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Mardi, sur Europe 1, Nicolas Bouzou revient sur les politiques de l'Etat envers les quartiers populaires.
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Transcription
00:00 - 14h20 sur Rampin, place à l'édito éco, bonjour Nicolas Bouzou.
00:04 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 - On va poser la question très directement, est-ce qu'on a abandonné les quartiers prioritaires de la ville ?
00:12 On voit que c'est l'explication qui est avancée par certains pour justifier, pour expliquer en tout cas, les émeutes de cette dernière semaine.
00:18 - Ah non, on ne les a pas abandonnés, c'est même tout le contraire.
00:21 Il existe un grand nombre de dispositifs destinés à ce qu'on appelle les QPV,
00:25 dans le merveilleux langage administratif français, les quartiers prioritaires de la politique de la ville.
00:30 Le plus important de ces dispositifs, c'est le PNRU, le plan national pour la rénovation urbaine, lancé en 2003, c'était la loi Borloo,
00:39 il a coûté 12 milliards d'euros, il y a un nouveau plan en cours qui a à peu près du même ordre de grandeur,
00:44 et ça a d'ailleurs généré de grands succès de rénovation urbaine, je pense à la ville de Meaux par exemple,
00:49 puis ensuite il y a les contributions de l'État et des collectivités locales.
00:52 Je vais vous donner quelques exemples Dimitri parce qu'il faut être précis,
00:55 le plan d'investissement dans les compétences, c'est 115 000 formations dans les quartiers en 2022,
01:01 les prépas apprentissages 12 000 bénéficiaires en 2022, l'AIG, l'accompagnement intensif des jeunes, 27 000 jeunes formés,
01:08 mais il y a aussi le plan 1 jeune 1 solution, le soutien aux régies de quartiers, le contrat d'engagement jeune,
01:13 les contrats aidés, le soutien aux créations d'entreprises, le dédoublement des classes,
01:17 tous ces dispositifs sont ciblés ou alors bénéficient en tout cas en grande partie à ces quartiers,
01:22 n'oublions pas non plus le rôle des entreprises et des associations,
01:25 j'ajoute quand même que notre pays est en outre le plus redistributif au monde,
01:29 ce qui bénéficie par définition aux territoires les plus pauvres.
01:33 Alors on peut dire que les dispositifs sont nombreux, complexes, mais dire qu'on abandonne les quartiers,
01:37 franchement ça ne tient pas la route.
01:39 - Vu l'état des banlieues quand même Nicolas, est-ce qu'on peut parler du succès de cette myriade de dispositifs ?
01:46 Est-ce que ce n'est pas un peu excessif de dire que finalement tout est formidable ?
01:48 - Voilà, c'est mitigé, évidemment on a toujours des difficultés économiques dans ces quartiers,
01:52 le taux de chômage est deux fois plus élevé que la moyenne nationale,
01:54 le taux de pauvreté est trois fois plus élevé, la désertification médicale est plus forte,
01:58 mais enfin il y a aussi des choses positives, la rénovation urbaine ou le dédoublement des classes qui donnent de bons résultats,
02:03 mais enfin on va être clair, on a pensé que la dépense publique pouvait acheter la paix et la prospérité, c'est faux.
02:08 - Il y en a beaucoup qui disent aussi que finalement les causes des émeutes ne sont pas d'ordre économique Nicolas.
02:13 - Oui, ils ont raison, la meilleure contribution à mon avis a été celle d'Olivier Galland, le sociologue, c'était sur le site TELOS,
02:19 il explique qu'il y a des causes communes avec les émeutes de 2005,
02:23 le sentiment d'une partie de la population d'origine immigrée que la France est un pays raciste,
02:28 et l'importance du trafic de drogue dans les banlieues qui crée une animosité structurelle entre la police et une partie de la jeunesse.
02:34 Olivier Galland ajoute deux différences par rapport à 2005,
02:37 le rôle des réseaux sociaux et de certains élus d'extrême gauche qui ont soufflé sur les braises,
02:40 mais enfin, vous voyez bien que ce ne sont pas des sujets qui sont directement économiques,
02:45 la réponse c'est donc le retour de l'ordre, le bon fonctionnement des services publics,
02:49 l'accent sur la qualité de l'enseignement, mais pitié, pas un énième dispositif, pas un énième plan banlieue.
02:54 - Signature Europe 1 Nicolas Bouzou, merci beaucoup Nicolas.

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