Aujourd'hui, Juliette nous parle d'un classique de la littérature américaine : Les Quatre Filles du docteur March de Louisa May Alcott.
Retrouvez toutes les chroniques de Juliette Arnaud dans « C'est encore nous ! » sur France Inter et sur https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-de-juliette-arnaud
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AmusantTranscription
00:00 C'est Juliette Arnaud, donc aujourd'hui votre classique, les quatre filles du Dr.
00:04 March de Louisa May Alcott, autrice américaine de la moitié du 19ème.
00:10 Tout à fait.
00:11 Alors après ça, les classiques ? Y'a pas de vanne, moitié du 19ème, tout le monde
00:16 est mort de rire.
00:17 Vous avez fait semblant de réfléchir.
00:18 Oui, c'est ça qui est d'une sorte.
00:19 J'essaie de me rappeler.
00:20 C'est pire de la réfléchir si vous aviez bien dit.
00:22 C'est ce qui nous a fait rire.
00:24 Parce qu'en fait, on réfléchit.
00:26 On trouve que c'est mieux pour faire cette émission.
00:30 A propos des classiques, on a tous notre petit avis, même si on l'a pas lu le classique
00:34 en question.
00:35 Surtout si on l'a pas lu.
00:36 Madame Bovary, c'est chiant et c'est pour les filles.
00:37 La recherche du temps perdu, c'est chiant et c'est super long.
00:40 La guerre et la paix, c'est chiant, c'est super long et c'est russe.
00:43 Les quatre filles du Dr March, comme beaucoup d'autres, je l'ai lue à l'adolescence,
00:48 les hormones à bloc.
00:49 Et je l'ai relue pour l'émission, en pleine et nouvelle divagation hormonale.
00:53 Comme quoi, la vie s'est bien foutue, on ne s'ennuie jamais.
00:56 La vérité, c'est que ce roman, c'est pas du tout la Comtesse de Ségure.
01:01 La vérité, c'est que c'est un roman de guerre.
01:02 Alors laquelle, la guerre de sécession.
01:04 Mais vu que c'est pas un homme qui écrit, c'est le point de vue de l'arrière.
01:08 En l'occurrence, Louisa May Alcott a écrit son histoire trois ans après la fin de la
01:12 guerre de sécession.
01:13 Pendant la dite guerre, elle pouvait pas écrire l'écrivaine, puisque fille du Nord, abolitionniste,
01:17 elle s'était engagée comme infirmière.
01:19 L'autre grand roman de cette guerre a été également écrit par une femme, Margaret
01:24 Mitchell.
01:25 Il s'appelle "Autant n'emporte le vent".
01:26 Mais lui, il a été encréé en 1936.
01:28 Et puis la romancière, c'est une fille d'Atlanta, une fille du Sud.
01:31 Elle raconte l'histoire d'une seule fille, pas quatre.
01:34 Une fille pas du tout abolitionniste.
01:36 Mais au centre de l'intrigue, il y a cette fille, Scarlett O'Hara, qui fait un serment
01:39 devant ses terres incendiées, sa maison pillée, sa mère morte, son père devenu zinzin de
01:43 douleur, elle à moitié folle de faim.
01:45 Scarlett O'Hara dit "je jure devant Dieu que je ne connaîtrai plus jamais la fin,
01:50 ni moi-même, ni les miens, du sais-je mentir, voler, tricher ou tuer, je jure devant Dieu
01:56 que je ne connaîtrai plus jamais la fin".
01:58 Et je vous raconte pas ça parce que c'est ma scène préférée au monde du cinéma
02:01 mondial.
02:02 Oui, je sais, je m'entraîne depuis très longtemps.
02:05 Mais parce que Louisa Amia Elkott, à l'âge de 15 ans, s'est promis exactement la même
02:09 chose.
02:10 Sans doute de façon moins grandiloquente, mais elle l'a verbalisée et elle l'a fait,
02:14 grâce à ce roman incroyable "Les 4 filles du Dr March".
02:17 Elle a sorti de sa famille de la pauvreté, dans laquelle les erments de son père les
02:20 avaient plongés, elle, ses soeurs et sa mère.
02:24 À 15 ans, on a toutes voulu être Jo, Joséphine, dans "Les 4 filles du Dr March".
02:30 Celle qui veut écrire, celle qui veut faire tout comme les garçons, celle qui connaît
02:33 son épouvantable caractère.
02:35 Je cite Jo March "Quand je perds la tête, je suis capable de tout.
02:38 Je crois que je pourrais m'acharner sur quelqu'un et y prendre plaisir".
02:41 Jo, Scarlett, vous le voyez apparaître l'air de famille.
02:45 Et c'est pour ça que c'est important de relire.
02:47 De re-lire.
02:48 Pour savoir si on est devenu à peu près la personne qu'on voulait être.
02:52 Écrire avec un mauvais caractère, bon ben j'ai réussi ma vie.
02:55 Pour apprendre aussi celle qu'on a envie d'être pour les années qui nous restent.
02:59 Quelle soeur ? Est-ce que j'ai envie maintenant d'être Meg, qui comme leur mère a envie
03:03 de marier un jeune enfant ? Est-ce que j'ai envie d'être Amy, qui a envie de briller
03:07 absolument dès qu'elle a eu le meilleur Instagram ? Ou Bette ?
03:10 Bette, c'est la petite, la douce, la timide.
03:13 Celle qui récupère toutes les poupées cassées de ses soeurs pour leur faire un hôpital
03:16 dans sa chambre.
03:17 Et qui promène les poupées cassées tous les jours pour leur faire prendre l'air.
03:19 Bette, c'est la soignante.
03:21 Et puis évidemment, elle va tomber gravement malade dans le roman.
03:23 C'est en fait le nœud de l'intrigue du roman.
03:25 Parce que Bette a chopé sa maladie en soignant le bébé d'une famille encore plus pauvre
03:29 que la sienne.
03:30 Et Jo lâche enfin son écriture pour veiller sa soeur.
03:33 Et Jo écoute les plaintes pathétiques que la souffrance arrache à Bette.
03:37 Et enfin, enfin, la forte, la puissante Jo reconnaît, et je la cite, "la valeur du
03:43 désintéressement de sa petite soeur qui ne cherche qu'à vivre pour les autres et
03:46 qu'à créer le bonheur en cultivant d'humbles vertus que tout le monde devrait apprécier
03:50 plus que le talent, la richesse ou la beauté".
03:53 Oui, je sais, c'est pas à la mode.
03:55 Mais le monde ne survit pas au chaos s'il n'y a pas ces femmes-là et ces romans-là.
03:59 Merci, bisous.
04:00 Merci.
04:01 Juliette Arnaud, merci Juliette.
04:03 Est-ce que quelqu'un autour de la table dans son studio a lu ?
04:06 Non.
04:07 Je ne peux pas vous demander qui vous voudriez être ?
04:09 Scarlett O'Hara.
04:10 Je vais être Juliette Arnaud.
04:11 On m'a dit je vais être Juliette Arnaud, magnifique.
04:12 Merci beaucoup ma chère Juliette.
04:13 Tous vos classiques sont à réécouter en balade de diffusion sur le site de France
04:25 Inter ou sur Youtube, bien sûr.