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La colère fait partie des émotions humaines fondamentales, les émotions primaires comme on dit.
Et pourtant on apprend depuis son plus jeune âge à la contenir.
Pour la vie en société c'est bien mais à force de garder ses humeurs enfouies cela peut causer des dégâts, bobos en tout genre et même dépression.
36.9° s'intéresse à cette émotion mal aimée. Vous apprendrez pourquoi nous ne sommes pas tous égaux face à la colère - cela dépend du développement de notre cerveau - et vous découvrirez aussi les thérapies de gestion de la colère.
Comment mieux vivre sa colère, c'est dans 36.9°.

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00:00 Second thème, la colère. La colère fait partie des émotions humaines fondamentales et nous
00:07 la ressentons tous. Elle est vitale, c'est elle qui régule le réflexe de combat-fuite
00:11 face au danger. Mais mal maîtrisée, ce sentiment agressif peut devenir anormal et déboucher
00:17 sur des troubles colériques. Pour bien vivre en communauté, il faut apprendre à gérer
00:21 sa colère et c'est très tôt dans la vie que cette émotion se construit dans le cerveau
00:26 humain. Un reportage de Fabienne Clément et Laurence Gemperlé.
00:33 Alors la colère chez moi elle se situe vraiment dans les mains, c'est quelque chose qui doit
00:38 sortir par les mains, donc que ça soit vraiment soit par les points fermiers, soit le fait
00:44 de taper sur quelque chose, que ça soit sur la table ou taper contre un mur.
00:48 Ça me prend la tête, mais en fait c'est une impression d'être prise par derrière
00:51 ou quelque chose qui est de l'ordre d'une vague qui vient par derrière.
00:55 Ouais, je pense que c'est quelque chose qui pousse comme ça et qui jaille par la gorge.
01:00 Que se passe-t-il dans notre corps quand on est en colère ? Pourquoi peut-on se laisser
01:08 déborder par cette émotion ? Remontons à cette période où la colère nous était
01:14 si familière. Nous sommes à la garderie de la Borde à
01:21 Bordeaux. Il est 8 heures, le groupe des 3-4 ans arrive.
01:25 Ici, chaque matin, c'est le même rituel. Les enfants commencent la journée en choisissant
01:31 leur humeur du jour. Il est fâché, il est en colère.
01:39 T'es un peu en colère ce matin ? La colère.
01:42 T'es contente aujourd'hui ? Ou la joie.
01:49 Il est content ? C'est Charlotte, la stagiaire, qui est à
01:59 l'origine de cette expérience sur les émotions.
02:01 C'est quoi là ? Il est fâché, il est en colère.
02:06 En crèche, on passe par des milliers d'émotions. Ça peut être la tristesse de quitter papa
02:11 et maman le matin, ça peut être la joie de l'arrivée d'une copine, d'être en
02:16 colère parce qu'un copain nous a piqué un jeu.
02:18 De pouvoir nommer son émotion, ça permet aussi de pouvoir se sortir d'un conflit ou
02:26 pouvoir ne pas être submergé par son émotion. À cet âge-là, aux alentours des 3 ans,
02:35 l'enfant vit ses émotions de plus en plus fortes. Et de pouvoir la différencier, la
02:40 nommer, ça va avec l'acquisition du langage, ça va avec l'affirmation de sa personnalité.
02:45 Donc c'est une étape qui est très importante dans le développement de l'enfant.
02:49 Vous êtes prêts ? On va recommencer à faire la colère. Vous faites des têtes très fâchées
02:53 et puis vous criez fort.
02:54 La colère fait partie des émotions de base, comme la joie, la tristesse ou la peur. Mais
03:03 de toutes les émotions, c'est celle que les enfants préfèrent, surtout les petits
03:07 garçons. Quand un enfant manifeste sa colère, c'est pour s'affirmer. Mais un nouveau-né
03:15 qui crie ou qui pleure, en revanche, n'est pas un bébé fâché.
03:18 Un nourrisson qui pleure n'est pas un bébé en colère, non. Un nourrisson est sensoriel.
03:25 Ça veut dire qu'il va exprimer ce qu'il ressent vraiment très au premier degré au
03:30 départ. Et en général, ce sera des choses très banales, comme la faim, le froid, la
03:36 douleur, le besoin d'être changé, un inconfort. Les parents ont tendance très naturellement
03:46 à interpréter de façon psychologique les comportements du nourrisson. Et du coup, un
03:51 bébé qui pleure, on va très vite le voir comme fâché, en colère, s'il a des pleurs
03:56 vigoureuses par exemple. La colère peut se voir dès que l'enfant apprend ce qu'on
04:05 attend dans certaines situations. Et puis quand ça ne vient pas, il peut se fâcher.
04:11 Il y a une phase, surtout dans la deuxième année, où l'enfant a besoin de plus en
04:17 plus de s'affirmer. Donc il supporte beaucoup moins bien d'être contrarié.
04:21 Hamza, toi comment tu fais quand tu es en colère ? Tu fais comment ? Tu es souvent
04:32 fâché ? Tu tapes des pieds aussi ? Pourquoi tu es fâché ? Et pourquoi tu es fâché
04:43 ? La grosse colère. L'enfant se met en colère quand la réalité ne correspond pas
04:53 à ses attentes, quand il se sent frustré ou impuissant. Du coup, quand Charlotte leur
04:58 lit l'histoire du petit Robert qui n'obtient pas ce qu'il veut, garçons et filles s'identifient
05:03 sans peine. Il est comment Robert là ? Fâché. Il est en colère, il est fâché. Il est
05:11 tout rouge. Et tout d'un coup ? Encore colère ! C'est la grosse colère qui sort.
05:19 La colère ça existe chez les enfants comme chez les adultes. Et on ne peut pas la nier.
05:27 Quoi qu'il arrive, si une émotion est refoulée à un instant précis, elle ressortira quelques
05:33 temps après. Dix fois pire ou mille fois pire. Et pourtant, on apprend très vite aux
05:39 enfants à contenir leur colère. Car dans notre culture, montrer qu'on est fâché,
05:44 ça n'est pas bien. Pour les philosophes grecs, la colère est
06:04 une faute morale, et pour l'Église, un des sept péchés capitaux. Il n'en demeure
06:09 pas moins que dans la vie ordinaire, on peut tous péter un câble.
06:12 Tu fous quoi là au milieu ? Mais allez enfoiré ! Vas-y ! Allez, pousse-toi ! Putain ! C'est
06:22 bon, casse-toi ! Mais non, espèce de couillon, va ! Mais ça me tue ça !
06:41 Non, avoir une réaction comme ça, non. Vous avez quand même cassé un ordinateur.
06:54 Oui, alors je l'ai pris, je l'ai jeté par terre, ça a juste cassé l'écran en
06:58 fin de compte. Mais je n'ai pas encore pris un objet pour le recasser derrière et puis
07:02 de retaper encore dedans. Je l'ai jeté par terre vraiment, et ce moment-là, c'était
07:07 un moment vraiment, vraiment de solitude pour moi. Je peux dire que je suis un colérique,
07:12 j'essaie de contrôler ça, mais c'est toujours d'abord envers moi, et je n'ai
07:16 jamais, je peux le dire vraiment, j'ai jamais eu de colère envers les autres.
07:20 Jean-Bernard a 40 ans. Il se décrit lui-même comme doux et sensible. Mais dans certaines
07:26 situations bien précises, il peut disjoncter. Par exemple, quand il ne maîtrise pas son
07:32 ordinateur, ou quand il cherche ses clés.
07:34 Ça monte, ça monte jusqu'au point où je me dis, non, je ne vais pas la trouver,
07:40 je vais craquer. Je vais craquer, donc je vais exploser. Ça bouillonne, vraiment un
07:45 coup de grisou. Et puis, il peut sortir deux, trois mots qui soient, et pas toujours des
07:49 noms d'oiseaux.
07:50 Du genre ?
07:51 Des mots comme « putain », « qu'est-ce que je suis con », « pourquoi j'ai
07:56 fait ça ? » et puis « je suis un imbécile », voilà.
08:00 Ça a pu pas m'énerver, me déstabiliser au début, où je me disais comment je peux
08:05 l'aider, le soutenir, comment je peux venir le sauver dans ce sentiment qu'il a tout
08:11 d'un coup d'être envahi par cette émotion. Mais maintenant, je m'inquiète moins,
08:17 ça prend moins de place et ça arrive plus rarement aussi.
08:21 Si certains comme Jean-Bernard s'énervent vite, d'autres se maîtrisent mieux. Cela
08:26 dépend de l'éducation que l'on a reçue, mais aussi de notre cerveau. Quand on est
08:31 en colère, c'est notre amygdale qui s'active, une région située dans les profondeurs de
08:36 notre crâne. Et ce qui régule notre amygdale, c'est notre cortex orbitofrontal, situé
08:43 à l'avant de notre cerveau. Seulement voilà, nous n'avons pas tous le même
08:49 développement cérébral.
08:51 Tout le monde n'a pas la même amygdale. On n'est pas égaux face à l'amygdale et
08:56 aussi aux régions antérieures du cerveau. Il y a des gens qui vont avoir une amygdale
09:01 qui s'active trop, qui monte trop, pour plusieurs raisons. Soit parce qu'elle-même
09:06 est dysfonctionnelle. Il y a des gens qui vont avoir des amygdales qui, en taille, sont
09:10 plus petites. Et quand elle est plus petite, elle a tendance paradoxalement à s'activer
09:14 plus naturellement. C'est là que c'est beaucoup plus difficile de la contrôler.
09:17 Il y a pour d'autres raisons aussi, comme je vous l'ai expliqué, les régions antérieures
09:20 du cerveau permettent de contrôler cette amygdale, donc d'abaisser son niveau d'activité.
09:24 Si ces régions antérieures du cerveau ne fonctionnent pas bien, elles vont avoir de
09:28 la peine à réguler l'amygdale.
09:30 J'arrive, je suis juste au bon comat, je prends de la...
09:32 Et ce n'est pas qu'une question de dysfonctionnement.
09:35 Pardon, excusez-moi monsieur, je suis vraiment pressé.
09:36 Deux secondes !
09:37 Quoi deux secondes ?
09:38 Tu dégages.
09:39 Mais je fais mon code.
09:40 Comment tu me parles ?
09:41 Mais je te parle...
09:42 Il faut savoir que le développement du cortex orbitofrontal ne prend fin qu'aux alentours
09:45 de 20 ans, alors que celui de l'amygdale est déjà terminé depuis longtemps.
09:49 Tu t'en vas !
09:50 Mais tu dégages maintenant ! Allez !
09:51 Va prendre ta pelle et ton seau et va jouer, merde !
09:55 En fait, les régions antérieures du cerveau à l'adolescence ne sont pas suffisamment
10:01 développées pour contrôler une amygdale qui est déjà mature.
10:04 Et donc, ceci explique très certainement le fait que ces adolescents se mettent plus
10:08 en colère.
10:09 Je pense que vous avez tous rencontré des adolescents, c'est difficile de leur faire
10:15 comprendre quelque chose.
10:16 Ils se mettent facilement en colère, ils sont vite frustrés, ils sont plus impulsifs.
10:19 Mais ça, c'est probablement le reflet de cette déconnexion entre les régions frontales
10:25 et l'amygdale qui est déjà développée.
10:27 Oui, je sais, je sais, je sais !
10:30 Attends !
10:31 Oui, mais parce que non, c'est pas comme ça que ça s'est passé !
10:35 D'après les différentes études qui ont été menées, le stress semble également
10:39 être un facteur aggravant.
10:40 Eh ben oui, exactement !
10:41 Moi, je n'ai rien compris.
10:42 Du coup, je sors...
10:43 Sous stress, on n'est plus vulnérable à la colère.
10:47 Le moindre petit stimulus qui ne va pas dans le sens que j'ai choisi va faire que mon
11:01 amygdale s'hyperactive.
11:02 Donc, ça amène à des comportements problématiques.
11:05 Alors, ça peut être je crie contre quelqu'un, ça peut être je tape contre quelqu'un,
11:08 ça peut être je tape contre les murs, je casse des choses, je me fais du mal.
11:12 Ça, c'est aussi un mécanisme pour essayer de réguler de façon pas forcément appropriée,
11:17 mais c'est le seul moyen que je trouve à ce moment-là pour réguler ma colère interne,
11:20 dont je ne sais pas quoi faire.
11:21 Je me suis fait une ou deux fois mal.
11:28 C'est clair, je me mets quelques fois des gifles, mais je fais attention d'éviter
11:33 de me laisser des marques en fin de compte parce que ça se voit.
11:35 Sinon, j'ai une peau qui peut marquer très vite, donc je ne veux pas que les gens voient
11:40 que je me suis tapé en fin de compte.
11:42 Après ces moments de colère, vous vous sentez comment ?
11:44 Je ne me sens pas très bien.
11:47 Personnellement, je ne me sens pas très bien parce que lorsque je suis seul, à la limite,
11:52 ça dure un petit peu.
11:53 Je suis un petit peu dans le doute en me disant pourquoi j'ai fait ça.
11:57 Et puis, ça passe.
11:58 Mais lorsque je suis avec mon épouse, je suis un petit peu mal à l'aise.
12:02 Je suis très mal à l'aise parce que je me dis pourquoi elle a vécu ça, pourquoi
12:05 elle entend ça, mais qu'est-ce qu'elles doivent penser de moi, qu'est-ce que ma
12:08 fille doit penser de moi aussi.
12:09 Vous avez honte de vous ?
12:10 Oui, j'ai honte de moi.
12:11 Oui.
12:12 Est-ce que vous aimeriez qu'il change ou au fond, voilà, où personne n'en souffre ?
12:17 Est-ce que vous aimeriez que Jean-Bernard soit moins colérique ?
12:24 Je pense oui pour lui.
12:26 Pour que lui se sente mieux par rapport à son estime de lui-même et qu'il n'ait
12:31 pas besoin de se trouver nul parce qu'il n'arrive pas à trouver ses clés.
12:34 J'ai envie de passer où autre.
12:38 J'ai plus envie de faire ce genre de choses.
12:39 Je fais un travail sur moi, mais en même temps, ce besoin tout d'un coup d'exprimer
12:44 tout d'un coup tout ce qui est en moi, ça a besoin d'être sorti.
12:47 Je ne peux pas le garder pour moi.
12:48 Retour à la garderie de la Borde.
12:52 Pourquoi tu pousses comme ça ?
12:55 Pour éviter que les enfants ne deviennent des adultes colériques, pour leur apprendre
13:01 à décharger leurs tensions ailleurs que sur les objets ou sur les autres, Charlotte
13:06 a fabriqué une boîte à colère.
13:08 Le but de cette boîte à colère a été de trouver un moyen d'expression pour les
13:14 enfants, d'extérioriser cette colère.
13:16 Tu veux qu'on te laisse tranquille ?
13:22 Oui.
13:23 Je suis contente de cette boîte à colère.
13:28 Je trouve que chacun se l'approprie à sa façon.
13:31 C'est magique.
13:33 Beaucoup d'adultes n'ont pas eu la chance d'apprendre petit à décharger leurs tensions
13:56 de manière saine, comme avec la boîte à colère.
13:58 Ils souffrent alors d'accès de rage et dérapent dans la violence contre les autres.
14:02 Elles s'expriment sur la route, dans l'intimité des familles, entre voisins ou collègues,
14:06 et finissent par envahir tous les domaines de la vie, d'où l'intérêt de la prévenir
14:10 en apprenant à apprivoiser sa colère.
14:12 Une colère qui peut, à l'inverse, être refoulée et rongée de l'intérieur.
14:16 Certains peuvent la ruminer pendant des années au point d'en tomber malade, anxiété,
14:21 dépression, affections psychosomatiques.
14:23 Dans les deux cas, il vaut la peine de faire un travail sur soi.
14:26 Il existe de nombreuses thérapies dont l'efficacité est démontrée.
14:29 Une fois que vous êtes dans le moment présent, vous laissez remonter la première scène où
14:41 vous n'êtes pas permis d'exprimer l'émotion liée à la colère.
14:47 Alors, là j'en ai une qui monte, j'ai un souvenir, puis je le sens après physiquement
14:57 dans mon ventre, et puis une fois qu'on est vraiment dedans, une fois qu'on a vraiment
15:02 senti à l'intérieur de son corps cette colère, on n'a qu'une envie, c'est de l'exprimer.
15:10 Et puis quand on l'exprime, on la cherche vraiment au plus profond de soi, et puis ça
15:16 donnera quelque chose de comme ça, qui est...
15:23 Et puis ceci on le fera plusieurs fois en fait, jusqu'à ce qu'on ait un sentiment
15:30 de libération, d'apaisement.
15:32 Mais ça c'est que le début, là j'aurai qu'une envie, c'est de continuer parce que
15:38 je sens quand même qu'elle est encore là, puis alors on y va ! Et on la sort, on la
15:43 sort de ce soi, on la sort !
15:51 Puis une fois qu'on a fait ça, il y a la joie qui vient parce que c'est quelque chose
15:57 qu'on n'a plus en soi, on l'a exprimé, elle est en dehors, c'est comme si elle ne faisait
16:02 plus partie de soi, elle est partie !
16:05 Si Sandra aujourd'hui s'est déchargée ces tensions, c'est parce qu'elle a appris
16:09 à le faire.
16:11 Durant toute son enfance au contraire, cette colère, elle l'a étouffée au fond d'elle.
16:16 Là je dois avoir entre 12 et 13 ans, mes parents se disputaient énormément.
16:23 Cette période a commencé énormément après avec les maladies, entre les accès de fièvres,
16:35 les maux de ventre, les maux de tête, les otites, les angines à répétition.
16:41 C'est des appels au secours, aidez-moi, je souffre, j'ai mal, mais j'ai mal intérieurement,
16:47 il n'y a pas de lésions, il n'y a pas de traces physiques.
16:50 Il y a ce mal-être intérieur qui revient toujours sans cesse.
16:55 Un mal-être qui a été jusqu'à la dépression.
16:59 A l'âge adulte, Sandra envisage même de se suicider.
17:02 Je me souviens que c'était vraiment tellement désespoir où je me suis dit la seule solution
17:10 serait de mettre fin à ma vie, comme ça en fait tout le monde serait content.
17:14 Quand on parle de la dépression, on pense tout de suite que c'est de la tristesse,
17:23 ou c'est un habituement, mais c'est vrai que c'est rare en fin de compte qu'on
17:28 arrive à comprendre que c'est la colère qui est souvent cachée là derrière.
17:31 Celui qui lui a fait réaliser qu'elle avait accumulé des couches de colère non exprimée
17:38 et qui lui a appris à les évacuer, c'est le docteur Daniel Dufour.
17:44 Un ancien chirurgien de guerre devenu médecin généraliste.
17:49 Mais un médecin pas tout à fait comme les autres.
17:52 Sa conviction, c'est que les mots du corps sont liés à des blocages des émotions.
17:56 Ma conviction est venue en écoutant mes patients.
18:01 Eux, petit à petit, remontaient chaque fois à des événements qui précédaient les
18:07 mots dont ils souffraient et dans ces événements, il y avait très souvent des émotions qui
18:12 n'étaient pas vécues.
18:13 L'émotion, c'est quelque chose de tout à fait naturel.
18:16 Par contre, bloquer ces émotions, ça crée une tension, une tension physique dans notre
18:23 corps qu'on ressent bien.
18:25 On sait que quand une tension perdure, ça peut faire une diminution de nos défenses
18:30 immunitaires notamment, puis on peut tomber malade d'un simple pourrume jusqu'à des
18:36 choses plus importantes.
18:37 Arlette consulte le docteur Dufour depuis 2003.
18:41 Comme Sandra, elle souffrait d'infections à répétition et de problèmes de peau persistants.
18:47 Mais tout a disparu, dit-elle, depuis qu'elle pratique la méthode de son médecin, des stages
18:52 en groupe où on apprend à hurler sa colère.
18:55 Vous allez prendre une scène que vous avez vécue lors de laquelle vous ne vous êtes
19:03 pas permis à vivre l'émotion qui était jointe.
19:08 Ça, c'est la gorge.
19:23 Ça me touche.
19:27 C'est vrai.
19:28 Ça, c'est une autre émotion.
19:30 Qu'est-ce qui vous touche ?
19:32 Quand vous arrivez, vous ne savez pas ce qui va se passer et vous vous retrouvez avec
19:38 cette chose qu'on vous a interdit durant toute votre vie.
19:43 Et puis vous allez pouvoir enfin, pour la première fois de votre vie, donner cette autorisation
19:50 de vivre cette émotion.
19:51 Depuis, pour Arlette, c'est devenu une hygiène de vie.
19:55 A chaque contrariété, elle crie sa colère.
19:58 Voilà, comme les enfants, vous faites ça, chez vous, pour vous ou dans une forêt.
20:05 C'est quoi vos trucs à la maison aussi ? Vous utilisez, je crois, les bouteilles de
20:07 pète, non ?
20:08 Voilà, c'est les bouteilles de pète vides.
20:10 Vous pouvez super bien taper sur votre canapé ou sur vos meubles, ça ne fait pas de mal.
20:15 Ça paraît un peu simpliste.
20:18 Alors oui, c'est souvent ce qu'on me dit en me disant « mais attendez, si c'était
20:23 aussi simple que ça, il n'y aurait, pour ainsi dire, plus personne de malade dans ce
20:28 bas monde ».
20:29 C'est facile d'en parler, mais à le faire, c'est compliqué parce qu'on a appris
20:34 exactement à faire le contraire, bloquer cette colère en nous.
20:42 Crier, Muriel sait le faire.
20:48 Contrairement à Arlette ou Sandra, cette jeune femme n'est pas dans la colère refoulée,
20:52 mais plutôt dans la colère hypertrophiée.
20:55 J'ai toujours été colérique.
20:59 Je ne sais pas si on est colérique, mais j'ai l'impression qu'on peut n'être
21:03 colérique.
21:04 Beaucoup de choses me mettent en colère, l'injustice, les faux semblants, les trahisons.
21:09 Actuellement, plutôt les situations de l'ordre de l'éducation à la maison, c'est encore
21:14 les choses qui me mettent vraiment sur les nerfs.
21:15 Et celui qui a le don de mettre Muriel sur les nerfs, c'est son fils, au point qu'elle
21:22 a passé un contrat écrit avec lui.
21:23 Je le lis.
21:26 Mon fils, je m'engage à être encore plus responsable de mes émotions et à ne plus
21:31 hurler à ton égard.
21:32 Le souvenir qui a été déclencheur pour moi de vraiment bosser sur cette colère, c'est
21:41 une axée de rage où j'ai senti que j'aurais vraiment pu faire mal à mon fils.
21:46 Et j'ai appelé ma mère et je lui ai dit il faut que tu me viennes parce que je vais
21:51 faire mal à mon fils.
21:52 Je l'aurais battu, je pense.
21:55 Oui.
21:56 Je pense que je l'aurais battu.
21:59 Je pense que plein de parents pourraient battre leurs enfants quand ils sont...
22:02 Je ne dis pas ça pour minimiser, mais je dis ça pour plutôt, un, me déculpabiliser
22:07 parce que je me sens encore un peu coupable de ça, mais aussi parce qu'il y a beaucoup
22:11 de parents qui ont ces axés-là et qui passent à l'acte tout le temps et qui ne le disent
22:15 pas.
22:16 Depuis, Muriel a fait du chemin.
22:23 Elle fait beaucoup de vélo pour se défouler et surtout, elle a suivi des stages de gestion
22:29 de la colère.
22:30 Ce qui ne veut pas dire toutefois qu'elle n'explose plus.
22:33 Comme là, je suis dans le travail de cette colère à fond, ça sort beaucoup.
22:37 Voilà, donc je suis souvent en colère.
22:40 Des petites colères, j'essaie d'y faire attention aussi.
22:44 Avant, j'aurais pu mettre sous le tapis, puis ça aurait fait le tas, le tas.
22:48 Puis quand j'aurais eu plus de place, j'aurais explosé.
22:50 Je peux être en colère, mais je ne suis plus en rage.
23:00 Voilà, donc je suis en colère.
23:01 Pour moi, quand je dis en colère, c'est que c'est maîtrisé.
23:04 Je sais ce que c'est, je sais d'où elle vient, je sais à quoi elle est liée.
23:07 La rage, c'est je perds mes moyens.
23:09 Les stages que Muriel a suivis sont ceux de Steven Vazey, le spécialiste en Suisse romande
23:16 de la thérapie de la gestion de la colère.
23:19 Contrairement au docteur Dufour, il ne propose pas à ses participants d'aller hurler en
23:23 forêt, mais plutôt de jouer la colère pour la décharger et l'extérioriser autrement.
23:29 Démonstration de la méthode avec Nathalie Boulin, une comédienne qui a elle-même suivi
23:42 ce stage.
23:43 Ici, Steven Vazey lui montre comment ne pas répondre par la colère quand on est agressé.
23:48 T'es minable ! 10 ans de psychothérapie, t'es pas foutu de dire ce que tu penses.
23:55 Je sais pas, moi j'ai épousé un mec.
24:00 C'est fort, c'est fort.
24:02 Tu peux pas te bouger un peu pour trouver du boulot ?
24:07 Non, mais laisse-moi rire là.
24:10 Ça fait mal, j'ai mal là.
24:15 Je le fais pas pour provoquer l'autre, je le fais vraiment pour me vider à mesure.
24:20 Puis en général j'offre après le dialogue, je dis ok maintenant je vais t'écouter,
24:27 essayons de parler.
24:28 Mais si je reçois une charge, une salve, bien sûr que je m'occupe de ça d'abord,
24:34 parce que j'ai pas envie de la garder, j'ai pas envie de la porter.
24:37 Et si on vous perçoit comme ridicule ?
24:38 Alors pour moi c'est pas grave et c'est pas important, je préfère sauver mon état
24:45 intérieur plutôt agréable et mon image est devenue moins importante.
24:51 Outre la question du ridicule, cette méthode peut-elle être appliquée dans toutes les
24:56 situations ?
24:57 Oh oh oh, il est à moi le chariot là.
24:58 Le chariot, je viens de le sortir pour mes voyages.
24:59 Mais vous fâchez pas, vous pouvez pas marquer dessus quitte à vous le chariot.
25:00 Oh connard.
25:01 T'es dé.
25:02 Je suis arrivé à un contrôle total.
25:21 En route.
25:22 Pardonnez-moi cette démonstration de force mais j'aurore qu'on marche sur les pieds.
25:27 Face au malabar, vous auriez fait le haï ?
25:35 Alors peut-être une fois ou deux mais après peut-être j'aurais couru le plus vite possible
25:41 pour sortir de cette situation là parce que je pense que par intelligence on doit se protéger
25:45 d'abord.
25:46 Courage, fuyons.
25:47 C'est trop dangereux pour moi, j'ai pas le calibre pour entrer en matière sur une
25:53 confrontation avec telle personne.
25:54 Si Nathalie Boulin a participé au stage de Stephen Vazey, c'est qu'à un moment donné
26:06 de sa vie, elle explosait facilement.
26:08 J'étais comme une cocotte sous pression et j'ai remarqué que j'avais des colères
26:17 comme ça, comme une soupape de sécurité, ça sortait quoi, pour le moindre truc.
26:23 Je prends l'assiette et paf, sur la table et après j'ai dit « ah t'es débile
26:27 quoi, je casse l'assiette, des trucs, on regrette après quoi ».
26:31 Ça pouvait être assez violent alors ?
26:32 C'est violent et ça se retourne de toute façon contre soi et contre l'autre donc
26:37 du coup j'ai dit « oh là là, ça me rendait vraiment pas bien quoi » et je comprenais
26:42 pas pourquoi.
26:43 J'étais dans une période de deuil, j'avais perdu quelqu'un de proche qui s'était
26:50 suicidé et donc j'étais dans la tristesse, dans tout ce qu'on peut vivre après un
26:57 deuil.
26:58 Mais d'être en colère là, j'étais envahie de ça, j'avais pas conscience.
27:09 Donc j'ai découvert que j'étais en colère contre un mort.
27:16 Après les stages, Nathalie s'est réconciliée avec la personne défunte et avec elle-même.
27:28 Elle a apprivoisé sa colère, elle a même réussi à la transformer en une belle énergie
27:34 créatrice.
27:35 C'est sauvage, c'est jouissif parce que ça sort et c'est comme si on était un
27:45 torrent d'énergie.
27:47 C'est un moteur, c'est une énergie pour faire, pour agir.
27:50 C'est un moteur, c'est une énergie pour faire.
27:57 C'est un moteur, c'est une énergie pour faire.
28:02 C'est un moteur, c'est une énergie pour faire.
28:06 C'est un moteur, c'est une énergie pour faire.
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