• il y a 2 ans
Le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, a apporté son soutien à la mobilisation des policiers contre le placement en détention provisoire d’un agent de la BAC de Marseille, soupçonné d’avoir commis des violences policières en marge des émeutes. Un soutien qui a suscité l’indignation des magistrats et de plusieurs personnalités politiques. Depuis la Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron a dit comprendre “l’émotion” des policiers mais a également affirmé que “nul en République n’est au-dessus de la loi”.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00 Il y a un certain nombre de policiers qui ont décidé de rentrer dans un mouvement
00:05 dans lequel ils arrêtent de travailler ou en tout cas ils se mettent en arrêt maladie
00:10 pour protester contre une décision de justice et que je trouve ça tout simplement inacceptable.
00:16 Je rappelle que l'autorité policière n'est pas une autorité indépendante,
00:21 qu'elle est sous la responsabilité de l'autorité politique
00:26 et qui a un principe de séparation des pouvoirs en France.
00:30 Et ce principe de séparation des pouvoirs, il dit qu'il n'appartient pas à la plus haute hiérarchie policière
00:36 d'intimider ou de mettre la pression sur l'autorité judiciaire qui elle est indépendante.
00:43 Donc je trouve ce qui s'est passé hier soir est extrêmement grave
00:47 et de ce point de vue là, effectivement la déclaration du président de la République
00:51 est une déclaration totalement insuffisante.
00:54 Il aurait dû rappeler l'ordre.
00:56 Ce rappel à la loi, ce rappel au fait que nul en République n'est au-dessus des lois, ça ne suffit pas ?
01:01 Heureusement qu'il est capable quand même de se rappeler que l'article 6
01:05 de la déclaration du droit de l'homme et du citoyen dit que la loi est la même pour tout le monde.
01:09 Mais ce n'est pas de ça dont il est question.
01:11 Ce que l'a dit le directeur général de la police nationale,
01:15 c'est qu'il a demandé qu'il y ait une justice d'exception pour les policiers.
01:19 Il a demandé que le régime de la détention provisoire
01:22 ne puisse pas s'appliquer aux policiers.
01:24 Donc ils n'ont pas demandé que la loi soit la même pour tout le monde.
01:28 Ils ont demandé qu'il y ait une partie de la loi qui ne puisse pas s'appliquer pour les policiers.
01:32 Donc ça c'est inacceptable.
01:34 Mais il a rappelé le contexte particulier des policiers,
01:37 le contexte particulier notamment pendant les émeutes qui est extrêmement compliqué,
01:41 le fait de se retrouver en prison, en détention avec des détenus de Trois-Communs,
01:46 c'est extrêmement délicat, compliqué pour les policiers.
01:49 Mais Madame, se retrouver en détention et en particulier en détention provisoire,
01:53 c'est délicat pour tout le monde.
01:55 C'est délicat pour n'importe quel citoyen et c'est bien évidemment,
01:58 je le comprends, le cas pour un policier.
02:01 Mais quand il y a une décision de détention provisoire,
02:04 la justice ne la prend pas sans aucune motivation.
02:07 Elle a un certain nombre de critères et sur la base de ces critères,
02:10 elle considère que la mise en détention provisoire est nécessaire,
02:15 par exemple parce qu'elle empêche le policier en question
02:17 de se concerter avec d'éventuels complices pour se mettre d'accord sur une version.
02:21 Donc cette décision n'est pas prise à la légère.
02:23 Vous savez, incarcérer quelqu'un, il ne faut jamais le prendre à la légère.
02:26 Donc je comprends que le policier ou ses collègues soient embêtés par cette situation.
02:32 Mais si elle a été prise, c'est que le juge a considéré
02:35 qu'il y avait des raisons de la prendre, cette décision.
02:37 Et il n'appartient pas à ses collègues policiers et encore moins à la hiérarchie policière
02:42 de décider qu'il ne fallait pas faire comme ça et qu'il faudrait faire autrement.
02:45 – Vous réclamez des sanctions ?
02:47 – Oui, le président de la République aurait dû remettre de l'ordre, tout simplement.
02:52 Il aurait dû rappeler le fait que la hiérarchie policière
02:55 est sous la responsabilité du pouvoir politique et aurait dû effectivement,
02:58 je le crois, suspendre le directeur général de la police nationale
03:02 et le préfet de police de Paris qui lui a apporté son soutien.
03:05 Ce n'est pas anodin ce qui se passe, c'est les plus hautes autorités de la police
03:08 qui décident de rentrer en confrontation avec une décision judiciaire.
03:13 C'est quelque chose de quasiment inédit
03:15 et ça nécessite une réponse politique qui est une réponse politique d'ampleur.
03:19 Pas des propos embarrassés parce qu'on veut rester sur une ligne de crête
03:25 et donner l'impression de ne pas vouloir choisir entre la chèvre et le chou.

Recommandations