essentiel, c'est est-ce que l'État,
00:38 qui a été historiquement construit en opposition
00:39 par rapport aux factieux et en opposition
00:42 par rapport à...
00:43 Et pour certifier, pour consolider le pouvoir central,
00:44 peut se laisser faire continuellement.
00:46 Moi, je cite toujours le même exemple,
00:48 et je vais prendre le...
00:49 qui marche très bien.
00:50 François Hollande,
00:51 qui est le président le plus mou de l'histoire
00:53 de la Ve République,
00:54 le week-end du 13 novembre 2015,
00:56 le soir des attentats,
00:58 a ordonné l'état d'urgence
00:59 et a saisi entre 5 000 et 8 000 armes à feu
01:02 ce week-end-là.
01:03 Emmanuel Macron,
01:04 qui s'est construit en opposition à François Hollande,
01:07 qui est considéré comme mou
01:08 et qui a plaidé pour le président Jupiter,
01:11 n'est pas en état de faire un état d'urgence
01:13 pour reprendre le contrôle des territoires français,
01:15 expulser les dealers, les arrêter,
01:17 saisir les armes des trafiquants de drogue
01:20 et arrêter le trafic de drogue,
01:22 alors qu'on a eu le prétexte des émeutes
01:24 pour pouvoir intervenir.
01:25 Je pense que d'une part,
01:26 il faut reprendre le contrôle des territoires.
01:27 Vous allez me poser la question comment ?
01:28 Un, on active l'état d'urgence,
01:30 on donne des moyens exorbitants
01:32 de pouvoir à la police, à l'administration,
01:35 pour qu'ils saisissent toutes les armes à feu,
01:36 tous les points de deal
01:37 et qu'ils arrêtent tout le monde.
01:39 Parce que de toute façon,
01:40 si vous suivez la procédure normale et régulière,
01:42 on n'y arrivera pas.
01:43 Quand vous regardez ce qu'ont fait les États-Unis
01:44 contre Escobar et la Colombie,
01:45 quand vous regardez ce qu'ont fait les autres pays
01:47 qui ont eu la lutte contre le trafic de drogue,
01:48 ça a toujours reposé sur un plan
01:50 qui était d'ensemble.
01:51 Un, pouvoir exorbitant pour la police,
01:53 moyens accélérés pour la justice
01:55 et actions diplomatiques internationales
01:56 pour dire aux pays qui continuent
01:58 à nous envoyer de la drogue,
01:59 de leur dire si vous continuez
02:00 à nous envoyer de la drogue,
02:01 on vous impose des sanctions économiques,
02:03 on vous impose des sanctions diplomatiques
02:04 et vous allez disparaître de la carte du monde
02:06 très rapidement et très facilement.
02:08 ...
02:12 [SILENCE]

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