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Eric Mestrallet, fondateur d'espérance Banlieues, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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Transcription
00:00 7h, 9h, Europe 1 matin.
00:03 Europe 1 7h12, Dimitri Pablenko vous recevez à présent le fondateur du réseau Espérance Banlieue.
00:09 - Bonjour Eric Mestralet. - Bonjour monsieur.
00:11 - Bienvenue sur Europe 1, vous êtes chef d'entreprise, fondateur d'Espérance Banlieue.
00:16 C'est depuis 2012 un réseau d'écoles privées hors contrat.
00:19 Aujourd'hui c'est 17 établissements, alors dans le Val d'Oise, les Yvelines principalement,
00:23 mais aussi Orléans, Toulon, Marseille, Roubaix, Saint-Etienne.
00:26 Plus de 1000 élèves fréquentent vos cours, Eric Mestralet.
00:30 On vient de vivre une semaine hors norme dans l'histoire du pays,
00:34 avec un niveau de délinquance et de violence inédit.
00:37 Même en 2005 on n'avait pas vu ça.
00:39 Tout est une cible, tout a été une cible pour les émeutiers et les pillards,
00:42 même la Croix-Rouge, même les écoles.
00:45 Est-ce que ça vous a surpris qu'ils brûlent des écoles ?
00:48 - Pas beaucoup malheureusement.
00:51 Beaucoup d'émotions bien évidemment, un chaos que constater,
00:55 et qui nous encourage à faire un vrai travail de refondation.
00:59 Je pense qu'il faut changer les méthodes que jusqu'à présent on a mis en œuvre,
01:05 le passé est le passé, l'enjeu c'est comment on peut regarder l'avenir,
01:09 et moi ce que je constate c'est que depuis 10 ans où nous sommes présents
01:13 à travers ces écoles que vous venez de citer...
01:15 - Parce que je précise qu'elles sont situées, vos écoles,
01:19 essentiellement dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.
01:21 - Bien sûr, on a parlé Roubaix, Marseille, Toulouse,
01:25 des villes qui sont souvent parlées d'elle, Argenteuil,
01:30 des écoles qui sont situées dans des quartiers difficiles,
01:34 et qui manifestent quelque chose d'assez nouveau, même extraordinaire,
01:39 et peut-être une source d'espoir, d'espérance,
01:42 et c'est le nom que nous portons pour ces écoles qui vont de la maternelle au collège,
01:46 c'est qu'il est possible de faire des choses, il est possible de réconcilier,
01:49 il est possible de refaire société, parce que je pense qu'il s'agit bien de cela,
01:53 ce matin et en ces jours,
01:56 c'est comment on fait en sorte que les gens aient envie de reconstruire ensemble,
02:00 non pas de vivre ensemble, mais de construire ensemble.
02:02 - Eric Mestralet, est-ce qu'il y a des élèves des écoles d'Espérance-Banlieue
02:06 qui se sont signalés par leur participation aux émeutes ?
02:09 Parce qu'on rappelle, un tiers des interpellés avaient entre 14 et 18 ans,
02:12 c'est un chiffre qui nous a tous beaucoup marqué.
02:14 - Alors je pense qu'ils sont un peu plus jeunes les élèves,
02:16 donc il y a beaucoup de maternelles, de primaires, et quelques collèges.
02:23 Après, on a aussi signalé que les enfants qui avaient participé à ces démonstrations,
02:30 j'utilise des mots un peu neutres pour éviter de les charger,
02:34 c'était souvent des enfants dont les parents n'étaient pas aussi présents
02:39 qu'ils devraient l'être ou qu'ils auraient aimé l'être.
02:42 Dans les écoles que nous portons, avec la société civile,
02:47 et c'est ça qui est important, finalement tout le monde concourt à se mobiliser,
02:50 les parents aussi.
02:51 Et donc c'est ensemble qu'on essaye de donner un avenir qui soit serein,
02:56 en apprenant un certain nombre de choses fondamentales.
02:58 Donc il y a évidemment les compétences, c'est une école,
03:01 les savoirs fondamentaux, mais aussi le savoir-être,
03:03 et puis il y a l'apprentissage des codes, des us et coutumes de notre pays.
03:08 Si on n'a pas des choses en commun, on ne peut rien construire.
03:11 - Mais pour revenir à la question initiale, pourquoi brûlent-ils,
03:14 pourquoi ont-ils brûlé des écoles ?
03:16 On sait que l'école française va mal, si je fais un rapide diagnostic,
03:20 les résultats scolaires sont faibles par rapport aux autres pays développés,
03:24 on le voit des tests comme PISA par exemple,
03:26 qui sont des bons bancs d'essais, des bons de comparaison.
03:29 On voit que les inégalités sont très fortes aussi,
03:31 il y a des enfants qui réussissent très bien,
03:33 mais il y en a aussi qui réussissent extrêmement mal.
03:35 On a du mal aussi à attirer les enseignants, l'école est en crise,
03:40 et c'est aussi ça que ça manifestait finalement,
03:43 cet acharnement sur l'école lors des émeutes, Éric Mestralet ?
03:48 - Je ne suis pas un spécialiste pour pouvoir faire cette analyse,
03:51 ce que je peux dire c'est que...
03:52 - Les émeutiers en veulent-ils à l'école pour y mettre le feu ?
03:54 C'est ça la question.
03:54 - En tout cas, ils ne la respectent pas suffisamment,
03:57 ils n'y ont pas trouvé ce qu'ils auraient aimé y trouver,
03:59 et c'est là un appel, moi j'entends, à d'autres solutions.
04:02 Il y a peut-être 40 ans de politiques qui sont à revoir,
04:07 et c'est là la bonne nouvelle,
04:10 c'est que depuis 10 ans nous sommes présents sur un terrain,
04:13 et on voit des parents, des élèves qui se projettent ensemble.
04:16 - Mais qu'est-ce qui différencie aujourd'hui les écoles d'espérance banlieue ?
04:19 - C'est des petits effectifs tout simplement,
04:21 à l'école en classe et dans l'établissement,
04:24 alors il n'y a pas que ça, mais ça c'est vraiment fondamental,
04:26 c'est que tout le monde se connaît, tous les adultes connaissent chaque enfant,
04:29 et donc on se respecte mutuellement le vouvoiement,
04:33 et pratiquer vis-à-vis de, bien évidemment, de l'enfant vers l'adulte,
04:37 mais aussi de l'adulte vers l'enfant.
04:39 L'enfant est une personne, il existe, ce n'est pas un numéro dans sa cité,
04:43 il est accueilli par le directeur ou un professeur chaque matin par son prénom,
04:47 en se serrant la main, donc ça change le regard,
04:50 et bien ensemble on peut construire des choses.
04:51 Cette grande proximité est vraiment fondamentale.
04:55 - Alors Mélissa Thériault a tourné pendant un an dans une école d'espérance banlieue,
05:01 il y a une séquence qui m'a heurtée,
05:04 c'est qu'à un moment on demande aux élèves "qui est français parmi vous ?"
05:07 et il y en a un sur trois à peine qui lèvent la main.
05:09 - Quelquefois c'est un sur trois, quelquefois c'est un sur dix,
05:12 quelquefois c'est quatre sur dix, ça peut arriver.
05:15 Qu'est-ce qui se passe ?
05:16 Est-ce que c'est eux qui sont responsables,
05:17 ou est-ce que c'est collectivement qui sont responsables,
05:19 parce qu'on n'arrive pas à transmettre ce que ça veut dire,
05:22 ce qui est pourtant une réalité, ils le sont tous.
05:25 Et donc la question c'est comment on change de logiciel
05:28 pour donner une appropriation véritable de cette notion et de cette conscience de français.
05:34 Comment on est français, au quotidien,
05:36 comment on contribue à cet avenir en commun.
05:39 Donc c'est à la fois...
05:40 - Ils ne se sentent pas français.
05:42 - Ils n'ont pas compris comment on était français.
05:45 Aujourd'hui il y a beaucoup d'adultes,
05:47 et je le vois actuellement notamment parce qu'on a des assemblées
05:50 qui se passent autour du drapeau français,
05:53 pour distinguer les bons élèves, les bons éléments,
05:56 pas seulement sur le plan scolaire mais aussi sur le comportement,
05:59 la plupart des gens nous disent "si il y a le drapeau français c'est pas bien".
06:03 Alors que tous les parents nous disent "c'est normal,
06:06 dans toutes les écoles du monde ça se fait comme ça".
06:08 Donc on a une vraie révolution à faire en France,
06:11 et peut-être remettre un certain nombre de choses basiques,
06:15 de codes fondamentaux pour réavancer ensemble.
06:17 - Et quels sont vos résultats ?
06:19 Je vous ai demandé tout à l'heure ce qui vous distinguait de l'école publique,
06:22 vous avez dit les petits effectifs, l'attention portée à chacun,
06:26 le respect de la politesse...
06:27 - Une pédagogie très spécifique, notamment du sens conscience
06:31 et rendre les enfants acteurs de leur apprentissage
06:34 par une verbalisation très forte de tout ce qu'ils réalisent,
06:38 avec des résultats extrêmement significatifs,
06:40 plus de 94% au brevet,
06:43 alors qu'on a le statut d'école hors contrat.
06:46 Pour le moment j'espère que ça va évoluer,
06:47 j'espère qu'on va enfin reconnaître notre contribution
06:50 au système éducatif français, et c'est en train d'être le cas,
06:53 alors que dans les quartiers dans lesquels on est c'est moins de 50%.
06:57 - Et je ne vous ai pas demandé, vous n'avez pas subi de dégradation,
06:59 vous dans vos écoles, Espérance Banlieue, Eric Mestralet,
07:02 pour le moment non, j'espère que le fait d'être présent sur les médias
07:06 ne déclenchera pas de dégradation,
07:09 mais non parce que souvent on est dans un îlot de paix,
07:12 les parents sont extrêmement mobilisés,
07:14 donc ils considèrent que c'est leur bien commun l'école,
07:17 et donc tout le monde concourt à le protéger finalement.
07:21 Et c'est vraiment ça la solution,
07:22 c'est comment on se remobilise,
07:24 et se remobiliser c'est des petits effectifs, des petites entités,
07:27 c'est dans un endroit où on va rencontrer l'altérité,
07:29 on va découvrir l'altérité, la vie est altérité,
07:31 si on ne la découvre pas paisiblement à l'école,
07:33 dans la première petite société,
07:35 et bien c'est défiance-méfiance-violence.
07:36 Comment on sort de cette logique infernale ?
07:38 - Merci beaucoup. - L'école est une possibilité.
07:40 - Merci Eric Mestralet d'être venu nous voir ce matin,
07:43 je rappelle que vous êtes le fondateur du réseau d'écoles hors contrat,
07:47 Espérance Banlieue, bonne journée à vous.

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