Propos de Frédéric Veaux:"C'est une sorte de remise en cause d'une séparation des pouvoirs" selon le président de la LDH

  • l’année dernière
Patrick Baudoin, président de la Ligue des droits de l'Homme, réagit aux déclarations du Directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux. Ce dernier a déclenché une polémique en déclarant à propos du policier de la BAC de Marseille placé en détention provisoire "avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison".

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Transcript
00:00 Je trouve quand même assez dommageable que les policiers adoptent cette attitude,
00:07 sans méconnaître bien sûr la difficulté de leur tâche et les épreuves qui ont été rencontrées à l'occasion des journées de violence urbaine.
00:20 J'observe que ce mouvement fait suite à des déclarations du directeur général de la police nationale, venant affirmer qu'un policier ne doit pas être placé en détention provisoire,
00:38 même s'il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail, s'insurgeant ainsi d'une certaine manière contre la décision de la justice,
00:52 qui a estimé qu'il y avait lieu de placer en détention provisoire un policier et de mettre d'autres policiers sous contrôle judiciaire.
01:03 Donc cette espèce de révolte contre finalement une justice qui doit s'appliquer à tous,
01:11 et avec une demande d'exemption, avec ce qui serait une exception à la règle commune, me paraît quand même très très regrettable.
01:24 C'est une sorte de remise en cause d'une séparation des pouvoirs et d'une atteinte incontestable à la dépendance de la justice.
01:32 Plus largement, il y a un travail à faire autour de la police en France. C'est vrai qu'on vous a régulièrement en plateau.
01:38 Et à chaque fois, vous nous dites que finalement, notamment sur l'usage des LBD, notamment sur le fait qu'un policier, c'est le cas aujourd'hui,
01:46 est en détention provisoire dans le cadre d'une enquête. Est-ce qu'aujourd'hui, selon vous, il est nécessaire que l'exécutif s'intéresse au rôle de la police en France
01:53 et de la manière dont les policiers peuvent être condamnés, condamnables, jugés ?
01:59 Oui, bien sûr. Je crois qu'il faut cesser d'être simplement dans un vocabulaire de complaisance et qu'il faut examiner lucidement les difficultés du moment
02:10 et passer à l'action. Or, l'action, cela veut dire avoir pour objectif de réconcilier la police et la population.
02:19 On ne le fera pas s'il continue d'y avoir, du côté policier, un certain nombre de dérives, ce qui est une évidence.
02:27 Alors cela veut dire quoi ? Cela veut dire, par exemple, qu'il faut, comme dans des pays voisins, éviter le recours à ce qu'on appelle des armes de guerre,
02:39 c'est-à-dire les lanceurs de balles de défense ou des grenades à explosion qui sont extrêmement dangereuses, comme les GM2L.
02:50 Par exemple, il faut également revenir à des formes de maintien de l'ordre qui ne soient pas discriminatoires ou discriminantes vis-à-vis de certaines catégories racisées de la population.
03:04 Ce que l'on observe, éviter les interpellations préventives abusives, les garde à vue qui ne mènent à rien, faire en sorte qu'il y ait un contrôle de la police
03:16 qui soit un contrôle différent de celui existant aujourd'hui avec l'IGPN ou, pour les gendarmes, une institution de même nature,
03:25 que ce soit des institutions qui contrôlent la police qui soient totalement indépendantes.
03:33 L'IGPN, c'est-à-dire l'Inspection Générale de la Police Nationale, c'est la police des polices, cela dit bien ce que cela veut dire,
03:39 ce sont les policiers, quelque part, qui jugent les policiers. Il faudrait une institution indépendante.

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