Vendredi 7 juillet 2023, SMART BOURSE reçoit François Jubin (Directeur général, WiseAM)
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00:00 *Musique*
00:10 Mais commençons avec la sphère émergente et plus précisément l'actualité autour de la Chine.
00:15 Bruno Vannier est avec nous en plateau, le président de GMO Assets. Bonjour et bienvenue Bruno.
00:19 Bonjour.
00:20 Bon, la Chine qui est une source de risque important pour les marchés globaux, ça fait partie de la nature de la Chine effectivement.
00:28 D'avoir alors le risque économique chinois, on en dira un mot, effectivement avec la déception peut-être de la reprise chinoise sur le premier semestre.
00:34 On l'a déjà évoqué avec vous Bruno. L'autre risque important c'est la Chine et plus précisément la relation entre les Etats-Unis et la Chine.
00:42 Qu'est-ce qu'on peut dire d'ailleurs peut-être de ce point de vue là pour commencer Bruno, sachant qu'on a en moins d'un mois quand même,
00:48 deux visites officielles de haut rang avec, il y a trois semaines, Anthony Blinken, le secrétaire d'Etat américain qui était en Chine,
00:57 et désormais Janet Yellen, secrétaire au Trésor. Sur la forme, c'est plutôt un signal constructif de gens qui arrivent à se voir et se parler.
01:07 C'est déjà un premier point.
01:09 - Donc marginalement la relation chino-américaine qui n'est pas au beau fixe comme on peut l'imaginer, et ce depuis un certain nombre d'années,
01:18 effectivement on a l'impression qu'il y a une amélioration marginale, on va dire, dans la perspective aussi d'une rencontre entre le président Xi et le président Biden,
01:28 soit au G20 en septembre, soit un peu plus tard au sommet de la PEC. Donc tout ça effectivement, l'agenda politique est un peu meilleur, j'ai envie de dire, à court terme.
01:40 Après il ne faut pas trop espérer à ce sujet quand même dans des élections américaines l'année prochaine, ce sera bien évident un sujet de...
01:49 qui est moins un sujet de controverse entre les candidats qu'ils soient républicains ou démocrates en l'occurrence aux Etats-Unis, puisque tout le monde est assez...
01:56 - C'est un point de convergence, c'est d'ailleurs transpartisan on va dire.
01:59 - Et peut-être qu'ils vont trouver une surenchère qu'on n'imagine pas encore pour se démarquer sur le sujet.
02:06 Donc ça reste un sujet de volatilité non négligeable. On a des élections aussi à Taïwan en janvier prochain. Taïwan bien évidemment dans cette relation chino-américaine est extrêmement important.
02:17 Encore une fois, si on n'anticipe absolument pas de mouvements militaires de nature à être extrêmement problématiques, au moins dans les cinq prochaines années, ça ne paraît absolument pas possible.
02:32 Néanmoins, il y a ces élections, ça va être une source d'inquiétude. Le candidat de DPP, le démocrate, est plutôt le vent en poupe, j'ai envie de dire, depuis quelques mois.
02:44 C'est quelque chose de priori marginalement négatif pour la relation chino-américaine...
02:50 - Chine-Taïwan.
02:52 - Et par conséquent, oui, effectivement.
02:54 - Son discours est encore très modéré de ce point de vue-là. Il a aussi une tendance à modérer le discours à mesure qu'on avance vers les élections. Néanmoins, c'est une source d'incertitude.
03:06 - Des visites effectivement, alors qu'ils ne sont pas des "market movers" au sens strict du terme. Et c'est vrai que quand on voit les décisions qui sont prises de part et d'autre, il n'y a pas de pause dans l'escalade.
03:23 Les Etats-Unis réfléchissent peut-être à interdire l'accès des entreprises chinoises aux services de cloud américains. La Chine a annoncé cette semaine des politiques de contrôle sur des métaux critiques destinés à l'industrie technologique au sens large. Le titre fortate continue.
03:43 - Là-dessus, on peut dire que c'est la première fois que la Chine avance sur ce terrain-là. Enfin, un terrain plus officiel sur ces métaux critiques, effectivement. Après, il n'y a pas qu'en Chine qu'on trouve ces métaux.
04:02 - Non. Ils n'ont de rares que le nom, très souvent.
04:06 - Oui. Et ce n'est pas forcément des terres rares. Mais aujourd'hui, effectivement, s'ils coupent à 100 % l'approvisionnement, c'est problématique pour un certain nombre de sociétés dans le domaine électronique.
04:16 A terme, c'est moins un problème. Mais à court terme, ça pourrait l'être. Mais en fait, ce qui est plus intéressant, c'est pourquoi ils le font maintenant ? Parce qu'ils auraient pu le faire avant. Pourquoi maintenant ?
04:26 Est-ce que c'est un jeu diplomatique, juste avant la visite de Janet Yellen, qui arrive dans ses poches, peut-être, une possibilité pour réduire ou éliminer les fameux tarifs de Trump sur les importations en provenance de Chine ?
04:43 Peut-être que c'est un sujet aussi sur l'inflation, quand même. Avec des importations chinoises, on maîtrise sans doute un peu mieux l'inflation que sans.
04:51 Donc il y a un jeu diplomatique là-dessus qui n'est pas forcément facile à interpréter à court terme, mais qu'il faut constater néanmoins.
05:00 — Sur le plan économique, on en a parlé de ça il y a un mois avec vous, Bruno. La question... Parce que la pression monte, quand même, sur les autorités chinoises pour en faire plus en matière de soutien domestique.
05:14 C'est le Premier ministre ou le vice-premier ministre, hier ou avant-hier. Il n'y a pas de temps à perdre. Sauf qu'une fois qu'on a dit ça... Ah ! Qu'est-ce qu'on fait ?
05:21 — Oui. Alors là-dessus, c'est vrai qu'il y a une énorme déception, on peut le dire, sur le deuxième trimestre. On s'attendait à un effet de base très positif.
05:30 Donc on a des chiffres vraiment au rendez-vous en termes de croissance, de perspective. Et patatrac, j'ai envie de dire. Tous les chiffres qui sont sortis étaient plutôt décevants.
05:39 Les indicateurs avancés, les PMI, étaient en dessous de 50. Même l'indicateur sur les services a également baissé au mois de juin. Clairement, il y a beaucoup de déceptions à ce sujet.
05:50 Le marché a clairement baissé là-dessus. Maintenant, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ? Alors dans cette composante, il y a aussi... Il y a eu le cycle des stocks qui est assez intéressant,
06:01 je dois dire, quoi. Et on a un niveau de stock qui a beaucoup monté jusqu'au premier trimestre, effectivement, dans la perspective de cette reprise de la demande,
06:09 pas simplement sur le deuxième trimestre mais spécifiquement aussi sur l'événement, ce qu'on appelle le 6-18, les 3 jours autour du 18 juin, qui sont un événement un peu comme le 11 novembre
06:22 qu'Ali Baba a lancé il y a une année. Donc il y a beaucoup de stocks qui ont été faits dans cette perspective-là. Et techniquement, sans doute, du déstockage à faire
06:32 qui est en train de se réaliser. On pense que les chiffres sur les stocks à partir du troisième trimestre vont être un peu meilleurs que jusqu'au deuxième trimestre.
06:41 Ce n'est pas sûr, malheureusement, quoi. Mais cette perspective de déstockage éventuel arrive bien sûr sur une perspective de restockage plutôt sur le quatrième trimestre.
06:53 Et là, on pourrait avoir des chiffres, naturellement, sans l'aide de l'État, j'ai envie de dire, un peu meilleurs. Mais ça reste quand même une incertitude, une question.
07:02 Ce n'est pas certain que ça va se passer dans cette séquence-là, dans ce séquençage suivant. Mais ce serait effectivement une bonne positive qu'on n'ait pas forcément besoin de cette relance étatique
07:12 que j'ai envie de dire tous les investisseurs en ce moment, surtout les investisseurs domestiques, ont envie d'avoir avant de faire quoi que ce soit.
07:18 Donc on comprend bien que le niveau de confiance était très bas. Plus personne ne va acheter des actions en Chine en ce moment.
07:24 – Oui, d'ailleurs la valorisation le montre, effectivement. On est revenu à des valeurs très déprimées.
07:28 – On a un marché qui est extrêmement peu cher. Ça ne fait pas un marché acheté. Le fameux danger dans le monde émergent, c'est souvent ce qu'on appelle les value traps en anglais.
07:36 Donc pas cher, mais que ça reste vraiment pas cher pendant très très longtemps. Donc on a ce risque-là qui est indéniable.
07:42 On a quand même techniquement des marchés très aussi survendus. Il y a beaucoup d'investisseurs qui ont mis une croix sur la Chine aujourd'hui.
07:50 Notamment des investisseurs globaux qui se disent pourquoi je dirais m'embêter avec un pays qui est compliqué,
07:55 où je passe déjà trop de temps à l'analyser parce que tout le temps…
08:00 – On regarde la taille de mes investissements sur place.
08:02 – Maintenant la Chine, au niveau global, c'est entre 3,5 et 4 % à peu près de l'indice total.
08:07 Pourquoi je dirais passer autant de temps que ça alors que j'ai sans doute peut-être plus à faire sur l'Europe, sur les États-Unis ou sur d'autres pays émergents.
08:14 Donc il y a cette problématique-là. Les globaux sont vraiment quasiment tous sortis et beaucoup d'entre eux ne veulent plus du tout parler de la Chine.
08:22 En général, presque un Chine avec un signe pas forcément négatif.
08:26 – Ça peut être contraignant. – Ça peut être contraignant.
08:28 – Bien sûr. – Mais les investisseurs comme nous,
08:31 les laborieux du monde émergent, la Chine c'est quand même 30 % de notre indice.
08:38 Donc on ne peut pas mettre complètement l'impasse dessus.
08:41 En mettant, on s'attend quand même à une petite reprise à court terme, à un marché survendu,
08:45 on pourrait avoir un peu de meilleures nouvelles.
08:47 Nous-mêmes, on est légèrement surpondérés sur le marché chinois.
08:50 On avait tort de le faire trop tôt.
08:52 Aujourd'hui, les perspectives peuvent être plutôt plus attrayantes à court terme.
08:59 Maintenant, à long terme, reste l'épée de Damoclès des relations sino-américaines
09:04 qui est un sujet qui ne va pas partir demain malheureusement.
09:08 La démographie chinoise n'est pas forcément non plus très attractive à long terme.
09:13 Donc vraiment, la vision long terme sur la Chine a changé malheureusement structurellement.
09:18 – L'autre grand risque pour les émergents, c'est ce qui se passe depuis 24-48 heures
09:25 sur les marchés obligataires américains.
09:28 C'est-à-dire que, oui, les Américains travaillent, les Américains consomment.
09:32 Le marché a été peut-être un peu trop pessimiste
09:35 sur la capacité de résilience persistante de l'économie américaine.
09:40 Donc on serait justement à la hausse des taux courts,
09:42 mais aussi de la partie longue de la courbe américaine.
09:45 – On est sur les taux à 10 ans, on est à 4%.
09:47 Sur les taux chinois, on est à 2,64%, sur la même effiance.
09:51 Et de fait, rappelez-vous avant qu'on avait un retournement sur les taux,
09:56 on avait un dollar en général plus fort,
09:58 et qui affectait surtout les devises qui étaient plus "faibles"
10:01 entre guillemets, les devises d'Amérique latine, le rang de Sud-Africain.
10:05 Aujourd'hui, ce n'est pas exactement le même jeu.
10:08 Ce qui est affecté de l'autre côté de la balance,
10:11 ce sont les pays ou les devises dont les taux d'intérêt sont peu élevés
10:15 et où on a un différentiel de taux qui risque d'augmenter
10:19 en faveur des taux américains et donc en faveur du dollar,
10:22 ce qui est ce qu'on observe depuis près d'un an.
10:25 Pour autant, quand on voit le réal brésilien être au plus haut quasiment,
10:31 là il en baisse un petit peu, mais effectivement,
10:33 parce que le différentiel de taux est très élevé,
10:35 et donc on peut encaisser encore une éventuelle hausse
10:39 des taux américains sur les taux brésiliens.
10:41 C'est moins le cas en Asie.
10:43 Et donc les devises asiatiques, à l'image du Rémi Nbi en ce moment,
10:46 qui est plus faible, on a un différentiel de taux qui est peu élevé.
10:52 Dans certains cas, il est même négatif en faveur de ces pays.
10:57 Donc là, on a un potentiel plus cyclique, j'ai envie de dire,
11:00 de faiblesse de certaines devises et moins structurel.
11:03 Je comprends, parce que structurellement, ces devises-là,
11:06 ces pays sont assez solides, mais néanmoins à court terme,
11:10 on pourrait avoir une inversion, donc hausse du dollar.
11:13 En général, ce n'est pas très positif émergent.
11:16 Une inversion sur l'inflation ou sur les taux d'intérêt américains,
11:20 ce n'est pas négatif pour tout le monde.
11:23 On a une deuxième moitié qui risque d'être plus compliquée.
11:26 C'est intéressant, parce que la sphère émergente vous amène
11:29 à pouvoir investir dans des pays très proches géographiquement
11:32 des États-Unis, comme le Mexique.
11:34 Là, c'est une conviction de long terme que vous avez sur le Mexique.
11:37 Le Mexique, après, est bien reflété aussi par la valorisation du marché
11:40 qui est plus élevée que l'historique, même si on reste
11:44 à un niveau absolu pas forcément très élevé.
11:46 On a une devise qui a été très forte, le peso mexicain.
11:49 Le peso mexicain, ça monte en 2022.
11:51 C'est quasiment la meilleure devise en 2023.
11:55 Mais clairement, la consommation au Mexique est plutôt bien orientée.
12:02 Pourquoi ? Parce qu'on reçoit beaucoup d'argent qui vient
12:07 des travailleurs émigrés mexicains qui sont aux États-Unis.
12:10 Et là, il y a une demande pour leurs bras.
12:15 Oui, on manque de bras.
12:19 Et donc, les transferts des États-Unis vers le Mexique,
12:25 faits par des Mexicains, bien sûr, qui sont au nord du Rio Grande,
12:29 c'est en général positive consommation mexicaine.
12:33 Et c'est ce qu'on joue, nous, en grande partie dans nos portefeuilles.
12:36 Merci beaucoup, Bruno.
12:37 Merci pour cet éclairage sur la sphère émergente.
12:39 On aura parlé de la Chine, le risque dollar et le Mexique
12:43 Qu'est-ce que vous en pensez ?
12:46 On a eu le long terme Bruno Vannier, président de Gémoins7,
12:49 qui était avec nous, l'un des invités de cette édition de la mi-journée de Smart Bourse.