• l’année dernière
Canicule : "Cela fait plusieurs mois que l’on prépare cette période estivale de vagues de chaleur. On a appris de 2003. On se mobilise dans les Ehpads et pour les personnes qui sont à domicile, la clé de la résilience, c’est le lien social", explique Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées.

Pour suivre toute l'actualité politique et parlementaire, abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/user/publicsenat?sub_confirmation=1

Retrouvez l'émission intégrale de Bonjour Chez vous ! ici : https://www.publicsenat.fr/emission/bonjour-chez-vous

Abonnez-vous à notre newsletter : https://urlz.fr/iinC

Suivez-nous sur les réseaux sociaux

Facebook : https://www.facebook.com/publicsenat
Twitter : https://twitter.com/publicsenat
Instagram : https://instagram.com/publicsenat
LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/2996809/

Category

📺
TV
Transcription
00:00 Et notre invité politique ce matin, c'est Jean-Christophe Combes.
00:02 Bonjour, merci beaucoup d'être avec nous.
00:04 Vous êtes ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des personnes handicapées.
00:07 On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat avec la presse régionale,
00:11 représentée par Stéphane Vernet de Ouest France. Bonjour Stéphane.
00:13 – Bonjour, bonjour.
00:15 – Jean-Christophe Combes, vous vous occupez de beaucoup de sujets
00:17 qui sont évidemment très concernants pour les Français.
00:20 On va parler de la dépendance, on va parler de la fin de vie,
00:22 on va parler de la petite enfance aussi, puisque c'est des sujets dont vous vous occupez,
00:25 du RSA, mais d'abord, alors qu'il commence à faire chaud et qu'il a fait chaud ces derniers jours
00:31 dans plusieurs régions de France, l'été s'annonce lui aussi avec des températures élevées.
00:36 Quelles mesures allez-vous prendre pour aider les personnes âgées
00:39 à faire face à ces canicules éventuelles ?
00:41 – D'abord, ça fait plusieurs mois qu'on se mobilise pour préparer cette période estivale,
00:46 parce qu'on le sait, ces périodes de vagues de chaleur, elles vont se multiplier,
00:50 elles vont être de plus en plus intenses avec le changement climatique
00:53 et on a appris de ce qu'on avait pas très bien fait en 2003.
00:57 Et donc, on se mobilise, on informe, d'abord dans les établissements,
01:02 pour les personnes âgées, les personnes en situation de perte d'autonomie
01:04 qui sont accueillies en particulier dans les EHPAD, dans les résidences autonomies,
01:08 où on mobilise les professionnels pour protéger les personnes âgées,
01:13 personnes qui risquent des coups de chaleur, qui risquent aussi la déshydratation,
01:17 et donc changer leurs habitudes, les adapter à ces températures,
01:21 donc ça veut dire pouvoir bénéficier de pièces rafraîchies dans ces établissements.
01:26 – Et il y en a dans tous les EHPAD, maintenant ?
01:27 – Il y en a dans tous les EHPAD aujourd'hui, c'est s'hydrater de façon régulière,
01:32 c'est adapter le régime alimentaire, les médicaments, les tenues vestimentaires,
01:37 bref, vraiment s'adapter à ces périodes de forte chaleur.
01:40 Et puis, anticiper aussi ce qui se passe souvent l'été,
01:42 à fortiori en période de pénurie de professionnels,
01:45 c'est d'assurer la continuité de l'accompagnement dans ces établissements,
01:49 en mobilisant d'autres professionnels sur les territoires,
01:51 pour faire en sorte que nos personnes âgées soient bien accompagnées pendant tout l'été.
01:55 – Et pour celles qui ne sont pas en EHPAD ?
01:56 – Pour celles qui sont à domicile,
01:58 la clé de la résilience face à ces vagues de chaleur, c'est le lien social,
02:03 c'est-à-dire qu'on va organiser le repérage des personnes qui sont isolées à domicile.
02:07 Vous savez que depuis 2003, on a mis en place des fichiers canicule,
02:10 qui sont à la main des communes,
02:12 et donc on travaille depuis des mois à l'enrichissement de ces fichiers,
02:16 on mobilise aujourd'hui notamment des jeunes engagés dans le service national universel,
02:20 pour pouvoir enrichir ces fichiers canicule,
02:23 qui vont servir aux services municipaux, aux CCAS, aux associations,
02:26 à appeler les personnes pour leur passer des informations, des recommandations,
02:30 et puis prendre de leurs nouvelles et s'assurer qu'elles ne sont pas…
02:33 – Donc régulièrement, quasi quotidiennement, quand il fait très chaud ?
02:36 – Oui, de façon régulière, en cours de semaine,
02:38 elles-mêmes, elles peuvent appeler en général les services de la ville,
02:41 pour pouvoir être aidées lorsqu'il le faut.
02:44 Et les mêmes consignes que celles que j'ai dictées pour les établissements
02:47 s'appliquent à domicile, il faut garder les volets fermés,
02:51 aérer la nuit pour rafraîchir, adapter aussi son activité,
02:56 son alimentation, boire régulièrement, bref…
02:58 – Vous n'avez pas d'inquiétude particulière ?
03:00 La France est prête à faire face à une éventuelle canicule ?
03:02 – On est toujours vigilant, on est toujours très vigilant, forcément.
03:06 Encore une fois, ces fortes chaleurs, elles ont un impact fort
03:08 sur les personnes les plus fragiles, pour les raisons que j'ai dites tout à l'heure,
03:12 la crise de coups de chaleur et de déshydratation.
03:14 Donc moi, je l'appelle à la véligence.
03:16 – Et les services de suite alliés aussi, on sait que c'est compliqué en ce moment
03:18 dans les services d'urgence, que ça sera encore plus compliqué cet été
03:20 avec des services qui vont fermer, est-ce que là aussi, tout est prêt ?
03:24 – C'est l'objectif, en fait, aussi de mobiliser, nous, les professionnels
03:28 sur les territoires, les professionnels libéraux,
03:31 toutes les équipes mobiles de gériatrie, etc.
03:33 pour éviter justement que les personnes âgées, elles aillent en premier recours
03:38 aux urgences et emboliser des services qui, là aussi,
03:42 souffrent de pénurie de professionnels pendant l'été.
03:44 – Vous vous préparez, vous vous adaptez, vous avez tiré la leçon de 2003,
03:47 mais en réalité, on n'a pas encore eu le cas d'un dôme de chaleur
03:51 ou d'une méga canicule en France.
03:54 Est-ce que vous avez vraiment l'assurance qu'on pourrait faire face ?
03:57 Est-ce qu'il y a des endroits particulièrement fragiles
04:00 où il y aurait des dangers par rapport à ce type de phénomène ?
04:03 – Les zones urbaines denses…
04:06 – Donc Paris, par exemple, on dit que Paris est très mal adapté.
04:09 – Au centre de Paris, on a des pics de chaleur qui sont bien supérieurs
04:13 à ceux qu'on peut retrouver en zone rurale, par exemple.
04:17 Je pense aussi, et ça c'est un enseignement,
04:20 j'ai beaucoup travaillé lorsque j'étais directeur de la Croix-Rouge,
04:22 les personnes à la rue aussi, qui souffrent très fortement
04:25 de ces pics de chaleur avec la réverbération
04:28 et l'accumulation de la chaleur sur la chaussée.
04:33 Il faut qu'on soit tous très vigilants, et moi j'en appelle
04:35 à la vigilance de chacun, parce que c'est l'affaire de tous.
04:39 Je parlais de liens sociaux tout à l'heure,
04:41 il appartient à chaque citoyen aussi de faire attention
04:44 aux personnes qui sont fragiles dans son voisinage…
04:46 – On serait vraiment en capacité de faire face ?
04:50 Pour l'instant tout ça est très théorique en réalité.
04:52 – En tout cas, on fait tout pour tirer les enseignements
04:55 de ce qu'on a déjà connu et se préparer.
04:58 Moi je ne peux pas vous dire qu'il y a zéro risque,
04:59 il faut qu'on soit extrêmement vigilants, il y a toujours des risques,
05:02 en tout cas on fait tout aujourd'hui pour que les Français soient informés,
05:06 que notre système de santé soit en alerte, qu'il soit mobilisé
05:10 et qu'il puisse répondre le cas échéant à un pic de chaleur.
05:14 Après il y a d'autres dimensions, il y a question d'approvisionnement
05:17 en énergie, on a parlé d'un plan de sobriété aussi,
05:20 parce qu'on ne fait pas que de l'adaptation,
05:22 on continue à réduire aussi notre consommation électrique notamment.
05:27 Il y a d'autres dimensions, il y a évidemment les transports,
05:30 il y a l'activité économique, c'est l'ensemble de nos activités
05:34 qui sont impactées potentiellement par ces vagues de chaleur.
05:37 – Vous occupez également des questions de dépendance, du rentage,
05:40 est-ce qu'une grande loi de dépendance verra le jour durant ce quinquennat ?
05:44 – Alors, j'ai toujours dit, puisqu'en fait on me pose la question
05:46 depuis que j'ai été nommé ministre il y a un an…
05:50 – Parce que c'était une promesse d'Emmanuel Macron
05:51 qui n'a jamais vu le jour.
05:52 – En fait moi ce que je porte c'est une grande réforme du rentage,
05:56 du bien vieillir, je présenterai une feuille de route dans quelques jours.
05:59 Il y a des mesures qui relèvent de la loi et elles seront inscrites dans la loi,
06:02 notamment via la proposition de loi qui est en cours d'examen à l'Assemblée nationale
06:06 et qui sera réinscrite les 20 et 21 juillet prochains
06:09 à l'Assemblée nationale pour terminer son examen.
06:11 – Sur le bien vieillir on va en parler.
06:13 – Sur le bien vieillir, il y a des choses qui relèvent des financements
06:18 et qui seront inscrits en projet de loi de finances,
06:20 en projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024.
06:23 Et puis aussi on profitera d'une mesure qui a été inscrite dans la proposition de loi
06:28 qui est une loi de programmation pour parler justement financement,
06:31 de l'accompagnement de la perte d'autonomie dans notre pays.
06:34 – Donc pas de grande loi d'épendance mais plusieurs mesures distillées
06:37 dans le budget, dans des propositions de loi.
06:38 – Mais une grande réforme, je donnerai la visibilité totale,
06:42 pluriannuelle, interministérielle avec la feuille de route que je présenterai.
06:46 – Ce sera quand ?
06:47 – Elle sera déclinée dans les jours qui viennent, avant le 14 juillet.
06:51 – Est-ce que vous pouvez nous en dire juste un peu plus sur ce plan,
06:55 vous l'avez appelé plan action rentage ?
06:56 – L'approche elle est simple, c'est celle que j'ai portée dans le cadre
07:00 du Conseil national de la refondation dédiée au bien vieillir,
07:04 qui partait du principe assez simple que notre pays va faire face
07:09 à une transition démographique qui va l'impacter en fait dans toutes ses dimensions.
07:12 Et donc l'enjeu au travers de cette réforme, c'est d'adapter en fait notre société
07:16 dans toutes ses dimensions à ces enjeux de vieillissement.
07:19 Et donc ça va concerner les transports, le logement, notre système de santé,
07:25 bref là aussi tous les éléments de la vie, l'offre médico-sociale aussi,
07:31 si on veut continuer à investir dans le virage domiciliaire
07:34 comme le souhaitent les français, donc de pouvoir bien vieillir à domicile,
07:37 il va falloir qu'on investisse dans le domicile.
07:40 – En plus d'infirmières à domicile.
07:41 – D'auxiliaires de vie, de professionnels soignants ou non,
07:47 pour pouvoir accompagner les personnes en perte d'autonomie
07:50 dans leurs gestes du quotidien, pour faire la toilette,
07:52 pour manger, pour prendre ses médicaments, etc.
07:58 Faire de l'activité aussi.
08:00 Et puis une transformation aussi de nos établissements,
08:04 nos EHPAD en particulier, qui devront être plus médicalisés
08:07 parce qu'ils vont accueillir des personnes qui sont plus âgées,
08:10 plus dépendantes, souvent atteintes de maladies neuro-évolutives
08:14 et donc avec un accompagnement aux soins beaucoup plus fort.
08:16 – Vous évoquez les transformations lourdes, des investissements massifs,
08:19 est-ce que vous êtes en capacité de chiffrer les besoins
08:22 en termes de financement dans les années qui viennent sur toutes ces adaptations ?
08:26 – Grâce à la création de la 5e branche par le Président de la République en 2020,
08:30 on bénéficie aujourd'hui d'un financement relativement dynamique
08:33 sur la branche autonomie.
08:34 On va prendre 10 milliards d'euros supplémentaires par an entre 2021 et 2026.
08:39 On passe de 32 à 42 milliards.
08:41 Je vous ai parlé tout à l'heure d'une loi de programmation.
08:43 – Mais comment elle est financée cette 5e branche ?
08:45 Parce qu'on a entendu parler de coquille vide,
08:46 c'était l'un des reproches de cette 5e branche.
08:48 – Elle est financée de multiples façons.
08:52 L'année prochaine, elle va bénéficier d'un complément de CSG,
08:55 0,15 points qui vont lui apporter 2,4 milliards d'euros par an.
08:59 Il y a la fameuse journée de solidarité qui a été mise en place après 2003,
09:03 qui rapporte presque 2 milliards et demi d'euros par an.
09:08 Il y a d'autres financements qui mobilisent la solidarité nationale.
09:14 Je vous ai parlé de la loi de programmation tout à l'heure.
09:17 Lorsqu'on va travailler à cette loi de programmation,
09:20 on va regarder si l'évolution qu'on anticipe du vieillissement de la population
09:25 nécessite des financements complémentaires
09:28 pour pouvoir financer une adaptation de l'offre.
09:31 Plus de services d'aide à domicile, plus d'EHPAD,
09:34 le développement de l'habitat intermédiaire.
09:36 Je vous ai parlé des résidences autonomies,
09:38 des établissements de résidences-services seniors,
09:41 des colocations aussi parce que ce qu'on voit,
09:45 c'est que les Français ont envie de vivre à domicile.
09:48 Ça peut être un chez-soi traditionnel ou un chez-soi plus collectif
09:53 qui permet justement de maintenir dans l'autonomie.
09:55 La relation sociale, elle stimule,
09:59 elle permet d'être stimulée, stimulation cognitive, mobilité, etc.
10:04 – Sur les EHPAD, après le scandale des EHPAD,
10:06 est-ce qu'il y aura des mesures de lutte contre la maltraitance au sein des EHPAD ?
10:09 Est-ce qu'il y aura de meilleurs contrôles de ces établissements ?
10:12 – Je rappelle que dès le scandale hors PA,
10:15 on a pris l'engagement d'un contrôle dans les deux ans,
10:18 des 7500 EHPAD, ça avance, conformément…
10:22 – Quelle proportion a déjà été contrôlée ?
10:25 – En 2024, on a un gros tiers des EHPAD
10:27 qui ont déjà été contrôlés dans notre pays.
10:30 – Avec quel résultat ?
10:31 – On a embauché…
10:33 – Il y a eu des cas de maltraitance, j'imagine, que vous avez découvert ?
10:36 – Il y a eu des cas où on a saisi le procureur de la République,
10:38 il y a des cas où il y a beaucoup de recommandations,
10:41 il y en a d'autres où il y a des injonctions,
10:43 il y a eu des suspensions aussi,
10:45 des transferts d'autorisation à d'autres…
10:47 – Vous avez des proportions à peu près ?
10:48 – Des retraits, je n'ai pas les chiffres précis.
10:53 – Globalement, les cas problématiques, vous les trouvez, ils sont à la marge ?
10:59 – Ils sont marginaux, c'est vrai qu'il y a eu un effet loupe
11:03 avec l'affaire hors PA sur le secteur,
11:05 la réalité c'est que la très grande majorité des EHPAD,
11:08 qu'ils soient publics, associatifs ou privés commerciaux, sont bien traitants,
11:13 les personnes sont bien accueillies,
11:15 elles vivent en liberté et bien accompagnées
11:17 par des professionnels engagés dans ces EHPAD,
11:20 mais il y a effectivement des endroits, des établissements.
11:23 – Et améliorer la sécurité, la qualité de l'accompagnement,
11:26 ça passe aussi par des plans de formation des personnels,
11:29 une meilleure rémunération, ça fait partie du problème de l'équation ?
11:32 – Par un taux d'encadrement,
11:34 moi j'ai toujours dit qu'il y avait une corrélation entre le taux d'encadrement…
11:36 – Et là vous agissez dans ce moment-là ?
11:40 – Le Président de la République s'est engagé à ce qu'on recrute
11:43 50 000 soignants supplémentaires d'ici à 2027,
11:47 ce qui augmentera le taux d'encadrement à 7,5 pour 10.
11:52 – Et vous y êtes sur la montée en charge ?
11:54 – Donc on est sur la montée en charge, c'est compliqué
11:56 parce qu'aujourd'hui il y a un sujet, vous l'avez cité,
11:58 d'attractivité des métiers, donc c'est très difficile
12:00 de recruter aujourd'hui des soignants, quand bien même on souhaiterait
12:03 en recruter, parfois j'entends des chiffres 100 000, 200 000 etc,
12:06 la réalité c'est qu'il faut les former et qu'ensuite il faut pouvoir les recruter
12:11 dans ces états-là. – Et les payer plus pour pouvoir les recruter ?
12:13 – Il y a une question de salaire, mais ce n'est pas la seule chose,
12:16 il y a une question de formation, de parcours professionnel,
12:19 de pénibilité aussi, donc encore une fois de parcours et de carrière
12:22 pour ces professionnels, c'est des métiers qui sont difficiles,
12:26 et question d'organisation aussi, d'une meilleure conciliation
12:28 entre vie familiale et vie professionnelle dans ces activités.
12:32 – Et pour les gens qui nous écoutent, les EHPAD, les maisons de retraite,
12:35 ça coûte souvent très cher pour les résidents, pour les familles,
12:37 est-ce qu'il y aura des mesures pour les aider ?
12:39 – Il y a un enjeu sur le reste à charge, parce qu'on dit reste à charge
12:41 pour les résidents et les familles, la Première Ministre a confié
12:45 à la députée Christine Pires-Bonne une mission sur cette question
12:49 du reste à charge en EHPAD, on va y travailler avec les départements
12:53 parce que je pense que ça nécessite une transformation profonde
12:56 du modèle économique, de la gouvernance aussi de ces établissements,
13:00 et je ferai des propositions d'ici au projet de loi de financement
13:03 de la sécurité sociale, c'est un vrai enjeu parce qu'effectivement
13:06 le reste à charge il est élevé, le coût d'une place en EHPAD
13:09 c'est plus de 2000 euros en moyenne aujourd'hui,
13:11 ce n'est pas accessible à tous les Français, on a un enjeu aussi
13:15 dans la prise en charge, dans l'accompagnement de la perte d'autonomie,
13:19 de redistribution et de solidarité nationale pour faire en sorte
13:23 que toutes les familles, y compris les plus modestes, puissent accéder
13:26 à un service qui soit adapté à la situation des personnes en perte d'autonomie.
13:31 – L'autre sujet c'est la fin de vie, le gouvernement qui travaille
13:34 sur une loi fin de vie pour légaliser l'aide active à mourir,
13:37 pourquoi vous y êtes réticent, la légalisation de cette aide active à mourir ?
13:40 – Je n'ai pas dit que j'étais réticent, j'ai dit que j'avais un certain nombre
13:43 de convictions et de doutes liés au débat actuel,
13:48 je me suis prononcé vendredi dans un grand quotidien national
13:53 sur ce sujet, dans le Figaro effectivement, pour rappeler que derrière
13:58 l'enjeu individuel du choix de sa fin de vie, il y avait aussi un message collectif
14:06 qu'il fallait passer et qu'il ne fallait pas que ce message collectif
14:10 ce soit celui de dire que les personnes vulnérables,
14:13 dont en tant que ministre des Solidarités j'ai la responsabilité,
14:17 donc personnes handicapées, personnes âgées en perte d'autonomie,
14:21 personnes en situation de précarité, que le message ce soit que leur vie
14:24 ne voudrait pas d'être vécue ou de leur mettre ainsi une pression
14:28 sur les épaules qui tendrait à dire "voilà, vous êtes un poids pour la société,
14:32 pour votre famille, on vous donne aujourd'hui les outils pour en venir".
14:36 – Mais du coup clairement…
14:37 – Avoir beaucoup de précaution, moi ce que je dis derrière ça,
14:39 c'est qu'il faut faire attention au message collectif qu'on envoie
14:42 à ces personnes en situation de vulnérabilité et que par conséquent,
14:46 si la loi doit évoluer, il faut qu'elle soit bien encadrée
14:51 et qu'elle prenne en considération ces situations.
14:54 – Mais c'est le message envoyé par qui ?
14:55 Par la Convention citoyenne ? Par le gouvernement ?
14:58 – Le gouvernement sur la citoyenneté n'a absolument pas abordé cette question
15:01 des personnes en situation de vulnérabilité,
15:04 c'est une question qu'on peut traiter dans le débat public.
15:08 – C'est un manque ?
15:09 – Pour moi c'est un manque aujourd'hui et je considère que c'est mon rôle
15:13 en tant que membre du gouvernement et en responsabilité vis-à-vis
15:16 des personnes en situation de vulnérabilité dans notre pays
15:18 que d'aborder cette question-là et de la poser dans le débat
15:21 et de dire "il y a quelqu'un dans notre gouvernement, dans notre majorité
15:26 qui pense aussi à ces personnes-là et qui nous dit collectivement
15:32 qu'il faut qu'on fasse attention à la façon dont on va les accompagner.
15:35 – Mais du coup, clairement, est-ce que pour vous il faut faire évoluer la loi,
15:38 il faut aller jusqu'à légaliser l'aide active à mourir
15:40 ou est-ce qu'il faut s'en tenir au cadre de la loi Clasle-Leonetti
15:43 en déjà commençant par l'appliquer, notamment sur la question des soins radiatifs ?
15:47 – Je l'ai dit aussi, ce que je pense c'est qu'on a un modèle qui est aujourd'hui
15:51 la chance d'avoir un modèle qui est typiquement français
15:53 avec la loi Clasle-Leonetti, ça tout le monde l'a dit,
15:56 d'ailleurs que ce soit la convention ou que ce soit les débats actuels,
16:00 elle n'est pas suffisamment appliquée,
16:02 on ne connaît pas suffisamment bien les directives anticipées,
16:06 on ne bénéficie pas tous du même accès aux soins palliatifs
16:10 qui changent quand même beaucoup la donne,
16:12 c'est-à-dire qu'aujourd'hui on voit qu'une personne qui arrive en soins palliatifs
16:17 peut avoir une idée sur la fin de vie et lorsqu'elle est bien accompagnée
16:21 change tout à fait son idée, donc il y a un sujet d'abord, d'application effectivement
16:27 – Donc une nouvelle loi n'est pas forcément nécessaire dans l'immédiat ?
16:31 – Une nouvelle loi n'est pas nécessaire dans l'immédiat ?
16:34 – On verra qu'elle sera l'issue du débat, voilà moi je…
16:39 – Mais votre conviction, on sent que vous êtes pris par une forme de solidarité gouvernementale
16:42 mais votre conviction personnelle c'est que non, qu'il faut déjà commencer par…
16:46 – Ma conviction personnelle c'est que si il faut qu'on applique la loi actuelle.
16:50 – Et appliquer la loi ça commence aussi par développer les services de soins palliatifs
16:53 dans les départements qui n'en ont pas, où est-ce qu'on en est aujourd'hui ?
16:55 – Dans les départements…
16:56 – Il y a quand même une vingtaine qui sont sous-dotées, très clairement.
16:59 – Je pense que globalement on est sous-dotés,
17:02 il y a des départements qui sont particulièrement concernés.
17:04 – Et le débat a permis de faire progresser ça ou pas ?
17:06 – Oui complètement, d'ailleurs Agnès Fierro-Baudot qui est en charge du dossier
17:10 a dit très clairement que la première étape à apporter c'était un grand plan soins palliatifs
17:18 pour développer les soins palliatifs dans notre pays,
17:20 qu'une évolution de la loi devrait inévitablement s'accompagner d'abord
17:25 d'un développement des soins palliatifs dans notre pays.
17:27 – Là le travail est fait ?
17:29 – Ah ben c'est en cours.
17:30 – Ça démarre ?
17:30 – Ça démarre et pareil c'est quelque chose qui va prendre du temps.
17:34 – Sur la loi plein emploi puisque vous allez être auditionné là-dessus par les sénateurs.
17:38 – Oui vous êtes auditionné cet après-midi sur la loi plein emploi
17:41 qui arrive en séance au Sénat le 10 juillet,
17:44 un des objectifs pour améliorer le plein emploi c'est la garde d'enfants
17:48 pour qu'elle ne soit plus un frein à trouver du travail.
17:50 Est-ce que vous pouvez nous expliquer en quoi est-ce que c'est un point clé ?
17:53 – C'est un engagement du Président de la République
17:55 qui avait annoncé pendant sa campagne présidentielle
17:58 qu'il voulait créer 200 000 places d'accueil,
18:00 celle qui manque d'ici à 2030.
18:03 Aujourd'hui il faut savoir que dans notre pays il y a 150 000 personnes,
18:05 essentiellement des femmes, qui renoncent à un emploi justement
18:09 faute d'accueil pour leurs jeunes enfants.
18:12 – Elles sont clairement beaucoup plus pénalisées que les hommes.
18:14 – Ah oui, il y a un enjeu d'égalité entre les femmes et les hommes
18:16 derrière ce chantier, on parle beaucoup de plein emploi
18:19 mais il y a aussi une question d'égalité entre les femmes et les hommes,
18:22 il y a une question aussi de lutte contre les inégalités de destin,
18:24 c'est-à-dire lutte contre la reproduction sociale de la pauvreté,
18:27 c'est trois années pour le développement des enfants qui comptent particulièrement
18:31 et donc on a un enjeu de pouvoir répondre aux besoins des familles,
18:37 c'est le premier besoin qui est exprimé par les familles dans notre pays.
18:39 – Donc vous disiez 200 000 places supplémentaires,
18:41 ça c'est objectif à 2030, mais 100 000 dès 2027 ?
18:45 – 100 000 dès 2027, c'est un challenge extrêmement important parce que…
18:49 – C'est beaucoup quand même.
18:50 – Là aussi on a un sujet de pénurie de professionnels, comme d'ailleurs dans tous les…
18:54 – Même problématique que pour les EHPAD, attractivité…
18:56 – Attractivité des métiers, organisation des carrières, organisation du travail,
19:01 conciliation vie familiale, vie professionnelle, pénibilité,
19:04 bref les mêmes ressorts que ceux qu'on retrouve dans tous les métiers,
19:08 en fait du lien, du soin, de l'accompagnement dans les champs dont j'ai la responsabilité.
19:14 – Y compris les problèmes de maltraitance, dans les crèches…
19:17 – Il y a deux jambes dans ce service public de la petite enfance,
19:19 il y a une jambe quantitative on l'a dit, il y a une jambe aussi qualitative,
19:23 c'est pour ça que j'avais demandé un rapport à l'Inspection Générale des Affaires Sociales
19:26 en juillet dernier et donc on va investir aussi,
19:29 revoir notamment les référentiels de qualité, travailler sur la lutte…
19:34 – Ça passe par des contrôles…
19:35 – Vous avez dit que l'ensemble des mesures de ce rapport…
19:36 – … de formation des professionnels…
19:37 – Vous avez dit que l'ensemble des mesures de ce rapport sera prise en compte,
19:39 est-ce que ça veut dire que vous allez renforcer les contrôles,
19:41 revoir le taux d'encadrement, le niveau de qualification
19:43 et que le financement sera conditionné à la qualité de l'accueil ?
19:46 – Exactement et je ferai des annonces précises à ce sujet-là,
19:50 ce vendredi à Nancy, justement sur la deuxième jambe.
19:53 – Mais vous suivrez tout ça ?
19:54 – Je suivrai tout ça.
19:55 – Ça commence par l'obligation d'avoir deux professionnels par crèche,
19:57 y compris dans les micro-crèches.
19:58 – Exactement, ça la première ministre a été très claire et l'a annoncé,
20:02 dans les mois qui viennent, on va changer la réglementation
20:08 pour que ce soit le cas.
20:10 L'objectif c'est vraiment qu'on ait une qualité et des exigences
20:13 en termes de qualité et de normes qui soient équivalentes,
20:15 quel que soit le mode d'accueil en crèche publique, privée, commerciale
20:20 ou chez nos assistantes maternelles.
20:21 – Un mot sur les prestations sociales,
20:22 puisque c'est aussi un dossier dont vous avez la charge.
20:24 Emmanuel Macron avait promis un versement automatique des prestations sociales,
20:28 on en est où ?
20:29 – Le projet est porté, d'ici 2025, on atteindra l'objectif
20:35 d'avoir un pré-remplissage des formulaires de demandes de prestations
20:39 sur le RSA, la prime d'activité et les APL.
20:43 Il faut savoir qu'il y a un enjeu de simplification de notre système,
20:47 de sécurisation aussi du système, on a beaucoup parlé ces derniers temps
20:51 de fraude, d'erreur, vous avez vu que la branche famille
20:54 avait vu ses comptes non certifiés par la Cour des comptes,
20:58 ce qui était problématique, un sujet de sécurisation et de confiance
21:02 dans notre système de solidarité, il y a un sujet de non-recours,
21:05 c'est 34% par exemple des personnes qui devraient avoir droit au RSA
21:09 qui n'y ont pas recours, donc il y a un vrai…
21:11 – Et comment vous faites pour lutter contre ce non-recours ?
21:13 Il y aura des mesures ?
21:14 – Alors en fait, solidarité à la source c'est deux choses,
21:17 c'est sécurisation du système et donc en particulier avoir
21:20 une meilleure connaissance et une automatisation du profil des personnes,
21:24 donc de leurs revenus, vous allez voir apparaître sur votre fiche de paye
21:27 en juillet un montant net social qui va être le montant de revenus
21:31 de référence pour calculer les aides et puis on va lutter
21:35 contre le non-recours de plusieurs façons, déjà avec ce pré-remplissage
21:39 qui va nous permettre de faire du aller-vers les personnes
21:42 qui sont connues des administrations et des caisses de sécurité sociale,
21:46 je vais lancer une expérimentation dans les jours qui viennent
21:49 qui s'appelle Territoire zéro non-recours,
21:51 dans une dizaine de départements, on va mobiliser les acteurs locaux,
21:54 les CCAS, les associations, les CAF etc.
21:58 pour aller comprendre les phénomènes de non-recours,
22:02 aller chercher des personnes qui sont complètement exclues.
22:05 – Une dernière question Stéphane.
22:06 – C'était le RSA pour tout le monde mais par contre, en contrepartie,
22:10 vous voulez que dans la loi il soit clairement indiqué
22:12 qu'il y a un taux d'activité qui conditionne ce versement ?
22:16 – Moi je suis persuadé que la meilleure des politiques sociales
22:18 dans notre pays c'est l'emploi, c'est le travail
22:21 et que la première des dignités à offrir à une personne
22:24 c'est un emploi et donc toutes nos politiques publiques,
22:27 que ce soit la solidarité à la source,
22:28 que ce soit la future stratégie de lutte contre la pauvreté,
22:31 doit nous conduire à aider et accompagner les personnes vers l'emploi.
22:34 Et donc c'est normal que lorsque quelqu'un va recourir
22:39 et va s'inscrire au RSA, puisse prendre des engagements,
22:43 exactement, puisse prendre des engagements
22:45 pour pouvoir rentrer dans un parcours de formation,
22:48 d'insertion vers une activité professionnelle.
22:51 – Merci Jean-Christophe Combe d'avoir été avec nous,
22:53 merci beaucoup.
22:54 Regardez la lune de Ouest France,
22:55 ces villes interdites aux véhicules polluants.
22:56 C'est à la lune de votre journal Stéphane.
22:58 Merci beaucoup, on passe au Club des territoires.

Recommandations