26 novembre 1974, la ministre de la Santé Simone Veil défend à l’Assemblée nationale la légalisation de l'IVG, l'interruption volontaire de grossesse. S’en suivront de nombreux débats, auxquels Jacques Legendre a participé. À l'époque, il est jeune député de l’UDR. Il raconte les coulisses du vote.
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00:00Je voudrais tout d'abord vous faire partager une conviction de femme.
00:04Je m'excuse de le faire devant cette assemblée presque exclusivement composée d'hommes.
00:08Un projet qui a pour objet d'apporter une solution mesurée et humaine à un des problèmes les plus difficiles de notre temps.
00:1626 novembre 1974, la ministre de la Santé Simone Veil défend à l'Assemblée Nationale la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse.
00:24S'en suivront de nombreux débats auxquels Jacques Legendre a participé.
00:27A l'époque, il est jeune député de l'UDR, l'ancêtre du parti de droite Les Républicains.
00:31C'est impensable de laisser des malheureuses s'enfermer dans une situation où elles avaient le choix d'avorter dans de mauvaises conditions,
00:40ou d'avoir un enfant contraint. On doit souhaiter avoir un enfant, on ne doit pas être contraint de faire un enfant.
00:48Cette position ne fait pas l'unanimité au sein même de son camp politique, majoritairement conservateur.
00:54C'était un sujet de débat. Je pense que dans le département du Nord, nous avons été deux députés à voter le texte, en faveur du texte.
01:02Les autres députés de la majorité ont voté contre. Mais les deux, c'était les deux élus du Cambresi, mon arrondissement.
01:08Peut-être parce qu'il est relativement pauvre et relativement rural, et que nous avions la connaissance de ce qui se passait sur le terrain.
01:17J'ai même le sentiment qu'une partie des gens qui avaient soutenu Jacques Chirac, quand il s'était lui-même rallié à Valéry Giscard d'Estaing.
01:25Une partie de ces élus proches de Jacques Chirac était plutôt parmi les plus conservateurs.
01:30Une partie de ceux-là étaient très gênés. Ils voulaient soutenir le Premier ministre Jacques Chirac et ils n'étaient pas d'accord avec la mesure que présentait le Premier ministre Jacques Chirac.
01:39Les débats vont durer trois jours et vont être très houleux. Simone Veil faisant face à la violence des attaques de l'opposition.
01:44Supposé que l'on retrouve l'un des médecins nazis encore échappés au châtiment qui en a frappé d'autres.
01:51L'un de ces hommes qui pratiquait la torture et la vivisection humaine.
01:56Y a-t-il différence de nature entre ce qu'ils ont fait et ce qui sera pratiqué officiellement dans des hôpitaux et dans des cliniques de France ?
02:07J'ai été choqué par la façon dont certains l'ont attaqué, caricaturé, ça m'a choqué.
02:14Je l'ai dit à un de ceux qui avait été particulièrement violent et que je connaissais assez bien et que j'ai un petit peu engueulé.
02:21Mais je pense qu'il traduisait le ressenti, il faut quand même en tenir compte si vous voulez, d'hommes souvent de génération précédente.
02:30Qui avait été très marqué par les conséquences de la première guerre mondiale où la France avait perdu tellement d'hommes.
02:35On avait voulu une politique nataliste et on a voulu réprimer l'avortement.
02:40Donc ils ont été élevés dans cette idée que la France avait besoin d'avoir à nouveau des jeunes français.
02:46Je pense qu'elle a toujours répondu avec, elle avait le bon ton.
02:51Elle n'a pas voulu la polémique.
02:53Certains de ceux qui l'avaient attaqué parfois de manière un peu basse auraient peut-être mérité qu'on leur réponde plus durement.
03:01Elle a compris que ce débat qui était un débat qui engageait un peu le fond des êtres.
03:08Il ne fallait pas le laisser dériver vers la polémique.
03:12Et donc elle a toujours répondu avec précision et avec cœur.
03:17La loi est finalement adoptée avec 277 voix pour et 192 contre.
03:21Elle sera promulguée le 17 janvier 1975, il y a 50 ans jour pour jour.