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Olivier Véran, Ministre délégué chargé du Renouveau démocratique et Porte-parole du gouvernement répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
Retrouvez "L'entretien - Dimitri Pavlenko" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-dimitri-pavlenko

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Transcription
00:00 - Heure 5.
00:02 - Il est 8h12 sur Europe 1. Bonjour Olivier Véran.
00:06 - Bonjour.
00:07 - Porte-parole du gouvernement, merci d'être avec nous ce matin.
00:09 Le président de la République visiblement s'inquiète du climat en France.
00:13 Mercredi, en Conseil des ministres, il a évoqué, je le cite, un processus de décivilisation à l'œuvre dans le pays.
00:20 Alors c'est la bataille politique depuis autour de ce terme, ce qui est très français.
00:23 Est-ce que vous pouvez nous éclairer en tant que porte-parole du gouvernement Olivier Véran sur ce que voulait dire le président de la République
00:29 lorsqu'il emploie ce mot de décivilisation ?
00:32 - La semaine, les semaines ont été émaillées par des drames.
00:37 L'assassinat d'une infirmière, la mort accidentelle de policiers, la démission d'un maire, des agressions contre des représentants de l'État.
00:48 Si je devais résumer, je dirais qu'au démarrage, il y a eu des incivilités quand les gens ont commencé à moins bien se parler dans certains contextes.
00:56 Puis à s'insulter, puis à se menacer.
00:58 Il y a toujours eu une forme de respect pour les dépositaires de l'autorité de l'État, pour ceux aussi qui étaient là pour prendre soin de nous,
01:04 assurer notre sécurité, les enseignants, les policiers, les pompiers, les médecins, etc.
01:08 Et aujourd'hui, ces barrières-là ont cédé.
01:10 Et les incivilités se transforment progressivement en violence.
01:14 - La décivilisation, c'est l'ensauvagement ?
01:16 - Je ne sais pas, je m'attache peut-être moins à un mot qu'à ce que nous ressentons.
01:22 Pourquoi on parle de ça ?
01:24 Parce que chacun d'entre nous est aussi victime de cela.
01:26 D'abord au nom de la République, quand l'un des nôtres se fait agresser, menacer, assassiner,
01:30 c'est nous tous qui sommes impactés.
01:32 Et ensuite parce que par capilarité, ça nuit aussi au bien-être de chacun.
01:36 Quand on assiste à cette montée de violence, quand on voit que les rapports entre les gens se sont modifiés, se sont transformés.
01:41 - Ce diagnostic, vous le faites votre, Olivier Véran.
01:44 - Quand vous ouvrez un réseau social et que vous voyez que parce que quelqu'un n'est pas d'accord avec un autre, il va directement l'insulter,
01:50 le menacer, le caricaturer à l'excès,
01:52 voire parfois appeler à la haine.
01:54 Lorsque vous voyez que les barrières ont tombé et que cela touche aussi le monde politique,
01:59 avec une forme de continuum entre la violence dans la parole politique, la violence sociale, la violence constatée dans la société.
02:05 On est chacun d'entre nous victime, qu'on s'en rende compte ou non.
02:08 Et donc la différence entre l'état de nature, si on prend un autre concept, et l'état de droit,
02:12 c'est que dans l'état de droit, la société est organisée, il y a des règles et les gens les respectent.
02:16 On peut être en désaccord, mais on est toujours dans le respect de l'un de l'autre.
02:19 - Donc vous dites la France sans sauvage. Vous faites votre, ce diagnostic.
02:23 Il y a eu querelle sur ce terme-là il y a quelques mois de cela.
02:27 Aujourd'hui c'est décivilisation.
02:29 Mais vous êtes sur la même ligne qu'Emmanuel Macron sur ce point-là, Olivier Véran ?
02:34 - Pardonnez-moi, vous m'interrogez en voulant que je mette des mots, en un mot, résumer quelque chose.
02:38 Ni le président, ni qui que ce soit, ne cherche à résumer en un mot une pensée qui est plus complexe.
02:44 - Non mais vous avez bien vu ce qu'il en est dit, c'est-à-dire que pour la gauche, il y a un clin d'œil.
02:48 - Le mot décivilisation, par exemple, j'ai entendu des gens,
02:50 vous voyez, c'est assez aussi emblématique de notre incapacité aujourd'hui à vouloir laisser le débat
02:57 sur des données pourtant importantes.
02:59 Le mot décivilisation, il a été employé par un sociologue juif qui s'appelait Norbert Elias,
03:03 qui était dans les années 30 et qui décrivait l'impact de la montée du nazisme dans les sociétés.
03:07 Bon, c'est pas l'apanage de M. Renaud Camus d'extrême droite.
03:10 Et probablement qu'avant Norbert Elias, d'autres ont utilisé ce mot.
03:14 Ce qui m'intéresse, et là je vous le dis comme ministre du Renouveau démocratique,
03:18 c'est que chacun d'entre nous peut aussi avoir une action pour enrayer cette tentation de la violence
03:23 et cette tentation de la désinhibition.
03:25 Par exemple, en ne partageant pas des messages sur les réseaux sociaux qui sont haineux, insultants
03:30 ou qui vont au-delà de l'expression d'un désaccord et qui vont parfois toucher la menace
03:36 ou attenter à la santé des personnes ou à l'intégrité physique ou mentale des personnes.
03:40 Par exemple aussi, en étant capable, et il m'arrive de le faire,
03:42 d'appeler des gens qu'on connaît et qui se livrent à ce type d'exercice pour leur dire en fait,
03:46 tu as voulu exprimer un désaccord, tu n'es pas d'accord avec ce politique,
03:48 c'est pas pour autant que tu dois menacer de le décapiter,
03:51 ou c'est pas pour autant que tu dois le menacer si jamais tu le croises dans la rue un jour d'aller...
03:55 Parce que tout ça crée une pression, une tension,
03:57 et encore une fois, ne nions pas l'impact que ça a sur chacun d'entre nous.
04:00 - Mais vous balayiez l'accusation qui a faite par la gauche de dire
04:03 "c'est un clin d'œil à l'extrême droite", parce que c'était le titre en allure de Renaud Camus.
04:07 - Mais pardon, sur le dont on est en train de parler là, excusez-moi.
04:09 - Mais quand en face Marine Le Pen dit "c'est bien, mais c'est une prise de conscience peut-être un peu tardive",
04:14 oui, que la France aujourd'hui, il y a une montée de la violence générale,
04:18 qu'est-ce que vous répondez à cela ?
04:20 - En fait, je crois que ce dont je suis en train de vous parler n'est pas un phénomène
04:24 qui correspond à un parti politique, ou qui correspond à une idée politique...
04:27 - Non, non, c'est un diagnostic sur l'état de la société.
04:29 - Je crois, pardonnez-moi, que c'est plus important
04:32 que l'exploitation politique, que les uns et les autres voudraient en faire.
04:34 Je ne cherche pas en disant cela, justement, à faire de l'exploitation politique.
04:37 - Non mais c'est-à-dire que le président aurait... - Je cherche à faire un pas de côté.
04:39 - Le président aurait employé le mot "dansauvagement"
04:41 qui a été l'objet de tant de polémiques il y a quelque temps,
04:44 finalement c'était la même chose, Olivier Véran.
04:45 - Mais moi je ne me suis jamais inscrit dans les polémiques autour des mots, encore une fois.
04:48 - D'accord.
04:49 - Décrire le malheur du monde, comme disait l'autre,
04:51 c'est quelque chose qui est absolument essentiel.
04:53 Et qu'on soit capable de se dire "quelle société voulons-nous ?"
04:56 Moi j'ai deux enfants, de 9 et 12 ans,
04:58 je veux que mes enfants, ils puissent vivre dans une société dans laquelle ils puissent utiliser des outils numériques,
05:03 où ils puissent aussi débattre les uns avec les autres dans la vraie vie,
05:06 avec, comme constante, l'idée de se respecter.
05:09 Et l'idée que, avoir un désaccord est une chance avec quelqu'un,
05:12 et moi je suis ravi de débattre politiquement avec des gens qui ne pensent pas comme moi.
05:15 Et peut-être d'ailleurs qu'ils ont raison,
05:17 peut-être que j'ai tort, peut-être que je peux évoluer,
05:19 ou peut-être que je vais les faire évoluer.
05:20 La beauté de la société c'est de se construire dans le débat et l'échange,
05:23 voilà, pas dans l'invective, la haine, les petites phrases,
05:26 ou la surinterprétation de tout.
05:27 - Venons-en au concret, Olivier Véran,
05:29 Emmanuel Macron était hier à l'hommage national,
05:33 rendu aux trois policiers tués dimanche sur la route.
05:35 La présidente de l'Assemblée nationale, Yael Brown-Pivet,
05:37 pense qu'il faut désormais se poser la question du zéro alcool au volant,
05:41 zéro drogue, comme au Japon, dit-elle, où elle a vécu.
05:44 Est-ce que ça fait partie des pistes suivies actuellement par le gouvernement ?
05:49 - Le zéro drogue au volant, me semble-t-il,
05:51 on peut pas vous dire de bêtises, mais je crois que c'est la règle,
05:52 c'est-à-dire que si vous êtes attrapé et que vous avez consommé des stupéfiants au volant,
05:55 vous ne pouvez pas conduire et que vous êtes sanctionné par le gouvernement.
05:58 - C'est la tolérance aujourd'hui ?
06:00 - Non, pour la drogue, non.
06:01 Non, non, pour la drogue, non.
06:02 Vous êtes, même par définition, tant qu'on n'a pas démontré,
06:05 si vous avez des traces résiduelles de drogue dans le sang,
06:07 on doit vérifier si c'est une consommation qui est récente ou plus ancienne.
06:10 - Le système des amandes, quand on est pris avec de la drogue dans la poche,
06:14 pour parler de moi, c'est...
06:15 - Vous avez une sanction dans le Code de la route qui est systématique.
06:17 Si vous êtes pris en ayant consommé de la drogue au volant,
06:19 il vous arrive forcément quelque chose.
06:20 - Donc quelqu'un qui aura fumé un pétard,
06:22 c'est plus grave que quelqu'un qui aurait bu plus que...
06:24 - Sur l'alcool, ça dépend quand vous avez consommé la drogue.
06:27 C'est pour ça qu'il faut remonter à la date de prise de la consommation.
06:30 - Oui.
06:31 - Et si vous êtes sous emprise, en réalité, c'est ça qui compte.
06:33 - Oui.
06:34 - Pour l'alcool, il y a une tolérance qui est à peu près 1 à 2 verres
06:37 en fonction de votre corpulence,
06:39 en fonction de quand vous les avez ingérés,
06:41 et qui correspond au maintien de l'intégrité,
06:45 qui est considéré comme le maintien de l'intégrité des fonctions d'équilibre.
06:47 Après, si on doit faire évoluer la loi...
06:48 - Les gens connaissent ça, mais est-ce qu'il faut aller à la tolérance zéro aujourd'hui ?
06:51 - En fait, le truc, c'est qu'il y a des gens...
06:53 Moi, je fais toujours attention,
06:55 et pourtant c'est le médecin qui vous le dit,
06:57 je fais toujours attention à ce que quelqu'un qui aurait pris une bière,
07:00 vraiment un verre limité, il y a trois heures à l'apéritif,
07:03 et qui, pour le coup, est parfaitement maître de ses actions, de ses actes,
07:08 ne se fasse pas choper à 0,0, je ne sais combien, grammes,
07:11 et se retrouve considéré comme un délinquant.
07:14 Voilà, c'est toujours pour ça qu'il y a une tolérance aujourd'hui,
07:16 qui fait que si vous avez bu un verre et demi,
07:19 il y a quelques temps, vous pouvez être considéré comme pouvant conduire.
07:23 Après, si on fait le larègle, on va pouvoir évoluer,
07:25 mais ce n'est pas dans les cartons aujourd'hui.
07:26 - Oui, parce qu'aujourd'hui, on va vers une tolérance pour les petits excès de vitesse,
07:29 et il faudrait être intraitable sur l'alcool,
07:31 ça pourrait être pris comme des signaux contradictoires, d'une certaine manière.
07:34 - Je vous dis juste, c'est le comportement et la conduite sous emprise qu'il faut sanctionner.
07:39 - Alors, autre sujet important cette semaine, Olivier Véran, l'immigration,
07:41 avec notamment ce plan de répartition des migrants en région, qui fait beaucoup parler.
07:46 Alors, je vous pose la question très dire...
07:48 - Quel plan de répartition des migrants en région ?
07:50 - Ah bah écoutez, on n'a parlé que de ça cette semaine,
07:53 vous rentrez du Brésil, mais vous avez suivi l'actualité nationale...
07:55 - Vous n'avez pas de plan, vous pouvez pas dire, vous avez le droit,
07:58 mais il n'y a pas de plan de répartition des migrants en région.
08:02 Dire ça, excusez-moi, c'est déjà aller orienter à mort les choses.
08:07 C'est pas du tout ce qui existe.
08:08 - Très bien, c'est un dispositif national d'accueil,
08:10 on va employer les termes techniques si vous le voulez,
08:12 mais enfin, qui revient en substance à proposer à des migrants en région parisienne
08:17 ou des sans-abri d'aller prendre une place dans un sas d'accueil en région.
08:21 J'espère que là, vous êtes satisfait de l'exposer.
08:23 - Région, région, ou tout endroit qui serait saturé.
08:27 - Est-ce que c'est lié aux Jeux olympiques ?
08:28 - Non, il y a 200 000...
08:29 - Je vous pose la question parce qu'on n'a parlé que de ça cette semaine.
08:31 - Mais oui, vous n'avez pas les yeux seuls,
08:33 mais c'est pour ça que je me permets de m'interroger,
08:34 je vous réponds bien volontiers.
08:35 Il y a 200 000 hébergements d'urgence aujourd'hui dans notre pays.
08:38 C'est-à-dire qu'on a atteint un niveau record d'hébergement d'urgence.
08:40 C'est depuis le Covid d'ailleurs, puisqu'on avait décidé pendant le Covid
08:43 que l'État se donnait tous les moyens pour qu'il n'y ait personne à la rue.
08:46 Bon, mais ça c'est très bien, parce que quand les gens sont à la rue,
08:49 c'est très mal pour plein de raisons.
08:51 Ensuite, quelles sont les capacités des territoires
08:53 à organiser des hébergements d'urgence, des hébergements temporaires ?
08:57 C'est toute la question qui est posée,
08:58 ce n'est pas lié aux Jeux olympiques ou à autre chose,
09:00 ce n'est pas lié en particulier à l'Île-de-France.
09:02 Il se trouve que là où vous avez des grandes préfectures
09:04 qui traitent les demandes d'asile,
09:06 c'est là que les gens qui sont en attente du rendu de leurs demandes
09:09 vont plutôt stationner et vont plutôt résider pendant la durée nécessaire.
09:13 Et donc ce qui veut dire que,
09:14 et c'était une réforme d'ailleurs qui avait été portée il y a une quinzaine d'années,
09:17 qui faisait que ce n'était pas toutes les préfectures du pays
09:20 qui traitent les demandes d'asile, mais seulement quelques-unes.
09:21 Donc c'est hyper concentré.
09:23 Du coup, vous avez rapidement un débordement des capacités d'accueil
09:26 sur place dans les villes concernées,
09:28 des personnes en attente du rendu,
09:31 pour savoir s'ils ont le droit à l'asile ou non.
09:33 C'est le cas en Île-de-France, c'est le cas ailleurs,
09:35 et donc partout où c'est le cas,
09:36 et nous le faisons depuis des années,
09:38 donc il n'y a rien de nouveau de ce point de vue-là,
09:39 lorsque les centres sont saturés,
09:41 on crée des places ailleurs,
09:43 parce qu'a contrario, il y a des endroits où il n'y a pas de préfecture
09:45 qui traite les demandes d'asile,
09:46 où il y a très peu de demandeurs d'asile qui sont à la rue,
09:50 mais qui ont des capacités d'accueil.
09:51 Mais c'est quelque chose de régulier depuis des années.
09:53 Donc il n'y a pas de plan stratégique.
09:54 - Mais vous voyez la réception quand même par le public de ces annonces,
09:58 ça n'apprend aucun écho ?
09:59 - Non, parce que le truc a été attaqué comme si c'était un plan caché vis-à-vis des JO.
10:03 Je vous le dis, ce n'est pas le cas,
10:04 et si vous voulez des preuves, regardez ce qui est fait depuis des années.
10:08 Il se trouve que députés socialistes ou Hollande
10:09 m'étaient déjà mobilisés à l'époque
10:11 pour qu'on puisse modifier le périmètre des demandes d'asile
10:14 dans les préfectures de France.
10:16 - Mais vous avez vu ce sondage cette semaine dans Le Figaro
10:18 qui dit que les Français, très largement,
10:21 sont plutôt favorables aux propositions portées par les Républicains
10:23 pour mettre fin à l'immigration massive.
10:25 C'est l'intitulé du projet,
10:26 il n'y a pas d'orientation de ma part.
10:28 - Ce n'est pas vous en particulier,
10:31 je lis la presse, figurez-vous.
10:33 - Pas d'offense.
10:34 Ces propositions des Républicains,
10:36 vous aurez noté aussi qu'elles trouvent un écho plutôt favorable
10:39 du côté de Gérald Darmanin,
10:40 c'est moins vrai auprès d'autres figures de la majorité relative ou du gouvernement.
10:44 Quelle est la position aujourd'hui du gouvernement par rapport à ce projet ?
10:47 Est-ce qu'une entente possible avec les Républicains sur ce projet de loi,
10:50 cette proposition de loi, pardon,
10:52 ces deux propositions de loi, pourrait aboutir ?
10:55 - D'abord, le sondage que vous citez,
10:57 il montre aussi et surtout, c'est ce qui m'intéresse,
10:59 en l'occurrence, qu'il y a près de 70% des Français
11:01 qui sont d'accord avec les mesures que nous portons dans notre projet de loi.
11:03 C'est-à-dire mieux expulser ceux qui n'ont pas vocation à rester,
11:06 répondre plus vite aux demandeurs d'asile qui n'ont pas vocation à obtenir l'asile,
11:09 mais également la mesure qui permet à des étrangers
11:12 d'occuper des postes dans les métiers d'attention
11:14 pour lesquels on ne trouve pas de travailleurs en France.
11:16 C'est important de le dire.
11:17 La droite a eu le mérite de faire des propositions.
11:19 Je n'ai pas entendu un ministre, ni Gérald Darmanin ou un autre,
11:22 dire "je suis d'accord avec ces propositions".
11:23 Et pour cause, les Républicains, ils ont le mérite de faire des propositions
11:27 et je pense que c'est bien pour animer le débat qu'ils les fassent.
11:30 On n'est pas d'accord avec beaucoup des propositions qu'ils font,
11:32 et de la même manière, le fait qu'ils mettent des lignes rouges,
11:35 par exemple, sur les travailleurs étrangers,
11:37 ça ne me semble pas aller dans le sens de l'opinion.
11:40 Mais ils ont le mérite de le faire.
11:41 Moi, ce matin, j'ai envie de passer un appel,
11:43 je ne sais pas si je dirais un appel solennel, c'est un peu galvaudé,
11:45 mais en tout cas un appel sérieux,
11:47 pour que la gauche ne soit pas en dehors de ce débat.
11:49 La gauche française, la social-démocratie, la gauche de gouvernement,
11:52 pas LSI, on sait ce qu'ils en pensent,
11:54 mais la gauche de gouvernement,
11:56 elle a des choses à dire sur l'immigration et l'intégration dans notre pays.
11:59 Parce que l'électorat de gauche, dans notre pays,
12:01 il a tant des propositions aussi en la matière.
12:03 Et certaines de ces propositions doivent aller vers une meilleure régulation de l'immigration,
12:07 et une meilleure organisation de l'intégration.
12:09 - Sur quel point vous souhaiteriez entendre la gauche ?
12:11 - Par exemple, qu'est-ce qu'on dit du fait que le taux de chômage
12:14 des étrangers dans notre pays, il est de 13%,
12:16 c'est-à-dire presque le double du taux de chômage national.
12:19 Et comment se fait-il qu'en France, le taux de chômage des étrangers
12:22 soit en général plus élevé que le taux de chômage des étrangers ailleurs en Europe ?
12:25 - On le sait pour ça, on le sait pourquoi Olivier Véran.
12:28 - Qu'est-ce que la France, qu'est-ce que la gauche a à dire ?
12:30 - Vous semblez dire qu'on ne sait pas pourquoi, mais on sait tout à fait.
12:32 Le manque de qualifications, le manque de maîtrise de la langue française, etc.
12:36 Evidemment, c'est documenté Olivier Véran.
12:38 - Donc qu'à propos de ça, nous, nous disons ce que nous voulons faire.
12:41 Nous continuons de renforcer les conditions d'acquisition de la nationalité,
12:45 nous continuons de renforcer l'apprentissage du français, l'adhésion aux valeurs, etc.
12:49 Que propose la gauche ? Je suis sûr qu'elle a quelque chose à dire.
12:52 Qu'a la gauche à dire au fait qu'il y a des départements français
12:55 dans lesquels on a dépassé les 30% d'étrangers à l'échelle du département ?
12:59 C'est le cas de la Seine-Saint-Denis.
13:00 Est-ce qu'on est capable d'accueillir dans de bonnes conditions
13:02 30% d'une population qui est d'origine étrangère ?
13:05 Ou est-ce qu'il ne faut pas procéder différemment ?
13:07 Il faudrait que ce débat puisse s'enrichir de ses apports et de ses propositions.
13:12 - Appel donc lancé à la gauche sur ce point-là.
13:14 - Oui, parce qu'elle ne peut pas rester en dehors du coup.
13:16 Franchement, ça n'existe pas.
13:17 Et ailleurs en Europe, la gauche est capable de dire
13:19 "Oui, on saisit le défi qu'est l'immigration et l'intégration
13:24 et on propose de faire évoluer les règles."
13:25 Après, la droite a des propositions qui sont parfois intéressantes
13:28 mais qui sont parfois très dures.
13:29 On ne va pas changer la constitution à chaque fois qu'on doit faire une loi sur l'immigration.
13:33 On ne va pas sortir des traités européens et internationaux sur ces questions migratoires.
13:37 Moi, j'ai connu une droite républicaine qui était européenne,
13:41 europhile, respectueuse des traités.
13:43 Et dans ce cadre-là, on peut faire beaucoup de choses.
13:45 D'ailleurs, il y a des pays autour de nous,
13:47 je cite le Danemark notamment,
13:48 qui ont été capables de faire beaucoup de choses
13:50 sans sortir du cadre des traités.
13:51 - Oui, mais enfin, ils ont des "opt-out".
13:53 - Ils ont des "opt-out", ils respectent très largement les règles.
13:56 - Autre sujet, Olivier Véran.
13:58 "Michel Paty, la soeur de l'enseignant décapité,
14:00 réclame une enquête parlementaire sur le dysfonctionnement de l'appareil d'État.
14:03 Les éventuels dysfonctionnements qui, selon elle, ont concouru à la mort de son frère.
14:08 Le Sénat va examiner sa proposition.
14:12 Soutenez-vous la démarche de Michael Paty ?"
14:16 - Toute personne qui a besoin d'avoir des réponses doit les obtenir.
14:20 Donc, si la soeur de Samuel Paty s'interroge
14:23 et qu'elle n'a pas eu toutes les réponses pour comprendre,
14:27 on ne peut pas comprendre pourquoi ou comment un drame comme celui-ci a pu intervenir,
14:30 mais si elle a besoin d'obtenir des réponses
14:32 en lien avec l'assassinat sordide de son frère,
14:35 il faut qu'elle les obtienne d'une manière ou d'une autre.
14:37 Ça ne veut pas dire forcément une commission d'enquête,
14:39 c'est au parlementaire de le décider,
14:41 mais ça veut dire qu'il faut de toute façon, encore une fois,
14:43 pouvoir l'éclairer et dire les choses telles que ce sont déroulées.
14:46 - J'ai une dernière question.
14:47 Vous êtes aussi, je ne l'ai pas dit, ministre du Renouveau démocratique.
14:50 - Je l'ai dit, moi, tout à l'heure.
14:50 - Oui, vous l'avez dit, mais je le signale à nouveau,
14:53 puisque c'est à ce titre que vous vous êtes rendu au Brésil cette semaine
14:57 pour comprendre les ressorts de l'extrême droite.
14:59 Alors, la question que je me suis posée,
15:01 est-ce que c'est de l'action gouvernementale ou est-ce que c'est de l'action partisane ?
15:04 Est-ce qu'il n'y a pas un peu confusion des rôles dans ce voyage
15:06 que vous avez entrepris cette semaine, Olivier Véran ?
15:08 - Vous savez, quand on défend la démocratie, on défend les institutions.
15:12 Et ce qui s'est passé au Brésil, qui est un pays qui a acquis la démocratie
15:15 et qui a failli la perdre,
15:16 c'est que lorsque l'extrême droite de Bolsonaro a été battue dans les urnes,
15:20 elle a tenté de résister.
15:22 Et il y a eu là des scènes d'invasion des bâtiments officiels à Brasilia,
15:25 du Parlement, du Sénat, de la Cour suprême,
15:27 avec presque une dévélité de coup d'État.
15:31 Et oui, en tant que ministre de la Démocratie...
15:32 - Vous redoutez un coup d'État en France ?
15:34 - En tant que ministre de la Démocratie, il est de mon rôle
15:36 d'aller pouvoir parler avec les acteurs politiques, institutionnels, associatifs,
15:40 les ONG, qui pendant cette période,
15:43 ont eu un rôle déterminant pour maintenir la sauvegarde
15:46 et sauvegarder la démocratie.
15:47 - Mais d'où vient le danger en France, Olivier Véran ?
15:49 - Je vous dis que je regarde qu'en Amérique du Sud, au Brésil,
15:53 l'extrême droite avait gagné le pouvoir par les élections,
15:55 l'a perdue par les élections, mais n'a pas voulu le rendre.
15:58 Et qu'il a fallu un système, encore une fois, sacrément solide pour que ça tienne.
16:01 - Mais je vous le redemande, c'est un rôle de ministre, ça, de faire cela ?
16:04 Ou c'est le rôle d'un militant politique ?
16:07 - Je vous le redis, je suis ministre de la Renouveau Démocratique,
16:10 garant aussi des institutions et du fonctionnement.
16:12 Je pense, vous savez, que les mois planétaires et les mois français,
16:16 en tout cas d'une bonne partie des Français,
16:18 de voir ces militants d'extrême droite tenter d'envahir des bâtiments officiels...
16:20 - Donc la menace est extrêmement importante, je vous pense.
16:22 - ... est le même, est moi, que celui qu'il y a eu lorsqu'il y a eu l'invasion du Capitole.
16:26 Est-ce que ça fait partie du champ démocratique ?
16:28 Si vous considérez que ça n'est pas le cas,
16:30 je vous propose qu'on en discute, parce que je serais intarissable sur le sujet.
16:33 - Merci Olivier Véran d'être venu nous voir sur Ropin ce matin.
16:36 Le porte-parole du gouvernement était notre invité ce matin, Vaucien.

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