Sébastien Mignault vit sur son voilier, sur le Saint-Laurent, tout près des rives de Pointe-aux-Trembles. Amoureux de la nature et de la liberté, il a opté pour un mode de vie différent, à la fois économique et écologique.
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00:00 Si certains ont le mal de mer, lui, il a le mal de la terre.
00:02 Été comme hiver, Sébastien Mignot habite sur son voilier dans le Saint-Laurent,
00:06 tout près des rives de Pointe-aux-Trombe.
00:07 Amoureux de la liberté et de la nature, il rejette volontairement la pression sociale
00:11 d'avoir une maison normale et opte pour un mode de vie alternatif,
00:14 à la fois économique et écologique.
00:16 Bonjour, Sébastien Mignot, 46 ans, marin depuis ma tante d'enfance.
00:24 Qu'est-ce que j'aime mieux dans ce style de vie-là?
00:26 C'est de retrouver la paix.
00:27 Je travaille en ville, pas loin, puis je vis les bois de la ville, des voitures,
00:31 de tout ce qui apporte la vie terrienne.
00:34 Alors quand moi j'arrive sur le bord du fleuve, puis j'embarque dans mon zodiac,
00:38 bien j'entends plus rien.
00:39 Il n'y a plus rien, il n'y a plus rien qui existe.
00:40 La ville n'existe plus pour moi.
00:42 Alors c'est de la tranquillité.
00:43 Je me lève le matin à 4h30, je m'installe dans mon cockpit,
00:46 puis je prends mon petit café, puis c'est les petits canards que j'entends,
00:49 les oiseaux, puis le lever du soleil, c'est ça qui m'allume,
00:53 c'est ça qui vient me chercher dans mes tripes.
00:56 Moi je vais sur mon voilier, je suis depuis 2017 à temps plein.
01:00 Par contre, moi je l'ai fait avec mon père à l'époque, dans les années 80-90.
01:07 En fait jusqu'à l'an 2000, j'ai embarqué avec le projet de mon père,
01:12 j'avais à l'âge d'environ 9-10 ans.
01:13 Ça a été ardu parce que la maman ne voulait pas trop trop,
01:16 elle n'était pas chaude à l'idée.
01:17 Alors après quelques discussions, j'ai embarqué sur le projet,
01:21 puis c'est comme ça que j'ai été élevé.
01:22 Alors pour moi, ce n'est pas sorcier.
01:23 Malgré que le monde pense toujours que c'est infaisable,
01:27 mais mon père m'a tout le temps dit que tout est faisable dans la vie.
01:30 À 20 ans, j'ai décroché du monde de la voile,
01:33 j'ai vécu ma vie dite « terrienne » à l'âge de 36-37 ans.
01:36 Quand je suis débarqué, c'est ça,
01:37 je n'avais aucun projet quelconque de revenir habiter sur un voilier.
01:42 Même je pense que c'était fini pour moi.
01:43 À l'âge de 36-37 ans, après une séparation,
01:46 bien la pelle m'est revenue vite comme ça.
01:51 Pourquoi, je ne le sais pas, mais ça m'était revenu.
01:53 Puis en 2007, j'avais acheté un petit voilier de 30 pieds en Fiddle-Aubert,
01:57 puis le projet est revenu comme ça,
01:59 de vivre sur mon voilier, deux mois par année.
02:02 Le fleuve, pour moi, c'est un des plus beaux cours d'eau qu'on a au monde.
02:06 C'est un cours d'eau qui t'amène vers un monde qui est ouvert à nous tous.
02:12 Comme on est mortels, eux, ils vont être obligés de prendre l'avion
02:15 pour se rendre à tel ou tel endroit.
02:18 Moi, j'ai juste à descendre le fleuve dans le Bas-Saint-Laurent,
02:21 puis continuer mon chemin, puis j'ai le monde devant moi.
02:25 Pour moi, le fleuve, c'est ma piscine, c'est ma patinoire l'hiver,
02:29 c'est ma cour, comme la plupart des gens, les jeunes, ont eu dans leur jeunesse.
02:35 Alors moi, mon terrain de jeu, c'était le fleuve,
02:38 et ça l'est encore à mes 46 ans.
02:41 C'est sûr que l'hiver, ce n'est pas toujours une partie de plaisir.
02:46 On n'a pas l'eau courante comme dans une maison,
02:49 que quand j'ai l'été.
02:51 Alors, pas de laveuse sécheuse.
02:55 Alors, ces petits détails-là qui font, à un moment donné,
02:59 que ça nous châteaule.
03:00 Psychologiquement, oui, ça vient me toucher parfois,
03:06 surtout quand la météo n'est pas très clémente,
03:10 puis le fleuve aussi, ça fait brasser.
03:12 Comme à l'époque, le fleuve, il neigelait de bord en bord,
03:15 puis il y avait trois pieds de glace.
03:16 Aujourd'hui, si je suis capable d'avoir 6-8 pouces, 10 pouces de glace,
03:22 je suis chanceux, je suis content parce que je peux marcher dessus,
03:25 je peux me faire un patinoire, puis faire des activités avec les amis.
03:30 J'ai des amis qui pêchent, il y a une salle à côté du bateau où ils pêchent.
03:34 Ça me fait une visite sociale.
03:36 Oui, je suis un gars solitaire dans la vie,
03:37 mais on a tous besoin quand même de communiquer,
03:41 puis de voir du monde.
03:45 Je pense que la société nous véhicule le fait que tu dois aller aux études,
03:48 tu dois travailler, puis tu as la voiture neuve,
03:51 la maison, le chien, les enfants et tout.
03:54 J'ai déjà passé par là, je l'ai vécu.
03:57 J'ai eu des enfants, tout ce que la société véhicule.
04:02 Mais pour moi, ça ne fait pas partie de mon RDN.
04:05 Je n'ai pas envie de travailler, de payer une maison,
04:09 de ce que la société nous véhicule.
04:12 Pour moi, ça fait un non-sens.
04:15 Comme je te dis, ça ne fait pas partie de moi.
04:17 Moi, si le matin, j'ai envie, je lève l'angle,
04:19 puis je m'en vais.
04:20 Je peux m'en aller à Québec, je peux m'en aller en Gaspésie,
04:22 je peux m'en aller où les vents m'amènent.
04:25 Par contre, moi, je n'ai pas le mal de mer,
04:27 mais moi, le mal de terre, ça me touche.
04:29 Comme aujourd'hui, ça me brasse un petit peu.
04:32 Je vois, après une journée, je débarque sur terre,
04:35 mais ça tourne, ça barouette, la tête virouille un petit peu.
04:42 Je suis sur l'eau, pour moi.
04:44 Ça m'apaise.
04:46 C'est ma psychologue, si je peux dire comme ça.
04:49 Ce mode de vie-là, faire en sorte que,
04:51 peu importe ce que le monde a pu dire sur moi,
04:53 ou sur mon mode de vie, ou sur ma famille,
04:57 j'affronte haut et fort ce que les gens véhiculent,
05:02 ce que le monde peut dire.
05:04 Il y a beaucoup de gens qui m'interpellent en me disant
05:06 « Seb, j'aimerais ça le faire. Est-ce que tu peux m'aider? »
05:09 Oui, je peux le faire. Je vais t'aider.
05:11 Il ne faut pas s'arrêter au jugement de un tel ou un tel.
05:16 Ou du fait que tu penses que tu vas avoir froid,
05:19 ou que ça va être dur.
05:20 Il ne faut pas s'arrêter à ça. Il faut y aller.
05:22 Il faut, à un moment donné, se décrocher de la routine
05:23 et se dire que la routine n'existe plus.
05:26 C'est une aventure à chaque jour.
05:28 Cette aventure-là te fait grandir autant émotionnellement,
05:32 psychologiquement, que physiquement.
05:34 [Musique]