3% à 5% de la population auraient un anévrisme intracrânien, mais ce chiffre est sûrement beaucoup plus grand ! Quand un anévrisme se rompt, on se retrouve aux urgences et souvent au bloc opératoire. Voici ma petite enquête sur cette étrange malformation vasculaire du cerveau.
Une vidéo réalisée dans le cadre du projet VidéoLabo de l'Université de Nantes, soutenu par la Région Pays de la Loire et le fonds européen de développement régional FEDER.
En partenariat avec :
- @UnivNantes
- @institut_thorax
- @CNRS
- @inserm
- @CHUdeNantes44
- Région Pays de la Loire
- FEDER (fonds européen de développement régional)
Avec la participation de :
Dr Anne Clémence VION, biologiste, Institut du thorax - CNRS
Pr Romain BOURCIER, neuroradiologue, Institut du thorax - Nantes Université et CHU Nantes
Dr Pierre Louis ALEXANDRE, neuroradiologue, CHU Nantes
Pr Hubert DESAL, chef du service de neuroradiologie, Nantes Université et CHU Nantes
Dr Karim LAKHAL, anesthésiste, CHU Nantes
Emmanuelle BOURCEREAU, infirmière de recherche clinique, Institut du thorax - CHU Nantes
Solène JOUAN, coordinatrice d'études cliniques, Institut du thorax - CHU Nantes
Dr Stéphanie CHATEL, secrétaire générale, Institut du thorax - INSERM
Sources : https://bit.ly/3AMoC8G
Une vidéo réalisée dans le cadre du projet VidéoLabo de l'Université de Nantes, soutenu par la Région Pays de la Loire et le fonds européen de développement régional FEDER.
En partenariat avec :
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- Région Pays de la Loire
- FEDER (fonds européen de développement régional)
Avec la participation de :
Dr Anne Clémence VION, biologiste, Institut du thorax - CNRS
Pr Romain BOURCIER, neuroradiologue, Institut du thorax - Nantes Université et CHU Nantes
Dr Pierre Louis ALEXANDRE, neuroradiologue, CHU Nantes
Pr Hubert DESAL, chef du service de neuroradiologie, Nantes Université et CHU Nantes
Dr Karim LAKHAL, anesthésiste, CHU Nantes
Emmanuelle BOURCEREAU, infirmière de recherche clinique, Institut du thorax - CHU Nantes
Solène JOUAN, coordinatrice d'études cliniques, Institut du thorax - CHU Nantes
Dr Stéphanie CHATEL, secrétaire générale, Institut du thorax - INSERM
Sources : https://bit.ly/3AMoC8G
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ÉducationTranscription
00:00 Samedi 21 novembre 2015, approximativement 20h30.
00:03 Cathy, 24 ans, vit seule dans son appartement depuis une récente séparation.
00:07 Posée sur son lit, elle traîne sur son ordi.
00:09 Elle envoie quelques textos, regarde des vidéos sur YouTube,
00:11 elle décompresse de sa semaine très chargée.
00:13 A ce moment-là, Cathy est loin de se douter qu'un événement inattendu va bientôt arriver
00:18 qui va radicalement changer sa soirée.
00:19 20h42.
00:20 En se préparant à sortir, Cathy a tout d'un coup un énorme coup de fatigue.
00:24 C'est pas surprenant, en ce moment son travail l'épuise énormément.
00:27 Elle s'allonge quelques secondes pour se reposer et là, c'est le tout noir.
00:30 En ouvrant les yeux, elle comprend que quelque chose ne va pas.
00:33 Ce n'est pas un simple malaise, c'est quelque chose d'autre, mais quoi ?
00:35 Elle ne sait pas.
00:36 Elle se décide à prendre son portable et à appeler le 15,
00:38 mais son bras ne répond plus, du moins pas très bien.
00:40 Cathy mobilise toutes ses forces et parvient à appeler les secours.
00:43 Personne répond.
00:45 Elle appelle une deuxième fois.
00:46 Personne répond.
00:47 Elle appelle le 17 dans l'espoir que quelqu'un puisse la mettre en relation avec le Samu,
00:51 sans succès.
00:52 L'heure tourne et Cathy ne parvient pas à appeler les secours.
00:54 Seule dans son appartement, personne n'est là pour l'aider.
00:57 Elle retente une dernière fois, ça décroche.
00:59 On lui informe au bout de la ligne que les secours sont en route.
01:02 21h10.
01:03 Les pompiers sont là.
01:04 Ils la prennent rapidement en charge et la conduisent immédiatement à l'hôpital.
01:07 Arrivé aux urgences, elle tente d'expliquer ce qui lui arrive,
01:09 mais elle a très mal à la tête.
01:11 Son discours est très confus et manque de cohérence.
01:13 Elle ne peut ni supporter la lumière, ni le bruit.
01:15 Elle a très mal.
01:16 Elle s'est bannuée à plusieurs reprises et à son réveil, elle vomit.
01:19 Les médecins finissent par comprendre ce qu'est là.
01:21 Le soir du samedi 21 novembre 2015, Cathy a fait une rupture d'un lévris.
01:26 Une petite poche anormale au niveau des artères de son cerveau a éclaté
01:29 et une hémorragie est en train d'inonder son cerveau de sang.
01:32 Il faut agir rapidement, sinon le pronostic vital peut être très vite engagé.
01:36 Dans 50% des cas, c'est la mort assurée.
01:38 Salut, je m'appelle Gonzalo et tu es sur la chaîne YouTube et TikTok Drop of Curiosity.
01:55 Cette vidéo est très spéciale parce qu'elle a été réalisée en partenariat
01:59 avec Nantes Université, l'Institut du Thorax et le CHU de Nantes.
02:03 Ils m'ont proposé de faire une vidéo sur ce qui est arrivé à Cathy.
02:06 Ils m'ont demandé de parler des anévrismes intracraniens.
02:09 C'est un sujet hyper intéressant d'un point de vue scientifique
02:11 et très important d'un point de vue de santé.
02:13 En France, on estime que 3 à 5% de la population développe un anévrisme
02:17 d'une artère du cerveau au cours de sa vie.
02:19 Et ce chiffre est sous-couté parce que souvent, on le découvre sans faire exprès
02:23 lors d'un examen à l'hôpital pour d'autres raisons.
02:26 Comment du coup on peut savoir si on a nous-mêmes un anévrisme ?
02:28 Comment faire pour éviter que cette petite poche anormale à l'intérieur du cerveau éclate ?
02:33 Je me suis donc rendu à l'hôpital La Hennec à Nantes
02:35 au service de neuroradiologie et de réanimation leur poser la question.
02:39 Ils m'ont invité à assister à une opération appelée l'embolisation
02:42 avec une patiente présentant ce qu'ils surnomment un anévrisme géant.
02:46 Attention, les images qui vont suivre peuvent choquer certains d'entre vous.
02:49 [Musique]
03:03 - Allons-y, on y va.
03:05 Les gens de la neuro qui sont arrivés.
03:07 [Musique]
03:11 La patiente va arriver, on va lui faire le nettoyage de peau pour passer justement par l'aile.
03:16 - La patiente qui a l'arche.
03:17 - La patiente qui a l'arche.
03:18 C'est une patiente qui était hospitalisée dans un service de neuro.
03:21 Elle a rencontré des médecins en consultation qui lui ont expliqué
03:24 "vous avez un anévrisme, on va vous boucher".
03:27 - C'est une dame qui a des troubles visuels.
03:29 Elle a consulté pour ça.
03:30 Elle a été découverte pour un pourtuitement en fait.
03:32 - Quand vous avez un anévrisme, pourquoi vous avez ces troubles visuels-là ?
03:35 Alors elle peut-être vous le dire à l'aide d'un scanner.
03:36 - C'est un gros anévrisme.
03:38 On n'a pas tous les jours des cas.
03:39 - Oui, c'est ça.
03:40 - On va mettre un stent comme ça.
03:41 [Musique]
03:44 - Ça redirige le flux en fait.
03:45 - Donc c'est assez souple.
03:47 - Donc ça veut dire que le sang va bien dedans et il ne va pas aller dans l'anévrisme.
03:51 - Il redirige le flux direct.
03:52 Il va être mis là.
03:54 On va mettre quand même quelques spires pour sécuriser et que ça se...
03:58 - Oui.
03:59 - Après il y a un risque, c'est que l'anévrisme...
04:02 - Si il y a une hémorragie, c'est très...
04:03 - Ça peut être important, oui.
04:05 - Oui, ok.
04:05 - Oui.
04:06 - Oui.
04:07 - Docteur Alexandre.
04:09 Gonzalo, Tom.
04:10 - Enchanté.
04:11 - Donc là, une IRM justement.
04:15 Donc là, on voit l'anévrisme là.
04:17 Et qui fait effet de masse sur...
04:20 Donc là, il y a les nerfs optiques ici.
04:22 - D'accord.
04:22 - Les nerfs optiques gauche et puis droite.
04:25 Donc on voit le nerf optique gauche qui est étiré
04:28 et le nerf optique droit ici qui semble comprimé.
04:32 En tout cas, on va empêcher qu'il évolue et qu'il saigne un jour.
04:38 Ici, la patiente a un gros anévrisme.
04:40 Mais heureusement, il n'a pas encore éclaté.
04:42 Pour cette taille, il y a 25% de risque que ça pète.
04:45 C'est pour ça qu'ils opèrent.
04:46 Mais des fois, ces médecins se retrouvent avec des anévrismes rompus
04:50 comme pour le cas de Cathy.
04:52 Le docteur Romain Bourcier, neuroradiologiste,
04:54 nous explique en quoi consiste l'opération
04:56 et comment est prise en charge un patient quand son anévrisme se rompt.
05:00 - La neuroradiologie interventionnelle, justement, ce n'est pas de la chirurgie.
05:03 C'est-à-dire qu'on ne va pas ouvrir vraiment la boîte crânienne.
05:06 C'est qu'on va passer par les artères pour aller dans le cerveau.
05:09 Et en fait, on se sert de l'imagerie pour regarder,
05:13 pour se diriger et aller à la cible que l'on veut traiter.
05:15 Les symptômes, ça peut être pour une rupture d'anévrisme,
05:18 des maux de tête brutaux, surtout.
05:20 Ça, ça va amener le patient, en général, à appeler le 15, le SAMU.
05:24 Et donc, après, il peut arriver par là, à l'IRM, directement,
05:28 ou au scanner pour faire le diagnostic de saignement intracrânien.
05:33 C'est-à-dire qu'une rupture d'anévrisme, c'est un vaisseau qui se rompt
05:37 et qui saigne autour du cerveau.
05:38 Ensuite, le patient va être transféré ici, souvent en réanimation,
05:42 pour, suivant son état, être intubé, ventilé, maintenu en vie,
05:49 voir dans le coma si le saignement est très grave.
05:52 On peut repartir dans l'autre sens si vous voulez ?
05:54 Suite à ça, nous, on va intervenir rapidement
05:57 pour aller justement par les artères dans l'anévrisme,
06:00 le boucher, grâce à différents systèmes.
06:02 Donc, il faut imaginer que c'est une artère carotide ici,
06:07 le sang arrive par là et va se diviser ensuite pour aller au cerveau l'irriguer.
06:11 Il faut imaginer à l'anévrisme qu'il y a cette dilatation ici.
06:14 Et donc, on va naviguer par l'intérieur des artères,
06:17 en partant du point de fémoral, pour aller, là on le voit, on le devine là,
06:21 on voit ici qu'on a mis un stent.
06:22 Un stent, c'est un sort de petit tuyau comme ça,
06:25 qui va rediriger le sang, non pas dans l'anévrisme, vers l'artère saine.
06:28 Alors, on peut faire ça, mettre un stent,
06:30 mais plus souvent, on va enrouler des petites spires,
06:32 comme des pelotes de métal, dans l'anévrisme,
06:34 pour vraiment boucher cet anévrisme et faire en sorte
06:36 que le sang ne rentre plus dedans.
06:37 Alors, les ruptures d'anévrismes, ça peut survenir...
06:40 Après, on évite de trop traumatiser les patients avec ça,
06:42 mais voilà, pendant le coït, lorsque les gens font l'amour,
06:44 lors d'efforts brutaux,
06:46 et puis ça peut survenir à n'importe quel moment aussi.
06:48 On a le coutume de dire qu'une rupture d'anévrisme,
06:50 c'est un coup de tonnerre dans un ciel serein.
06:52 C'est-à-dire que c'est des gens qui peuvent être en train de lire,
06:55 en train de jardiner, en train de... Voilà.
06:57 Et d'ailleurs, c'est un des facteurs qui nous fait penser à une rupture d'anévrisme,
07:00 c'est quand les gens se souviennent exactement de ce qu'ils faisaient
07:03 au moment où le névrisme s'est rompu.
07:05 Par exemple, ils vont te dire "là, j'étais en train de couper mes roses, machin",
07:10 ou "j'étais en train de manger ceci".
07:12 Ils se souviendront toute leur vie du moment de la rupture d'anévrisme.
07:16 C'est vraiment quelque chose de...
07:18 C'est une douleur comme jamais ils ont ressenti,
07:20 et d'une brutalité extrême.
07:21 C'est ce qui caractérise les maux de tête, les céphalées, comme on dit,
07:25 de la rupture d'anévrisme.
07:27 - Pourquoi c'est douloureux ?
07:27 - C'est douloureux parce que, brutalement,
07:29 il y a du sang qui vient vraiment frotter les méninges,
07:31 et ça fait très très mal.
07:34 Très très mal, mal comme jamais.
07:35 - On raccorde trois voies s'il te plaît.
07:37 C'est bien un envoi 5F que tu nous as donné, hein ?
07:46 - Peut-être un peu extra...
08:00 Là, en haut, on a la route, qui est gravée.
08:03 Et en bas, on a les deux images de l'acteur Yannis.
08:06 Donc là, il y a un guide qui monte en attaquant le lien,
08:09 et sur ce guide, l'acteur Alexandre va tout monter,
08:12 tout le matériel, tranquillement, gentiment.
08:15 Comme ça, il monte son matériel.
08:16 Il a déjà monté à gauche, mais là, il monte tout à droite.
08:18 - Carottide à terre de gauche, face et profil, 5-10.
08:29 - Est-ce que la tension est montée un petit peu ?
08:33 - Là, 3.
08:34 - Là, on va refaire une série.
08:37 - Carottide à terre gauche.
08:39 - 5-10.
08:40 Là, on bouche la carottide à terre droite,
08:42 pour savoir si le cerveau droit peut se passer de la carottide à terre droite.
08:47 Là, on voit bien qu'en injectant par là,
08:51 on a une symétrie totale de la vascularisation des deux hémisphères,
08:56 avec les temps véneux qui sont si synchrones.
08:58 - Stop. Dégonflage.
09:00 La tension moyenne est à combien ?
09:02 - On dirait 80.
09:03 - Pas terrible, mais ça suffit pour se dire que si on a un problème,
09:07 on sacrifie la carottide à terre.
09:09 - On reperçue le cathéter.
09:12 - Donc là, il est en train de déterminer sur l'organisateur
09:20 quels sont les incidents sur lesquels on va travailler,
09:21 sur lesquels on va cheminer leurs artères.
09:23 - D'accord.
09:24 - On va bien respecter ce qu'il faut.
09:27 Donc, on va franchir le collet d'anérosphère avec un gros cathéter très loin,
09:33 par l'intermédiaire duquel on va déployer le stent.
09:37 Et on va coller le premier cathéter entre la paroi de l'artère et le stent.
09:41 C'est aussi ce qu'on appelle le "chimie".
09:44 Là, c'est dangereux.
09:45 C'est la partie la plus dangereuse,
09:46 parce qu'il ne faut pas abîmer l'artère, piquer l'artère,
09:49 parce que le sang est incoagulable, très fluide.
09:52 Sur ce guide, il faut hisser un cathéter qui est quand même très gros.
09:56 Il faut de la force.
10:00 C'est la vie de couleur.
10:02 Là, il est en train de faire la chose la plus délicate et la plus dure du truc.
10:07 Du 4x4.
10:09 - Merci.
10:10 - On y va avec le flot.
10:12 - Il y a 30 mètres, on peut...
10:18 - Là, idéalement, on fait ça après quand t'as des...
10:20 - Donc ça perfuse, le phénomène perfuse.
10:23 - Il faut que le cathéter sorte là, et puis le stent, qui est là.
10:27 - Il commence à sourire.
10:34 - Bon, allez. Donc...
10:40 - Sinon, il est bien posé.
10:42 - Il est bien posé.
10:44 - C'est bon.
10:52 - OK.
10:54 - On va arrêter là.
11:00 - Donc là, on a posé tous les spires.
11:03 - OK.
11:04 - On posait à peu près 30 + 42 + 28.
11:09 - Ça fait quasiment 1 mètre de spire.
11:12 - Il y a 3% de la population qui a un anévrisme.
11:19 - Il y en a très peu qui en sont conscients.
11:21 - On tombe par hasard sur des anévrises non rompues,
11:23 - et la question, c'est de savoir, justement, est-ce que c'est une bombe à retardement,
11:25 - ou est-ce que c'est quelque chose de complètement anodin, asymptomatique,
11:28 - dont les gens pourraient vivre avec sans s'en préoccuper.
11:32 - Donc là, la recherche commence vraiment, et c'est ce qui nous intéresse vraiment,
11:35 - c'est d'essayer de comprendre comment se forme un anévrisme,
11:38 - et comment il va se rompre,
11:40 - pour essayer de prédire quelles personnes ont un risque de rupture d'anévrisme.
11:43 - D'accord.
11:44 - Parce qu'avoir un anévrisme en tant que tel, c'est pas grave,
11:46 - le problème, c'est la rupture, comme tu l'as compris.
11:48 Pour répondre à ces questions, je suis allé cette fois-ci à l'Institut du Thorax,
11:51 qui est à quelques kilomètres de l'hôpital.
11:53 C'est une unité de recherche pluridisciplinaire qui compte plus de 170 membres.
11:57 Ils s'intéressent de manière générale aux maladies cardiovasculaires,
12:00 telles que les anévrismes intracrâniens.
12:02 Et parmi tout ce beau monde, je suis allé poser mes questions
12:05 au docteur Anne-Clément Sevillon, chercheuse en biologie vasculaire.
12:09 - Aujourd'hui, on sait beaucoup de choses sur l'anévrisme intracrânien.
12:12 - Grosso modo, on sait ce qui se passe dans la paroi de l'anévrisme
12:15 - au fur et à mesure de son évolution.
12:17 - Mais par contre, on connaît très mal les mécanismes moléculaires,
12:20 - donc vraiment ce qui se passe à l'intérieur des cellules,
12:22 - qui font que l'anévrisme, il va commencer à se développer,
12:25 - et qu'il va ensuite évoluer.
12:27 - Et comme on ne connaît pas bien ça, on n'est pas capable de développer les traitements pharmaceutiques.
12:30 - Parce qu'en fait, les traitements pharmaceutiques, qu'est-ce qu'ils font ?
12:32 - Dans n'importe quelle pathologie, ils vont aller cibler des événements moléculaires dans les cellules.
12:36 - Et si on ne connaît pas les mécanismes moléculaires en jeu, on ne peut pas les cibler.
12:39 - On ne peut pas agir dessus.
12:40 - Et donc du coup, c'est pour ça que moi j'essaie de comprendre
12:42 - quels sont les mécanismes moléculaires en jeu,
12:44 - comment ça marche dans les cellules, lors de la formation de l'anévrisme,
12:47 - pour pouvoir se dire, si on sait comment ça marche quand ça se forme,
12:50 - on va pouvoir se dire, par exemple, cette voie, elle est suractivée.
12:53 - Bon, alors je vais essayer d'aller trouver une molécule, un médicament,
12:55 - qui va venir bloquer l'activation de cette voie.
12:57 - Si au contraire, on se dit, ah en fait cette voie-là, elle n'est pas assez activée,
13:00 - eh bien on va peut-être pouvoir trouver une molécule, un traitement,
13:02 - qui va venir activer cette voie d'inmédiation.
13:04 - Et si on arrive à l'activer, eh bien du coup, on pourra prévenir l'anévrisme, par exemple.
13:07 - C'est ça, c'est ça l'idée globale du travail.
13:10 Les cellules dont nous parle Anne Clémence sont celles qui constituent la paroi des artères.
13:14 On les appelle les cellules endothéliales.
13:16 Son travail consiste à étudier les forces de frottement du flux du sang sur ces parois.
13:22 Chaque fois que le cœur bat, du sang est envoyé avec beaucoup de force,
13:26 au niveau du cerveau.
13:27 Et ce flux va venir se frotter aux cellules endothéliales, qui constituent les parois.
13:32 A certains endroits du cerveau, on va avoir des bifurcations avec des angles assez importants.
13:37 C'est en fait à ces endroits que les anévrismes sont les plus susceptibles de se former.
13:41 Anne Clémence s'intéresse à comment ces forces, qu'on appelle les forces hémodynamiques,
13:45 vont venir provoquer des cascades de réactions moléculaires à l'intérieur de ces cellules endothéliales,
13:51 et qui pourraient provoquer la formation d'un anévrisme.
13:54 Du coup, elle nous a gentiment proposé de l'assister dans l'une de ses expériences scientifiques.
13:59 Ce que je fais, c'est que j'ai des cellules endothéliales en culture,
14:01 ils vivent trop dans des boîtes,
14:02 et en fait, je vais les mettre dans des systèmes qui vont me permettre de faire circuler le milieu de culture
14:07 à la même vitesse que le sang,
14:09 pour pouvoir reproduire les forces qu'on retrouve dans nos artères,
14:12 les reproduire dans ces systèmes-là, dans ces boîtes.
14:14 Et l'idée, ça va être ensuite de récupérer les cellules,
14:16 et d'aller décortiquer les petits mécanismes.
14:18 Et puis après, on ira voir en microscopie les cellules, une fois qu'elles ont été soufflées.
14:22 D'accord. Bon, on y va alors.
14:25 Donc ça, c'est les petits réservoirs qui vont être utilisés.
14:41 Et donc là, ils sont stériles.
14:43 Et on va mettre le milieu de culture,
14:45 le milieu qui sert à nourrir les cellules,
14:47 on va le mettre dans ces réservoirs,
14:49 et c'est ce qui va circuler sur la chambre après.
14:53 Il n'y a même pas de la chimie, on veut de la bio !
14:55 Donc ça, c'est mes deux petits réservoirs avec le milieu.
15:02 Et là, du coup, on va changer de pièce.
15:05 On va aller installer ça dans l'incubateur qui recevra l'appareil,
15:08 et on va en profiter pour fixer les tuyaux qui sont reliés aux pompes.
15:11 Là, du coup, c'est l'incubateur dans lequel on va mettre l'appareil,
15:14 et ça, c'est les petites pompes qui vont nous permettre de faire tourner le liquide sur les cellules.
15:19 Là, c'est MacGyver en action,
15:21 d'autant plus que je mesure 1m55,
15:24 donc vous allez avoir l'honneur de me voir sur un tabouret.
15:28 Et en fait, on fera les branchements quand on aura préparé les chambres.
15:33 Donc là, en fait, les cellules sont sur les lames,
15:36 qui sont dans les chambres,
15:38 que je vais devoir attraper la lame pour la mettre là-dedans.
15:40 Donc en fait, ça, je suis obligée de le faire avec mes doigts.
15:43 [Musique]
16:12 [Musique]
16:18 Voilà, système D, avec les clips de bloc nuts.
16:24 Et du coup, après, on les prend,
16:27 et on est reparti de l'autre côté.
16:30 Et donc là, je vais venir les insérer dans l'incubateur,
16:33 et je vais les connecter, je vais faire toute ma connectique,
16:35 et après, on pourra démarrer la pompe.
16:37 Donc en fait, c'est l'intérêt de pouvoir faire plusieurs conditions en même temps,
16:39 c'est de pouvoir comparer des choses.
16:41 On change des paramètres avec les mêmes conditions.
16:43 Et après, je peux aussi m'amuser, sur une pompe, je vais mettre une certaine vitesse,
16:47 sur une deuxième pompe, je vais mettre une autre vitesse,
16:49 et je vais comparer l'effet des vitesses, en fait, sur la réponse des cellules.
16:55 Donc je raccroche la partie qui aspire sur la partie de l'incubateur.
17:03 J'ouvre le petit robinet, ça pourra circuler.
17:07 Et puis après, je connecte.
17:10 Enfin, je ne sais pas, ce n'est pas de bêtise.
17:14 Et du coup, je vais démarrer la pompe.
17:16 Attention, Verdict, est-ce que ça fonctionne ?
17:18 Oui, ça fonctionne.
17:20 Donc du coup, là, on voit le milieu qui descend dans le réservoir.
17:25 Et en fait, c'est aspiré, c'est aspiré, c'est aspiré.
17:27 On voit déjà que c'est remonté ici.
17:29 Ça va ressortir là bientôt.
17:30 Hop, ça ressort.
17:33 Et ça, ça retourne dans le réservoir.
17:35 Donc voilà, là, on les laisse tranquilles.
17:38 Donc ça, c'est la première étape.
17:40 Et puis après, en fait, quand on a fini, quand on a fait la durée qu'on souhaite,
17:43 on arrête la pompe, on démonte le système, on récupère les cellules.
17:47 Et des cellules, après, on en fait ce qu'on veut.
17:49 Et donc là, nous, on ira les voir au microscope.
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18:44 Et puis après, il y a autre chose qui m'intéresse,
18:52 auquel on pense moins instinctivement,
18:54 mais qui pourrait être très, très utile pour les cliniciens,
18:56 c'est d'avoir des outils de diagnostic.
18:58 C'est-à-dire de pouvoir mieux aiguiller le clinicien sur
19:01 "cette personne-là est à risque de faire un anévrisme,
19:03 cette personne-là est à risque que son anévrisme rompt".
19:06 Et ça, ça passe par identifier une molécule
19:08 qu'on ne pourrait pas retrouver dans le sang.
19:10 Donc une simple prise de sang pourrait suffire.
19:11 Ça, c'est un peu utopique.
19:12 Par contre, il y a plein de choses qui se développent actuellement
19:14 sur l'imagerie, en fait, avec des agents de contraste.
19:16 On pourrait venir cibler, par exemple, imaginons,
19:18 on a une molécule qui n'est exprimée que dans la paroi anévrismale fragile.
19:22 On peut imaginer un produit de contraste qui va venir s'accrocher
19:24 sur cette molécule-là et donc allumer les anévrismes fragiles.
19:28 Et donc le clinicien va pouvoir dire "ça s'est allumé,
19:30 donc cet anévrisme-là est à risque de rupture".
19:32 Et on agit dessus.
19:33 Ça ne s'allume pas, ça veut dire que la paroi est plutôt stable,
19:35 donc on n'a pas besoin d'agir et on est tranquille.
19:38 Et de toute manière, on refait cet examen régulièrement
19:40 pour voir l'évolution, parce que c'est une pathologie évolutive,
19:43 de toute manière.
19:44 C'est ce que j'espère que ma recherche fera à long terme.
19:46 Après, moi ce que je fais, c'est très fondamental, en fait.
19:49 C'est vraiment à la base, à la base.
19:50 Et ces applications-là, ce n'est pas demain qu'on les aura.
19:52 Ça va être dans 5 ans, 10 ans...
19:55 Et bien en fait, sans comprendre exactement ce qui se passe
19:57 dans la cellule, dans ces zones-là, on ne peut pas aller plus loin.
20:00 Donc peut-être que certaines choses que je vais découvrir
20:03 n'auront pas une utilité directe,
20:05 ou même nous permettrons de mieux comprendre,
20:07 mais ne pourrons pas être utilisées en clinique.
20:09 Mais par contre, il y aura forcément un des blocs,
20:11 à un moment donné, qui permettra d'avancer vers la clinique.
20:14 C'est un petit peu un travail de fourmi,
20:15 mais à un moment donné, il y aura un truc qui sera utilisable,
20:18 et c'est là-dessus qu'on se concentre pour trouver ce truc-là.
20:20 Voilà, j'espère que cette vidéo t'a plu.
20:22 Si t'aimes ce format, dis-le-moi en commentaire pour qu'on en fasse d'autres.
20:25 Je ne te cache pas que ça prend un temps de ouf de faire ce genre de vidéos,
20:28 mais si t'aimes ça...
20:30 Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour ses abonnés ?
20:32 Il y a pas mal de personnes que j'ai interviewées à Nantes
20:34 que je n'ai pas pu intégrer dans la vidéo par manque de temps.
20:37 Je suis vraiment désolé.
20:38 Avec tout ce qu'on a filmé, j'aurais pu facilement faire
20:40 deux documentaires de deux heures.
20:42 Un grand merci à toutes les personnes qui m'ont aidé
20:44 à mener à bien ce projet.
20:46 Un grand merci à Tom pour le cadrage.
20:48 Et un dernier grand merci à l'Université de Nantes
20:50 qui a renouvelé ma candidature
20:52 et qui m'a mis en contact avec des gens incroyables
20:54 que tu as pu voir dans cette vidéo.
20:56 Ça fait un petit moment que la chaîne est en pause,
20:58 mais t'en fais pas, ça ne va plus durer.
21:00 J'ai plein d'autres vidéos et de collaborations qui arrivent très vite.
21:02 Donc, abonne-toi, mets la petite cloche
21:04 pour que YouTube te rappelle que j'existe,
21:07 et à bientôt.
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