Invité sur le plateau de Face à l'info, Régis Le Sommier s'est exprimé sur la guerre en Ukraine. Selon le directeur de la rédaction d'Omerta, il n'y a «quasiment pas de changements malgré des combats très intenses» en Ukraine.
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00:00 Je vais vous donner un chiffre qui a été communiqué hier
00:03 lors d'une audition devant les parlementaires
00:05 par le directeur de la DRM,
00:08 c'est-à-dire la direction du renseignement militaire,
00:10 Jacques Langlade de Mongreau,
00:14 le général Jacques Langlade de Mongreau,
00:16 et qui, selon ses estimations,
00:18 pense que depuis le 4 juin,
00:20 l'armée ukrainienne a repris 70 km².
00:24 Donc ce qui est rien du tout.
00:25 Alors lui, il dit "nous nous en réjouissons",
00:27 mais il explique qu'on est dans une situation de blocage,
00:32 c'est-à-dire qu'il y a eu,
00:33 c'est très intéressant d'ailleurs,
00:35 j'encourage nos téléspectateurs à aller regarder son tweet
00:39 où il explique qu'il y a un compte Twitter
00:43 qui s'appelle OPEX News,
00:44 qui narre un petit peu ce qu'a dit le témoignage du général.
00:48 Et si vous voulez, je ne vais pas me baser uniquement là-dessus
00:51 pour ce que je vais vous dire sur la guerre en Ukraine en ce moment,
00:54 mais globalement, ce que pense le général,
00:56 c'est qu'il n'y aura pas d'armes
00:59 qui vont être ce qu'on appelle des "game changers".
01:01 Vous savez, quand on a parlé des Léopards à un moment,
01:04 on a dit "ça y est, ces chars lourds vont changer les choses".
01:08 On a parlé au départ,
01:09 et il prend l'exemple justement des drones turcs au début de la guerre
01:13 qui avaient un réel impact,
01:15 qui s'appellent les Beraktars,
01:16 et il dit "les Russes ont absolument trouvé toute la parade nécessaire
01:19 pour les anéantir,
01:21 donc les Beraktars ne sont plus intéressants".
01:24 Et il explique comment cette guerre est une adaptation permanente
01:28 entre deux adversaires dont le but,
01:30 et il les compare à deux boxeurs,
01:32 est de mettre KO l'autre,
01:33 mais que pour le moment, ils sont toujours debout sur le ring,
01:36 et que finalement, leur marge de progression est moindre.
01:40 Alors, elle s'établit dans quel domaine ?
01:43 Si vous voulez, vous avez à peu près 1 000 km de front en ce moment en Ukraine.
01:47 L'effort principal des forces ukrainiennes a été sur le sud,
01:52 la zone de Zaporozh' et notamment,
01:56 c'est-à-dire, en fait, c'est au nord de Mélitopol et au nord de Mariupol,
02:00 le but des Ukrainiens étant de percer pour arriver jusqu'à la mer Azov.
02:06 Pour le moment, ils n'y sont pas parvenus.
02:08 Ils ont perdu beaucoup, beaucoup de blindés.
02:10 Pour donner un exemple des fameux blindés,
02:13 des fameuses armes que les Américains leur ont données,
02:16 les véhicules de transport de troupes Bradley,
02:19 qui sont extrêmement performants,
02:21 parce que c'est des véhicules qui, même quand ils sautent sur une mine,
02:23 et le danger principal pour les Ukrainiens, ce sont les mines placées par les Russes,
02:27 eh bien, vont blesser quelques personnes à l'intérieur,
02:30 mais ça permet aussi, il y a énormément, le blindage est extrêmement bien fait.
02:34 Environ un tiers des 100 véhicules Bradley donnés par les Américains
02:38 sont hors de combat aujourd'hui.
02:39 Donc, si vous voulez, on peut considérer qu'entre 15 et 20 %
02:44 de tout l'armement qui a été donné par les Alliés est hors de combat depuis le 4 juin.
02:49 Donc, 70 km², 15 à 20 % de l'armement hors de combat.
02:54 Des unités de réserve ont déjà été employées par les Ukrainiens,
02:58 parce que ce qui se passe, c'est que quand les Ukrainiens essayent de percer,
03:01 vous savez, il y a à peu près trois points dans lesquels ils cherchent à percer.
03:05 Ce fameux point au sud, à l'est, dans l'oblaste de Donetsk,
03:09 dans la ville pas loin de la localité d'Andriyvka,
03:12 ils essayent aussi d'avancer vers l'est,
03:14 et puis ils essayent toujours de scramponner à Bakhmout
03:16 et de reprendre Bakhmout aux Russes.
03:18 Et les Russes, eux, dans le même temps, ont déclenché une contre-offensive,
03:21 eux aussi, au nord, du côté de Koupiansk,
03:24 dans la zone aussi forestière de Kremina,
03:28 là où j'étais, et là j'ai eu des infos fraîches que je peux vous donner,
03:31 dans la zone de Kremina où j'étais en janvier,
03:34 les Russes, les troupes russes, ont à peu près avancé de 3 km.
03:37 Voilà. Donc si vous voulez, autant vous dire que par rapport au mois de janvier,
03:41 quand je regarde la carte du front aujourd'hui,
03:44 quasiment pas de changement,
03:46 malgré des combats extrêmement intenses,
03:49 et qui, pour les Ukrainiens, sont terribles,
03:52 parce que, vous savez, dans la zone où ils font leur contre-offensive,
03:54 alors Zaporozhe, c'est à l'est,
03:58 dans cette zone-là, la végétation, le relief est absolument plat.
04:03 Donc ce qui se passe, comme ils doivent faire leur contre-offensive,
04:06 comme ils doivent avancer, ils avancent en colonne,
04:08 et les Russes n'ont absolument aucun problème pour les détecter,
04:12 pour les repérer, pour lancer sur eux leur drone,
04:14 en particulier le drone Lancet,
04:16 qui a une capacité qui coûte très peu cher,
04:19 et qui est extrêmement destructeur pour les blindés.
04:22 Et il arrive parfois qu'une colonne entière, comme ça,
04:24 se fasse anéantir en race campagne,
04:27 parce que, et après, il y a une autre vague qui arrive,
04:30 donc on imagine ce que ça peut faire.
04:32 Dans un Bradley, il y a 8 hommes,
04:34 donc quand un Bradley est anéanti, je vous dis, il est plus résistant que les autres.
04:38 Mais quand vous avez un BPM ou un BTR,
04:40 qui sont des, de fabrication russe, plus archaïques,
04:44 là, ce sont des véritables cimetières sur roues.
04:48 Donc, voilà, une contre-offensive dont on n'a pas de chiffre au niveau des morts,
04:52 mais qui est extrêmement meurtrière,
04:55 qui se développe aussi avec des attaques dans la profondeur.
04:59 Les Russes l'ont fait depuis très longtemps,
05:01 s'attaquant au réseau électrique d'abord de l'Ukraine,
05:04 et ensuite à plein d'infrastructures.
05:06 Les Ukrainiens aussi tentent de faire la même chose,
05:08 ils ont attaqué le pont de Kerch,
05:10 on le sait, pour un objectif plus symbolique qu'autre chose,
05:13 mais qui permet quand même le ravitaillement des troupes russes,
05:17 notamment sur le front sud, grâce à sa voie de chemin de fer.
05:21 Donc, à chaque fois, l'un comme l'autre essaye,
05:24 mais c'est la pure guerre d'attrition, où chaque adversaire,
05:30 et pour finir sur les propos du général Langlade,
05:33 lui considère que c'est une guerre qui pourrait aller jusqu'en 2024,
05:38 voire 2025, et qu'on n'en a pas fini.
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