Six mois d'auditions, 88 personnalités entendues et un rapport sans concession. Le 6 avril 2023, Raphaël Schellenberger (LR, Haut-Rhin) et Antoine Armand (Renaissance, Haute-Savoie) ont présenté les conclusions de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale destinée à comprendre « les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France », notamment en matière de nucléaire. Les députés, respectivement président et rapporteur de la commission, ont auditionné industriels, chercheurs et personnalités politiques de premier plan, dont les anciens présidents de la République Nicolas Sarkozy et François Hollande, une première sous la Vè République.
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00:09 Disons les choses clairement. Ces auditions ont suscité chez moi,
00:13 chez les membres de la commission, de l'étonnement et parfois de la consternation.
00:17 Parce que le récit qui s'est reconstitué devant nous, c'est bien le récit d'une lente dérive,
00:22 d'une forme de divagation politique.
00:24 Une divagation qui nous a éloignés et de la transition écologique et de notre souveraineté énergétique.
00:30 Bonjour à tous et bienvenue sur LCP pour ce nouveau numéro des Grands Débats.
00:35 Aujourd'hui, retour sur un travail parlementaire majeur, celui d'une commission d'enquête.
00:42 Les députés cherchent à comprendre comment la France a perdu, peu à peu, de son indépendance énergétique.
00:49 Ils vont questionner les choix de politique énergétique avec une question centrale.
00:54 Comment la France, qui disposait d'énergie en abondance, s'est-elle retrouvée à devoir importer son électricité à l'hiver 2022 ?
01:03 Emmenés par les députés Raphaël Schellenberger et Antoine Armand,
01:06 les députés commencent leurs auditions en novembre 2022 avec l'ingénieur Jean-Marc Jancovici,
01:13 fervent défenseur de la transition énergétique mais aussi du nucléaire.
01:19 Monsieur Jancovici, je vous prie donc de lever la main droite et de dire "je le jure".
01:24 Je le jure.
01:25 Merci. Je vous laisse donc la parole pour un propos introductif.
01:29 Très bien. En fait, mon propos introductif va être relativement bref parce que j'imagine que c'est surtout vous qui avez des questions.
01:34 Je vais juste faire deux commentaires, un sur mes titres et ceux au nom duquel je m'exprime ou pas.
01:42 Et le deuxième commentaire que je vais faire, c'est sur l'intitulé même de la commission d'enquête.
01:47 En ce qui concerne mes titres, je précise que je ne m'exprime au nom d'aucune des instances pour lesquelles mon nom figure ici.
01:56 Je ne suis pas du tout habilité à m'exprimer au nom du Haut Conseil pour le climat, qui est une présidente qui fait ça très bien.
02:01 Je ne suis pas plus habilité à m'exprimer au nom des mines, ni au nom de Carbon4,
02:06 ce que je vais vous raconter aujourd'hui n'engage pas Carbon4, ni au nom du GIF project.
02:10 Ça n'engagera que moi.
02:12 La deuxième chose que je souhaite préciser en ce qui concerne le titre même de votre commission,
02:17 c'est que la France n'a jamais été indépendante énergétiquement depuis qu'elle a quitté l'ère des énergies renouvelables.
02:22 Nous étions indépendants énergétiquement à l'époque où nous utilisions exclusivement les pierres et le bois du sol français pour construire des moulins à vent,
02:30 les pierres du sol français pour construire des moulins à eau, et le bois français et l'herbe française pour faire avancer des animaux de trait.
02:39 Depuis que nous sommes rentrés dans l'ère des combustibles fossiles et de l'énergie nucléaire et des nouvelles énergies renouvelables,
02:46 nous ne sommes pas indépendants parce qu'il y a une espèce d'imbrication des énergies.
02:50 Je ne sais pas si l'historien des énergies qui est venu ici est Jean-Baptiste Frésoz.
02:53 Non, ce n'est pas lui.
02:55 Mais il y a une imbrication des énergies qui fait qu'aujourd'hui, on ne peut pas dégager une énergie de façon individualisée d'un système.
03:02 Elles sont toutes imbriquées.
03:04 Par exemple, on ne fait pas de réacteurs nucléaires sans métallurgie, donc sans charbon.
03:09 On ne fait pas de panneaux photovoltaïques sans électricité, donc sans charbon.
03:12 On ne les fait pas venir depuis la Chine sans pétrole parce qu'il faut que ça vienne.
03:16 Il y a une imbrication des énergies aujourd'hui, sauf à ce qu'un pays maîtrise sur son sol la totalité des sources énergétiques impliquées,
03:25 la totalité des énergies actuellement utilisées dans le monde et la totalité des mines métalliques qui sont nécessaires pour fournir les dispositifs d'extraction de l'énergie de l'environnement
03:36 et de transformation en des vecteurs énergétiques qui permettent d'alimenter nos machines.
03:41 On ne peut pas parler d'indépendance énergétique ou de souveraineté énergétique.
03:46 Aucun pays ne la possède totalement.
03:49 L'Arabie saoudite a plus de pétrole que nous, mais elle n'a pas de mine de fer.
03:53 Elle était une frontière fermée sans communication avec l'extérieur et ne pouvait pas exploiter son pétrole.
03:59 C'était une petite remarque préliminaire pour dire que les mots ayant un sens,
04:03 j'imagine qu'ils en ont un dans le titre de la commission d'enquête,
04:08 je voulais juste faire remarquer que l'indépendance n'existe pas stricto sensu.
04:12 La bonne question pour moi me semble être, pour l'ensemble du système énergétique, de savoir de qui on dépend,
04:18 dans quelles proportions, avec quelle aptitude à se retourner si jamais on a un problème avec les gens dont on dépend.
04:26 Voilà, c'est ça les bonnes questions.
04:29 Et donc, ce sont des questions qui sont nécessairement quantifiées et calendées.
04:33 Avoir un débat, ce n'est pas du tout agressif ce que je vais dire, mais avoir un débat philosophique sur l'indépendance,
04:39 en fait, c'est très intéressant le soir, passer 23 heures, mais sinon, dans l'absolu, ça n'a pas beaucoup d'intérêt pratique.
04:46 Experts, hauts fonctionnaires, industriels sont entendus par les députés.
04:50 L'audition de Patrick Pouyanné, PDG de Total Energy, est un moment fort de la commission d'enquête parlementaire.
04:57 Son groupe fait partie des majors du pétrole, mais la crise sanitaire de 2020 et la nouvelle donne sur le marché de l'or noir
05:04 ont conduit son groupe à miser davantage sur les énergies renouvelables.
05:08 Son groupe qui garde aussi un lien très particulier avec l'État.
05:13 Nous mettons 4 milliards d'euros, nous investissons 4 milliards de dollars ou d'euros, c'est pareil en l'occurrence,
05:17 sur 16 dans les énergies renouvelables et décarbonées et électricité.
05:21 Oui, ce qui est... On n'arrête pas de me dire que ce n'est pas assez parce qu'on regarde le verre à demi-vide.
05:27 La vérité, c'est qu'on doit être le cinquième plus gros investisseur au monde pour une seule entreprise dans ces secteurs-là.
05:33 Alors bien sûr, on peut faire le rapport au profit, mais les capacités d'investissement d'une entreprise
05:38 ne sont pas décidées en fonction des profits de l'année, mais on regarde le sujet.
05:42 On a décidé, on a annoncé qu'on augmenterait nos investissements et on va les augmenter.
05:47 Ils passeront sans doute l'année prochaine à plus de 5 milliards.
05:50 Alors après, on peut me poser la question, qui n'a pas beaucoup d'intérêt, pour être honnête,
05:54 pour faire un ratio que vous faites entre aujourd'hui et effectivement, pour pouvoir produire, il faut d'abord investir.
05:59 Ça, c'est la définition. On a dit qu'en 2000, on visait d'avoir 20% de notre mix en 2030
06:06 dans les énergies électriques et renouvelables. Donc c'est ça l'objectif.
06:09 Aujourd'hui, c'est petit, bien évidemment, puisqu'on a commencé il y a 3 ou 4 ans.
06:12 Donc je n'ai pas la baguette magique, effectivement, et que dans l'énergie, il faut investir pendant des années
06:19 avant de pouvoir produire. Donc voilà. Et aujourd'hui, d'ailleurs, la balance qu'on doit faire,
06:26 et c'est un débat permanent avec notre consémination, c'est en même temps, on nous demande aussi de fournir le pétrole
06:33 et le gaz dont vous avez besoin, le gaz naturel liquéfié. Donc on doit trouver le bon équilibre
06:37 entre fournir l'énergie qui nous fait vivre aujourd'hui et construire et investir dans l'énergie de demain.
06:42 Je pense que de toute manière, c'est le verre de midi, double verre à demi plein.
06:46 Nous, on considère en tout cas que les chiffres sont là, qu'on est un des acteurs qui investissent le plus
06:54 dans ces énergies-là en ce moment au niveau mondial.
06:57 Notre mission, c'est quelque part de fournir plus d'énergie au monde, parce qu'effectivement, notre champ, il est mondial.
07:02 Il n'est pas français ou européen. Et en même temps, moins d'émissions.
07:05 C'est ça, toute la stratégie de l'entreprise, c'est d'aller piloter les deux en même temps.
07:09 Et pour faire cela, ce qui est durable, effectivement, pour pouvoir investir dans les énergies renouvelables,
07:13 c'est parce que je fais des profits sur le reste. Je n'ai pas trouvé encore la machine à investir sans faire des profits.
07:19 Ça, je ne sais pas faire. Il y a l'Europe, il y a le reste du monde.
07:23 La consommation, encore une fois, la population mondiale croît.
07:27 Et dans tout ce débat, la question est de savoir...
07:31 D'ailleurs, l'accord de Paris est un accord sur le climat et le développement.
07:35 C'est le titre qu'il porte. On a bien vu à Charmelcher que le débat sur le développement était aussi présent.
07:40 Et donc, la question pour les pays émergents qui ont une population qui a légitimement,
07:45 une légitime demande d'accès, elle aussi, à l'énergie, à un bien-être que nous, on a dans nos pays occidentaux,
07:50 un besoin de plus d'énergie. Et tout le débat, tout l'enjeu compliqué, c'est comment on fait pour expliquer,
07:56 je vais passer du temps en Afrique du Sud récemment, à l'Afrique du Sud, d'éviter de continuer à créer des centrales au charbon.
08:02 Or, leur seule ressource naturelle, pour l'instant, majeure, c'est le charbon,
08:06 qui emploie d'ailleurs des centaines de milliers de personnes.
08:09 Donc, je pense que c'est ça le débat qu'on doit avoir si on est responsable, nous, Européens.
08:13 Ce n'est pas de s'occuper seulement de nos émissions.
08:16 C'est combien sommes-nous prêts à apporter à ces pays-là pour être capables, eux aussi, de faire la transition,
08:22 mais leur demander de rester dans le dénuement économique et social, ça, ça ne me paraît pas la bonne réponse.
08:28 Donc, effectivement, l'essentiel des productions que nous faisons aujourd'hui, d'ores et déjà,
08:32 elles ont une vocation, pas seulement au marché européen ou français,
08:35 la majorité de nos productions d'ores et déjà va vers ces économies-là.
08:39 La croissance, aujourd'hui, de la demande, elle vient de ces pays-là.
08:42 La commission d'enquête consacre une large part de ses travaux au nucléaire, l'énergie historique.
08:49 Elle entend les principaux acteurs de la filière, notamment trois anciens présidents d'EDF,
08:55 Pierre Gadonex, Henri Progléot et Jean-Daniel Lévy.
08:58 Les trois hommes vont se livrer à un réquisitoire implacable contre le marché européen de l'électricité.
09:05 Nous étions convaincus que s'il y avait une ouverture du marché, c'était EDF qui allait être gagnant,
09:11 puisqu'on avait les meilleurs tarifs d'Europe.
09:14 Donc, ça ne nous gênait pas.
09:15 Par contre, toute idée qui était de subvencer les concurrents qui venaient avec la reine,
09:20 je peux vous dire que quand j'en ai entendu parler, là j'ai hurlé.
09:22 Je n'ai jamais dit, j'ai toujours dit non, la reine est une monstruosité, monstruosité.
09:27 Je ne sais pas si vous le mesurez.
09:29 Alors, pourquoi on a mis la reine ?
09:32 Ce n'est pas de mon temps.
09:34 Quand l'idée a été évoquée, je hurlais.
09:36 Je disais, c'est absurde.
09:38 Qu'est-ce qui justifie qu'EDF subventionne ses concurrents ?
09:43 Alors, je fais la moquette de l'adverse.
09:46 La justification, c'est de dire qu'EDF a de fait un monopole en ayant le coût du nucléaire,
09:52 que personne ne peut en bénéficier.
09:54 Et donc, que personne ne pourra jamais investir dans ce domaine.
09:58 Donc, la seule manière pour que les autres puissent investir,
10:01 c'est qu'ils aient une partie de la rente nucléaire.
10:03 Voilà la justification.
10:05 Regardez, aucun de ceux qui ont bénéficié de la rente n'a investi,
10:09 ni dans le nucléaire, ni même dans la production.
10:12 Ou très peu.
10:14 Sauf Total, qui a les moyens, qui n'a pas besoin de ça pour le faire.
10:19 Le problème, c'est que Bruxelles, consciente de ça,
10:23 a introduit des pilules empoisonnées pour empêcher EDF de s'imposer sur le marché.
10:29 La reine est une pilule empoisonnée.
10:32 C'est une manière d'empêcher EDF de bénéficier de sa rente.
10:35 C'est clair.
10:39 Donc, je pense que la reine est quelque chose qu'on n'aurait jamais dû accepter.
10:45 Alors, c'est une collusion bruxelloise et allemande,
10:49 parce qu'il faut savoir que l'Allemagne a toujours été très...
10:53 Honnêtement, le pouvoir politique allemand était très...
10:58 conscient que la France avait un avantage particulier avec les prix d'électricité bas,
11:07 y compris l'industrie allemande.
11:09 Parce qu'à cette époque-là, je n'ai pas dit de mon temps,
11:12 les tarifs pratiqués par EDF pour le secteur domestique et industriel
11:17 étaient nettement inférieurs à ce qui se passait en Allemagne.
11:20 De l'ordre de 30 %, nettement inférieurs.
11:22 Et donc, Bruxelles et les Allemands considéraient que c'était une distorsion de concurrence.
11:29 Pourquoi prendre la France un otage de ce genre de réglementation absurde ?
11:35 Comment est-ce qu'on explique cette réglementation ?
11:37 Je voudrais qu'on ait simplement...
11:40 La question de fond, c'est, pour qui, à quoi, servent ces réglementations ?
11:47 Quel est le but ?
11:49 Alors, à chaque fois, on me disait, oui, mais le but, comprenez,
11:52 on fait le bonheur du peuple.
11:54 La libre concurrence.
11:56 Mais il n'y a qu'un seul producteur, camarade.
11:58 La libre concurrence.
12:03 Il était clair que ça allait se traduire par un désastre.
12:07 On y assiste aujourd'hui.
12:10 La deuxième loi géniale, c'est la loi NOM que vous avez rappelée,
12:14 qui consiste à imposer à EDF la vente à prix cassé,
12:19 inférieur au coût de revient de 25 % de sa production électronucléaire,
12:22 à ses propres concurrents, pour qu'ils puissent vendre son énergie, à l'heure,
12:27 aux clients d'EDF.
12:32 Ça a très bien fonctionné.
12:33 Ils sont devenus riches.
12:34 C'est d'une pertinence absolue.
12:39 Je l'ai dénoncé pendant des années, avec l'efficacité que vous voyez.
12:45 Et puis, pour couronner le tout, il fallait quand même définir un prix de marché,
12:50 puisqu'il n'y avait pas de marché.
12:51 On a défini un prix de marché.
12:53 Prix de marché qui a été indexé sur quoi ?
12:56 Sur le gaz.
12:57 Vous allez me dire, pourquoi sur le gaz ?
12:58 Puisqu'on n'en utilise pas.
13:00 Parce que les Allemands utilisent le gaz.
13:02 Et que toute cette démarche, c'est une démarche allemande.
13:04 Toute la réglementation européenne, c'est de la réglementation allemande.
13:07 Je voudrais, dans un premier temps, avant de répondre à vos questions,
13:10 m'attarder sur deux des causes qui me semblent primordiales
13:14 dans l'analyse du sujet de votre enquête.
13:17 Quand j'arrive chez EDF, c'est fin 2014,
13:20 qu'elle n'est pas ma surprise de prendre conscience
13:23 des implications de la loi NOM, la loi du 7 décembre 2010,
13:28 qui institue un mécanisme, l'AREN,
13:31 l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique,
13:35 un mécanisme pernicieux,
13:37 qui va croissant sur l'endettement d'EDF
13:40 au rythme d'environ 3 à 4 milliards d'euros chaque année
13:44 d'accroissement de l'endettement d'EDF.
13:46 Je l'ai dit et répété pendant 8 ans, l'AREN est un poison pour EDF.
13:50 Et je voudrais expliciter avec vous les trois raisons
13:53 qui font de l'AREN un poison.
13:55 Tout d'abord, le prix.
13:57 Il est de 42 euros pour un mégawatt-heure.
14:00 Il est inchangé depuis l'instauration de l'AREN
14:03 le 1er janvier 2011.
14:05 Et j'observe que ce prix s'appliquera encore
14:08 sur l'exercice 2023.
14:10 Ce prix est manifestement sous-évalué
14:12 par rapport au prix de revient de notre production nucléaire.
14:15 Je me réfère par exemple aux calculs détaillés
14:18 qui ont été produits en 2019 par la CRE,
14:21 la Commission de Régulation de l'Énergie.
14:23 Pourtant, elle est peu suspecte de soutien à l'égard d'EDF.
14:26 Cette sous-évaluation engendre un affaiblissement systématique d'EDF.
14:30 Je vais y revenir, mais je voudrais d'abord vous dire
14:33 qu'au moment même de mon arrivée en 2014,
14:35 devant cette sous-évaluation manifeste,
14:38 le gouvernement français et la Commission européenne
14:41 avaient engagé des discussions approfondies
14:43 pour augmenter la valeur de l'AREN,
14:45 faire passer la valeur d'un mégawatt-heure d'AREN
14:48 de 42 à 52 euros par palier, de 2 euros chaque année.
14:53 Hélas, cette négociation a pris fin assez vite
14:57 lorsque le prix du mégawatt-heure sur le marché de gros européen
15:00 est tombé sous les 42 euros.
15:03 C'était dans les derniers mois de 2015
15:05 et nous en sommes depuis restés à 42 euros.
15:08 Et lorsque le prix de gros tombe sous les 42 euros,
15:12 comme fin 2015 et en 2016,
15:14 nous voyons naturellement les opérateurs concurrents d'EDF
15:17 dédaigner tout achat à l'AREN
15:19 pour acheter sur le marché à un prix inférieur.
15:22 Et en cela, EDF est en somme une deuxième fois victime de l'AREN
15:26 puisque ce mécanisme revient à donner une option gratuite
15:30 aux concurrents d'EDF, dont bien évidemment,
15:32 ces concurrents font usage quand l'opportunité se présente.
15:36 Cette caractéristique tout à fait étonnante
15:39 est décrite par le mot "asymétrie".
15:41 Au cœur des critiques, le marché européen de l'énergie
15:45 a aussi ses défenseurs.
15:47 L'ancien directeur de cabinet d'Edouard Philippe,
15:49 Benoît Ribadot-Dumas,
15:51 ou encore Elisabeth Born,
15:53 qui a été directrice de cabinet de Ségolène Royal,
15:56 mais aussi ministre de la Transition écologique.
15:59 En fait, il y a deux façons de regarder l'AREN.
16:03 Il y a la façon, vue d'EDF,
16:08 de considérer que c'est une contrainte
16:10 et que ça empêche de maximiser le chiffre d'affaires et les revenus.
16:15 C'est une façon de regarder l'AREN.
16:17 Il y a une autre façon de regarder l'AREN
16:20 qui est que c'est une très puissante protection
16:26 des consommateurs français
16:29 face a fortiori à des fluctuations du prix de l'électricité
16:35 qui ont été très importantes ces derniers mois.
16:38 Et moi, je nous invite vraiment
16:42 à regarder ces deux volets de l'AREN.
16:47 Un certain nombre de nos voisins considèrent
16:51 que c'est une forme de soutien, comment dire,
16:56 auquel ils souhaiteraient pouvoir accéder pour leur industrie.
17:00 C'est un outil majeur de soutien
17:03 à la compétitivité de nos industries.
17:06 C'est un outil majeur pour éviter
17:10 d'exposer les consommateurs français
17:13 à des fluctuations du prix de l'électricité.
17:16 Une fois qu'on a dit ça,
17:18 il y a clairement des choses qui ne sont pas satisfaisantes
17:23 dans le mécanisme actuel.
17:25 Par exemple, quand j'étais ministre de l'énergie,
17:28 à un moment donné, les prix de marché
17:31 étaient passés sous les prix de l'AREN pendant le Covid.
17:34 Et on a vu les consommateurs,
17:39 enfin, oui, les clients,
17:41 rentrent de l'AREN à EDF
17:45 qui, du coup, n'avaient pas anticipé
17:48 la vente de ces volumes d'électricité
17:51 et a été pris de court.
17:53 Et ça a été certainement préjudicial pour EDF.
17:55 Donc, je ne suis pas en train de dire
17:57 que c'est un mécanisme parfait.
17:59 Il y a certainement des enjeux de symétrie dans le mécanisme.
18:02 Mais, franchement, on a montré,
18:07 le gouvernement a montré,
18:09 les gouvernements successifs ont montré
18:11 qu'on était aux côtés d'EDF
18:13 quand ils ont pu avoir des difficultés financières.
18:15 Donc, je pense qu'il faut qu'on ait, d'une part,
18:18 en tête la situation financière d'EDF,
18:20 l'importance de cette entreprise,
18:22 l'importance cruciale de cette entreprise pour notre pays,
18:25 la nécessité de s'assurer que EDF
18:28 a bien tous les moyens de son développement.
18:32 Et c'est ce qu'on a montré au cours des dernières années.
18:36 Et, en même temps, que ça ne nous conduise pas
18:39 à renoncer à ce qui est un outil,
18:44 sans doute, à améliorer, à réformer, à adapter,
18:48 un outil majeur sur la compétitivité
18:52 de notre économie et de nos industries
18:54 et de protection des ménages français.
18:56 Je ne sais pas ce que les présidents d'EDF vous ont dit,
18:58 mais moi, j'ai été frappé dans les écoutants sur le côté,
19:00 je vous l'exusterai un petit peu, de mentalité d'assiégé d'EDF.
19:03 Moi, j'ai un immense respect pour cette entreprise.
19:05 Je considère qu'elle n'a pas toujours été aidée
19:07 par les gouvernements, par la régulation européenne.
19:09 C'est tout à fait exact.
19:12 Mais le problème, il est d'abord et avant tout
19:14 un problème industriel qu'il faut régler.
19:17 Et le marché, la reine, l'Europe, le gouvernement
19:22 ne peuvent pas être uniquement des boucs émissaires
19:24 pour expliquer tous les problèmes d'EDF.
19:26 Ils en expliquent certains. Je suis le premier à vous le conseiller.
19:29 Mais ils n'expliquent pas tous les problèmes d'EDF.
19:31 Le marché n'est pas responsable de l'indisponibilité des réacteurs.
19:34 L'interconnexion européenne, le marché européen,
19:36 ça a été longtemps une chance pour EDF,
19:38 qui a créé un peu de surcapacité à la fin des années 90
19:42 et qui était bien content d'exporter.
19:44 Et un AREN qu'il faut évidemment rénover,
19:48 un AREN avec la fin des aberrations du droit d'option
19:51 des fournisseurs alternatifs et avec une indexation plus raisonnable,
19:55 un AREN, en soi, c'est plutôt un instrument assez sain
19:58 de protection du consommateur et qui serait une régulation
20:02 pas absurde pour le futur EDF.
20:05 Donc il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain sur ces sujets-là.
20:09 Et c'est vrai aussi, très vrai, qu'il est plus difficile de motiver,
20:14 de recruter, de motiver des ingénieurs
20:16 quand on se fait critiquer toute la journée.
20:18 Mais pardon de le dire, Total aussi se fait critiquer toute la journée.
20:21 Les entreprises de plastique, elles se font critiquer toute la journée.
20:24 Et pourtant, elles ont quand même les meilleures conduites de projet du monde.
20:27 Donc il y a un moment donné, le problème d'EDF,
20:30 c'est aussi un problème industriel qu'il faut qu'ils règlent.
20:32 Il y a un nouveau patron d'EDF qui est tout à fait remarquable.
20:34 Il faut faire très attention à ce que dans la transformation d'EDF,
20:37 dans sa nationalisation, dans ce qui se profile,
20:41 on n'en fasse pas un arsenal soumis à quatre tutelles de l'État,
20:46 trois autorités administratives indépendantes.
20:49 Et qu'on en oublie, que d'abord et avant tout,
20:53 on veut retrouver l'excellence industrielle qui a souvent été,
20:55 qui a longtemps été et qui est toujours dans beaucoup de domaines,
20:57 la caractéristique d'EDF.
21:01 La Commission d'enquête parlementaire entend de nombreuses personnalités
21:04 toujours en fonction ou en retraite de la vie publique.
21:07 Parmi elles, Lionel Jospin, l'ancien Premier ministre socialiste de 1997 à 2002,
21:14 revient sur les choix qui ont été les siens lorsqu'il était aux responsabilités.
21:18 Avec le recul du temps, je pense pouvoir dire,
21:23 en réponse aux interrogations légitimes qui sont les vôtres,
21:27 que la politique conduite entre 1997 et 2002
21:32 n'a pas entraîné une perte de souveraineté et d'indépendance énergétique pour la France.
21:39 Pendant les cinq années de mon gouvernement,
21:43 le nucléaire sera une composante essentielle de la politique énergétique du pays.
21:50 Nos actions dans le champ du nucléaire civil viseront donc à renforcer
21:55 la filière industrielle et à lui redonner sa crédibilité dans l'opinion.
22:00 Je vais énumérer brièvement maintenant ces actions.
22:05 Certes, nous avons fermé Superphénix.
22:09 À ceux qui ont dit que ce choix était strictement politique, je répondrai ceci.
22:15 En annonçant cette intention dans l'accord signé avec les Verts,
22:21 nous avons informé dûment l'opinion, avant les législatives,
22:27 et les électeurs ont fait leur choix.
22:30 Car la politique, c'est aussi instaurer une relation de confiance avec les citoyens,
22:37 par la transparence.
22:39 En outre, en démocratie, dirait-on que les choix énergétiques
22:45 qui engagent un pays sur des dizaines d'années sont purement techniques
22:50 et non pas politiques, ce serait singulier.
22:54 Pour autant, les raisons de la fermeture de Superphénix ont été avant tout industrielles.
23:01 La technologie du surgénérateur était séduisante théoriquement.
23:06 Le plutonium obtenu lors de l'utilisation de l'uranium dans les centrales classiques
23:11 laissait espérer un usage comme combustible pour produire de l'électricité
23:16 dans la filière du surgénérateur.
23:19 En outre, la transmutation espérée des matières nucléaires
23:23 semblait ouvrir une voie à l'élimination des déchets.
23:28 Mais la centrale dite surgénérateur, lancée à Cress-Malville en 1977
23:38 et terminée en 1987, était un échec industriel.
23:44 Elle n'avait jamais fonctionné de façon stable.
23:48 Elle avait subi incident sur incident et connu de longs arrêts de fonctionnement.
23:54 Les technologies employées étaient risquées,
23:58 puisque le sodium explose au contact de l'eau
24:02 et elle n'était pas maîtrisée après 20 ans d'efforts.
24:07 Le projet, qui devenait lourd financièrement pour EDF,
24:13 ne promettait pas le succès.
24:15 Par contre, les recherches sur la transmutation des déchets nucléaires
24:20 ont été poursuivies par la relance du réacteur Phénix.
24:25 En outre, la fermeture de Superphénix
24:30 ne fragilisait pas la sécurité énergétique du pays.
24:34 Notons en effet que le projet Astrid de réacteurs à neutrons rapides
24:40 repris par le CEA en 2010, a été à son tour arrêté.
24:46 25 ans après notre décision,
24:49 cette technologie n'a prospéré dans aucun pays occidental,
24:53 notamment pas aux États-Unis et au Japon qui l'avaient explorée,
24:58 même si, semble-t-il, elle a débouché en Russie
25:04 et peut-être en Chine, dans des conditions que nous ne connaissons guère.
25:09 Ainsi, solder l'échec industriel
25:13 était une décision rationnelle et raisonnable
25:17 qui ne portait atteinte ni à la dépendance
25:21 ni à la souveraineté énergétique du pays.
25:25 Pour comprendre les choix successifs
25:28 qui ont été ceux de la France en matière de politique énergétique,
25:31 la commission d'enquête recueille le témoignage d'anciens ministres
25:34 en charge de la transition écologique.
25:37 Quand j'étais ministre, je pense que ça a été pareil après moi,
25:40 il n'y a jamais de décision qui sont prises
25:43 en ayant mis autour de la même table des représentants d'ONG,
25:46 des représentants de syndicats ou autres.
25:48 Le Grenelle, c'était quelque chose à bord de particulier,
25:51 qui ne s'est pas renouvelé sous la même forme
25:53 et qui, de toute façon, proposait un certain nombre de choses.
25:55 Et ensuite, le gouvernement et le Parlement prenaient leurs décisions.
25:58 Mais en tout cas, quand j'étais ministre,
26:00 je n'ai jamais mis sur le même plan les responsables politiques,
26:03 les responsables techniques et économiques de l'énergie,
26:07 les syndicats et les ONG.
26:12 Donc ça, c'est clair et net.
26:14 Alors, ça ne veut pas dire que les uns et les autres
26:16 ne sont pas légitimes à exprimer des points de vue,
26:18 mais moi, je considère que ce ne doit évidemment pas
26:21 sous-traiter la décision.
26:23 Par ailleurs, je le dis, ça a été public à ce moment-là,
26:27 donc c'est quelque chose qui est facilement vérifiable.
26:30 Moi, je me suis opposé à plusieurs reprises
26:33 à certaines ONG, comme Greenpeace, par exemple,
26:36 qui a fait un lobbying intense avec des campagnes médiatiques,
26:40 avec des coups d'éclat dont ils ont le secret contre le nucléaire,
26:44 mais qui n'a jamais rien dit contre les centrales thermiques
26:47 et qui, d'ailleurs, n'a jamais salué le fait
26:49 que nous ayons annoncé la fermeture des centrales à charbon.
26:53 Et je crois que ça dit beaucoup de choses
26:55 sur le fait que, sous couvert de vouloir agir pour le climat,
26:59 en fait, il y a d'autres buts qui sont poursuivis,
27:02 qui sont un peu des symboles, des totems,
27:04 voire peut-être de l'idéologie, je ne sais pas,
27:06 par rapport au nucléaire.
27:08 Quand moi, j'ai dit, dans le monde, en septembre 2018,
27:12 j'aimerais qu'on sorte de la guerre de religion sur le nucléaire,
27:15 elle existe toujours, cette guerre de religion, malheureusement.
27:18 Je pense que c'est dommage.
27:20 Je note, en revanche, avec intérêt,
27:23 que le climat politique, dans l'opinion, a changé
27:27 depuis deux, trois ans,
27:30 et qu'aujourd'hui, en France,
27:33 on n'oppose plus systématiquement énergie nucléaire et écologie.
27:39 Quand moi, j'étais ministre,
27:41 des journalistes me reprenaient dans des interviews
27:43 pour me dire "Vous ne pouvez pas faire de l'écologie
27:46 si, en même temps, vous faites du nucléaire".
27:48 Je considère que, pour le climat, je l'ai dit, je l'ai écrit,
27:51 d'ailleurs, y compris après, lorsque j'avais quitté le ministère.
27:54 J'ai d'ailleurs évolué sur le sujet et je l'assume totalement
27:59 que le nucléaire est une contribution importante
28:02 pour relever le défi climatique
28:04 et que pour avoir une énergie décarbonée,
28:06 le choix qui a été fait,
28:08 de fait, auquel j'ai participé entre 2017 et 2022,
28:12 c'est un choix qui consiste à avoir à la fois
28:15 un développement des renouvelables
28:17 et également un maintien et un renouvellement du nucléaire.
28:23 Une autre audition marquante, celle d'Arnaud Montebourg,
28:26 l'ancien ministre socialiste du redressement productif,
28:29 est aussi un fervent défenseur de la souveraineté industrielle
28:32 de la France dans les secteurs stratégiques
28:35 dont l'énergie fait partie.
28:37 J'étais arrivé troisième à la primaire
28:40 après avoir mis en ballotage Mme Aubry et M. Hollande.
28:43 Et à l'époque, après la distribution des rôles,
28:46 c'est-à-dire M. Hollande avait gagné la primaire,
28:48 Mme Aubry, qui dirigeait le Parti socialiste,
28:51 la majorité de Mme Aubry, donc j'étais au courant de l'accord
28:54 qui avait été passé avec Mme Duflo,
28:56 qui dirigeait à l'époque le Parti écologie.
29:00 Un accord a été passé entre ces deux dirigeantes
29:06 de haute qualité.
29:08 L'une avait été ministre, l'autre allait le devenir,
29:12 et on prit la décision de passer un accord
29:16 de réduire le nucléaire de 24 réacteurs
29:20 qui devait être fermé d'ici 2025.
29:23 Nous étions en 2011.
29:25 Et avec horizon 2025, une limitation à 50%
29:33 de la production électrique d'origine nucléaire
29:36 qui se traduisait par une fermeture de 24 réacteurs.
29:39 Donc c'est un accord qui avait été négocié,
29:42 auquel je n'ai pas participé aux négociations,
29:44 et vous allez très vite comprendre pourquoi.
29:46 Mais c'est un accord contre des circonscriptions,
29:49 puisqu'il y avait 60 circonscriptions
29:51 qui avaient été offertes au Parti écologiste,
29:54 qui d'ailleurs a provoqué beaucoup de réactions,
29:57 y compris en Sonney-Loire,
29:59 puisque une dans mon département avait été affectée
30:02 au Parti écologiste, et j'ai indiqué
30:04 qu'il était hors de question qu'on soutienne quelqu'un
30:06 qui allait taper sur l'énergie nucléaire et le fermer
30:09 dans le département où on produisait
30:11 les chaudières nucléaires.
30:12 Donc j'ai dit, c'est très bien, nous présenterons
30:14 une candidate, qui était une de mes vice-présidentes
30:16 du Conseil général, qui d'ailleurs a été élue
30:18 contre le candidat de l'École Gilets verts,
30:21 parce que nous ne voulions pas accepter cet accord.
30:24 Alors, je vous le dis tout de suite,
30:26 tout le monde s'est posé la question,
30:27 je crois que vous avez posé la question
30:28 à plusieurs dirigeants politiques,
30:30 comment avait été noué cet accord.
30:32 L'accord a été présenté par Martine Aubry à l'époque
30:35 comme un changement de société,
30:36 et par Cécyline Duflo comme une rupture historique.
30:39 Pour moi, c'est un accord de coin de table.
30:41 C'est-à-dire qu'on s'est mis d'accord
30:42 sur un marqueur politique,
30:44 avec une manière à marquer les esprits,
30:47 et on s'est retrouvé avec un programme
30:49 qui expliquait qu'il fallait fermer 24 réacteurs.
30:53 Et après, eh bien, vogue la galère.
30:57 Alors, il y a quand même eu un vote
30:59 au Bureau national du Parti socialiste.
31:02 Il y a eu 33 voix pour, 5 contre.
31:06 J'ai fait partie des 5.
31:08 Il y a eu quelques prises de parole
31:10 expliquant qu'il n'était pas acceptable
31:13 qu'on puisse d'un trait de plume
31:16 viser une industrie de cette nature.
31:18 Je n'étais pas le seul,
31:19 mais nous n'étions pas très nombreux.
31:21 Et les réactions qui se sont enchaînées
31:23 au sein de mon parti de l'époque
31:25 ont été surtout liées aux circonscriptions
31:29 et bien trop peu aux problèmes des réacteurs.
31:32 Je crois que M. Cazeneu
31:33 était intervenu à cette époque,
31:34 mais il n'était pas, je crois,
31:35 membre du Bureau national.
31:36 Mais il s'est exprimé à l'époque.
31:38 Et nous étions tout à fait d'accord.
31:40 Donc, c'est de cette date-là
31:43 qu'a commencé le problème
31:45 de l'affaiblissement de la filière nucléaire.
31:47 Même si vous êtes remonté
31:49 jusqu'à l'époque du gouvernement Jospin
31:51 avec la fermeture du Creutz-Malwil
31:54 et du premier acteur à sodium,
31:57 à neutrons rapides.
31:58 Enfin, là, c'est 24 réacteurs en état de marge.
32:01 Je vais vous dire les conséquences
32:02 que ça a eues dans le processus décisionnel.
32:05 Alors, François Hollande,
32:06 candidat de notre parti,
32:08 a déclaré immédiatement
32:10 ne pas vouloir fermer les 24 réacteurs,
32:13 tout en conservant la fermeture
32:15 du plus ancien d'entre eux, Fessenheim.
32:17 Et il a maintenu l'objectif
32:19 des 50% réduits à horizon 2025.
32:22 Et il est entré à l'Élysée
32:24 sur cette base-là,
32:25 en quelque sorte nettoyé
32:28 des excès de l'accord.
32:31 Nous étions confrontés
32:33 à l'engagement du président de la République,
32:35 M. Hollande,
32:36 qui était quand même
32:38 au démontage d'une filière archi-profitable,
32:41 exportatrice, qui investissait.
32:44 Et donc, pour nous et mon équipe,
32:46 c'était un énorme problème.
32:48 Notre analyse était que l'engagement
32:50 du président de la République
32:51 ne pourrait jamais être tenu
32:52 parce qu'il menait à l'impasse.
32:53 Je vous le dis franchement.
32:55 Il était impossible de réduire
32:57 à 50% en 13 ans, sans fermer,
32:59 deux réacteurs par an.
33:01 Et pour une raison simple,
33:03 comme c'était de l'électricité pilotable,
33:06 il faudrait réouvrir les centrales à charbon
33:08 et au gaz,
33:09 ce qu'on me demandait de fermer
33:10 avec la ministre de l'Écologie.
33:11 D'ailleurs, j'allais sur les sites
33:13 dire aux travailleurs, quand même.
33:15 Je suis allé, je crois, dans le Nord,
33:18 dans une...
33:19 Ils n'étaient pas très contents, quand même,
33:20 qu'on leur annonce que c'était la fin du charbon.
33:22 Alors, je leur ai dit, oui,
33:23 il y a quand même une...
33:24 Je venais de l'histoire.
33:25 Donc, on nous demandait
33:26 de fermer les centrales à charbon,
33:27 mais on savait que si on fermait
33:28 les réacteurs nucléaires,
33:29 il se passerait exactement
33:30 ce qui s'est passé en Allemagne,
33:31 c'est qu'ils ont réouvert,
33:32 ils ont fermé 11 centrales nucléaires,
33:34 madame Merkel,
33:35 et ils en ont réouvert 10 centrales à charbon
33:37 et au gaz en même temps.
33:39 C'est exactement ce qui risquait de se passer,
33:41 et tout le monde en avait conscience.
33:43 La Belgique est exactement
33:45 en train de faire la même chose.
33:47 Et en même temps,
33:48 il n'y avait pas de capacité de remplacement
33:49 par les énergies renouvelables,
33:50 en si peu de temps.
33:51 Je rappelle qu'un réacteur fermé,
33:53 nous en avions fait l'analyse,
33:54 c'est 800 éoliennes installées par réacteur.
33:57 Donc, vous fermez,
33:58 où est-ce qu'on va les mettre ?
34:00 Et ça coûte 4 milliards.
34:02 Donc, on détruit des capacités de production
34:05 profitables, amorties,
34:07 qui peuvent encore durer un certain temps,
34:09 plusieurs décennies,
34:10 et il fallait les remplacer par
34:12 des nouvelles capacités.
34:13 Tout ça n'avait aucun sens,
34:14 c'était une impasse à la fois technique,
34:16 économique, financière et industrielle.
34:19 Je vous fais passer une note
34:22 des trois services,
34:23 la Direction du Trésor,
34:25 de l'Agence des participations de l'Etat
34:27 et de la Direction générale des entreprises,
34:29 qui s'appelait la DG6 à l'époque,
34:30 du 3 juin 2014,
34:31 qui explique l'impasse.
34:33 C'est une note destinée aux ministres.
34:35 Donc, là-dedans, mise des finances,
34:37 mise de l'économie, je l'étais,
34:38 mise de l'industrie,
34:39 tous ceux qui étaient à Bercy.
34:40 Donc, cette note, vous verrez
34:42 qu'elle est tout à fait claire
34:44 sur la nature de l'impasse.
34:46 Et, évidemment, pour nous,
34:48 on allait fermer des usines
34:51 des centrales nucléaires,
34:52 archi-profitables, amorties,
34:55 certifiées par l'Autorité de Sûreté Nucléaire,
34:58 envoyer les employés au chômage.
35:00 Donc, c'était de la destruction de valeur pure
35:03 par bêtise politique.
35:04 Fait inédit dans l'histoire
35:08 des commissions d'enquête
35:09 sous la Vème République,
35:10 l'Assemblée nationale entend
35:12 deux anciens présidents de la République,
35:14 Nicolas Sarkozy et François Hollande,
35:17 auditionnés le même jour.
35:18 Les deux anciens chefs d'État
35:20 exposent leur vision
35:22 de la politique énergétique de la France
35:24 en défendant le bilan de leur quinquennat.
35:26 L'audition de Nicolas Sarkozy
35:28 et celle de François Hollande
35:29 ont parfois pris des allures
35:31 de duel à distance,
35:32 plus de dix ans après l'affrontement
35:34 des deux hommes au second tour
35:36 de l'élection présidentielle en 2012.
35:38 D'abord, je veux dire que le nucléaire
35:41 est un sujet de président de la République.
35:43 Pourquoi ?
35:46 Parce que c'est un sujet
35:49 d'indépendance majeure
35:51 et parce que les décisions
35:53 en matière de nucléaire
35:55 sont des décisions, non pas à décade,
35:57 mais enfin, je veux dire,
35:58 si c'est à décade, c'est à décade au pluriel.
36:00 Le mandat de cinq ans,
36:03 même le mandat de sept ans,
36:05 ne suffit pas.
36:08 Je l'ai vu même avec les éoliennes
36:11 au large du pays de la Loire,
36:14 les éoliennes offshore,
36:18 c'est moi qui les ai décidées,
36:20 mais elles ont été inaugurées
36:22 non pas par mon successeur,
36:25 mais par M. Macron.
36:26 Donc c'est vous dire le continuum.
36:29 Quant au nucléaire,
36:31 il a fait l'objet d'un consensus politique.
36:34 J'ai été ministre de M. Mitterrand
36:38 pendant la cohabitation.
36:40 C'est pas lui qui m'a nommé,
36:43 mais je l'ai eu comme président de la République.
36:45 Il n'a jamais mis en cause le nucléaire.
36:47 Donc, le nucléaire, c'est la première idée.
36:52 C'est un sujet de président de la République.
36:54 Ça ne veut pas dire que le président est un ingénieur.
36:57 Ça ne veut pas dire que je suis capable
36:59 de vous expliquer le processus.
37:01 Mais c'est un sujet qui remonte
37:04 sur le bureau du président de la République.
37:06 Il se trouve que j'ai été ministre,
37:09 ministre d'État,
37:10 mais ce n'est pas un ministre seul,
37:13 fut-il le ministre de l'Industrie,
37:15 qui peut décider.
37:17 Vous voyez bien que ça engage
37:19 trop de monde et trop l'avenir.
37:22 Toute ma vie,
37:25 toute ma vie politique,
37:26 j'ai pensé que la filière nucléaire
37:29 était une chance pour la France.
37:32 Je n'ai jamais changé d'avis sur ce sujet.
37:37 C'est le droit d'autres d'avoir un autre avis.
37:40 Et j'ai d'ailleurs été très souvent accusé
37:44 de faire partie, comment dit-on,
37:45 du lobby nucléaire.
37:46 C'est une plaisanterie.
37:48 Le seul lobby qui existe,
37:49 c'est le lobby antinucléaire.
37:50 Le lobby antinucléaire est beaucoup plus puissant
37:53 que le lobby nucléaire,
37:54 puisque le lobby antinucléaire bénéficiait
37:57 pendant des années de la bienveillance médiatique.
38:00 Pourquoi je suis pour le nucléaire ?
38:04 Je n'ai pas changé,
38:05 ce n'est pas très original,
38:06 ce que je vais dire à ce point-là.
38:07 Mais parfois, il y a des idées vraies
38:10 qui doivent être martelées, rappelées.
38:14 Et ce n'est pas parce qu'elles ne sont pas originales
38:16 qu'elles ne sont pas exactes.
38:18 On entend tellement de bêtises.
38:20 J'ai toujours été pour le nucléaire
38:23 pour une raison première simple,
38:25 c'est que nous n'avons pas d'énergie fossile.
38:28 Et ce n'est pas parce que c'est connu
38:31 que ça ne va pas être appelé.
38:32 Tout part de là.
38:34 Si nous avions des énergies fossiles,
38:37 naturellement,
38:39 la discussion serait tout autre.
38:42 La deuxième chose,
38:45 pour remplir nos objectifs environnementaux,
38:49 nous avons besoin du nucléaire.
38:52 Les plus préoccupés
38:55 par le réchauffement climatique
38:59 devaient être les premiers défenseurs du nucléaire.
39:01 La vérité, elle est là.
39:04 Plus vous êtes préoccupés du réchauffement climatique,
39:06 plus vous êtes préoccupés
39:08 des questions environnementales,
39:10 plus vous devez être pour le nucléaire.
39:12 C'est invraisemblable qu'il en soit.
39:14 Le contraire.
39:15 Comme si on devait opposer
39:17 énergie renouvelable et énergie nucléaire.
39:19 Ça n'a aucun sens.
39:21 Les partisans de l'énergie nucléaire
39:23 sont tous pour les énergies renouvelables.
39:25 Les partisans de l'énergie renouvelable,
39:27 beaucoup sont contre l'énergie nucléaire.
39:29 Ils devraient être pour.
39:31 Je vous dis une chose.
39:33 Nous ne pourrons pas
39:35 remplir nos objectifs environnementaux.
39:38 Vous voyez ce que je veux dire
39:40 sur les objectifs environnementaux, des missions.
39:43 Si nous n'avons pas l'énergie nucléaire.
39:44 Troisième argument
39:49 pour lequel je suis pour le nucléaire.
39:51 Il est moins mis en avant,
39:53 mais il est absolument capital.
39:55 J'aurai l'occasion d'y revenir.
39:57 La filière nucléaire
39:59 a accumulé pendant 70 ans
40:01 un potentiel extraordinaire
40:04 de compétences technologiques
40:06 qui ne servent pas que pour le nucléaire.
40:10 C'est une filière qui tire
40:12 derrière elle, au fond, toute l'industrie.
40:14 Et le moindre signal
40:18 de remise en question du nucléaire
40:20 remet en question une filière de formation,
40:23 M. le Président.
40:25 Il faut des années
40:27 pour que les meilleurs étudiants,
40:29 nos meilleurs ingénieurs soient formés.
40:31 Si vous envoyez un signal négatif
40:33 sur l'industrie nucléaire,
40:35 vous cassez la formation.
40:37 Durablement.
40:41 C'est un peu comme l'affaire
40:42 où il y a eu des quotas pour les médecins.
40:44 Un gouvernement prend une décision
40:46 de mettre des quotas
40:48 sur la formation de médecins.
40:50 Sur le moment où la décision est totalement inodore,
40:53 10 ans après, vous vous rendez compte
40:55 qu'il manque des médecins.
40:57 Pour le nucléaire, c'est pareil.
40:59 Nous avons là
41:01 une filière fantastique,
41:04 scientifique,
41:06 de haut niveau technologique
41:08 qui traîne tout le monde vers le haut.
41:10 Je suis pour le nucléaire
41:11 parce que de toutes les énergies,
41:13 c'est celle qui produit
41:15 le moins de nuisances visuelles comme sonores.
41:17 Parce qu'il faut comprendre une chose,
41:19 il n'y a pas une énergie
41:21 qui soit totalement neutre.
41:23 Toute forme d'énergie,
41:25 justement parce que c'est de l'énergie,
41:27 produit des effets négatifs,
41:30 plus ou moins grands.
41:32 Mais il n'y a pas une énergie
41:34 disponible
41:36 qui n'ait pas d'effet.
41:39 Qui n'ait pas d'effet
41:40 négatif ou indésirable.
41:42 Et enfin,
41:44 je suis pour le nucléaire parce que
41:46 c'est grâce à ça que nous avions eu
41:48 l'électricité la moins chère.
41:50 Une fois rappelé ça,
41:53 on se dit, mais c'est tellement évident,
41:56 comment peut-il exister des gens contre le nucléaire ?
41:59 Ce que je viens de dire,
42:01 encore une fois, n'a rien d'original.
42:03 Mais c'est incontestable.
42:05 C'est absolument incontestable.
42:08 Il y a besoin d'être polytechnicien
42:09 pour comprendre ça.
42:11 Alors,
42:14 non seulement, je vais aggraver mon cas,
42:16 je suis pour le nucléaire,
42:18 je l'ai toujours été,
42:20 mais j'ai voulu faire un petit travail,
42:22 rapide, je vous rassure,
42:24 pour récapituler
42:26 tous les aiguillages,
42:28 enfin, pardon,
42:30 tous les moments d'aiguillage,
42:32 aiguillage, vous comprenez,
42:34 c'est-à-dire où sur votre bureau arrive une décision,
42:37 vous ne l'avez pas.
42:38 On ne peut pas faire,
42:40 ça ne m'intéresse pas, l'énergie,
42:42 le nucléaire, c'est pas pour moi,
42:44 je suis un juriste,
42:46 donc je ne comprends pas,
42:48 je n'y touche pas.
42:50 Donc, toute ma vie politique,
42:52 j'ai pris des décisions
42:54 en faveur de la filière nucléaire,
42:56 toute ma vie politique,
42:58 quelles que furent mes fonctions,
43:00 mais pire,
43:02 je les ai toujours assumées publiquement,
43:05 et j'ai pris des décisions,
43:06 et j'ai pris des décisions,
43:08 et j'ai pris des décisions,
43:10 et j'ai pris des décisions,
43:12 et j'ai pris des décisions,
43:14 et j'ai pris des décisions,
43:16 et j'ai pris des décisions,
43:18 et j'ai pris des décisions,
43:20 et j'ai pris des décisions,
43:22 et j'ai pris des décisions,
43:24 et j'ai pris des décisions,
43:26 et j'ai pris des décisions,
43:28 et j'ai pris des décisions,
43:30 et j'ai pris des décisions,
43:32 et j'ai pris des décisions,
43:34 et j'ai pris des décisions,
43:35 et j'ai pris des décisions,
43:37 et j'ai pris des décisions,
43:39 et j'ai pris des décisions,
43:41 et j'ai pris des décisions,
43:43 et j'ai pris des décisions,
43:45 et j'ai pris des décisions,
43:47 et j'ai pris des décisions,
43:49 et j'ai pris des décisions,
43:51 et j'ai pris des décisions,
43:53 et j'ai pris des décisions,
43:55 et j'ai pris des décisions,
43:57 et j'ai pris des décisions,
43:59 et j'ai pris des décisions,
44:01 et j'ai pris des décisions,
44:03 et j'ai pris des décisions,
44:04 et j'ai pris des décisions,
44:06 et j'ai pris des décisions,
44:08 et j'ai pris des décisions,
44:10 et j'ai pris des décisions,
44:12 et j'ai pris des décisions,
44:14 et j'ai pris des décisions,
44:16 et j'ai pris des décisions,
44:18 et j'ai pris des décisions,
44:20 et j'ai pris des décisions,
44:22 et j'ai pris des décisions,
44:24 et j'ai pris des décisions,
44:26 et j'ai pris des décisions,
44:28 et j'ai pris des décisions,
44:30 et j'ai pris des décisions,
44:32 et j'ai pris des décisions,
44:33 et j'ai pris des décisions,
44:35 et j'ai pris des décisions,
44:37 et j'ai pris des décisions,
44:39 et j'ai pris des décisions,
44:41 et j'ai pris des décisions,
44:43 et j'ai pris des décisions,
44:45 et j'ai pris des décisions,
44:47 et j'ai pris des décisions,
44:49 et j'ai pris des décisions,
44:51 et j'ai pris des décisions,
44:53 et j'ai pris des décisions,
44:55 et j'ai pris des décisions,
44:57 et j'ai pris des décisions,
44:59 et j'ai pris des décisions,
45:01 et j'ai pris des décisions,
45:02 et j'ai pris des décisions,
45:04 et j'ai pris des décisions,
45:06 et j'ai pris des décisions,
45:08 et j'ai pris des décisions,
45:10 et j'ai pris des décisions,
45:12 et j'ai pris des décisions,
45:14 et j'ai pris des décisions,
45:16 et j'ai pris des décisions,
45:18 et j'ai pris des décisions,
45:20 et j'ai pris des décisions,
45:22 et j'ai pris des décisions,
45:24 et j'ai pris des décisions,
45:26 et j'ai pris des décisions,
45:28 et j'ai pris des décisions,
45:30 et j'ai pris des décisions,
45:31 et j'ai pris des décisions,
45:33 et j'ai pris des décisions,
45:35 et j'ai pris des décisions,
45:37 et j'ai pris des décisions,
45:39 et j'ai pris des décisions,
45:41 et j'ai pris des décisions,
45:43 et j'ai pris des décisions,
45:45 et j'ai pris des décisions,
45:47 et j'ai pris des décisions,
45:49 et j'ai pris des décisions,
45:51 et j'ai pris des décisions,
45:53 et j'ai pris des décisions,
45:55 et j'ai pris des décisions,
45:57 et j'ai pris des décisions,
45:59 et j'ai pris des décisions,
46:00 et j'ai pris des décisions,
46:02 et j'ai pris des décisions,
46:04 et j'ai pris des décisions,
46:06 et j'ai pris des décisions,
46:08 et j'ai pris des décisions,
46:10 et j'ai pris des décisions,
46:12 et j'ai pris des décisions,
46:14 et j'ai pris des décisions,
46:16 et j'ai pris des décisions,
46:18 et j'ai pris des décisions,
46:20 et j'ai pris des décisions,
46:22 et j'ai pris des décisions,
46:24 et j'ai pris des décisions,
46:26 et j'ai pris des décisions,
46:28 et j'ai pris des décisions,
46:29 et j'ai pris des décisions,
46:31 et j'ai pris des décisions,
46:33 et j'ai pris des décisions,
46:35 et j'ai pris des décisions,
46:37 et j'ai pris des décisions,
46:39 et j'ai pris des décisions,
46:41 et j'ai pris des décisions,
46:43 et j'ai pris des décisions,
46:45 et j'ai pris des décisions,
46:47 et j'ai pris des décisions,
46:49 et j'ai pris des décisions,
46:51 et j'ai pris des décisions,
46:53 et j'ai pris des décisions,
46:55 et j'ai pris des décisions,
46:57 et j'ai pris des décisions,
46:58 et j'ai pris des décisions,
47:00 et j'ai pris des décisions,
47:02 et j'ai pris des décisions,
47:04 et j'ai pris des décisions,
47:06 et j'ai pris des décisions,
47:08 et j'ai pris des décisions,
47:10 et j'ai pris des décisions,
47:12 et j'ai pris des décisions,
47:14 et j'ai pris des décisions,
47:16 et j'ai pris des décisions,
47:18 et j'ai pris des décisions,
47:20 et j'ai pris des décisions,
47:22 et j'ai pris des décisions,
47:24 et j'ai pris des décisions,
47:26 et j'ai pris des décisions,
47:27 et j'ai pris des décisions,
47:29 et j'ai pris des décisions,
47:31 et j'ai pris des décisions,
47:33 et j'ai pris des décisions,
47:35 et j'ai pris des décisions,
47:37 et j'ai pris des décisions,
47:39 et j'ai pris des décisions,
47:41 et j'ai pris des décisions,
47:43 et j'ai pris des décisions,
47:45 et j'ai pris des décisions,
47:47 et j'ai pris des décisions,
47:49 et j'ai pris des décisions,
47:51 et j'ai pris des décisions,
47:53 et j'ai pris des décisions,
47:55 et j'ai pris des décisions,
47:56 et j'ai pris des décisions,
47:58 et j'ai pris des décisions,
48:00 et j'ai pris des décisions,
48:02 et j'ai pris des décisions,
48:04 et j'ai pris des décisions,
48:06 et j'ai pris des décisions,
48:08 et j'ai pris des décisions,
48:10 et j'ai pris des décisions,
48:12 et j'ai pris des décisions,
48:14 et j'ai pris des décisions,
48:16 et j'ai pris des décisions,
48:18 et j'ai pris des décisions,
48:20 et j'ai pris des décisions,
48:22 et j'ai pris des décisions,
48:24 et j'ai pris des décisions,
48:25 et j'ai pris des décisions,
48:27 et j'ai pris des décisions,
48:29 et j'ai pris des décisions,
48:31 et j'ai pris des décisions,
48:33 et j'ai pris des décisions,
48:35 et j'ai pris des décisions,
48:37 et j'ai pris des décisions,
48:39 et j'ai pris des décisions,
48:41 et j'ai pris des décisions,
48:43 et j'ai pris des décisions,
48:45 et j'ai pris des décisions,
48:47 et j'ai pris des décisions,
48:49 et j'ai pris des décisions,
48:51 et j'ai pris des décisions,
48:53 et j'ai pris des décisions,
48:54 et j'ai pris des décisions,
48:56 et j'ai pris des décisions,
48:58 et j'ai pris des décisions,
49:00 et j'ai pris des décisions,
49:02 et j'ai pris des décisions,
49:04 et j'ai pris des décisions,
49:06 et j'ai pris des décisions,
49:08 et j'ai pris des décisions,
49:10 et j'ai pris des décisions,
49:12 et j'ai pris des décisions,
49:14 et j'ai pris des décisions,
49:16 et j'ai pris des décisions,
49:18 et j'ai pris des décisions,
49:20 et j'ai pris des décisions,
49:22 et j'ai pris des décisions,
49:23 et j'ai pris des décisions,
49:25 et j'ai pris des décisions,
49:27 et j'ai pris des décisions,
49:29 et j'ai pris des décisions,
49:31 et j'ai pris des décisions,
49:33 et j'ai pris des décisions,
49:35 et j'ai pris des décisions,
49:37 et j'ai pris des décisions,
49:39 et j'ai pris des décisions,
49:41 et j'ai pris des décisions,
49:43 et j'ai pris des décisions,
49:45 et j'ai pris des décisions,
49:47 et j'ai pris des décisions,
49:49 et j'ai pris des décisions,
49:51 et j'ai pris des décisions,
49:52 et j'ai pris des décisions,
49:54 et j'ai pris des décisions,
49:56 et j'ai pris des décisions,
49:58 et j'ai pris des décisions,
50:00 et j'ai pris des décisions,
50:02 et j'ai pris des décisions,
50:04 et j'ai pris des décisions,
50:06 et j'ai pris des décisions,
50:08 et j'ai pris des décisions,
50:10 et j'ai pris des décisions,
50:12 et j'ai pris des décisions,
50:14 et j'ai pris des décisions,
50:16 et j'ai pris des décisions,
50:18 et j'ai pris des décisions,
50:20 et j'ai pris des décisions,
50:21 et j'ai pris des décisions,
50:23 et j'ai pris des décisions,
50:25 et j'ai pris des décisions,
50:27 et j'ai pris des décisions,
50:29 et j'ai pris des décisions,
50:31 et j'ai pris des décisions,
50:33 et j'ai pris des décisions,
50:35 et j'ai pris des décisions,
50:37 et j'ai pris des décisions,
50:39 et j'ai pris des décisions,
50:41 et j'ai pris des décisions,
50:43 et j'ai pris des décisions,
50:45 et j'ai pris des décisions,
50:47 et j'ai pris des décisions,
50:49 et j'ai pris des décisions,
50:50 et j'ai pris des décisions,
50:52 et j'ai pris des décisions,
50:54 et j'ai pris des décisions,
50:56 et j'ai pris des décisions,
50:58 et j'ai pris des décisions,
51:00 et j'ai pris des décisions,
51:02 et j'ai pris des décisions,
51:04 et j'ai pris des décisions,
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51:08 et j'ai pris des décisions,
51:10 et j'ai pris des décisions,
51:12 et j'ai pris des décisions,
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51:21 et j'ai pris des décisions,
51:23 et j'ai pris des décisions,
51:25 et j'ai pris des décisions,
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51:31 et j'ai pris des décisions,
51:33 et j'ai pris des décisions,
51:35 et j'ai pris des décisions,
51:37 et j'ai pris des décisions,
51:39 et j'ai pris des décisions,
51:41 et j'ai pris des décisions,
51:43 et j'ai pris des décisions,
51:45 et j'ai pris des décisions,
51:47 et j'ai pris des décisions,
51:48 et j'ai pris des décisions,
51:50 et j'ai pris des décisions,
51:52 et j'ai pris des décisions,
51:54 et j'ai pris des décisions,
51:56 et j'ai pris des décisions,
51:58 et j'ai pris des décisions,
52:00 et j'ai pris des décisions,
52:02 et j'ai pris des décisions,
52:04 et j'ai pris des décisions,
52:06 et j'ai pris des décisions,
52:08 et j'ai pris des décisions,
52:10 et j'ai pris des décisions,
52:12 et j'ai pris des décisions,
52:14 et j'ai pris des décisions,
52:16 et j'ai pris des décisions,
52:17 et j'ai pris des décisions,
52:19 et j'ai pris des décisions,
52:21 et j'ai pris des décisions,
52:23 et j'ai pris des décisions,
52:25 et j'ai pris des décisions,
52:27 et j'ai pris des décisions,
52:29 et j'ai pris des décisions,
52:31 et j'ai pris des décisions,
52:33 et j'ai pris des décisions,
52:35 et j'ai pris des décisions,
52:37 et j'ai pris des décisions,
52:39 et j'ai pris des décisions,
52:41 et j'ai pris des décisions,
52:43 et j'ai pris des décisions,
52:45 et j'ai pris des décisions,
52:46 et j'ai pris des décisions,
52:48 et j'ai pris des décisions,
52:50 et j'ai pris des décisions,
52:52 et j'ai pris des décisions,
52:54 et j'ai pris des décisions,
52:56 et j'ai pris des décisions,
52:58 et j'ai pris des décisions,
53:00 et j'ai pris des décisions,
53:02 et j'ai pris des décisions,
53:04 et j'ai pris des décisions,
53:06 et j'ai pris des décisions,
53:08 et j'ai pris des décisions,
53:10 et j'ai pris des décisions,
53:12 et j'ai pris des décisions,
53:14 et j'ai pris des décisions,
53:15 et j'ai pris des décisions,
53:17 et j'ai pris des décisions,
53:19 et j'ai pris des décisions,
53:21 et j'ai pris des décisions,
53:23 et j'ai pris des décisions,
53:25 et j'ai pris des décisions,
53:27 et j'ai pris des décisions,
53:29 et j'ai pris des décisions,
53:31 et j'ai pris des décisions,
53:33 et j'ai pris des décisions,
53:35 et j'ai pris des décisions,
53:37 et j'ai pris des décisions,
53:39 et j'ai pris des décisions,
53:41 et j'ai pris des décisions,
53:43 et j'ai pris des décisions,
53:44 et j'ai pris des décisions,
53:46 et j'ai pris des décisions,
53:48 et j'ai pris des décisions,
53:50 et j'ai pris des décisions,
53:52 et j'ai pris des décisions,
53:54 et j'ai pris des décisions,
53:56 et j'ai pris des décisions,
53:58 et j'ai pris des décisions,
54:00 et j'ai pris des décisions,
54:02 et j'ai pris des décisions,
54:04 et j'ai pris des décisions,
54:06 et j'ai pris des décisions,
54:08 et j'ai pris des décisions,
54:10 et j'ai pris des décisions,
54:12 et j'ai pris des décisions,
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54:15 et j'ai pris des décisions,
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54:23 et j'ai pris des décisions,
54:25 et j'ai pris des décisions,
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54:31 et j'ai pris des décisions,
54:33 et j'ai pris des décisions,
54:35 et j'ai pris des décisions,
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54:44 et j'ai pris des décisions,
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54:54 et j'ai pris des décisions,
54:56 et j'ai pris des décisions,
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55:02 et j'ai pris des décisions,
55:04 et j'ai pris des décisions,
55:06 et j'ai pris des décisions,
55:08 et j'ai pris des décisions,
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