• il y a 2 ans
Latifa Ibn Ziaten, fondatrice de l'association "Imad pour la jeunesse et la paix" , était l'invitée de BFMTV pour réagir aux émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre.

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Transcription
00:00 C'est important, je pense, d'apaisement, de créer le dialogue et le lien.
00:04 C'est important parce que la police, elle est là pour sécuriser la société
00:09 et n'importe quel jeune ou adulte doit respecter aussi le policier.
00:15 C'est tout à fait normal, mais il faut créer ce lien.
00:18 Moi, j'ai insisté à l'hommage.
00:20 Je vous assure, ça tournait vraiment.
00:22 C'était affreux.
00:22 Moi, je croyais, je ne vais pas m'en sortir.
00:24 L'hommage pour Naël et au débordement qu'on suivit derrière, à la violence qu'elle subit derrière.
00:28 C'était horrible, horrible.
00:30 Je n'ai jamais cru que je vivrais ça.
00:34 Je suis allée pour apaiser la douleur de cette mère
00:37 et de voir toute cette foule de droite à gauche, en face.
00:41 Vous ne savez même pas quel côté il faut prendre.
00:43 C'était horrible, horrible.
00:46 Mais depuis que votre fils est mort, tué par Mohammed Mira,
00:51 vous avez sans cesse été au contact de la jeunesse.
00:56 Ça fait des années maintenant, ça fait plus de dix ans.
00:59 Ça fait plus de dix ans et je n'arrête pas de passer le message.
01:03 Attention à cette jeunesse, elle est fragile.
01:05 Attention à cette jeunesse, elle a besoin d'aide.
01:08 Attention à cette jeunesse, elle a besoin d'écoute.
01:10 Je vois dans les écoles, je vois dans les quartiers, je vois ce qui se passe.
01:14 Mais personne n'a écouté.
01:17 Je dis, il y a une cocotte qui tourne.
01:19 Cette cocotte, un jour, elle va exploser.
01:21 Et il y a de quoi ?
01:22 Parce qu'il y a une souffrance, il y a une pauvreté.
01:25 Il y a ce ghetto, il y a cette cité fermée.
01:27 À l'école, il n'y a pas de mixité.
01:29 Cette jeunesse, elle n'a pas de chance.
01:32 Il faut dire les choses comme elles sont.
01:33 Elles n'ont pas de chance.
01:35 Mais on est là pour apaiser cette jeunesse
01:37 et de trouver la solution tous ensemble.
01:39 - Mais est-ce que vous, quand vous parlez,
01:40 quand vous dites "je porte ce message d'apaisement",
01:43 je ne sais pas si vous avez pu parler avec ces jeunes qui étaient en colère
01:46 la semaine dernière que vous avez rencontré,
01:48 que vous répondez, est-ce que vous avez l'impression
01:50 qu'il y a quand même une discussion qui s'enclenche ?
01:53 - Alors, il y avait la discussion avec ce jeune homme.
01:55 On a attrapé moi et un monsieur parce que sur la foule,
01:58 vous voyez tout le monde qui se...
01:59 Et puis ce jeune homme, il allait comme un...
02:02 Et on l'a rattrapé tous les deux et on n'arrivait pas à parler.
02:05 Alors, il parlait avec le monsieur au début,
02:06 mais moi, il ne me répondait pas.
02:08 Et je suis obligée de le secouer.
02:10 Et il m'a dit "Lâche-moi maman et rentre chez toi.
02:13 Ça va éclater."
02:14 De cette manière-là, je dis "Mais pourquoi jeune homme ?
02:18 Pourquoi ? Pourquoi autant de mal ?
02:20 Si vous avez envie de faire quelque chose, mais pas comme ça.
02:23 Pas avec la haine.
02:24 La haine, on ne partera rien.
02:26 Regarde cette mère qui est en face de toi.
02:27 J'ai perdu un fils.
02:28 Est-ce que vous me voyez sur le plateau télé
02:30 de projeter de la haine ou d'aller faire de la haine
02:33 vers la police ou d'aller faire de la haine sollicitée ?
02:35 Non, je défends cette cause.
02:37 J'essaie de défendre cette jeunesse aujourd'hui.
02:39 Mais ne fais pas comme ça.
02:40 Comme ça, on n'arrivera à rien.
02:42 La haine contre la haine, on n'arrivera à rien.
02:44 Mais aujourd'hui, il y a une urgence de travailler avec les parents.
02:49 C'est le plus important.
02:51 Parce que si on travaille avec les parents,
02:53 je vous assure, on arrivera.
02:55 Mais avec les parents qu'il faut travailler.
02:56 Ça fait 11 ans que je le dis.
02:59 Ça fait 11 ans que je répète qu'il faut travailler avec les parents.
03:03 Il y a certains parents qui ont baissé les bras.
03:05 Il y a certains parents qui sont dépassés par leurs enfants.
03:08 Il y a certains parents qui sont pauvres,
03:09 qui sont dans le chômage, qui sont dans la difficulté.
03:12 Ils ne font même pas attention à leurs propres enfants,
03:14 à ce qui se passe.
03:15 Aujourd'hui, quand vous retrouvez un jeune de 12 ans
03:18 qui sort pour brûler, où sont les parents ?
03:22 Où sont les parents ? C'est une responsabilité.
03:24 Mais je pense qu'il faut aider les parents,
03:27 aider cette jeunesse.
03:28 Cette jeunesse, je pense que, soit fille ou fils,
03:32 on est tous des enfants de la République.
03:34 Je pense qu'il faut défendre cette jeunesse et l'avenir.
03:37 On ne peut pas les mettre de côté.
03:39 Ils font partie de la société française.
03:41 Il faut l'accepter.
03:42 Qu'ils soient noirs ou jaunes ou blancs, on est tous pareil.
03:45 Alors, on est là pour défendre la République.
03:46 Je pense qu'il faut qu'on soit tous ensemble.
03:50 Et chacun à son niveau de défendre cette démocratie,
03:56 les valeurs, le respect.
04:02 Il ne faut pas baisser les bras.
04:04 Il ne faut pas dire que ce sont des jeunes qui ne savent rien.
04:07 Ce sont des gens qui sont perdus, comme j'entends.
04:09 Ils sont des sauvages.
04:10 Devant moi, j'étais choquée.
04:13 Un policier qui était sage, il a dit,
04:15 "Monsieur, on est là pour apaiser."
04:17 Ce ne sont pas des sauvages, ce sont des enfants
04:19 qui sont en colère, certes, mais il faut trouver des solutions.

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