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Marc Ferracci, vice-président du groupe Renaissance, répond aux questions de Dimitri Pavlenko au sujet des émeutes et de la réponse judiciaire.
Retrouvez "L'entretien - Dimitri Pavlenko" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-dimitri-pavlenko

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Transcription
00:00 8h13 sur Europe 1, bonjour Marc Ferracci.
00:06 - Bonjour.
00:06 - Bienvenue sur Europe 1, je rappelle vous êtes député Renaissance des Français de Suisse et du Liechtenstein,
00:11 membre de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale.
00:14 Après les émeutes, comment reconstruire, faire en sorte que ces événements ne se reproduisent pas ?
00:19 Pour Emmanuel Macron, la première réponse c'est, je le cite, "l'ordre, le calme et la concorde".
00:24 Est-ce que le président ne confond pas les fins et les moyens quand il dit cela, Marc Ferracci ?
00:30 - Il y a une exigence d'ordre qui est extrêmement claire, qui a été exprimée à la fois par les élus,
00:34 à la fois par les habitants des quartiers et des villes qui ont été concernés par les exactions.
00:38 Je pense qu'on ne peut absolument pas la contourner.
00:41 Ça appelle un certain nombre de réponses de court terme.
00:43 Il y a une réponse pénale qui est là, qui est ferme.
00:47 Vous avez vu le nombre de comparutions immédiates, vous avez vu le nombre et aussi la sévérité des condamnations
00:53 qui ont été prononcées.
00:55 C'est la conséquence assez directe d'une circulaire qui a été transmise au parquet par Éric Dupond-Moretti,
01:00 le ministre de la Justice, le 30 juin.
01:02 Moi, je me félicite de cette réponse.
01:03 Je me félicite aussi que sur les réseaux sociaux, il n'y ait plus d'impunité.
01:08 Le parquet de Créteil, c'est une illustration qui me vient à l'esprit,
01:12 a identifié quelqu'un qui a appelé à des dégradations et à des pillages sur Twitter.
01:18 Je pense que cette impunité, cette sévérité, elle doit s'inscrire dans la durée.
01:22 - Est-ce qu'elle peut être systématique, Marc Ferracci ?
01:25 - Je pense qu'elle peut l'être.
01:27 Il faut ici qu'il y ait une réflexion un petit peu plus offensive
01:31 sur la manière dont on régule les réseaux sociaux.
01:34 Il y a un groupe de travail qui va probablement se mettre en place sur le sujet au Parlement.
01:41 Mais je pense qu'il faut laisser toutes les portes ouvertes,
01:43 et c'est un petit peu le sens de la parole du président.
01:46 L'ordre et la concorde, ça se construit et ça se construit dans la durée.
01:49 - Justement, le nom et l'adresse du policier, auteur du coup de feu mortel sur Nahel,
01:54 ont été divulgués sur Internet, de même que l'identité et l'adresse de certains de ses collègues.
01:58 C'est une information en repas, on en parlait dans le journal de 8h.
02:01 Est-ce que vous craignez maintenant une forme de chasse à l'homme,
02:03 vengeresse contre les membres des forces de l'ordre ?
02:06 C'est le monde à l'envers, Marc Ferracci.
02:08 - C'est à craindre, et la divulgation de ces informations est absolument scandaleuse.
02:12 Je le dis, j'ai été choqué de voir ça hier sur les réseaux sociaux.
02:16 Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, a tout de suite appelé à ce que le tweet en question soit retiré.
02:22 Il ne l'a pas été dans des délais brefs.
02:24 Désormais, il y a une saisine de la justice qui, je l'espère, aboutira à des sanctions très fortes.
02:29 Il faut évidemment apaiser, éviter ce risque.
02:33 - Apaiser ou protéger ? Parce que là, c'est policiers risquant leur vie.
02:38 - Apaiser, protéger, protéger. D'abord protéger les policiers,
02:41 protéger aussi les élus de manière durable, parce qu'il y a encore des élus
02:44 qui subissent des menaces, qui ont subi des brutalités et des agressions
02:48 durant les quelques jours de violences que nous avons connues.
02:51 Donc il faut être extrêmement clair, extrêmement ferme, extrêmement sévère sur ce sujet.
02:55 - Marc Ferracci, dans le Figaro magazine ce matin, l'ancien directeur de la DGSE, Pierre Brochand,
03:01 décrit ce qui s'est passé la semaine dernière en France dans les termes suivants.
03:04 Lui a vu, je le cite, "une révolte contre l'État national français,
03:08 d'une partie significative de la jeunesse d'origine extra-européenne présente sur son territoire".
03:14 Est-ce que vous partagez ce diagnostic, Marc Ferracci ?
03:17 - Non, je ne partage pas ce diagnostic, parce que là aussi, il faut se donner le temps d'analyser les choses.
03:23 Les gens qui mettent en relation de manière extrêmement péremptoire,
03:28 et j'utilise ce terme à propos de ce qui a été écrit notamment par M. Brochand,
03:33 entre l'immigration et les violences, je pense qu'ils se trompent.
03:38 Je pense qu'ils se trompent pourquoi ? - Ils se trompent totalement ?
03:41 - Je pense qu'ils se trompent et je vous explique pourquoi.
03:44 Je pense qu'ils se trompent parce que quand on analyse avec rigueur les données relatives à la délinquance,
03:49 quand on regarde ce que sont les déterminants de la délinquance,
03:52 eh bien l'immigration n'apparaît pas comme un de ces déterminants.
03:57 - Il n'y a aucun lien, dites-vous, entre l'immigration et les émeutes que l'on vient de vivre ?
04:01 - Regardez ce que disent les données quand vous mettez des gens qui sont issus de l'immigration.
04:06 - Que disent-elles ces données, Marc Ferracci ?
04:08 - Lorsque vous mettez des gens qui sont issus de l'immigration,
04:10 dans la même situation, en termes de revenus, en termes d'intégration socioprofessionnelle,
04:15 en termes de lieux d'habitation que d'autres, eh bien la probabilité de commettre des délits,
04:22 elle chute.
04:23 Ça signifie qu'il y a d'autres causes que l'immigration.
04:27 - Donc c'est une question de niveau de revenu, vous pensez ?
04:28 - Pas que, pas que.
04:29 Il y a aussi des questions qui sont de l'ordre éducatif, de l'ordre familial,
04:33 il y a beaucoup de réponses à apporter.
04:35 Mais le fait d'être immigré, c'est-à-dire être né à l'étranger, de parents étrangers,
04:40 et vous savez que dans les émeutiers, il y a une faible part d'étrangers, 10% simplement,
04:46 n'explique pas en tant que tel la délinquance.
04:49 - Vous avez des jeunes français d'origine maghrébine qui vous disent "moi je suis algérien, moi je suis tunisien",
04:54 c'est documenté, c'est pas fantasmé, ça quand on écrit "nique la France"
04:58 sur les murs des mairies et des commissariats, Marc Ferracci,
05:01 vous ne vous dites pas qu'il y a quand même un moment un sujet d'intégration ?
05:04 Et donc un lien avec le sujet de l'immigration, de fait.
05:07 - C'est exactement sur ce sujet qu'il faut travailler,
05:10 qu'il y a un problème d'intégration dans ce pays, évidemment.
05:13 Et tout n'a pas été fait, je le dis très clairement,
05:16 pour mieux intégrer à la fois sur le plan socio-professionnel mais aussi sur le plan des valeurs.
05:22 Et sur cet aspect-là, je pense que l'école républicaine
05:26 a connu dans les années précédentes et les décennies précédentes un certain nombre de faillites
05:31 auxquelles il va falloir apporter des réponses.
05:33 Mais faire le lien entre l'intégration et l'immigration, ça veut dire, au fond,
05:39 dire que tous les gens qui sont issus de l'immigration sont potentiellement des délinquants.
05:42 - Mais ça n'est pas ce que dit Pierre Brochon et ce n'est pas ce que je vous ai dit, Marc Ferracci.
05:47 - Je pense, et bien, dans ce cas-là, la précision mérite d'être apportée.
05:50 Moi, je veux apporter cette précision.
05:52 Je veux apporter cette précision parce qu'il y avait 10 000 émeutiers dans la rue.
05:56 Ce sont les chiffres du ministère de l'Intérieur.
05:57 - Il n'y avait que 10 000 émeutiers, vous pensez ?
05:59 - Ce sont les chiffres qui ont été apportés, 10 000 environ.
06:01 - Donc 7 000 interpellés, 3 000 comparutions,
06:04 et vous dites qu'il y avait 10 000 émeutiers dans tout ce qu'on a vu en France.
06:07 - Ce sont les chiffres entre 8 et 12.
06:09 Donc moi, j'ai pris la fourchette au milieu.
06:11 Mais à la limite, qu'il y en ait 15 000.
06:12 Il y a 2 millions de jeunes de moins de 24 ans dans les quartiers prioritaires de la ville.
06:15 Et on sait que les émeutes n'ont pas concerné que les quartiers prioritaires de la ville.
06:18 Moi, ce que je veux dire, c'est que l'immigration en France et les jeunes issus de l'immigration,
06:23 qui ne sont pas tous les jeunes des quartiers prioritaires de la ville,
06:26 c'est une masse beaucoup plus importante que cette minorité-là.
06:29 Et c'est à ce genre d'amalgame que je veux éviter de faire appel.
06:35 - Donc pas d'amalgame, c'est ça ?
06:37 C'est l'antienne...
06:38 - Non, c'est pas...
06:39 Attendez, encore une fois...
06:40 - Non mais c'est-à-dire qu'on peut...
06:41 Est-ce qu'on peut en parler ou pas ?
06:43 - Bien sûr qu'on peut en parler, nous en parlons.
06:44 - Quand on voit par exemple la manière dont Bruno Retailleau a été accueilli
06:49 lorsqu'il a évoqué la possibilité d'une régression ethnique,
06:53 ce qui n'est qu'une reformulation du mot communautarisme,
06:56 en lui intentant un procès en diabolisation,
06:59 le taxe de racisme, on l'ait traité de raciste.
07:02 - Vous utilisez le terme "ethnique",
07:03 moi justement, je ne veux pas utiliser ce terme
07:05 parce que ça correspond au fait d'essentialiser les gens,
07:08 de les enfermer dans une identité.
07:10 Le communautarisme, c'est un problème et il faut le combattre.
07:12 Il existe dans les banlieues, il existe dans les quartiers populaires,
07:15 mais ce n'est pas la même chose de ramener quelqu'un à son identité ethnique,
07:19 et c'est ça que moi je perçois dans les propos de M. Brochand,
07:21 dans les propos de M. Retailleau,
07:23 et combattre le communautarisme en tant que processus
07:26 qui forme à l'intérieur de petites communautés
07:29 des îlots qui se mettent en marge de la République.
07:33 Ce sont deux choses dont je pense qu'il faut les distinguer.
07:36 - Alors, passons maintenant aux solutions,
07:39 au débat sur les propositions de solutions qui sont avancées.
07:42 Sondage Rodoxa Backbone Consulting pour le Figaro ce matin,
07:45 la question est posée à un échantillon de Français,
07:49 et 59% d'entre eux répondent que,
07:52 eh bien suite à ces émeutes, il faut durcir le projet de loi immigration
07:55 qui doit revenir, qui doit être présenté au Parlement à la rentrée.
07:58 Qu'en pensez-vous Marc Ferrati, faut-il durcir le projet de loi immigration ?
08:01 - Alors, j'en pense deux choses.
08:03 D'abord, qu'on ne légifère pas sur la base des sondages,
08:06 parce que d'une part, on est dans un moment d'émotion,
08:09 et l'émotion n'a pas disparu du pays,
08:10 et d'autre part, les sondages peuvent être contradictoires.
08:13 - C'est une indication.
08:14 - Je prends ce point, eh bien écoutez, je vous en donne une autre.
08:16 Un autre sondage récent,
08:17 qui porte justement sur le projet de loi immigration,
08:19 interrogeait les Français sur
08:21 est-ce qu'ils souhaitent maintenir cette possibilité de régulariser
08:23 des travailleurs sans-papier qui travaillent dans des métiers en tension.
08:26 À plus de 70%, les Français répondaient oui.
08:28 Donc vous voyez que des sondages peuvent envoyer des messages contradictoires,
08:31 je pense qu'il faut faire très attention à ça.
08:33 Maintenant, je réponds à votre question sur le projet de loi,
08:35 est-ce qu'il faut le durcir ?
08:35 Il y a deux volets dans ce projet de loi.
08:37 Il y a un volet que je vais appeler le volet régalien,
08:39 améliorer l'exécution des OQTF,
08:42 mettre plus de contraintes au groupe familial,
08:45 réintégrer la double peine,
08:47 puis il y a un volet intégration par le travail.
08:48 Moi, ce à quoi je suis attaché,
08:50 c'est à ce que ces deux volets soient ambitieux.
08:52 Donc je n'ai aucun problème à durcir le volet régalien,
08:55 peut-être qu'il le sera dans le cadre du processus parlementaire,
08:57 si en miroir, on donne au volet intégration par le travail plus de substance.
09:03 La pire des choses sur ce sujet,
09:05 c'est d'avoir un équilibre à l'eau tiède avec des mesures peu ambitieuses
09:08 sur le régalien et peu ambitieuses sur le travail.
09:10 - Mais ce n'est pas exactement ce que vous êtes en train de préconiser,
09:12 Marc Ferracci, avec ce risque de vous retrouver entre le marteau et l'enclume,
09:16 finalement, entre la gauche qui trouve que vous tapez trop fort
09:19 et la droite qui considère que vous ne tapez pas assez fort.
09:21 - Écoutez, je pense que pour convaincre la droite,
09:24 il faut être ambitieux sur le régalien.
09:27 Pour convaincre la gauche,
09:28 il faut être ambitieux sur le volet intégration par le travail.
09:31 Je pense que si on en rabat sur les ambitions d'un côté comme de l'autre,
09:35 on perdra tout le monde.
09:37 - Alors il se trouve qu'Elisabeth Borne devait présenter aujourd'hui même,
09:39 vendredi, un plan quartier 2030 sur la politique de la ville,
09:42 ça c'était avant les émeutes, est-ce que c'est toujours d'actualité ?
09:45 - Je pense que c'est toujours d'actualité, effectivement,
09:47 les émeutes ont fait que le calendrier ne s'y prêtait plus.
09:51 Mais c'est d'actualité.
09:54 - Donc il y aura un plan banlieue, un nouveau plan banlieue ?
09:56 - Je ne sais pas si le terme de plan banlieue est bien adapté.
09:59 Pourquoi ? Parce que ça fait référence, vous le savez,
10:03 au plan de Jean-Louis Borloo qui a été abandonné.
10:06 - En même plus, il y a eu 12 plans banlieue
10:08 et c'est considéré comme un échec globalement aujourd'hui.
10:11 - Moi je considère que l'annonce d'un grand plan
10:14 n'est pas forcément la solution à tous les problèmes.
10:16 Vous savez, sur le sujet de l'emploi, sur le sujet de l'éducation,
10:19 avec le dédoublement des classes par exemple,
10:20 avec les cités éducatives, beaucoup a été fait,
10:23 y compris depuis l'abandon, je mets des guillemets,
10:25 de ce plan de Jean-Louis Borloo,
10:27 qui en réalité a été prolongé par un certain nombre d'actions.
10:30 Donc le travail se fait de manière continue,
10:32 c'est ça que je veux dire, et l'annonce d'un grand plan,
10:34 de ce point de vue, je pense, n'apporte pas forcément de réponse.
10:37 - Alors, une circulaire a été prise aussi
10:39 pour accélérer la reconstruction des bâtiments publics,
10:41 un projet de loi d'urgence devrait arriver au Parlement,
10:44 ça n'est pas sûr pour le moment.
10:45 Deux questions, alors d'abord, est-ce qu'il faut vraiment
10:47 se hâter de reconstruire ce qui a été brûlé
10:50 au risque que ça rebrûle rapidement ?
10:52 Est-ce que ce n'est pas une forme de prime à la violence, quelque part ?
10:55 - Je pense qu'il n'y a personne de responsable
10:59 qui souhaiterait laisser les bâtiments publics
11:02 qui ont été dégradés, qui ont été brûlés, qui ont été incendiés,
11:04 dans l'état dans lequel ils sont.
11:06 Donc il faut évidemment aller vite,
11:07 il y a une dimension symbolique pour répondre à votre question,
11:09 je pense qu'il faut apporter une réponse rapide,
11:11 et c'est aussi une réponse de soutien aux élus.
11:13 Parce que quand vous avez votre lieu de travail
11:16 qui a été détruit, à un moment ou à un autre,
11:19 c'est extrêmement violent, y compris psychologiquement,
11:22 et je pense que c'est un soutien qu'on doit aussi aux élus
11:24 que de reconstruire rapidement.
11:25 - Mais quant à ce permis d'aller vite,
11:27 quand il faut deux à trois fois plus de temps en France
11:29 qu'en Allemagne pour construire une usine,
11:31 est-ce que ça ne devrait pas être la norme, finalement ?
11:33 - Ça, vous avez raison, je vous rejoins totalement là-dessus.
11:35 Je pense qu'on a encore du travail à faire sur
11:38 la simplification administrative en matière de construction,
11:40 en matière d'implantation d'usines.
11:42 C'est un autre sujet, mais il faut aussi qu'on y travaille, je suis d'accord.
11:45 - Vous l'avez évoqué tout à l'heure brièvement,
11:46 est-ce qu'il faut couper les réseaux sociaux
11:47 en cas de tension sociale, Marc Ferracci ?
11:49 Le black-out numérique ?
11:50 - Non, je ne pense pas qu'il faille couper les réseaux sociaux,
11:52 je pense qu'il faut les réguler en revanche.
11:53 Je pense qu'il faut, par exemple, réfléchir à la manière
11:56 dont on désactive certaines fonctionnalités,
11:58 comme la géolocalisation.
11:59 On a vu que la géolocalisation avait joué un rôle
12:02 dans les rassemblements autour des émeutes.
12:04 Peut-être que, je ne suis pas le meilleur spécialiste de ces sujets-là,
12:07 mais peut-être qu'il y a une réflexion à avoir
12:08 sur la manière dont on désactive certaines fonctionnalités
12:11 qui permettent de faire passer des messages beaucoup plus rapidement.
12:14 Puis il y a encore une fois cet enjeu
12:16 qui est d'interpeller les plateformes et de les responsabiliser,
12:18 y compris d'un point de vue financier, de mon point de vue,
12:20 sur les conséquences des messages qui sont diffusés.
12:22 - Marc Ferracci, j'ai signalé aussi que vous étiez député des Français de l'étranger.
12:26 Vous avez vu un peu ce qu'on dit de la France aujourd'hui,
12:28 aux États-Unis, en Turquie, en Algérie.
12:31 La France, terre de racisme institutionnel.
12:34 Et on ne dit rien, Marc Ferracci,
12:35 aucune réaction diplomatique de la France.
12:37 - Écoutez, déjà, je trouve effectivement
12:40 que ce sont des commentaires choquants.
12:41 Il n'y a pas de racisme institutionnel en France,
12:44 ni en France, ni dans la police.
12:46 - Mais la France ne devrait pas se défendre lorsqu'on l'accuse de racisme institutionnel ?
12:47 - Elle le fait, elle le fait.
12:49 Moi, vous savez, j'assiste à beaucoup de...
12:50 - Pas publiquement, en tout cas.
12:51 - Bah si, si, ça arrive.
12:53 Moi, j'assiste à beaucoup de cérémonies protocolaires,
12:55 diplomatiques, en tant que député des Français de Suisse.
12:57 Je peux vous dire que nos personnels diplomatiques
12:59 ne manquent jamais de prendre la parole devant la communauté française,
13:02 devant les autorités étrangères, sur ce sujet,
13:04 et sans langue de bois.
13:05 Donc, je pense que sur le terrain,
13:09 les choses, les messages se passent néanmoins.
13:11 - Vous allez aussi déposer une proposition de loi
13:13 pour lutter contre les discriminations à l'embauche,
13:15 dans le privé, dans le public.
13:17 Alors, la majorité, on pense que ça fait partie des réponses aussi,
13:20 qui peuvent permettre de ramener le calme.
13:22 Vous préconisez la généralisation du testing,
13:24 c'est-à-dire on teste les entreprises,
13:26 on voit comment elles réagissent
13:27 quand un CV provient d'un quartier sensible ou ce genre de choses.
13:31 - Alors, deux remarques.
13:32 Un, ce ne sont pas uniquement les discriminations à l'embauche,
13:34 c'est les discriminations dans l'accès au logement,
13:36 dans l'accès aux services publics.
13:37 - L'orientation sexuelle, etc.
13:38 - Donc, ce ne sont pas que les entreprises.
13:40 L'État et le secteur public doivent aussi être exemplaires.
13:44 - Pourquoi vous soupçonnez l'état de racisme institutionnel ?
13:46 - Absolument pas de racisme.
13:47 Et d'ailleurs, il n'y a pas que ce critère des origines de la couleur de peau
13:50 qui est embarqué dans cette lutte contre les discriminations.
13:52 Il y a 25 critères dans la loi, il y a l'âge.
13:54 Et d'ailleurs, le ministre du Stop veut utiliser des testings
13:57 pour vérifier que les entreprises ne discriminent pas les seniors
14:01 dans l'accès à l'emploi.
14:02 C'est le prolongement de la réforme des retraites.
14:04 Donc, qu'est-ce qu'on veut faire ?
14:05 On veut effectivement développer cette pratique du testing
14:08 qui consiste à envoyer des candidatures à des entreprises
14:11 qui ne se distinguent que par un critère de discrimination.
14:13 - Mais qu'est-ce qu'on va vous dire ?
14:14 Arrêtez d'emmerder les employeurs, Marc Ferratti.
14:16 Encore une contrainte de plus.
14:18 - Non, ce n'est pas une contrainte parce que, justement...
14:21 - Vous allez vous souhaiter permettre à quelqu'un qui a été refusé un emploi
14:25 d'exiger le testing d'une entreprise qui lui a dit non.
14:29 C'est extrêmement lourd, quand même.
14:30 - D'abord, le principe, c'est que...
14:33 - C'est ce qui est dans votre proposition de loi.
14:34 - Il y a toujours la prise en compte d'un contexte.
14:37 Un contexte qui déterminera si la demande de la personne est recevable ou pas.
14:43 Donc, il n'y a rien de systématique là-dedans.
14:45 Il faut bien être clair là-dessus.
14:47 Ensuite, ça ne concerne pas que les entreprises.
14:48 Ça ne concerne pas qu'un critère de discrimination parmi d'autres.
14:52 Vous savez, il y a 15 % de la population en général
14:56 qui s'estime discriminée rien que sur des critères d'apparence physique.
14:59 Donc, on peut se voler la face et dire que le problème n'existe pas.
15:03 On peut essayer de trouver des solutions.
15:04 Les solutions qui sont proposées dans cette proposition,
15:06 ce n'est pas de sanctionner de manière aveugle les acteurs,
15:10 entreprises, collectivités, c'est de les accompagner.
15:13 Et en particulier, de leur donner le temps d'adapter leur pratique,
15:16 d'adapter leur pratique par la formation,
15:18 d'adapter leur pratique par la sensibilisation,
15:21 dès lors qu'elles sont en situation de discrimination.
15:25 Et ça, c'est un élément très important,
15:26 parce que moi, je ne crois pas à une idée de sanction
15:29 qui soit unilatérale, systématique et sans concertation avec les acteurs.
15:33 C'est la raison pour laquelle, dans cette proposition de loi,
15:35 nous construisons un cadre de dialogue entre les chercheurs,
15:38 entre ceux qui font le testing et les acteurs
15:40 qui sont susceptibles d'être testés.
15:42 - Merci beaucoup Marc Ferracci, député Renaissance des Français
15:45 de Suisse et du Liechtenstein.
15:46 Merci d'être venu ce matin au micro d'Europe 1.

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