Comment faire face aux multiples agressions contre les milieux naturels, mais aussi restaurer ce qui a été détruit ? Le Parlement européen a voté une loi, enjeu central de la législature en cours. Cette restauration de la nature concerne également le milieu maritime. Quels sont les dangers imminents qui le menacent ? L'Union européenne veut-elle vraiment renverser la tendance ?
Réponses avec le député européen Younous Omarjee, du groupe La Gauche, auteur de deux amendements contre la pêche industrielle et pour la protection des fonds marins.
Avec Jean-Jacques Regibier, journaliste
Réponses avec le député européen Younous Omarjee, du groupe La Gauche, auteur de deux amendements contre la pêche industrielle et pour la protection des fonds marins.
Avec Jean-Jacques Regibier, journaliste
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00:00 Bonjour et bienvenue dans cette rencontre au Parlement européen de Strasbourg.
00:03 Restaurer la nature, c'est le grand débat et la loi sur laquelle votent les députés européens cette semaine.
00:10 Deux manifestations d'ailleurs ont eu lieu à l'extérieur du Parlement européen.
00:13 Une qui était pour la loi, l'autre contre.
00:16 Enjeu central de la législature en cours.
00:20 Que faire face à ces multiples agressions contre les milieux naturels pour tenter de renverser la tendance ?
00:26 Cette question vaut aussi pour les milieux marins.
00:29 On en parle avec vous, Younous Marji. Je rappelle que vous êtes député européen de la gauche.
00:34 On va vite aujourd'hui. Merci d'être sur le plateau de l'humanité.
00:38 Vous êtes l'auteur de deux amendements sur les milieux marins qui concernent cette loi de restauration de la nature.
00:44 On en parlera tout à l'heure. Mais peut-être une précision.
00:47 Quand on parle de zone maritime, on parle bien sûr des zones maritimes qui concernent le continent européen.
00:54 Donc l'Atlantique, la mer du Nord, la Baltique et la Méditerranée si je ne me souviens pas.
00:58 Et voilà, c'est ce que j'allais vous dire.
01:00 Évidemment, les territoires maritimes d'outre-mer, dont l'océan Indien, je rappelle que vous êtes député de la Réunion,
01:08 il y en a beaucoup. On n'y pense pas souvent, mais ça fait aussi beaucoup d'océans et de zones maritimes
01:16 qui sont concernées aujourd'hui par la loi, qui peut être votée.
01:20 Je le dis parce que ce n'est pas encore voté. On aura le résultat demain et on en parlera dans une autre rencontre de l'humanité.
01:27 Il y a beaucoup d'autres territoires qui sont concernés.
01:30 Bien sûr. Et c'est la raison pour laquelle je suis si engagé sur cette question, parce que chacun sait que je viens d'une île.
01:39 Je viens de l'île de la Réunion. Et précisément, nous avons une aire marine protégée.
01:44 Mais chacun doit se souvenir que lorsque le président Macron avait annoncé la création des aires marines protégées,
01:52 nous avions dit qu'elles doivent être véritablement protégées.
01:57 Et s'agissant de la loi restauration de la nature, c'est la même exigence, car on ne peut pas restaurer la nature si on ne protège pas les océans.
02:10 Il y a une interdépendance évidente entre le monde marin et le monde du vivant terrestre, la biodiversité terrestre.
02:19 Et c'est pourquoi nous devons poser de véritables normes de protection dans ces aires marines protégées.
02:27 Et c'est le sens de ces deux amendements. Qu'est-ce qu'ils disent ?
02:31 Ils disent d'abord qu'il faut repousser ces grandes flottes industrielles, ces machines de guerre industrielles qui viennent pêcher dans nos eaux.
02:41 Il faut les repousser au plus loin et préserver la pêche côtière.
02:49 - On parle directement des amendements. Vous avez dans vos amendements prévu une zone en deçà de laquelle les 12 000 nautiques pour des bateaux de 25 mètres maximum.
03:11 Au-delà de 25 mètres, ces bateaux doivent aller au plus loin. C'est notre proposition. Ce n'est pas encore interdit.
03:22 Et nous menons la bataille pour que ces deux amendements soient votés demain.
03:27 Mais ce que je veux dire, c'est que chacun a bien conscience que cette loi européenne est importante.
03:35 Mais nous sommes tous lucides aussi. Et nous savons que cette loi étant votée, la nature n'est pas sauvée pour autant.
03:47 Et qu'il n'y a pas à applaudir à pieds joints. En fait, la bataille commence.
03:56 - Elle commence durement. C'est ça qu'il faut dire. Même par rapport à une loi qui n'est pas, comme vous le dites, un premier pas, mais qui n'est pas la solution finale,
04:06 déjà là, il y a des points de butée. - Oui, dès le départ. Parce que, renions à négocier avec les autres groupes, à la baisse, l'ensemble des compromis.
04:18 Donc l'ambition de cette loi, elle est tuée dès le départ. Et puis, bien sûr, nous voyons émerger dans ce Parlement une nouvelle coalition,
04:30 plus consolidée encore, qui va entre le PPE, le CR et l'extrême droite.
04:39 Et ça annonce ce que pourraient être les reculs dans la future législature du Parlement européen.
04:49 Et c'est pourquoi il est extrêmement important que nous soyons là et que nous essayons, à travers un certain nombre de propositions,
04:57 d'avoir des marqueurs et de montrer que l'ambition doit être plus forte. Parce que les Etats membres qui doivent mettre en place des plans nationaux,
05:09 des plans d'action, peuvent faire beaucoup mieux, en réalité, que ce qui aura été voté demain à plein air.
05:18 - La zone au-delà de laquelle sont interdits à la pêche des bateaux de plus de 25 mètres, c'est tout à fait clair et simple.
05:30 J'allais dire, en ce qui concerne, on en parlait dès le début, la protection, à proprement parler des milieux marins,
05:35 qui est obligatoire avec l'idée de rénovation de la nature. Parce que s'il n'y a pas de protection, qu'est-ce qu'on rénove ?
05:42 - Ça peut sembler être une évidence.
05:44 - Mais alors, qu'est-ce qu'on entend exactement, à l'heure actuelle ? Quels sont les points, j'allais dire, clés de ce qu'il faudrait faire, en tout cas,
05:52 pour la restauration de ces milieux ?
05:54 - Mais il n'y a pas de restauration. C'est ça qu'il faut comprendre. Et c'est ce que disent des centaines de scientifiques.
06:03 Il n'y a pas de restauration sans protection lorsqu'il s'agit du milieu marin. Et il faut laisser un certain nombre d'espaces permettre la régénération des poissons.
06:18 Et cela va dans l'intérêt des pêcheurs côtiers. Parce que, comme je l'avais dit au moment du vote de la loi pour la pêche électrique,
06:28 s'il n'y a plus de poissons, il n'y a plus de pêcheurs. Et nous sommes soutenus par les petits pêcheurs dans ce combat.
06:36 Donc l'objectif, c'est de permettre la régénération des écosystèmes marins et des poissons.
06:46 Mais cette régénération, elle est aujourd'hui extrêmement diminuée à cause de la pêche industrielle et de la prédation qui a atteint un niveau que peu de gens peuvent imaginer.
07:01 Si nous continuons au rythme de prédation actuelle, il n'y aura plus de poissons, ni crustacés, ni coquillages connus disponibles pour la pêche commerciale avant 2050.
07:14 Ces océans sont devenus des cimetières marins. Commençons d'abord par protéger les aires marines protégées.
07:21 Merci Younous Omarji. Et rendez-vous à vous qui nous suivez pour le second débat sur la restauration de la nature, sur les milieux terrestres cette fois,
07:30 notamment avec les questions agricoles qu'implique ce projet de rénovation de la nature.
07:36 Nous commenterons aussi le résultat du vote au Parlement européen, puisque le vote aura lieu au moment où nous en parlerons avec le député vert Benoît Bittaud.
07:45 Merci à vous et à bientôt. Au revoir.
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