Mort de Nahel : "l'état d'urgence serait un aveu d'échec", affirme Olivier Klein

  • l’année dernière
Après la marche blanche organisée hier suite à la mort de Nahel, tué par un policier, Olivier Klein, ministre délégué à la Ville et au Logement et Fatiha Abdouni, cofondatrice de l'association Les Mamans des Pablo à Nanterre sont les invités du 8h20.

Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien

Category

🗞
News
Transcript
00:00 avec Yael Ghosn, nous recevons ce matin dans le grand entretien du 7 9 30, le ministre
00:04 délégué à la ville et au logement. Question réaction au 01 45 24 7000 et sur l'application
00:11 de France Inter. Olivier Klein, bonjour. Et bienvenue à ce micro, malgré un déploiement
00:17 de force spectaculaire, 40 000 policiers et gendarmes mobilisés, la nuit a été marquée
00:22 par une nouvelle vague de violence en région parisienne mais aussi à Toulouse, Nantes,
00:26 Lyon, Vénitieux, Pau, Orléans, Marseille, 12 bus brûlés dans un dépôt à Aubervilliers,
00:32 à Roubaix un incendie a ravagé un bâtiment industriel de la Redoute. Je m'arrête là,
00:38 question simple, quel bilan faites-vous de cette nuit ? A-t-elle été pire que la précédente
00:43 ? D'abord, je veux rappeler la tristesse et l'émotion du gouvernement après la mort
00:49 d'un jeune homme de 17 ans qui est les raisons de cette colère qui s'exprime. Oui, la nuit
00:56 a été très difficile, il faut le reconnaître. Pire que la précédente ? Probablement, probablement
01:02 en nombre de bâtiments attaqués, de mobilisation et en même temps il y avait une très forte
01:08 mobilisation des forces de l'ordre que je salue qui ont fait un travail difficile, des
01:11 fonctionnaires, des élus locaux qui ont été présents sur le terrain. En nombre d'interpellés
01:15 aussi, on en compte 667 ? Oui, il y a un nombre d'interpellations extrêmement important
01:20 parce que la méthodologie de la police cette nuit était différente, il y avait cette
01:24 volonté maintenant de rompre avec cette spirale de la violence parce que la violence elle
01:29 est injustifiable. Oui, il y a de la colère, il faut l'entendre, il faut la comprendre
01:33 mais les mots qu'ont été ceux du président de la République, de la première ministre,
01:37 de moi-même en direction de la famille de Nahel sont des mots justes. La justice est
01:43 en route, le gardien de l'appel policier a été mis en examen et placé en détention
01:51 provisoire donc moi vraiment j'appelle au calme parce que la République a besoin de
01:56 calme, les quartiers populaires ont besoin de ce calme, n'allons pas prendre des risques
01:59 d'avoir un nouvel accident. On ne peut pas casser son propre quartier, les bibliothèques,
02:04 les écoles, c'est ce qui fait la force de ces quartiers, l'éducation, l'accès à
02:10 la culture. Alors on va venir à ces différents points mais factuellement d'abord sur la nuit
02:15 des magasins, des supermarchés ont été attaqués et pillés, qu'en est-il des bâtiments
02:20 publics, y en a-t-il eu aussi et combien ? Oui alors on est encore en train d'évaluer,
02:26 il y a eu un nombre de bâtiments publics attaqués assez important, notamment des mairies, des
02:31 commissariats, des polices municipales et puis à un moment dans la nuit des attaques
02:37 en direction de magasins, des pillages, donc des scènes inqualifiables. Je veux le redire,
02:42 ce sont des scènes inqualifiables, injustifiables à ce titre. Y compris sur votre ancienne
02:47 mairie, vous étiez maire de Clichy-sous-Bois, y compris à Clichy-sous-Bois. Oui y compris
02:51 à Clichy-sous-Bois, beaucoup d'événements ont eu lieu en Seine-Saint-Denis, la bibliothèque
02:56 de Clichy a été abîmée cette nuit, il y a eu des attaques en direction de la mairie,
03:01 fort heureusement sans dégradation importante, mais c'est pas le plus important que ça
03:05 se passe à Clichy-sous-Bois, ça se passe partout et notre mobilisation, la mobilisation
03:08 du gouvernement pour que ça cesse mais qu'en même temps on reste attentif à pourquoi
03:13 ça a démarré et respecter le deuil, c'est ça qui me paraît le plus important aujourd'hui,
03:18 respectons le deuil de cette famille et le deuil de cette famille passe par un retour
03:21 au calme, la mobilisation de tous les adultes dans nos quartiers pour rappeler à ce retour
03:26 au calme. On poursuit sur le bilan de la nuit, bilan factuel, y a-t-il eu des blessés ?
03:29 Y a eu 28 blessés cette nuit, vous savez on est encore tôt le matin, y a une cellule
03:37 qui se réunit, l'ensemble des chiffres seront donnés par le ministre de l'Intérieur
03:41 dans quelques minutes, mais oui y a eu des blessés, des blessés légers fort heureusement
03:46 parce que c'est aussi la crainte, un accident sur l'accident, on sait que ça pourrait
03:50 avoir des conséquences encore extrêmement désastreuses.
03:53 Il y a eu des consignes passées justement pour éviter le surincident et ne pas aller
03:56 au contact de manière trop brutale de la part des forces de l'ordre, quelles ont été
04:00 les consignes passées dans la nuit ?
04:01 Non mais la consigne c'est toujours d'éviter d'avoir des jeunes qui sont blessés ou des
04:08 policiers qui sont blessés, les policiers ont fait un travail remarquable et difficile
04:12 tout au long de la nuit, donc oui évidemment la consigne de base c'est d'éviter qu'un
04:17 jeune soit blessé et y a des risques, c'est pour ça que moi je suis extrêmement mobilisé
04:22 sur ce retour au calme.
04:23 En 2005, le gouvernement vilpain lors des précédentes grandes émeutes de banlieue,
04:27 le gouvernement vilpain avait attendu 12 nuits de violences urbaines pour déclencher l'état
04:32 d'urgence dans 25 départements dont toute la région Île-de-France, c'était une
04:36 première depuis la guerre d'Algérie.
04:38 Hier des appels à déclencher l'état d'urgence sans délai ont été émis à droite par Éric
04:43 Ciotti, à l'extrême droite par Éric Zemmour, que leur répondez-vous sur ce point ?
04:47 C'est pas le temps de la polémique, ce qu'il faut c'est regarder quel est le plus utile
04:54 pour le retour au calme.
04:55 Moi je crois à la responsabilité des adultes dans ce moment, des parents, des élus locaux,
05:00 des associations et puis ensuite on verra quels sont les meilleurs moyens pour atteindre
05:07 ce retour au calme.
05:08 Pourquoi c'est pas le bon moyen d'y revenir au calme, en état d'urgence ?
05:11 Parce que c'est d'abord un aveu d'échec, enfin c'est mon sentiment et donc on a aujourd'hui
05:17 je crois encore d'autres pistes.
05:19 Lesquelles ?
05:20 Parler, convaincre que l'action du gouvernement permet ce retour au calme, la colère elle
05:29 est entendue et elle est entendable mais cette colère ne doit pas se retourner contre son
05:33 propre quartier.
05:34 Qu'est-ce qu'on gagne ?
05:35 Qu'est-ce que les enfants de Clichy-sous-Bois qui ont utilisé cette bibliothèque depuis
05:37 des jours pour préparer leur baccalauréat, leur brevet des collèges, ont gagné à ne
05:42 pas pouvoir y retourner dès cet après-midi pour continuer à travailler.
05:46 Donc moi je le dis et ça sera évidemment le sens et cet après-midi les élus locaux
05:52 vont continuer à travailler partout en France j'en suis certain pour parler.
05:55 Mais l'état d'urgence n'est pas sur la table pour le moment ?
05:58 Écoutez c'est de la responsabilité du Président de la République et de la Première
06:02 Ministre et de nous tous avec le ministre de l'Intérieur de réfléchir aux meilleurs
06:05 outils.
06:06 On verra comment les choses évoluent dans les jours qui viennent.
06:08 Toute la journée d'hier Olivier Klein, vous les ministres, les membres du gouvernement
06:11 vous avez défilé devant des bâtiments publics pris pour cible pendant les émeutes.
06:15 Par exemple Éric Dupond-Moriti qui était à la prison de Frêne, Elisabeth Borne devant
06:19 la mairie incendiée de Garges-les-Guenesses.
06:21 Le message c'était de ne pas vous tromper de cible.
06:23 Le message n'a pas été entendu.
06:26 Donc vous dites, nous on fait l'effort de l'apaisement mais derrière ça ne suit
06:29 pas ?
06:30 Oui, on ne peut pas dire que cette nuit a été calme.
06:34 Mais pourquoi ? On ne peut pas renoncer à cet objectif normal de retour au calme.
06:39 Et j'appelle à la responsabilité de tout un chacun.
06:41 Aujourd'hui on ne peut pas avoir un discours qui est autre que celui-là.
06:45 Même après deux nuits d'émeute et autant de dégâts ?
06:47 Mais parce qu'on ne va pas renoncer et on va continuer.
06:50 On va travailler à avoir ce retour au calme.
06:53 On va continuer à mobiliser les forces de police qui font un travail remarquable.
06:56 On va continuer à mobiliser les médiateurs dans nos quartiers et les associations.
06:59 Moi j'en appelle aux parents à Clichy et ailleurs.
07:02 On a vu des jeunes, très jeunes dans nos quartiers en train de s'attaquer aux équipements
07:06 publics.
07:07 D'abord se mettre en danger eux-mêmes, mettre en danger la police.
07:10 Et donc moi j'en appelle à la responsabilité de tout un chacun.
07:13 Et les parents, aucun enfant ce soir, aucun jeune ce soir dans la rue.
07:17 Oui, mais cet état d'urgence c'est le nôtre.
07:20 C'est à nous de s'appliquer.
07:21 Mais donc il faut un couvre-feu partout si on vous suit ?
07:22 Mais un couvre-feu, c'est d'abord est-ce qu'on est capable de le faire appliquer,
07:28 de le faire respecter ?
07:29 Et est-ce que ça ne donne pas envie d'avoir une espèce de sur-enchaire ?
07:32 Donc trouvons les bons moyens, les moyens de l'apaisement.
07:34 Et moi j'y contribue avec l'ensemble des élus locaux.
07:38 On va rencontrer dans le cadre du Conseil interministériel de la Ville en fin de matinée
07:42 des élus, des militants associatifs.
07:44 Ce Conseil interministériel de la Ville était prévu et ça sera encore un temps d'échange
07:47 et de réflexion sur ce qui est le meilleur moyen pour aller vers ce retour.
07:50 Il y a encore factuellement l'hypothèse de couvre-feu au pluriel et sur la table, Olivier
07:57 Klein.
07:58 J'ai vu que des hier des maires l'ont proposé.
08:00 On va échanger.
08:01 À un niveau supérieur.
08:03 On va échanger avec les préfets pour voir ce qui leur est utile pour maintenir le calme.
08:09 Et des décisions seront prises aujourd'hui en fonction des quartiers et des moyens souhaités
08:14 par les préfets, les élus locaux pour accompagner ce nécessaire retour au calme.
08:18 Dans la nuit de mercredi à jeudi, on l'a beaucoup dit, les violences et les dégradations
08:23 ont visé des lieux symboliques, des services publics.
08:26 Garge-Légonnes y a elle en parlé.
08:27 C'est la mairie qui a été incendiée.
08:30 Des écoles ont été visées, des postes de police sur tout le territoire.
08:33 École, commissariat, mairie.
08:35 Pour vous, Olivier Klein, qu'est-ce que cela dit ? C'est une rupture avec l'État ?
08:40 Moi je crois d'abord qu'on ne peut pas laisser penser qu'on n'a rien fait dans ces quartiers.
08:46 On entend trop depuis quelques jours la politique de la ville, ça ne marche pas.
08:50 Dans ces quartiers, on a beaucoup investi.
08:52 Le gouvernement précédent, la politique de la ville, elle a 40 ans.
08:55 Mais néanmoins, je crois qu'on n'a pas investi assez vite.
08:58 On a aussi des populations qui changent.
09:02 On le sait, dans ces quartiers, les populations, quand elles vont mieux, elles quittent ces quartiers.
09:06 Et donc on a cette nécessité à donner envie aux habitants des quartiers populaires d'y rester.
09:10 Parce que ceux qu'on accompagne, qui vont mieux et qui quittent ces quartiers,
09:13 et bien sont toujours remplacés par des populations plus difficiles, plus fragiles,
09:17 et qui sont impatients, à juste titre, de voir les choses changer pour eux.
09:20 La bibliothèque de Clichy-sous-Bois qui a été abîmée cette nuit,
09:23 c'est une bibliothèque qui a été refaite grâce à l'argent de l'Agence nationale du renouvellement urbain,
09:28 grâce à l'argent de la région. Donc on investit en permanence.
09:31 On a inauguré un conservatoire à Garges,
09:34 on a inauguré le cube qui est un magnifique équipement culturel.
09:37 Donc on fait des choses, mais il reste une rancune parce que les choses ne vont pas assez vite,
09:41 parce qu'on a le sentiment, quand on habite dans ces quartiers, d'être discriminés.
09:44 Et ça aussi, ça fait partie des enjeux que le président de la République a commencé à détailler à Marseille.
09:49 Cette lutte contre les discriminations, le testing,
09:51 pour qu'on se sente complètement au cœur de la République quand on habite un quartier populaire.
09:56 Et pourtant, Olivier Klein, la politique de la ville est souvent considérée comme l'angle mort
10:00 de la politique d'Emmanuel Macron, par de nombreux élus, par de nombreux acteurs du secteur.
10:04 On se souvient du grand coup de gueule de Jean-Louis Borloo en 2018,
10:07 quand le président avait enterré son plan pour les banlieues.
10:11 En 2017, sa promesse était un projet d'émancipation pour les quartiers populaires.
10:15 Son ennemi, c'était, c'est toujours, l'assignation à résidence.
10:19 Est-ce que vous avez le sentiment que l'assignation à résidence a reculé depuis 6 ans ?
10:23 D'abord, j'ai le sentiment qu'on a beaucoup fait pour les quartiers depuis 6 ans.
10:27 Et franchement, je ne serais pas là si je n'avais pas ce sentiment-là.
10:30 Quand j'ai pris la présidence de Lanru en 2017, le gouvernement Hollande avait mis 5 milliards.
10:34 Quand j'ai terminé mon mandat de président de Lanru, il y avait 12 milliards.
10:37 On a multiplié par plus de 2.
10:39 Les CP à 12, les CPE1, l'action...
10:42 - Retitre-nous, c'est les classes de CP ?
10:43 - Les classes de CP, les classes de CPE1, les grandes sections de maternelle, dédoublées.
10:47 Ça produit un effet fantastique sur l'apprentissage des enfants dans nos quartiers.
10:51 Les cités éducatives, qui étaient au cœur du travail de Jean-Louis Borloo.
10:54 Ce moyen de faire travailler ensemble l'école, les associations, les clubs sportifs, l'État.
11:00 Comme dit Jean-Louis, il faut toute une ville pour élever un enfant.
11:04 C'est ça, les cités éducatives. Et ça marche.
11:06 Par exemple, dans les annonces du président de la République à Marseille,
11:09 c'est la multiplication des cités éducatives dans toutes les villes où il y a un quartier en politique de la ville.
11:14 On en avait 200, on en aura 600.
11:17 Parce qu'on sait ce qui marche, il faut aller plus vite, il faut aller plus loin.
11:20 Et la politique de la ville, elle produit ses fruits.
11:22 On ne peut pas penser que ça ne marche pas, parce qu'on le voit.
11:25 Quand on est, comme moi, un acteur de ce quartier, quand on y vit, on voit la différence.
11:29 Mais oui, il y a encore tellement à faire et surtout, il faut que ça aille plus vite.
11:33 Mais ce sentiment d'assignation à résidence, est-ce que vous pensez qu'il a reculé en six ans ?
11:40 D'abord, les quartiers populaires sont différents.
11:43 C'est aussi le sens de ce que je porte dans Quartier 2030.
11:46 Chaque quartier populaire doit avoir son action en phase avec la réalité de ce quartier.
11:51 Faire de la politique de la ville à Pissevin à Nîmes,
11:53 ce n'est pas la même chose qu'au Bosquet à Montfermeil ou à Mamoudzou à Mayotte.
11:57 Et donc, ce qu'on veut, c'est construire du sur-mesure.
11:59 Donc, il y a des endroits où l'assignation à résidence a reculé, bien évidemment,
12:03 et d'autres moins.
12:04 Notamment, les grandes copropriétés restent des lieux d'assignation à résidence
12:07 parce que c'est les lieux où on accueille les plus pauvres.
12:09 Et je crois qu'un des enjeux du temps qui vient, c'est d'aller plus vite, plus loin,
12:13 dans le règlement des grandes copropriétés dégradées qui accueillent les plus pauvres.
12:17 On stigmatise trop souvent le logement social.
12:20 Le vrai lieu du problème aujourd'hui, c'est la copropriété dégradée qui accueille les plus fragiles.
12:23 Et dans moins d'une heure, vous serez à Matignon,
12:25 et non pas à Chantouley-Vigne comme c'était prévu initialement.
12:28 Matignon qui accueille le Comité interministériel sur la politique de la ville,
12:32 avec un plan "Quartier 2030".
12:34 Dites-nous ce qu'il y a dedans, dans ce plan.
12:35 Qu'est-ce que vous allez en faire de cette réunion, dans ce contexte très particulier des moutes urbaines ?
12:40 D'abord, dans ce contexte très particulier, cette réunion va être le moment
12:44 pour continuer à échanger avec les élus,
12:47 les associations actrices de la politique de la ville,
12:50 de cette situation extrêmement difficile que l'on vit,
12:56 au fond du cœur, je dirais, pour les acteurs de la politique de la ville.
12:59 Donc d'abord, il va y avoir ce temps d'échange pour réfléchir ensemble
13:02 à ce qu'on peut faire là pour le retour au calme.
13:04 Et puis, il y a ce grand plan "Quartier 2030" qui permet
13:08 d'aller plus loin de ce que l'on a déjà fait.
13:09 Je parlais des cités éducatives, le président de la République l'a dit,
13:13 la scolarisation précoce.
13:15 Je suis désolé de parler souvent d'école, mais tout commence par l'école.
13:18 Les collèges, les enfants, le collège ouvert de 8h à 18h,
13:23 pour qu'il n'y ait pas des enfants en déshérence le soir après l'école,
13:27 pour qu'on accompagne le devoir, qu'on soit en rupture
13:31 avec les difficultés d'apprentissage des enfants de ces quartiers.
13:35 Et puis, un grand plan autour de l'emploi, de l'entreprenariat,
13:38 parce qu'on croit à l'émancipation, à la lutte contre l'exclamation.
13:43 On croit à l'énergie de ces quartiers et non seulement on y croit,
13:45 mais on aime ces quartiers.
13:46 Le président... Nous étions à Marseille il y a quelques jours.
13:49 Regardez les images, la manière dont le président de la République
13:52 est accueilli dans ces quartiers, la manière dont on peut échanger,
13:55 la manière dont il y a une énergie dans ces quartiers.
13:57 Et donc, il faut accompagner cette énergie,
13:59 donner les moyens aux jeunes des quartiers d'avoir la meilleure école possible,
14:03 le meilleur collège possible et les moyens de l'émancipation.
14:06 Et puis, de trouver un emploi.
14:08 Et il y a cet appel aux entreprises, 5000 entreprises qui vont accompagner
14:13 les jeunes à trouver un emploi.
14:14 100 000 entrepreneurs dans les quartiers que l'on souhaite avoir.
14:18 C'est un plan qui poursuit l'action de la politique de la ville.
14:21 Moi, je suis un ouvrier de la politique de la ville.
14:23 Je veux continuer cette action.
14:25 L'amplifier, mais aussi dire que beaucoup a déjà été fait.
14:28 Mais ça reste difficile, on ne peut pas le nier.
14:30 On voit ce qui se passe en ce moment dans nos quartiers.
14:32 Et on doit continuer à travailler ensemble.
14:33 On va aller au Standard Inter où Didier nous attend et nous appelle de Bron.
14:37 Bonjour Didier, bienvenue.
14:39 Bonjour à notre France Inter, qui est un peu notre lien social.
14:43 C'est gentil, merci. C'est le vôtre.
14:45 Oui, merci. Ce qui est notre bien commun.
14:49 Ce que je voulais déjà indiquer, c'est peut-être demander aux ministres
14:54 ce qu'ils ont loupé, ce que le quinquennat précédent
14:58 et ce quinquennat sont en train de louper.
15:00 J'ai deux faits.
15:02 La réponse très désinvolte du président de la République au rapport Bourloux.
15:08 Là, le président le cite, mais il n'a pas été repris la fois dernière.
15:14 Au dernier quinquennat, il aurait pu être un élément très moteur.
15:18 Effectivement, il réunissait tous les acteurs.
15:21 Et le deuxième fait, et là encore, les personnes sont venues sur France Inter,
15:27 ça a été le CNR, le CNR Logement Social, où tous les acteurs,
15:31 et c'est quand même rare, les promoteurs comme les acteurs du public associatif
15:36 étaient d'accord pour des vrais engagements, il n'y en a pas eu.
15:39 Et là encore, on s'aperçoit que le président de la République,
15:44 qui aime bien se mettre en scène sur plein de sujets,
15:47 ne s'est jamais mis en scène.
15:48 Alors on parle de Marseille, mais c'est Marseille avant les quartiers Nord,
15:52 en scène sur le logement social.
15:55 Et ça, effectivement, j'aimerais que le ministre nous en parle.
15:59 Et un dernier fait, moi ma vision quand même,
16:02 c'est que le président de la République est un vieux jeune
16:07 et qu'il croit simplement à la main invisible du marché.
16:11 Merci de votre réponse.
16:13 Voilà pour les trois points Didier, merci.
16:15 Olivier Klein vous répond rapidement s'il vous plaît.
16:18 Alors le Conseil National de la Refondation du Logement,
16:20 ça a d'abord été de tout le logement, pas seulement du logement social,
16:22 et ça a été un moment de grande réflexion sur ce qu'on peut faire.
16:27 Et il y a eu beaucoup d'annonces, notamment...
16:30 Et de déceptions.
16:31 Et de déceptions, mais surtout,
16:34 vous savez, moi je retiens le travail qui a été mené en commun,
16:36 et surtout que ce n'est pas un point final,
16:37 on continue à travailler avec Emmanuel Cozz, avec l'Union Sociale de l'Habitat,
16:41 à construire, à relancer le logement.
16:43 47 000 logements vont être construits grâce au CNR,
16:47 à l'action d'Action Logement, à l'action de la Caisse des dépôts.
16:49 Et puis la politique de la ville, elle n'est pas loupée.
16:52 Heureusement qu'il y a cette politique de la ville.
16:54 Où en serait-on si elle n'avait pas existé depuis 40 ans ?
16:56 Et depuis le quinquennat précédent, je le redis,
16:59 mais retenons ce que c'est que dédoubler les classes préparatoires
17:03 de nos enfants dans les écoles des quartiers populaires.
17:06 Retenons ce que c'est de passer de 5 à 12 milliards
17:09 pour l'Agence Nationale de la Rénovation Urbaine.
17:11 La problématique des quartiers populaires, c'est le temps.
17:13 Là où on doit réussir, c'est diviser le temps,
17:16 faire qu'on aille plus vite, que les habitants de ces quartiers
17:18 sentent que ça change vraiment chaque jour, qu'on vit mieux que la veille.
17:21 On est en ligne maintenant avec Fatia Abdouni, que je salue.
17:25 Bonjour, vous êtes cofondatrice de l'association
17:29 "Les Mamans des Pablos" à Nanterre.
17:32 Association que vous avez créée il y a 7 ans,
17:36 qui regroupe une centaine de maires du quartier Pablo Picasso.
17:39 C'est le quartier de Nahel.
17:41 Cette association accompagne les maires au quotidien
17:44 dans les démarches administratives notamment.
17:46 Quelle question voulez-vous poser au ministre ce matin ?
17:50 Pour y aller, parce que je sais que je n'ai pas beaucoup de temps.
17:53 Bonjour messieurs, monsieur le ministre.
17:57 Voilà, comme il a dit le monsieur, ça fait des années que je m'implique
18:02 en tant qu'habitante dans le quartier.
18:04 Il faut y aller droit au but.
18:06 Ça fait deux ans que l'aide de l'Etat est supprimée à la mairie de Nanterre.
18:09 Monsieur Jarry, le maire de Nanterre, il est dévoué à sa ville,
18:13 mais il ne peut pas tout faire.
18:14 Je souhaite, monsieur le ministre,
18:17 faire des calculs par rapport à l'enveloppe du contrat de ville
18:20 qui a été donné à Nanterre.
18:21 On arrive à ce que l'Etat donne par habitant 14 euros.
18:25 Est-ce que vous pensez qu'avec 14 euros,
18:27 on peut régler les problèmes de pauvreté,
18:30 pré-crété, de discolorisation, de dissocialisation,
18:34 de l'inégalité à l'emploi, l'inégalité à l'information ?
18:37 Monsieur le ministre, rapprochez-vous du secteur du terrain.
18:41 Rapprochez-vous, on a besoin de moyens pour qu'on soit efficace dans nos actions.
18:46 On vous entend très mal, Fatiha.
18:48 La ligne est mauvaise, Fatiha, malheureusement,
18:52 mais on a compris qu'il y avait dans le contrat de ville
18:57 14 euros par habitant.
18:59 Est-ce vraiment suffisant ?
19:01 Demandez-vous à Olivier Klein pour régler la masse des problèmes
19:05 auxquels vous êtes confronté.
19:08 Olivier Klein vous répond.
19:09 D'abord, je voudrais, à travers cette question,
19:11 souligner le rôle déterminant des associations dans nos quartiers.
19:14 Et mon objectif, l'objectif de Quartier 2030,
19:17 c'est d'aider plus les associations et mieux les associations,
19:20 leur simplifier la vie,
19:21 avoir des conventions pluriannuelles
19:23 pour que les associations arrêtent de passer leur temps
19:25 à demander une subvention tous les ans,
19:26 à faire des bilans tous les ans,
19:28 et que les associations soient mobilisées pour avoir du temps.
19:30 Et puis je voudrais dire, parce que c'est une association
19:32 autour de la parentalité, si j'ai compris,
19:34 le rôle déterminant des mamans, des papas,
19:37 et en particulier dans cette période de retour au calme,
19:40 on a besoin de tous, et en particulier des parents,
19:43 pour dire aux enfants "stop, maintenant,
19:46 c'est votre quartier que vous abimez, votre colère, elle est légitime,
19:48 mais ne vous en prenez pas à la voiture de vos voisins,
19:50 ne vous en prenez pas à votre école".
19:52 Et on a vraiment besoin des parents dans ce moment si particulier.
19:55 La nation regarde les quartiers populaires.
19:58 Si on ne veut pas faire le jeu du Rassemblement National,
20:02 de l'extrême droite, en donnant encore cette image
20:04 "il ne s'est rien passé dans ces quartiers,
20:06 ça ne sert à rien de mettre de l'argent dans ces quartiers",
20:08 eh bien il faut que ça cesse.
20:09 Et c'est notre responsabilité collective,
20:11 en particulier la responsabilité des adultes.
20:13 - Et puis Olivier Klein, il y a la question aussi du maintien de l'ordre
20:16 qui reste posée, la relation entre la police et la population.
20:20 La loi de 2017 sur le refus d'obtempérer
20:22 est pointée du doigt depuis le début de la semaine.
20:25 Yael Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée,
20:28 envisage d'en faire l'évaluation.
20:29 Les élus de gauche qui étaient présents hier à Nanterre
20:31 dans la Marche Blanche disent qu'abroger cette loi,
20:34 ce serait le premier geste à faire.
20:35 Qu'est-ce que vous leur répondez ?
20:38 - Écoutez, il y a un cadre aujourd'hui, ce cadre il existe.
20:41 On voit que dans ce cadre-là, la justice,
20:43 qui a été saisie sur la mort de Naël,
20:47 a démontré que ce cadre n'est pas, semble-t-il, respecté.
20:50 Il y a une mise en examen, on va laisser la justice faire son travail,
20:53 et un policier qui se retrouve en détention provisoire.
20:56 Donc aujourd'hui, il y a ce cadre.
20:59 - C'était une loi socialiste, vous parliez de Manar Casneuve,
21:02 vous étiez socialiste aussi à l'époque.
21:04 - Absolument, parce qu'il y avait un moment où il fallait trouver,
21:09 on était après les attentats,
21:10 et il y avait eu des voitures béliers, etc.
21:13 Et cette loi, si elle doit être évaluée, modifiée, elle le sera.
21:19 - Vous souhaitez son évaluation ?
21:20 - Mais ce n'est pas ma responsabilité.
21:22 Aujourd'hui, on est dans le temps du travail,
21:25 le temps du deuil et le temps de la justice.
21:28 Et aujourd'hui, on le voit, dans ce cadre de cette loi, la justice passe
21:32 et agit, comme le souhaite le président de la République, la première ministre,
21:35 avec célérité.
21:36 Donc il y a un cadre, il existe, de toute façon, vous savez comme moi,
21:39 que les lois sont modifiées, mais pas de manière rétroactive.
21:42 Donc soyons dans le temps qui est celui du présent,
21:44 celui du retour au calme, du respect du décès de ce jeune homme.
21:49 - Et vous n'êtes pas fermé à sa modification ?
21:51 - Mais je ne suis pas fermé à tout ce qui permet qu'à ce pays aille mieux
21:55 et qu'on vive dans la tranquillité et la sérénité,
21:59 et qui permettent à la police de bien faire leur travail.
22:01 Parce que les relations police-population sont essentielles.
22:04 On est dans un État de droit, dans une démocratie.
22:06 La police doit se sentir comme un poisson dans l'eau,
22:08 dans les quartiers, tous les quartiers, et en particulier les quartiers populaires.
22:11 - Une question de Gilles, sur l'application de France Inter,
22:15 une question cash que je vous pose telle que je la lis.
22:18 Faudra-t-il créer des milices pour nous protéger, comme aux États-Unis,
22:23 puisque vous perdez votre temps à ne pas savoir comment faire ?
22:27 - Bien sûr que non.
22:28 Bien sûr que non.
22:30 Ce pays a la chance d'être... - Vous entendez cette question ?
22:32 - Mais j'entends parce que les images sont choquantes.
22:35 Elles nous choquent tous.
22:37 Mais ce pays a la chance d'être une démocratie,
22:39 a la chance d'être un État de droit.
22:41 Je n'ai pas le sentiment qu'aux États-Unis, comme le souligne Monsieur,
22:44 on n'ait pas des drames réguliers dans des écoles, des choses insupportables.
22:49 Donc oui, ce pays est un État de droit.
22:51 La police doit travailler, les associations doivent travailler.
22:54 On doit tous se mobiliser pour le retour au calme.
22:57 On doit tous se mobiliser.
22:58 Vous savez, la police est présente sur, par exemple, la ville de Montfermé,
23:01 un centre de loisirs jeunes qui est mené par des policiers
23:03 qui marchent depuis des années dans la ville voisine.
23:06 Et une opération comme Raid Aventure,
23:09 qui permet à des policiers de rencontrer des jeunes dans nos quartiers,
23:12 mener des associations.
23:13 Et là, l'été commence.
23:14 Moi, ma responsabilité maintenant, c'est de travailler
23:16 pour que les enfants des quartiers populaires
23:18 continuent à avoir des vacances.
23:20 On parlait de ce qu'a fait le gouvernement et le plan Borloo.
23:22 Les vacances apprenantes, les colos apprenantes, c'est remarquable.
23:25 Moi, j'ai multiplié par deux le nombre d'enfants qui partent en vacances
23:28 depuis le Covid grâce aux vacances apprenantes.
23:31 Et oui, le droit aux vacances est fondamental.
23:32 L'été approche et on travaillera là-dessus.
23:34 - Vous étiez, on le rappelle, maire adjoint de Clichy-sous-Bois
23:38 lors des grandes émeutes de 2005.
23:40 Redoutez-vous en 2023, c'est ma dernière question,
23:44 de voir l'histoire en train de se réécrire ?
23:46 - On est dans une situation dramatique.
23:49 Elle est très différente.
23:51 Les mots du gouvernement, les mots du président de la République,
23:53 les mots de la première ministre sont des mots justes,
23:56 de solidarité envers cette famille,
23:58 de justice qui passe et qui passe vite.
24:01 Donc l'histoire ne brodouille pas.
24:04 Je suis fier des mots employés par le président de la République.
24:09 - Et on entend votre émotion.
24:11 Merci, monsieur le ministre, délégué à la Ville et au logement.
24:15 Merci, Olivier Klein, d'avoir été à ce micro ce matin.

Recommandée